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Décision 40 COM 8B.14
Examen des propositions d'inscription de biens naturels sur la Liste du patrimoine mondial

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné les documents WHC/16/40.COM/8B et WHC/16/40.COM/INF.8B2,
  2. Inscrit l’Archipel de Revillagigedo, Mexique, sur la Liste du patrimoine mondial sur la base des critères (vii), (ix) et (x);
  3. Adopte la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :

    Brève synthèse

    L’Archipel de Revillagigedo est situé dans le Pacifique Est à 386 km au sud-ouest de la pointe méridionale de la péninsule de Baja California et entre 720 et 970 km à l’ouest du Mexique continental. L’Archipel de Revillagigedo est une proposition en série composée de quatre îles isolées et des eaux qui les entourent : Isla San Benedicto, Isla Socorro, Isla Roca Partida et Isla Clarión. Le bien couvre 636 685 ha et comprend une aire marine protégée qui s’étend sur 12 milles nautiques autour de chaque île. Une très grande zone tampon de 14 186 420 ha entoure les quatre îles. Dans la zone tampon du bien, les profondeurs océaniques atteignent 3,7 km, en particulier à l’ouest de l’île Roca Partida et à l’ouest et au sud de l’île Clarión. L’archipel étant d’origine volcanique, les profondeurs augmentent de manière abrupte dès que l’on arrive à 10-12 km du littoral. L’Archipel de Revillagigedo fait partie d’une chaîne de montagnes sous-marine et les quatre îles représentent les sommets de volcans émergeant de la mer. Outre deux petites bases navales, les îles sont inhabitées.

    L’Archipel de Revillagigedo représente la convergence exceptionnelle de deux régions biogéographiques marines : le Pacifique Nord-Est et le Pacifique Est. Plus particulièrement, le bien se trouve à la jonction entre le courant de Californie et le courant équatorial, ce qui génère une zone de transition complexe et extrêmement productive. Les îles et les eaux qui entourent l’Archipel de Revillagigedo sont riches en vie marine et reconnues comme d’importants relais et zones de repos pour des espèces migratrices. Le bien abrite des populations abondantes de requins, de raies, de grands poissons pélagiques, de mégaptères, de tortues et de raies mantas ; une concentration d’espèces sauvages qui attire les plongeurs du monde entier.

    Chacune des îles présente une flore et une faune terrestres caractéristiques et leur isolement relatif est à l’origine d’un taux d’endémisme des espèces élevé et d’un micro-endémisme, en particulier parmi les poissons et les espèces d’oiseaux qui sont souvent menacés au plan mondial. Les îles offrent un habitat d’importance critique à toute une gamme de créatures terrestres et marines et sont particulièrement importantes pour les oiseaux marins tels que les fous masqués, à pieds bleus, à pieds rouges et bruns, les phaétons à bec rouge, les frégates magnifiques et beaucoup d’autres espèces qui dépendent des habitats insulaires et marins. L’Archipel de Revillagigedo est le seul endroit au monde où niche le puffin de Townsend en danger critique.

    Critère (vii) : Le paysage terrestre et le paysage marin de l’Archipel de Revillagigedo se composent de volcans actifs, d’arches, de falaises et d’affleurements rocheux isolés, impressionnants, émergeant au milieu de l’océan. Les eaux claires qui entourent ces caractéristiques créent des perspectives exceptionnelles sur de vastes rassemblements de poissons autour des murs abrupts et des monts sous-marins, ainsi que sur des espèces pélagiques marines de grande taille comme les raies mantas géantes, les cétacés, les dauphins et les requins. Un des aspects les plus remarquables du bien est la concentration de raies mantas géantes autour des îles et la manière dont elles entrent en interaction avec les plongeurs, un comportement rare au niveau mondial. En outre, le bien englobe un paysage sous-marin avec des plaines abyssales qui descendent jusqu’à près de 4000 mètres et des à pics dans des eaux cristallines, tout cela contribuant à une expérience sous-marine stupéfiante. Une grande population d’environ 2000 mégaptères visite les îles. Les chants de ces cétacés majestueux sont entendus durant les mois d’hiver en plongée, ce qui ajoute une autre dimension sensorielle au paysage marin.

