Faites une recherche à travers les informations du Centre du patrimoine mondial.

Administration
Assistance internationale
Budget
Communauté
Communication
Conservation
Convention du patrimoine mondial
Credibilité de la Liste du ...
Inscriptions sur la Liste du ...
Liste du patrimoine mondial en péril
Listes indicatives
Mécanisme de suivi renforcé
Méthodes et outils de travail
Orientations
Partenariats
Rapport périodique
Rapports
Renforcement des capacités
Valeur universelle exceptionnelle








Décision 44 COM 8B.8
Forêts pluviales et zones humides de Colchide (Géorgie)

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné les documents WHC/21/44.COM/8B et WHC/21/44.COM/INF.8B2,
  2. Inscrit les Forêts pluviales et zones humides de Colchide, Géorgie, sur la Liste du patrimoine mondial sur la base des critères (ix) et (x);
  3. Adopte la Déclaration de valeur universelle suivant :

    Brève synthèse

    Le bien se trouve en Géorgie, dans la République autonome d’Adjara ainsi que dans les régions de Guria et Samegrelo-Zemo Svaneti. Il comprend sept éléments constitutifs situés à proximité les uns des autres, dans un corridor de 80 km de long bordant le littoral oriental tempéré chaud et extrêmement humide de la mer Noire. Tous ces éléments constitutifs constituent une série altitudinale quasi complète des écosystèmes les plus typiques de la Colchide, du niveau de la mer à plus de 2500 m d’altitude. Les principaux écosystèmes sont des forêts pluviales anciennes et décidues de Colchide et des zones humides – en particulier des tourbières de percolation et autres types de milieux tourbeux de la région des tourbières ombrotrophes de Colchide, une région qui se distingue au sein de l’Europe et de l’Eurasie.

    Les Forêts pluviales et zones humides de Colchide sont des forêts reliques qui ont survécu aux cycles de la période glaciaire. Les forêts pluviales de feuillus, extrêmement humides, de la zone némorale, abritent une flore et une faune extrêmement diverses et présentent de très fortes densités d’espèces endémiques et reliques. Elles sont le résultat de millions d’années de processus d’évolution et de spéciation ininterrompus dans le refuge du Pliocène de Colchide. Les tourbières de la région des tourbières ombrotrophes de Colchide, étroitement liées aux forêts pluviales de basse altitude de Colchide, sont aussi le reflet des conditions climatiques douces et extrêmement humides qui expliquent la présence de tourbières de percolation, le type de zone humide fonctionnelle le plus simple, uniquement présent dans la région des tourbières ombrotrophes de Colchide. Outre les tourbières de percolation, on peut observer une série complète d’autres étapes de succession du développement des tourbières dans les zones humides de Colchide.

    Critère (ix) : Le bien comprend des forêts pluviales anciennes de Colchide au zonage vertical et à la succession écologique caractéristiques, et leurs zones humides, en particulier les tourbières ombrotrophes de Colchide avec les processus qui les sous-tendent et leur succession. Une combinaison unique d’influences dues à la présence de trois chaînes de montagnes au nord, à l’est et au sud, et de la mer Noire à l’ouest, ainsi que des précipitations élevées et une étroite gamme de variations saisonnières des températures, favorisent des conditions qui ont créé un complexe exceptionnel de structures forestières diverses, d’accumulation de tourbe, de taux d’endémisme et de diversité intraspécifique élevés.

    Les forêts pluviales de Colchide sont des forêts pluviales décidues tempérées extrêmement humides, parmi les plus anciennes forêts de feuillus némorales au monde. Bien qu’elles se distinguent d’autres forêts tempérées par la richesse de leur sous‑étage de plantes à feuilles persistantes, elles présentent aussi une mosaïque remarquablement dense de types forestiers : 23 associations forestières coexistent dans une région qui ne couvre que 200 km2 environ. Avec les Forêts hyrcaniennes, elles sont parmi les forêts reliques les plus importantes de la période arcto‑tertiaire d’Eurasie occidentale. Leur communauté singulière et diverse a survécu aux cycles glaciaires du Pléistocène et comprend une multitude d’espèces reliques et endémiques, reflet des conditions climatiques exceptionnellement constantes. C’est un exemple inestimable de processus d’évolution multiformes et à long terme d’un biote forestier, sur une période de 10 à 15 millions d’années au moins.

