Le Comité du patrimoine mondial,
1. Ayant examiné les documents WHC-12/36.COM/8B et WHC-12/36.COM/INF.8B1,
2. Inscrit le Patrimoine du mercure. Almadén et Idrija, Slovénie, Espagne, sur la Liste du patrimoine mondial sur la base des critères (ii) et (iv) ;
3. Adopte la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :
Brève synthèse
Le mercure est un métal relativement rare aux usages longtemps irremplaçables dans divers procédés techniques, chimiques ou industriels. Il n’a été produit en quantité notable et durablement que par quelques rares mines dans le monde, dont les deux plus importantes furent, jusqu’à une période récente, Almadén en Espagne et Idrija en Slovénie. Ces deux cités minières, aux origines antique ou médiévale, montrent la longue durée d’un système sociotechnique d’exploitation particulier à ce métal, ainsi que ses évolutions. Son contrôle permettait celui de son marché, qui fut très tôt d’échelle intercontinentale par son rôle décisif dans l’exploitation des gisements argentifères du Nouveau Monde. Métal lourd, liquide à la température ordinaire et aux caractéristiques chimiques et physiques bien particulières, le mercure est aussi un agent polluant dangereux pour la santé humaine. Les deux sites comportent les vestiges techniques de nombreux puits de mines, de leurs galeries, d’installations de surface comportant des artefacts spécifiques à l’exploitation des minerais mercuriels ; ils comprennent également d’importants éléments urbains, monumentaux, d’infrastructure et de supports matériels et symboliques des modes de vie et de l’organisation sociale liés à l’exploitation du mercure.
Critère (ii) : L’exploitation du mercure s’est faite à partir d’un nombre très limité de mines, dont les plus importantes furent Almadén et Idrija. Elle eut, dès la Renaissance en Europe, un caractère international. Son intérêt stratégique à l’échelle mondiale ne cessa de se renforcer, notamment par son rôle dans l’exploitation des mines d’or et d’argent en Amérique. Les échanges furent simultanément économiques, financiers et à propos des connaissances techniques.
Critère (iv) : Les sites miniers d’Almadén et d’Idrija représentent le principal héritage légué par l’extraction intensive du mercure, notamment aux époques modernes et contemporaines. Ce double témoignage est unique et il illustre les différents éléments industriels, territoriaux, urbains et sociaux d’un système sociotechnique spécifique au sein des industries minières et de production des métaux.
Intégrité
Les sites miniers d’Almadén et d’Idrija forment un ensemble cohérent aux composantes complémentaires, illustrant convenablement tous les aspects techniques, culturels et sociaux associés à l’extraction du mercure. Ces éléments sont présents en nombre suffisant pour pouvoir être interprétés convenablement. Ce sont les deux plus importants sites conservés de cette activité, tant par les volumes produits, la durée historique que par la complétude des témoignages apportés. L’intégrité de la série a été justifiée.
Authenticité
Dans les deux sites, la présence d’éléments d’infrastructures minières de fond et de surface, la présence d’artefacts techniques liés à l’extraction minière, à ses besoins en amont (énergie hydraulique, bois) à sa transformation en « vif argent » (fours), à son transport et à son stockage sont authentiques. Il en va de même pour les éléments urbains, monumentaux et pour les témoignages des conditions de vie des mineurs.
Éléments requis en matière de protection et de gestion
Les mesures de protection des sites sont satisfaisantes ; elles se traduisent dans les deux cas par des plans directeurs de l’occupation des sols et un contrôle des projets de travaux pouvant les affecter. Ces mesures de planification urbaine ou rurale s’appliquent aussi aux zones tampons. Toutefois, à Almadén, l’existence de projets pouvant avoir un impact visuel sur le bien et l’introduction tardive du bien et de ses limites dans le plan local d’urbanisme indiquent le besoin d’un renforcement de la coopération entre les autorités municipales et l’entité de gestion du bien. Pour les deux sites, un système local de gestion satisfaisant existe et le Comité international de la gestion transversale du bien en série a apporté la preuve de son fonctionnement régulier.
4. Recommande que les États parties prennent en considération les points suivants :
a) effectuer un inventaire du patrimoine technique et industriel effectivement présent, de manière approfondie, pour les deux sites, afin d’en assurer une conservation et une mise en valeur de qualité,
b) à Almadén, renforcer la coopération entre les autorités municipales en charge du plan directeur de la ville et l’autorité de gestion du bien,
c) à Almadén, confirmer la prise en compte effective du maintien de l’intégrité visuelle du bien et de son environnement en relation avec les différents projets urbains envisagés dans la ville. Il est également nécessaire d’en informer le Comité du patrimoine mondial suffisamment en amont, conformément à l’article 172 des Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial,
d) à Idrija, préciser les surfaces des nouvelles zones tampons, après leur redéfinition récente (janvier 2012).