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Décision 44 COM 8B.32
Forêts primaires et anciennes de hêtres des Carpates et d’autres régions d’Europe

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné les documents WHC/21/44.COM/8B.Add et WHC/21/44.COM/
    8B2.Add,
  2. Rappelant les décisions 31 COM 8B.16, 35 COM 8B.13, 41 COM 8B.7, 42 COM 7B.71 et 43 COM 7B.13 adoptées respectivement à ses 31e (Christchurch, 2007), 35e (Siège de l’UNESCO, 2011), 41e (Cracovie, 2017), 42e (Manama, 2018) et 43e (Bakou, 2019) sessions,
  3. Approuve la modification importante des limites des Forêts primaires et anciennes de hêtres des Carpates et d’autres régions d’Europe, Albanie, Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Croatie, Espagne, Italie, Roumanie, Slovaquie, Slovénie, Ukraine, sur la base du critère (ix), par l’ajout ou la modification des éléments constitutifs proposés suivants en Bosnie-Herzégovine, France, Italie, Macédoine du Nord, Pologne, la Tchéquie, Slovaquie et Suisse:
    • Vihorlat (Slovaquie), modification des limites de l’élément constitutif existant du même nom,
    • Forêt primaire d’Havešová (Slovaquie), modification des limites de l’élément constitutif existant du même nom,
    • Rožok (Slovaquie), modification des limites de l’élément constitutif existant du même nom,
    • Udava (Slovaquie) et Stužica - Bukovské Vrchy (Slovaquie), modification des limites de l’élément constitutif existant Stužica - Bukovské Vrchy (Slovaquie),
    • Cozzo Ferriero (Italie), modification des limites de l’élément constitutif existant du même nom,
    • Falascone (Italie), modification des limites de l’élément constitutif existant Foresta Umbra (Italie),
    • Pavari-Sfilzi (Italie) [nouvel élément constitutif],
    • Pollinello (Italie) [nouvel élément constitutif],
    • Valle Infernale (Italie) [nouvel élément constitutif],
    • Prašuma Janj (Bosnie-Herzégovine) [nouvel élément constitutif],
    • Forêt du Bettlachstock (Suisse) [nouvel élément constitutif],
    • Réserves forestières du Val di Lodano, Busai et Soladino (Suisse) [nouvel élément constitutif],
    • Monts de la Jizera (Tchéquie (la)) [nouvel élément constitutif],
    • Chapitre (France) [nouvel élément constitutif],
    • Grand Ventron (France) [nouvel élément constitutif],
    • Massane (France) [nouvel élément constitutif],
    • Dlaboka Reka (Macédoine du Nord) [nouvel élément constitutif],
    • Polonina Wetlinska et Smerek (Pologne) [nouvel élément constitutif],
    • Crête frontalière et vallée de Gorna Solinka (Pologne) [nouvel élément constitutif],
    • Vallée fluviale deTerebowiec (Pologne) [nouvel élément constitutif],
    • Vallée fluviale de Wolosatka (Pologne) [nouvel élément constitutif] ;
  4. Adopte la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante pour le bien dans son ensemble, y compris les éléments constitutifs modifiés ou ajoutés, énumérés ci-dessus :

    Brève synthèse

    Les « Forêts primaires et anciennes de hêtres des Carpates et d’autres régions d’Europe » sont un bien en série transnational formé de 94 éléments constitutifs répartis dans 18 pays. Elles représentent un exemple exceptionnel de forêts tempérées complexes, relativement non perturbées, et illustrent une large palette de schémas et processus écologiques complets de peuplements purs et mixtes de hêtres communs dans une diversité de conditions environnementales. Pendant chaque glaciation (ère glaciaire) du dernier million d’années, le hêtre commun (Fagus sylvatica) a survécu aux conditions climatiques adverses dans des refuges méridionaux du continent européen. Ces refuges ont été étudiés par des scientifiques, dans le cadre d’analyses paléoécologiques et à l’aide des techniques les plus modernes de codage génétique. Après la dernière glaciation, il y a environ 11 000 ans, le hêtre a commencé à étendre son aire de répartition au-delà de ces refuges méridionaux pour arriver à couvrir de vastes espaces du continent européen. Durant le processus d’expansion, encore à l’œuvre aujourd’hui, le hêtre a formé différents types de communautés végétales alors qu’il occupait des milieux essentiellement différents. L’interaction entre la diversité des milieux, les gradients climatiques et le patrimoine génétique d’espèces différentes a façonné cette grande diversité de communautés forestières de hêtres et continue de le faire. Ces forêts recèlent une population précieuse de vieux arbres et un réservoir génétique de hêtres et de nombreuses autres espèces, associés et tributaires de ces habitats de forêts anciennes.

