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Décision 43 COM 8B.13
Babylone (Iraq)

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné les documents WHC/19/43.COM/8B et WHC/19/43.COM/INF.8B1,
  2. Inscrit Babylone, Iraq, sur la Liste du patrimoine mondial sur la base des critères (iii) et (vi) ;
  3. Adopte la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :

    Brève synthèse

    Babylone est un site archéologique qui constitue un témoignage unique de l’un des empires les plus influents du monde antique. Un des plus grands et des plus anciens établissements humains de Mésopotamie et du Moyen-Orient, elle fut le siège de puissants empires successifs dirigés par des souverains célèbres tels que Hammurabi et Nabuchodonosor. Capitale de l’empire néobabylonien (626-539 av. J.-C.), elle est le témoignage le plus exceptionnel de cette culture à son apogée et représente l’expression de la créativité de cette civilisation à travers son urbanisme singulier, l’architecture de ses monuments (religieuse, palatiale et défensive) et leur expression ornementale du pouvoir royal. Le rayonnement de Babylone ne fut pas seulement politique, technique et artistique dans toutes les régions du Proche et du Moyen-Orient antiques, elle laissa également un héritage scientifique considérable dans les domaines des mathématiques et de l’astronomie.

    En tant que site archéologique, Babylone possède des associations culturelles et symboliques exceptionnelles de valeur universelle. Le bien représente les vestiges tangibles d’un mythe aux multiples facettes qui fonctionne depuis plus de deux mille ans en tant que modèle, parabole, bouc émissaire et symbole. Babylone figure dans les textes religieux et les traditions des trois religions abrahamiques et a toujours été une source d’inspiration pour les œuvres littéraires, philosophiques et artistiques. Les bâtiments et autres caractéristiques urbaines contenus dans les délimitations du bien (murs d’enceinte extérieur et intérieur de la cité, portes, palais, temples, y compris la ziggourat, qui servit probablement d’inspiration à la tour de Babel, etc.) incluent tous ses attributs comme témoignages uniques de la civilisation néobabylonienne, en particulier sa contribution à l’architecture et à l’urbanisme. Environ 85 % du bien n’est pas mis au jour et revêt une importance primordiale pour soutenir la valeur universelle exceptionnelle du bien grâce à la poursuite de la conservation et des recherches.

    Critère (iii) : Babylone date du IIIe millénaire av. J.-C. et fut le siège de puissants empires successifs dirigés par des souverains célèbres tels que Hammurabi et Nabuchodonosor. En tant que capitale de l’empire néobabylonien (626-539 av. J.-C.), elle est le témoignage le plus exceptionnel de cette culture à son apogée et représente l’expression de la créativité de cette civilisation pendant cette période très riche de création architecturale et urbaine.

    L’héritage culturel de Babylone a été renforcé par les réalisations culturelles antérieures akkadiennes et sumériennes, notamment le système d’écriture cunéiforme, outil essentiel pour la connaissance actuelle de l’histoire et de l’évolution de la région en général et de Babylone en particulier. Babylone a exercé à son tour une influence politique, scientifique, technologique, architecturale et artistique considérable sur les autres établissements humains de la région et sur les périodes historiques successives de l’Antiquité.

    Critère (vi) : Babylone a servi de modèle, de parabole et de symbole du pouvoir ancien pendant plus de deux mille ans et inspire la culture artistique, populaire et religieuse au plan mondial. Les récits sur Babel trouvent des références dans les textes religieux des trois religions abrahamiques. D’après les œuvres des historiens grecs, Babylone était lointaine, exotique et extraordinaire. Les textes classiques attribuent deux des Sept Merveilles du monde à Babylone : la tour de Babel et les jardins suspendus. Les deux sont emblématiques et ont leur origine dans de véritables anciennes structures dont les traces archéologiques sont encore conservées : la ziggourat Etemenanki et le complexe palatial de Nabuchodonosor.

    Intégrité

    Les délimitations du bien comprennent l’enceinte extérieure de la capitale néobabylonienne. Ces limites sont bien marquées par les vestiges des fortifications sous forme de monticules visibles au sol et elles sont également confirmées par des fouilles archéologiques. Les édifices et autres caractéristiques urbaines présentes au sein du bien comprennent tous les vestiges archéologiques de l’époque d’Hammurabi à la période hellénistique, et spécialement les caractéristiques urbanistiques et architecturales de la période néo–babylonienne, pendant laquelle la cité fut au sommet de sa puissance et de sa gloire. Ces caractéristiques représentent l’éventail complet des attributs du bien en tant que témoignage unique de la civilisation néo–babylonienne, et le fondement matériel de ses associations culturelles et symboliques.

    Le bien pâtit d’une série de menaces comprenant des constructions illégales, la décharge et l’incinération de déchets, une pollution industrielle à petite échelle, des empiétements urbains et d’autres facteurs environnementaux. Au moment de l’inscription, et malgré les efforts de conservation entrepris depuis 2008 avec la collaboration internationale, le tissu physique général du site est dans un état critique et manque d'une approche bien définie et programmée en matière de conservation. Les reconstructions et altérations structurelles du Projet de renaissance de Babylone et d’autres constructions des années 1980 ont affecté l’intégrité du bien de manière négative. Si les constructions du XXe siècle sont exclues du bien et servent maintenant de zones tampons au-dessus du niveau du sol dans la zone du bien, leur future gestion au sein de l’ensemble du bien sera cruciale pour la préservation des conditions fragiles d’intégrité.

