Le Comité du patrimoine mondial,
1. Ayant examiné les documents WHC-13/37.COM/8B, WHC-13/37.COM/INF.8B1 et WHC-13/37.COM/INF.8B4,
2. Approuve l’extension des Mines de sel de Wieliczka pour inclure la Mine de sel de Bochnia et la saline-château de Wieliczka et devenir les Mines royales de sel de Wieliczka et Bochnia ,Pologne, sur la base du critère (iv) ;
3. Adopte la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :
Brève synthèse
Les mines de sel Wieliczka et Bochnia appartiennent au même filon géologique de sel gemme, dans le sud de la Pologne. Proches l’une de l’autre, elles ont été exploitées parallèlement et continument depuis le XIIIe siècle jusque tard dans le XXe siècle, formant l’une des plus anciennes et des plus importantes exploitations industrielles européennes.
Les deux mines comprennent un important ensemble de galeries anciennes, jusqu’à des profondeurs importantes. Les excavations résiduelles ont été aménagées proposant des chapelles, des ateliers, des entrepôts, etc. Un important ensemble statuaire et décoratif taillé dans le sel a été conservé au sein des deux mines, ainsi qu’un ensemble d’outils et de machines. Un circuit de visite souterrain existe depuis le début du XIXe siècle.
Les deux mines longtemps réunies dans la même société de statut royal, (les salines de Cracovie), furent dirigées administrativement et techniquement depuis la saline – château de Wieliczka, aux origines médiévales mais plusieurs fois restructurée au cours de son histoire.
Critère (iv) : Les Mines de sel de Wieliczka et de Bochnia illustrent les étapes historiques du développement des techniques minières en Europe, du XIIIe au XXe siècle. Les galeries, les chambres souterraines aménagées et décorées en lien avec les traditions sociales et religieuses des mineurs, les outils et les machines, et la saline – château de l’administration séculaire de l’entreprise apportent un témoignage exceptionnel sur le système sociotechnique de l’exploitation souterraine du sel gemme.
Intégrité
Ce bien en série est constitué des trois composantes formant historiquement une entreprise royale, les Salines de Cracovie : mine de sel de Wieliczka, la mine de sel de Bochnia et le Château des salines de Wieliczka. Les deux mines présentent la diversité minière, technique et artistique de l’ensemble, ainsi que la complétude du témoignage de la mise en œuvre historiquement ancienne de l’exploitation du sel gemme dans cette région du sud de la Pologne actuelle. Le château des salines de Wieliczka, en charge historiquement de l’administration et de la gestion de la vente du sel au profit des princes et des rois de la Pologne donne une nouvelle dimension à la valeur universelle exceptionnelle de l’ensemble.
Authenticité
Le bien exprime une authenticité minière assez satisfaisante. Cependant, si la plus grande partie de la structure conservée est celle du XVIIIe siècle, le témoignage technique vient essentiellement des XVIIIe, XIXe et XXe siècles. La connaissance technique pour les périodes plus anciennes provient surtout de la documentation historique et des restitutions qui en découlent, parfois un peu sur-interprétées, que de témoignages directs.
Mesures de gestion et de protection
Les mines de sel de Wieliczka bénéficient d’une protection légale au double titre de monument historique enregistré (N° A-580, 1976) et de Monument de l’histoire (décret présidentiel, 1994). Le site minier de Bochnia bénéficie d’une protection légale au double titre de monument historique enregistré (N° A-238, décembre 1981) et de Monument de l’histoire (décret présidentiel de septembre 2000). La Saline-château de Wieliczka est inscrite sur le registre des monuments historiques de l’État partie (N° A-579, mars 1988). La protection des monuments est confiée au conservateur en chef des monuments historiques. La mise en œuvre des lois et règlements miniers est assuré par le Bureau du District minier de Cracovie. Le système individuel de gestion de chaque site est convenablement établi. Chacun dispose en propre de spécialistes nombreux et compétents. Les programmes de conservation et de gestion des sites fonctionnent de manière satisfaisante. Les éléments miniers ont bien été pris en compte, ce qui a amené à un long programme de stabilisation des galeries abandonnées et à la sélection des plus représentatives en termes historiques et patrimoniaux pour les conserver. Toutefois, la très récente mise en place d’une Équipe de suivi et de coordination commune aux trois sites doit être confirmée dans sa structure et son fonctionnement, afin notamment d’harmoniser les plans de conservation ainsi que d’y impliquer tous les partenaires concernés.
4 Recommande que l’État partie prenne en considération les points suivants :
a) clarifier et préciser l’étendue des sous-sols et des puits de liaison formant le bien de la mine de Wieliczka ; fournir une carte adéquate pour en montrer l’étendue et la superficie,
b) confirmer la mise en place de l’Équipe de suivi et de coordination du bien récemment annoncée ; préciser sa composition, ses ressources humaines et matérielles et son fonctionnement effectif,
c) porter une attention particulière au contrôle du développement de l’urbanisme dans la zone tampon, au voisinage de la saline-château de Wieliczka et pour le développement du « Pôle Campi » de Bochnia et en informer le Comité du patrimoine mondial, conformément au paragraphe 172 des Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial ,
d) fournir une meilleure description du plan sécurité en relation avec l’exploitation touristique,
e) renforcer l’étude et le suivi du risque d’humidité sur la structure souterraine et les sculptures de la mine de Bochnia, notamment en lien avec une fréquentation touristique importante et avec le développement des spa,
f) porter une attention spécifique aux risques d’inondation sur la mine de Bochnia, en rapport avec une possible augmentation des pluies torrentielles liées au changement climatique,
g) préciser le suivi des dispositifs électriques et des dispositifs mécaniques souterrains de la mine de Bochnia, apporter des précisions sur les plans d’évacuation d’urgence,
h) porter une plus grande attention, dans le cas des restaurations architecturales et des restitutions techniques historiques, aux reconstructions abusives et aux risques de surinterprétation des vestiges existants.