    Critère (ix) : Le bien est indispensable pour comprendre l’histoire et l’évolution du genre Fagus qui, compte tenu de sa vaste distribution dans l’hémisphère nord et de son rôle écologique, est important au plan mondial. Ces forêts tempérées complexes, en grand partie non perturbées, illustrent une large palette de schémas et processus écologiques complets de peuplements purs et mixtes de hêtres dans des gradients environnementaux divers, notamment des conditions climatiques et géologiques, à l’échelle de presque toutes les zones de forêts de hêtres européennes. Des forêts de toutes les zones altitudinales, des littoraux à la ligne des arbres, sont incluses dans le bien et comprennent les meilleurs exemples restants des limites de l’aire de répartition de la forêt de hêtres européenne. Le hêtre est l’une des essences les plus importantes du biome de la forêt tempérée caducifoliée et c’est un exemple exceptionnel de recolonisation et de développement d’écosystèmes et de communautés terrestres depuis la dernière glaciation. L’expansion continue du hêtre, vers le nord et vers l’ouest, à partir de ses refuges glaciaires d’origine des régions orientales et méridionales de l’Europe, peut être retracée le long d’étapes et de corridors naturels à travers le continent. La dominance du hêtre sur de vastes régions d’Europe est le témoignage vivant de la capacité d’adaptation génétique de cet arbre, un processus encore à l’œuvre aujourd’hui.

    Intégrité

    Les éléments constitutifs sélectionnés sont représentatifs de la diversité des forêts de hêtres primaires et anciennes présentes à travers l’Europe, en termes de conditions climatiques et géologiques et de zones altitudinales différentes. Le bien comprend des éléments constitutifs qui traduisent la valeur universelle exceptionnelle et représentent la variabilité des écosystèmes de forêts de hêtres européennes. Conjointement, ces éléments constitutifs contribuent à l’intégrité du bien dans son ensemble. En outre, chacun des éléments constitutifs doit démontrer son intégrité au niveau local en représentant tous les processus de développement naturel des forêts et leur place géographique et écologique particulière dans la série. La plupart de ceux-ci sont de taille suffisante pour maintenir les processus naturels nécessaires à la viabilité écologique à long terme.

    Les principales menaces pour le bien sont l’exploitation et le morcellement de l’habitat. Les activités d’exploitation, à proximité des éléments constitutifs, peuvent être à l’origine de changements microclimatiques et d’effets mobilisateurs des matières nutritives, avec des incidences négatives sur l’intégrité du bien. Les changements dans l’affectation des sols dans les paysages environnants peuvent aggraver le morcellement de l’habitat, ce qui serait particulièrement préoccupant pour les éléments constitutifs de petites dimensions. Le développement de l’infrastructure pourrait être une menace mais seulement à proximité de quelques éléments constitutifs.

    Le changement climatique représente déjà un risque pour certains éléments constitutifs et l’on peut s’attendre à d’autres conséquences, par exemple à des changements dans la composition des espèces et au déplacement de l’habitat. Il convient toutefois de noter que l’un des attributs de la valeur universelle exceptionnelle du bien est le fait qu’il démontre la capacité du hêtre à s’adapter à différents régimes écologiques et climatiques dans toute son aire de répartition. En conséquence, les éventuels changements futurs doivent être surveillés et décrits afin de mieux comprendre ces processus.

    Les menaces mentionnées plus haut peuvent toucher à différents degrés et de manière différente l’intégrité des éléments constitutifs, par exemple par une diversité structurelle réduite, le morcellement, la perte de connectivité, la perte de biomasse et un microclimat modifié qui réduisent la fonctionnalité des écosystèmes et la capacité d’adaptation dans son ensemble. Pour faire face à ces menaces, des zones tampons ont été établies et sont gérées, comme il se doit, par les organes de gestion concernés.