    Les vastes régions palustres qui bordent le littoral de la mer Noire résultent de processus évolutionnaires et écologiques liés à la variabilité du climat dans une écorégion tempérée chaude ancienne, toujours couverte de végétation depuis le Tertiaire. Le caractère exceptionnel des tourbières a conduit à la reconnaissance d’une région distincte, la région des tourbières ombrotrophes de Colchide. Les tourbières de percolation sont d’importance mondiale particulière puisqu’elles n’existent nulle part ailleurs au monde. Elles peuvent être considérées comme les tourbières les plus simples et donc typiques, compte tenu des précipitations qui assurent leur alimentation quasi permanente en eau. Les tourbières de percolation sont essentielles pour la compréhension fonctionnelle de toutes les tourbières et, en conséquence, du stockage terrestre du carbone en général.

    Critère (x) : Le bien est une zone distinctive, à la biodiversité exceptionnelle, dans le Point chaud mondial de biodiversité du Caucase, où se sont concentrées une flore et une faune riches, adaptées à des conditions climatiques tempérées chaudes et extrêmement humides. Le bien appartient à l’un des deux refuges les plus importants de la géoflore arcto‑tertiaire d’Eurasie occidentale et se caractérise par une diversité floristique et faunique élevée, avec un nombre important d’espèces menacées au plan mondial et d’espèces reliques ayant survécu aux cycles glaciaires du Tertiaire.

    Le bien abrite environ 1100 espèces de plantes vasculaires et non vasculaires ainsi que près de 500 espèces de vertébrés et un grand nombre d’espèces d’invertébrés. L’on y trouve une proportion extrêmement élevée d’espèces endémiques pour une région non tropicale, non insulaire. En effet, 149 espèces de plantes ont une aire de répartition restreinte et près d’un tiers des mammifères, amphibiens et reptiles sont endémiques. Vingt-huit pourcent des espèces d’amphibiens, de reptiles et de mammifères sont endémiques de la région.

    Quarante-quatre espèces de plantes vasculaires, 50 espèces de vertébrés et huit espèces d’invertébrés, menacées ou quasi menacées au plan mondial, ont été recensées dans les Forêts pluviales et zones humides de Colchide. Le bien abrite aussi des espèces d’esturgeons – notamment l’esturgeon du Danube – et sert d’étape clé pour de nombreux oiseaux menacés au plan mondial qui migrent à travers le goulot d’étranglement de Batumi.

    Intégrité

    Les éléments constitutifs composants des Forêts pluviales et zones humides de Colchide ont été sélectionnés sur la base d’une analyse régionale rigoureuse. Ils englobent, dans leurs limites, les attributs nécessaires à l’expression de la valeur universelle exceptionnelle, et suivent essentiellement le relief naturel, comme par exemple les chaînes de montagnes. Les éléments constitutifs contiennent la plupart des tourbières de la région de tourbières ombrotrophes de Colchide et les forêts pluviales les mieux préservées et les plus représentatives. Le bien couvre plus de 90 % de l’amplitude altitudinale où l’on trouve les forêts pluviales de Colchide et la grande majorité des associations forestières typiques. Il comprend aussi une série de successions complètes des tourbières caractéristiques de la région de tourbières ombrotrophes de Colchide. Le bien dans son ensemble abrite la grande majorité de la flore et de la faune de Colchide, et une proportion encore plus grande d’espèces de plantes endémiques de la région dans son ensemble y est concentrée.

    Jusqu’à la fin du 20e siècle, la région de Colchide a subi une érosion importante des forêts pluviales et des tourbières de Colchide. En revanche, les forêts et les tourbières qui se trouvent à l’intérieur du bien sont restées entièrement intactes, tant du point de vue structurel que fonctionnel, comme en témoignent la structure de la communauté et les processus écologiques. Certaines tourbières de Colchide ont autrefois été légèrement dégradées par le drainage de zones voisines, mais leur caractère intact et leur résilience hydrologiques actuels sont garantis par leur dépendance vis-à-vis des précipitations atmosphériques, la capacité élevée d’oscillation (ou de respiration) des tourbières, l’effet stabilisateur de la mer voisine et les vastes zones tampons d’amont.

