Faites une recherche à travers les informations du Centre du patrimoine mondial.

Administration
Assistance internationale
Budget
Communauté
Communication
Conservation
Convention du patrimoine mondial
Credibilité de la Liste du ...
Inscriptions sur la Liste du ...
Liste du patrimoine mondial en péril
Listes indicatives
Mécanisme de suivi renforcé
Méthodes et outils de travail
Orientations
Partenariats
Rapport périodique
Rapports
Renforcement des capacités
Valeur universelle exceptionnelle








Décision 36 COM 8B.8
Biens Naturels - Trinational de la Sangha (Cameroun, Congo, République centrafricaine)

Le Comité du patrimoine mondial,

1.    Ayant examiné les documents WHC-12/36.COM/8B et WHC-12/36.COM/INF.8B2,

2.    Inscrit le Trinational de la Sangha, Cameroun, Congo, République centrafricaine, sur la Liste du patrimoine mondial sur la base des critères (ix) et (x) ;

3.    Adopte la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :

Brève synthèse

Le Trinational de la Sangha (TNS) est un complexe transfrontalier consacré à la conservation de la nature, situé dans le nord‑ouest du bassin du Congo, au point de rencontre entre la République du Cameroun, la République du Congo et la République centrafricaine. Le TNS comprend trois parcs nationaux contigus couvrant une superficie totale de 746’309 hectares définie par la loi. Il s’agit du Parc national de Lobéké au Cameroun, du Parc national de Nouabalé-Ndoki en République du Congo et du Parc national de Dzanga-Ndoki en République centrafricaine. Ce dernier est composé de deux unités distinctes. Les parcs sont enchâssés dans un paysage forestier beaucoup plus vaste que l’on appelle parfois le « paysage du Trinational de la Sangha ». Pour tenir compte de l’importance du paysage dans son ensemble et de ses habitants pour l’avenir du bien, une zone tampon de 1'787’950 hectares a été établie. Elle comprend la Réserve forestière de Dzanga-Sanga en République centrafricaine qui relie les deux unités du Parc national Dzanga-Ndoki.

Les valeurs et caractéristiques naturelles comprennent les processus écologiques et évolutionnaires en cours à très grande échelle dans un paysage forestier essentiellement intact. Des habitats nombreux et divers tels que des forêts tropicales constituées d’espèces décidues et sempervirentes, une grande diversité de types de zones humides, notamment des forêts marécageuses et des forêts périodiquement inondées et de nombreux types de clairières forestières d’importance majeure pour la conservation sont donc connectés au niveau du paysage. Cette mosaïque d’écosystèmes abrite des populations viables d’assemblages complets de la faune et de la flore, y compris de grands prédateurs et d’espèces rares et en danger comme les éléphants de forêt, les gorilles, les chimpanzés et plusieurs espèces d’antilopes telles que le sitatunga et l’emblématique bongo.

Critère (ix) : Le bien est caractérisé par ses vastes dimensions renforcées par une très vaste zone tampon, une perturbation mineure sur de très longues périodes et un caractère intact permettant la poursuite de processus écologiques et évolutionnaires à grande échelle. Il convient de noter la présence permanente de populations viables et de densités naturelles d’animaux sauvages, notamment de grands prédateurs et de grands mammifères qui, ailleurs, sont souvent touchés par la chasse et le braconnage. Le bien est formé d’une mosaïque entièrement connectée d’habitats très divers, y compris de nombreux types de clairières forestières écologiquement remarquables attirant des groupes importants d’animaux sauvages et où l’on trouve des espèces de plantes innombrables, absentes, par ailleurs, du paysage forestier. À la différence de beaucoup d’autres aires protégées forestières, le bien n’est pas un vestige mais continue de faire partie d’un paysage beaucoup plus vaste et intact présentant de bonnes perspectives en matière de conservation, ce qui est de plus en plus rare et important à l’échelon mondial.

Critère (x) : Le bien représente un large spectre de forêts tropicales humides, riches en espèces, du bassin du Congo, en Afrique centrale, et assure la protection d’une gamme d’espèces en danger. La flore est enrichie par des espèces que l’on trouve exclusivement dans les nombreux types de clairières forestières. Le Trinational de la Sangha protège un grand nombre d’espèces d’arbres qui sont, ailleurs, lourdement exploitées pour le commerce, comme par exemple le mukulungu en danger critique d’extinction. Outre les populations viables d’éléphants de forêt, on y trouve des populations importantes de gorilles de plaine de l’ouest en danger critique d’extinction et de chimpanzés en danger, à la fois dans le bien et dans ses environs, ainsi que plusieurs espèces d’antilopes en danger telles que le sitatunga et l’emblématique bongo.

Intégrité

Les limites du bien coïncident avec les limites de trois parcs nationaux existants et forment ainsi une vaste aire protégée d’un seul tenant au cœur du paysage plus vaste du Trinational de la Sangha. Le bien tout entier est entouré par une vaste zone tampon dans les trois pays, qui tient compte des liens écologiques étroits unissant le bien proposé et ses environs. Cette approche chapeaute la planification de l’occupation des sols et permet d’intégrer les besoins en moyens d’existence légitimes des communautés locales et autochtones avec la conservation de la nature dans le paysage général du Trinational de la Sangha. L’exploitation forestière et la chasse sont interdites dans les parcs nationaux. En outre, l’éloignement du TNS ajoute une protection naturelle supplémentaire contre l’exploitation des ressources. Il sera essentiel de garantir que les activités futures dans les zones tampons, y compris la gestion des forêts et des espèces sauvages, le tourisme, l’agriculture et l’infrastructure, soient totalement compatibles avec les objectifs de conservation du TNS de sorte que le paysage environnant suffise aux besoins des communautés locales et autochtones tout en servant effectivement de « tampon » pour le bien.