    Critère (ix) : L’Archipel de Revillagigedo est situé dans la partie nord de la province du Pacifique tropical Est, une zone de transition influencée essentiellement par le courant de Californie auquel se mélangent les eaux chaudes du courant nord-équatorial. Il en résulte une convergence d’espèces de la faune et de la flore et un ensemble unique de processus écologiques et biologiques. L’isolement et l’état relativement intact de ces îles ont permis le déroulement de processus évolutionnaires à l’origine d’un degré élevé d’endémisme dans le domaine terrestre et dans le domaine marin. Dans le milieu marin, les eaux entourant les îles abritent des agrégations majestueuses de requins, raies, cétacés, tortues et poissons dont un certain nombre sont endémiques ou quasi endémiques. Dans l’élément terrestre, les processus évolutionnaires importants ont conduit à la spéciation de 2 lézards endémiques, 2 serpents endémiques, 4 oiseaux endémiques et au moins 33 espèces de plantes endémiques ainsi que d’innombrables invertébrés. En outre, 11 sous espèces endémiques d’oiseaux ont évolué sur les îles, ce qui indique le potentiel d’évolution future sur ces îles reculées et bien protégées.

    Critère (x) : L’isolement géographique de l’Archipel de Revillagigedo, façonné par les conditions océaniques prévalentes, a pour résultats une productivité marine élevée, une riche biodiversité et des taux exceptionnels d’endémisme, terrestre et marin. Les îles sont le seul site de nidification du puffin de Townsend, un des oiseaux marins les plus rares du monde. L’Archipel de Revillagigedo abrite aussi de nombreuses espèces endémiques telles que la tourterelle de Socorro, le moqueur de Socorro, le troglodyte de Socorro, le troglodyte de Clarión (ainsi que 11 sous espèces d’oiseaux endémiques), 2 lézards, 2 serpents et de nombreuses plantes et nombreux invertébrés endémiques qui contribuent tous à l’importance de ces îles pour la conservation de la biodiversité terrestre. Dans le milieu marin, 10 espèces de poissons de récifs au moins ont été identifiées comme endémiques ou quasi endémiques, y compris le spectaculaire poisson ange de Clarión qui peut être observé dans les « stations de nettoyage » où il se nourrit des ectoparasites des raies mantas géantes. Ces raies, dont certaines sont, de manière inhabituelle, totalement noires, se regroupent en effectifs parmi les plus importants du monde. Le bien est un havre pour une riche diversité d’espèces de requins avec environ 20 espèces enregistrées. Quelque 2000 mégaptères migrent dans ces eaux productives et riches en matières nutritives. Les îles ont aussi une importance énorme pour les oiseaux marins, notamment les fous masqués, à pieds bleus, à pieds rouges et bruns, les phaétons à bec rouge, les frégates magnifiques et beaucoup d’autres espèces que l’on peut voir prendre leur essor autour des affleurements rocheux où ils nichent et pêcher en mer.

    Intégrité

    L’Archipel de Revillagigedo est reculé et essentiellement inhabité de sorte que les menaces pour le bien sont relativement faibles. La plus grave menace pour l’écologie de ces îles et les eaux qui les entourent est constituée par les espèces envahissantes introduites. Parmi les grands succès du Gouvernement mexicain en matière de conservation, en collaboration avec des ONG, il y a l’éradication de grandes espèces envahissantes comme les porcs et les moutons sur différentes îles. Une vigilance permanente sera nécessaire pour garantir que les systèmes naturels de l’archipel ne subissent pas d’impacts d’espèces envahissantes. Des mesures de biosécurité renforcées, contenues dans un plan pour la biosécurité, sont nécessaires pour protéger les écosystèmes de l’archipel contre cette menace.

    À ce jour, le tourisme est limité par le Gouvernement du Mexique à un nombre fixe de bateaux de plongée et personne n’est autorisé à mettre pied à terre sans permis. Les capacités de charge pour la plongée et les règlements sont fixés dans le plan de gestion et compte tenu du nombre restreint de sites potentiels pour la plongée et de leurs petites dimensions, il est improbable que les impacts de la plongée dans le bien augmentent à l’avenir. La pêche est limitée dans le cadre d’un système de zonage de l’espace marin ; toutefois, il y a des préoccupations concernant le respect des mesures et la pêche sportive. L’extension de la zone non exploitable jusqu’à 12 milles nautiques, pour la faire coïncider avec les limites du bien, est considérée essentielle pour renforcer la protection des ressources marines des îles tout comme l’application de règlements renforcés sur la pêche dans la grande zone tampon du bien.

    En conclusion, le bien est de taille suffisante et comprend tous les éléments nécessaires à l’expression de sa valeur universelle exceptionnelle dans les domaines terrestres et marins. L’intégrité de la zone marine sera encore renforcée si toute la superficie du bien devient non exploitable et si les règlements de la pêche sont renforcés dans la grande zone tampon. En ce qui concerne les valeurs terrestres, il convient de noter que le développement passé, c.-à-d. l’introduction de moutons, porcs, chats, lapins et souris envahissants, a considérablement endommagé certaines des valeurs mais jamais les rats n’ont été introduits dans les îles, ce qui est exceptionnel pour des îles subtropicales de cette taille. Il convient de louer les efforts d’éradication des porcs et des moutons et de réduction importante du nombre de chats sur Socorro avec l’espoir qu’eux aussi soient éradiqués.