    Éléments requis en matière de protection et de gestion

    Les éléments constitutifs du bien sont efficacement protégés contre les menaces anthropiques locales. De petits secteurs seulement de certaines zones tampons sont légèrement touchés par un niveau acceptable d’utilisation traditionnelle des ressources naturelles. Tous les éléments constitutifs du bien et l’ensemble de la zone tampon, à l’exception de 208 ha, sont situés sur des terres du domaine public, dans des aires protégées officielles. Il s’agit soit d’aires intégralement protégées (Catégorie Ia de gestion des aires protégées de l’UICN), soit de parcs nationaux (Catégorie II de gestion des aires protégées de l’UICN) qui offrent les plus hauts niveaux de protection. Une très petite partie seulement du bien se trouve dans un paysage protégé (Catégorie V de gestion des aires protégées de l’UICN). Les limites de ces aires protégées sont connues et acceptées par la population locale.

    Les aires protégées qui couvrent le bien sont gérées par l’Agence des aires protégées du Ministère de la protection de l’environnement et de l’agriculture de Géorgie, par l’intermédiaire de l’Administration des aires protégées locale. La gestion intégrée de l’ensemble du bien, bénéficiant d’un financement durable, est requise, en plus de la mise en œuvre des plans de gestion complets pour les quatre aires protégées. La coordination est assurée par le fait que les éléments constitutifs distincts sont tous sont gérés par l’Agence des aires protégées. Un cadre de gestion intégrée du bien a été préparé et doit être finalisé.

    Les aires protégées pourraient être agrandies sur la base d’une planification stratégique de la conservation utilisant les Zones clés pour la biodiversité, ce qui pourrait assurer une couche additionnelle de protection au bien et peut‑être permettre d’envisager des extensions futures du bien et des zones tampons. Ce point est particulièrement important compte tenu des développements existants et potentiels à proximité du bien et le long du littoral de la mer Noire. Tout projet de développement doit faire l’objet de procédures rigoureuses d’évaluation d’impacts sur l’environnement et doit être annulé en cas d’impacts négatifs potentiels pour la valeur universelle exceptionnelle du bien.

  4. Félicite l’État partie pour son engagement à agrandir les zones tampons du bien et à envisager une amélioration future de la conservation du bien par l’ajout éventuel d’autres zones, en particulier pour protéger l’esturgeon en danger critique par la création d’une nouvelle aire protégée limitrophe du bien ;
  5. Encourage vivement l’État partie de soumettre les extensions proposées des zones tampons de l’élément constitutif Churia vers le nord et de l’élément constitutif Nabada afin de soutenir la conservation de la population d’esturgeons en tant que modification mineure des limites d’ici le 1er février 2023, si possible ;
  6. Demande à l’État partie de :
    1. continuer d’évaluer la possibilité d’agrandir les zones tampons autour des éléments constitutifs proposés 4, 5, 6 et 7 pour veiller à renforcer leur connectivité et fournir d’autres détails des conclusions de cette étude de faisabilité au Centre du patrimoine mondial, pour examen par l’UICN d’ici le 1er décembre 2022,
    2. continuer d’évaluer la faisabilité d’agrandir la zone tampon pour protéger les dunes côtières qui constituent une barrière entre les tourbières à percolation uniques et la mer Noire,
    3. finaliser le plan de gestion conjoint pour l’ensemble du bien en série de manière prioritaire et de le soumettre au Centre du patrimoine mondial pour examen par l’UICN ;
  7. Accueille favorablement aux donateurs et aux agences internationales d’aide au développement pour leur appui à la protection et à la gestion du bien et encourage ces donateurs à maintenir et, si possible, renforcer leur appui à la gestion et à la gouvernance effectives du bien à long terme.
Code de la Décision
44 COM 8B.8
Thèmes
Inscriptions sur la Liste du patrimoine mondial
États Parties 1
Année
2021
Documents
WHC/21/44.COM/18
Rapport des décisions adoptées lors de la 44e session étendue du Comité du patrimoine mondial
Contexte de la Décision
WHC-21/44.COM/8B
WHC-21/44.COM/INF.8B2
top