Éléments requis en matière de protection et de gestion

La gestion conjointe du bien est solide et déterminée et rassemble les trois États parties, ce qui est une condition permanente indispensable. Les trois parcs nationaux qui composent le bien ont tous un personnel de gestion et administratif fourni par les gouvernements et, si nécessaire, complété par un appui international venant d’organisations non gouvernementales ainsi que d’organismes multilatéraux et bilatéraux. La gestion, l’application des lois, la recherche, le suivi et le tourisme nécessitent une coordination de part et d’autre des frontières nationales. Un Comité trinational de suivi et d’action est en place qui rassemble les trois pays au niveau ministériel. Un Comité trinational de suivi unit les trois pays au niveau des administrations régionales. Ces mécanismes sont efficaces et assurent une protection et une gestion conjointes du bien et devront être maintenus et renforcés.

Les droits et moyens d’existence traditionnels des populations autochtones et locales, tels les BaAkas, sont un élément fondamental, de mieux en mieux reconnu dans la gestion du bien. Alors que dans le Parc national de Lobéké (Cameroun) il existe des zones d’utilisation dans le parc, en République centrafricaine et en République du Congo, l’utilisation locale des ressources, y compris la chasse et la cueillette autochtones, n’est pas autorisée dans les aires protégées, ce qui affecte les moyens d’existence locaux et pourrait être source de conflit. D’où l’importance cruciale de trouver un équilibre général entre la conservation de la nature et l’utilisation locale des ressources dans le paysage tout entier. La zone tampon considérablement agrandie offre une occasion de mieux comprendre et intégrer les besoins en moyens d’existence mais aussi les connaissances des communautés locales et autochtones dans le contexte du paysage vivant du TNS. L’inscription sur la Liste du patrimoine mondial offre une occasion concrète aux États parties de traduire toute une gamme d’engagements différents des États parties concernant les droits des populations locales et autochtones en action sur le terrain. 

Le maintien des valeurs écologiques du bien ne dépendra pas seulement de l’application des lois mais aussi, à terme, des normes d’extraction commerciale des ressources dans la zone tampon et de la mesure dans laquelle les communautés locales et autochtones du paysage environnant accepteront et soutiendront les parcs.

4.    Félicite chaleureusement les trois États parties pour leur réponse conjointe et constructive à la décision 35 COM 8B.4 du Comité du patrimoine mondial, en particulier en ce qui concerne l’examen d’un paysage beaucoup plus vaste en tant que zone tampon officielle pour le bien et la reconnaissance plus forte, ainsi que la référence au besoin de participation efficace des communautés locales et autochtones à la gestion du bien ;

5.    Considère que l’inscription du bien sur la Liste du patrimoine mondial offre une occasion d’améliorer encore un certain nombre de dispositions en matière de protection et de gestion du bien et de sa zone tampon et demande en conséquence aux États parties :

a)   d’utiliser la déclaration d’une plus vaste zone tampon autour du bien comme une occasion de préparer de manière plus approfondie une approche intégrée au niveau du paysage conforme aux engagements énoncés dans la proposition d’inscription,

b)   d’augmenter encore la participation et la représentation des communautés locales et autochtones à la conservation et à la gestion futures du paysage du TNS en reconnaissance du patrimoine culturel riche de la région, de la légitimité des droits de maintenir des utilisations traditionnelles des ressources et des connaissances locales riches, y compris en mettant en place des mécanismes efficaces et améliorés de consultation et de collaboration,

c)   de garantir plus fermement et de surveiller l’application, par les concessions de chasse et d’exploitation forestière, des normes sociales et environnementales les plus élevées,

d)   d’harmoniser encore les objectifs et les lignes directrices pour les différentes initiatives de conservation et de planification de la gestion, y compris la planification du tourisme entre les trois États parties,

e)   d’améliorer encore la coordination entre les ministères et secteurs afin de garantir une planification adéquate et cohérente de l’utilisation des terres et des ressources, ainsi que l’application des lois dans la zone tampon,

f)    de garantir un appui financier adéquat à long terme pour le bien, y compris avec le soutien intégral du fonds d’affectation spéciale et du versement des revenus du tourisme pour la conservation et les objectifs de développement communautaire ;

6.    Exprime sa satisfaction profonde aux États parties pour leur approche transfrontière de longue durée envers les efforts de conservation et de gestion d’un paysage partagé et à l’appui international important et en cours qui a été fourni pour soutenir ces travaux ;

7.    Demande aux États parties de fournir un rapport au Centre du patrimoine mondial d’ici au 1er février 2014 sur les progrès accomplis dans la mise en œuvre des recommandations ci-dessus, pour examen éventuel par le Comité du patrimoine mondial à sa 38e session en 2014.

Code de la Décision
36 COM 8B.8
Thèmes
Inscriptions sur la Liste du patrimoine mondial
Année
2012
Documents
WHC-12/36.COM/19
Décisions adoptées par le Comité du patrimoine mondial à sa 36e session (Saint-Pétersbourg, 2012)
Contexte de la Décision
WHC-12/36.COM/8B
WHC-12/36.COM/INF.8B2
top