    Éléments requis en matière de protection et de gestion

    L’Archipel de Revillagigedo est un territoire fédéral mexicain et toutes les parties du bien appartiennent et sont contrôlées par l’État. Le bien est protégé par de nombreuses lois, correspondant aux différentes juridictions. La législation de protection principale est la loi générale sur l’équilibre écologique et la protection de l’environnement (LGEEPA). Les îles sont gérées en tant que réserve naturelle protégée par la Commission nationale des aires naturelles protégées (CONANP) en collaboration étroite avec plusieurs autorités gouvernementales et ONG ainsi que des partenaires universitaires. La collaboration avec la marine mexicaine est particulièrement importante car elle assure un appui en personnel et infrastructure pour surveiller les îles et garantir l’application des règlements. Cette coopération entre les agences est doublement importante pour augmenter un personnel relativement modeste et des ressources financières gouvernementales modestes consacrées au bien.

    Un suivi amélioré est nécessaire pour empêcher les pêcheurs sportifs d’entrer dans les zones non exploitables et pour gérer les impacts. Des efforts sont aussi nécessaires pour garantir que la pêche dans la très grande zone tampon environnante est gérée de manière à être durable, pour contrer les menaces potentielles ou réelles de la surpêche dans la région.

    En matière de gestion, l’accent devrait porter sur le contrôle et, si possible, l’éradication des espèces exotiques envahissantes dans les îles et le milieu marin. Un plan de biosécurité doit aussi régir les quarantaines et les mécanismes de réponse pour protéger le bien contre d’éventuelles menaces d’introduction. Ce point est tout particulièrement important pour que les îles restent libres de rats, ce qui est à la fois inhabituel dans un système insulaire subtropical et crucial pour maintenir des écosystèmes qui fonctionnent et protègent des espèces clés.

    Des travaux de recherche et d’inventaire supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre les valeurs de biodiversité du bien, en particulier les écosystèmes sous-marins et de haute mer.

  4. Demande à l’État partie, afin de renforcer encore l’intégrité et la gestion à long terme du bien de :
    1. renforcer la protection juridique et de réviser le plan de gestion afin de porter la zone non exploitable à 12 milles nautiques à partir des îles, pour qu’elle coïncide avec les limites du bien,
    2. renforcer le suivi et la gestion ciblée des espèces exotiques envahissantes dans le bien et d’introduire et appliquer rigoureusement un plan de biosécurité pour empêcher toute propagation future d’espèces introduites,
    3. garantir une gestion rigoureuse du tourisme anticipant une augmentation future des activités de plongée de loisir afin d’atténuer les impacts négatifs sur le milieu marin et les espèces importantes comme les mégaptères et les raies mantas géantes,
    4. installer, avec l’appui des clubs de plongée, un nombre limité de bouées d’amarrage permanentes dans des endroits convenus et restreints afin de réduire l’impact de l’ancrage et d’empêcher l’ancrage en dehors de ces lieux, et
    5. entreprendre d’autres travaux de recherche sur la biodiversité et l’écologie du bien, en particulier dans les écosystèmes sous‑marins profonds afin de mieux comprendre et gérer dans l’optique de protéger toutes les ressources marines du bien ;
  5. Félicite l’État partie d’avoir établi une collaboration interagences forte en vue de protéger le bien et encourage une coopération renforcée, particulièrement avec la marine mexicaine et la Commission des pêches (CONAPESCA), pour restreindre les utilisations et renforcer les contrôles dans la zone tampon ; pour améliorer la capacité de lutte contre la pêche illégale, y compris la pêche sportive ; pour réglementer l’activité de plongée ; et pour mettre en place des mesures de biosécurité efficaces pour le bien ;
  6. Demande à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial un rapport sur les progrès concernant l’agrandissement de la zone non exploitable ; le suivi et la réglementation améliorés de la pêche ; les améliorations proposées à la capacité globale de gestion, les mesures de biosécurité améliorées et autres questions, d’ici le 1er décembre 2018, pour examen par l’UICN.

Code de la Décision
40 COM 8B.14
Thèmes
Inscriptions sur la Liste du patrimoine mondial
Année
2016
Documents
WHC/16/40.COM/19
Rapport des décisions adoptées lors de la 40e session du Comité du patrimoine mondial (Istanbul/UNESCO, 2016)
Contexte de la Décision
WHC-16/40.COM/8B
WHC-16/40.COM/INF.8B2
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