    Éléments requis en matière de protection et de gestion

    Pour conserver la valeur universelle exceptionnelle de ce bien en série, à l’échelle de tous ses éléments constitutifs, il est essentiel de mettre en place une gestion stricte, non interventionniste. La plupart des 94 éléments constitutifs sont protégés par la loi en tant que réserves forestières strictes, zones de nature sauvage, zones centrales de réserves de biosphère ou parcs nationaux (catégorie UICN I ou II). Certains des éléments constitutifs sont protégés et gérés par des plans d’aménagement forestier (comprenant des règlements qui interdisent l’exploitation des forêts anciennes). Comme il est capital de garantir un statut de protection rigoureux à long terme, le statut de protection sera amélioré là où il le faut.

    Pour veiller à la viabilité des quatre éléments constitutifs dont la taille est inférieure à la taille minimale établie à 50 ha, les États parties envisageront un agrandissement de ces éléments constitutifs et mettront en place une gestion non interventionniste. Par ailleurs, il est impératif de gérer effectivement les zones tampons pour protéger le bien contre des menaces extérieures et pour sauvegarder son intégrité.

    C’est à l’État partie concerné que revient la responsabilité de protéger l’intégrité de chaque élément constitutif, responsabilité exercée par les services de gestion locaux compétents. Une structure organisationnelle fonctionnelle devrait être établie pour assurer la protection et la gestion cohérentes du bien, ainsi que pour coordonner les activités entre les services de gestion et les 18 États parties. À cet égard, un Système de gestion intégré a été conçu au cours du processus de préparation de la proposition d’inscription et sera maintenu pour permettre une gestion et une protection effectives et coordonnées du bien dans son ensemble. Le Comité mixte de gestion, formé de représentants de tous les États parties, a rédigé une Déclaration d’intention commune. Celle‑ci réglemente et structure la coopération entre tous les États parties dont une partie du territoire est inclus dans le bien et garantit l’engagement à protéger et renforcer la valeur universelle exceptionnelle du bien. Un poste de coordonnateur sera établi et financé pour soutenir le Comité mixte de gestion et les États parties dans leurs travaux.

    Le Système de gestion intégré et les plans de gestion des éléments constitutifs garantiront une méthode de gestion non interventionniste pour les éléments constitutifs tandis que les zones tampons seront gérées de manière à éviter des effets négatifs sur la valeur universelle exceptionnelle du bien en veillant spécifiquement à maintenir l’intégrité intacte. Pour harmoniser l’approche de gestion dans les 94 éléments, les États parties élaboreront des objectifs communs et des activités coordonnées pour la gestion du bien et de sa zone tampon, le suivi et la recherche, l’éducation et la sensibilisation, la gestion des visiteurs et le tourisme ainsi que le renforcement des capacités financières et humaines. Il est proposé de mettre en place un système de suivi cohérent, fondé sur des indicateurs écologiques (indirects) de l’intégrité sélectionnés dans tous les éléments constitutifs, afin de comparer l’évolution à long terme. Il est impératif que chaque État partie prenne des dispositions financières à long terme, claires et engagées, afin de soutenir la gestion cohérente du site au niveau national ainsi que sa gestion coordonnée.

    La configuration du bien nécessite une attention spéciale pour que chaque élément constitutif conserve sa capacité d’évoluer avec des processus écologiques et biologiques non entravés et sans que des interventions importantes ne soient nécessaires. Il faudra pour cela intégrer les écosystèmes forestiers environnants afin d’assurer une protection et une connectivité suffisantes, en particulier pour les petits éléments constitutifs. Tous les éléments constitutifs ont des zones tampons dont la configuration varie et qui englobent des aires protégées voisines (parcs nationaux, parcs naturels, réserves de biosphère, etc.). Ces zones tampons feront l’objet d’un suivi régulier pour vérifier leur capacité de protection dans des conditions environnementales changeantes comme par exemple sous l’effet du changement climatique. Les limites des zones tampons devraient, si possible, correspondre aux limites d’aires protégées existantes et devraient être agrandies pour relier des éléments en proximité étroite. Enfin, le cas échéant, il faudra mettre un accent spécial sur la connectivité écologique effective entre les forêts de hêtres et les habitats environnants complémentaires pour permettre le développement naturel et l’adaptation des forêts aux changements environnementaux.