    Authenticité

    Certains éléments physiques du site sont vus comme posant problème sur le plan de l’authenticité, par exemple les reconstructions basées sur les fondations archéologiques, qui visaient à rendre les vestiges archéologiques limités plus visibles pour les visiteurs, ainsi que les interventions effectuées au sein du bien au XXe siècle. Toutefois, ces ajouts sont dans la plupart des cas discernables des vestiges d’origine. Bien que la question de savoir si ceux-ci ont réellement affecté la lisibilité de l’organisation spatiale du noyau urbain reste discutable, les limites des enceintes intérieure et extérieure de la cité restent perceptibles aujourd’hui et environ 85 % du bien n’a pas été fouillé. L’authenticité de ces vestiges est très vulnérable en raison de l’état de conservation critique du bien.

    Concernant les parties reconstruites, l’authenticité du bien au-dessus du niveau du sol est problématique. Si toutes les autres constructions du XXe siècle ont été exclues du bien et couvertes par des zones tampons au-dessus du niveau du sol, le nombre exceptionnellement élevé de reconstructions et le fait que certaines d’entre elles étaient des reconstructions presque intégrales fondées sur de très rares vestiges archéologiques constituent une partie regrettable de l’histoire du bien. La hauteur et la conception de ces reconstructions sont donc basées sur des conjectures plutôt que sur des éléments scientifiques ou archéologiques. Ces aspects relatifs au volume du monument reconstruit et les ajouts apportés lors de restaurations successives ont effectivement affecté la capacité de certaines parties du bien à communiquer une authenticité de forme et de conception s’agissant de ces vestiges archéologiques. De même, l’authenticité de ces monuments est limitée sur le plan des matériaux et de la substance en raison de l’introduction de nouveaux matériaux.

    Éléments requis en matière de protection et de gestion

    Le bien relève de la loi n° 55 de 2002 sur les antiquités et le patrimoine iraquiens, qui vise à protéger, conserver et gérer tous les sites archéologiques d’Iraq. Cette loi concerne également les relevés, les fouilles et la documentation de tous les sites archéologiques et leur présentation au public. La loi est appliquée par le Conseil national des antiquités et du patrimoine, organisme placé sous l’autorité du ministère de la Culture, du Tourisme et des Antiquités. Au niveau provincial, la direction des antiquités et du patrimoine de Babil est directement responsable pour garantir la conservation, la gestion et le suivi du bien. Elle travaille en collaboration avec la police des antiquités et du patrimoine, dont un poste est situé à proximité du site.

    L’état de conservation du bien est très préoccupant et constitue un péril avéré en l’absence d’une approche de conservation programmée et coordonnée et d’interventions prioritaires urgentes. Un plan de gestion a été élaboré dans le cadre d’un processus de consultation approfondie avec les parties prenantes locales et nationales depuis 2011 et officiellement approuvé en 2018. Les gouvernements fédéral et provincial ont tous deux engagé des niveaux de financement suffisants pour que le bien soit conservé, étudié et aménagé en vertu des normes internationales pour les visiteurs, tout en protégeant sa valeur universelle exceptionnelle. Il est essentiel que les principes généraux énoncés dans le plan soient ensuite traduits en actions concrètes sur site, en accordant la priorité à la conservation afin de prévenir les dommages immédiats pouvant survenir à tout moment, en particulier en cas de précipitations.

  4. Recommande que l’État partie prenne en considération de toute urgence les points suivants :
    1. élaborer et finaliser le plan de conservation complet du bien, lequel traitera les divers facteurs de risques identifiés dans la carte des risques transmise, y compris en proposant des mesures concrètes pour leurs réduction et atténuation effective ainsi que la mise en place d’un schéma d’intervention prioritaire pour les mesures de conservation nécessaires les plus urgentes,
    2. étoffer le plan de gestion pour y inclure le plan de conservation décrit ci-dessus afin que l’équipe gestionnaire se concentre sur les interventions prioritaires et urgentes, et fournir des orientations de mise en œuvre précises ainsi que des indicateurs de qualité pour assurer la réussite de sa mise en œuvre,
    3. poursuivre les recherches sur les relations entre la capitale néobabylonienne et son paysage élargi, en particulier en direction de l’Euphrate, situé à quelques kilomètres à l’ouest de Babylone, et, en s’appuyant sur les résultats de ces recherches, envisager une extension supplémentaire de la zone tampon afin de répondre aux problèmes actuels et futurs potentiels qui peuvent être identifiés dans le cadre plus large de la ville archéologique,
    4. faire connaître aux visiteurs l’approche révisée des délimitations et l’exclusion explicite des ajouts du XXe siècle du bien;
  5. Salue la disposition de l’État partie à recevoir dans les plus brefs délais une mission de conseil Centre du patrimoine mondial/ICOMOS afin de venir en appui à l’État partie pour mettre au point un plan d’action échelonné et chiffré pour la conservation du bien ;
  6. Demande à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial d’ici le 1erfévrier 2020 un rapport sur la mise en œuvre des recommandations susmentionnées pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 44e session en 2020 ;
  7. Encourage la coopération internationale pour soutenir la protection et la conservation du bien.

 

Code de la Décision
43 COM 8B.13
Thèmes
Inscriptions sur la Liste du patrimoine mondial
États Parties 1
Biens 1
Année
2019
Documents
WHC/19/43.COM/18
Decisions adopted during the 43rd session of the World Heritage Committee (Baku, 2019)
Contexte de la Décision
WHC-19/43.COM/8B
WHC-19/43.COM/INF.8B1
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