  5. Prend note des éléments constitutifs proposés suivants dans la présente proposition d’inscription, qui ne sont actuellement pas recommandés pour l’inclusion dans le bien en série :
    • Fruška gora – Papratski do (Serbie),
    • Fruška gora – Ravne (Serbie),
    • Kopaonik – Kozje stene (Serbie),
    • Tara – Rača (Serbie),
    • Tara – Zvezda (Serbie),
    • Kyjovský prales (Slovaquie),
    • Aigoual (France),
    • Sainte-Baume (France),
    • Saint-Pé-de-Bigorre (France),
    • Biogradska Gora 1 (Monténégro),
    • Biogradska Gora 2 (Monténégro) ;
  6. Recommande avant d’envisager une éventuelle nouvelle soumission de ces éléments constitutifs dans toute proposition d’inscription future :
    1. l’État partie de Serbie de fournir des informations plus précises sur le type, l’échelle, la fréquence et l’étendue de toutes les exploitations et opérations forestières qui pourraient avoir lieu dans les zones tampons des éléments constitutifs proposés, en Serbie, et leurs impacts potentiels sur la valeur universelle exceptionnelle du bien, avec un plan visant à atténuer le plus possible l’exploitation dans la totalité des zones tampons définies,
    2. l’État partie de Slovaquie d’agrandir la zone tampon de l’élément constitutif proposé Kyjovský prales et pour connecter cette zone tampon à la zone tampon de l’élément constitutif existant Vihorlat,
    3. l’État partie de France, avec l’appui du Centre du patrimoine mondial et de l’UICN si nécessaire, de réviser considérablement les éléments constitutifs proposés, Aigoual, Sainte-Baume et Saint-Pé-de-Bigorre pour renforcer leur intégrité et de revoir le concept de leurs zones tampons et les agrandir,
    4. l’État partie du Monténégro, avec l’appui du Centre du patrimoine mondial et de l’UICN si nécessaire, de fusionner les éléments constitutifs proposés Biogradska Gora 1 et Biogradska Gora 2, d’aligner le zonage du Parc national Biogradska Gora dans ce contexte et de réviser les règlements en vigueur, en particulier le Plan spatial à but spécial pour le Parc national Biogradska Gora, afin qu’ils tiennent compte de la protection de la valeur universelle exceptionnelle du bien proposé. Il est en outre recommandé d’élaborer un plan de gestion du tourisme adapté pour l’élément constitutif résultant ;
  7. Prend note également des éléments constitutifs proposés suivants, qui ne sont pas recommandés pour l’inclusion dans le bien en série :
    • Chizé Composant 1 Nord-Ouest (France),
    • Chizé Composant 2 Sud (France),
    • Fontainebleau (France) ;
  8. Note que l’inscription de l’élément constitutif proposé Fontainebleau pourrait être envisagée dans le cadre de l’extension possible du bien du patrimoine mondial existant : Palais et parc de Fontainebleau, France;
  9. Réitère sa demande à tous les États parties impliqués dans ce bien en série transnational, de faire en sorte que la gestion des zones tampons soutienne les processus naturels non perturbés tout particulièrement concernant le bois mort et en décomposition, en suivant et en contrôlant les menaces et les risques, conformément à la décision 41 COM 8B.7, dans une approche claire, stricte et cohérente de la conception et de la gestion des zones tampons, conformément à la décision 42 COM 7B.71, comme le seul moyen possible de protéger l’intégrité des petits vestiges forestiers inclus dans ce bien, conformément à la décision 43 COM 7B.13 ;
  10. Demande également à tous les États parties impliqués dans ce bien en série transnational d’examiner la cohérence de la conception des éléments constitutifs et de la configuration des zones tampons à l’échelle de l’ensemble du bien, pour permettre l’expansion de processus naturels non perturbés dans les zones environnantes afin de préserver l’évolution naturelle et le rétablissement continu des forêts de hêtres dans les éléments constitutifs et vers les zones voisines, et d’envisager, en conséquence, des propositions de renforcement du bien ;
  11. Demande en outre aux États parties de soumettre au Centre du patrimoine mondial, avant le 1er décembre 2023, un rapport conjoint sur l’état de conservation du bien dans son ensemble et la mise en œuvre et l’examen de la cohérence des limites et des zones tampons, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 47e session ;
  12. Se félicite de la coopération renforcée entre un grand nombre d’États parties européens pour préserver les forêts de hêtres primaires, vieilles et anciennes sur tout le continent.
    Documents
    WHC/21/44.COM/18
    Rapport des décisions adoptées lors de la 44e session étendue du Comité du patrimoine mondial
    Contexte de la Décision
    WHC-21/44.COM/8B.Add
    WHC-21/44.COM/INF.8B2.Add
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