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Comment les échanges dette-nature financent avec succès la conservation du patrimoine mondial de l'UNESCO au Belize et aux Seychelles

jeudi 16 février 2023 à 15:00
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© UNESCO/Geo Media Interactive

Grâce à une restructuration innovante de la dette nationale et à des accords d'obligations bleues (Blue Bonds), l'Atoll d'Aldabra aux Seychelles et le Réseau de réserves du récif de la barrière du Belize au Belize obtiennent un financement durable pour aider à conserver leurs sites du patrimoine mondial marin au cours des prochaines décennies.

Le 19 janvier 2022, des praticiens des aires marines protégées du monde entier ont pris part à une réunion en ligne lors de laquelle les gestionnaires du patrimoine mondial des Seychelles et du Belize, ainsi que des experts de The Nature Conservancy, ont partagé des informations de première main sur le fonctionnement des obligations bleues et des échanges dette-nature, les conditions nécessaires à leur mise en place et les éléments constitutifs d'un financement à long terme réussi pour la conservation.

En décembre 2022, le refinancement de la dette nationale du Belize a permis de débloquer 180 millions de dollars USD pour la conservation de l’océan, avec des avantages évidents pour le site du patrimoine mondial du Réseau de réserves du récif de la barrière du Belize. Ce site du patrimoine mondial marin reçoit désormais 4 millions de dollars USD par an jusqu'en 2040, ce qui contribuera à financer l'augmentation des zones de protection de la biodiversité à 30 % d'ici 2030, le renforcement des cadres de gouvernance pour la pêche domestique et en haute mer, ainsi que le soutien à la création d'un cadre pour le carbone bleu. Deux étapes importantes ont été franchies depuis l'échange, avec la désignation de terres publiques au sein du site du patrimoine mondial en tant que réserves strictes de mangrove et une augmentation de la superficie des zones de protection de la biodiversité à 20,5% (au lieu de 15,9% précédemment). Un fonds de dotation supplémentaire de 90 millions de dollars USD est en cours de constitution parallèlement à ces initiatives afin de fournir un soutien financier au-delà de 2040.

Aux Seychelles, une première initiative d’obligations bleues a été créée en 2016 et fonctionne désormais comme le plus grand partenaire financier au niveau national pour la gestion du site du patrimoine mondial de l'Atoll d'Aldabra. Un soutien estimé à 325 000 dollars USD a été apporté au cours des cinq dernières années pour relever les principaux défis en matière de conservation, tels que l'élimination des débris marins, l'évaluation de la population de dugongs, la cartographie de la connectivité des populations de coraux et des courants océaniques, ainsi que le besoin d'équipements de surveillance.

La mise en place d'échanges dette-nature et d’obligations bleues nécessite des engagements forts en matière de conservation au niveau national et une coopération entre les ministères et les organismes gouvernementaux concernés, notamment ceux qui s'occupent des finances et de l'environnement. Une mise en œuvre réussie et des résultats durables tendent à dépendre largement de la participation d'un large éventail de parties prenantes. Un fonds fiduciaire indépendant pour la conservation est généralement mis en place pour attirer de futurs financements complémentaires pour la conservation.

Les recherches montrent qu'une majorité des 18 000 aires marines protégées réparties dans le monde n'atteignent pas leurs objectifs de conservation en raison d'un manque de financement adéquat. Les enquêtes menées par l'UNESCO dans les 50 sites du patrimoine mondial marin indiquent systématiquement que le financement est l'un des besoins les plus urgents pour protéger durablement leur biodiversité et leurs écosystèmes et pour obtenir les données scientifiques nécessaires à une prise de décision éclairée.

Alors que le financement fait défaut, les défis en matière de conservation s'accumulent.  Le changement climatique entraîne des modifications rapides de la biodiversité et des écosystèmes marins à l'échelle mondiale. Compte tenu de la responsabilité qui leur incombe de conserver des lieux d'une valeur universelle exceptionnelle pour les générations futures, les sites du patrimoine mondial de l'UNESCO recherchent de plus en plus des solutions alternatives pour financer la conservation de l’océan à long terme.

Cette réunion en ligne était la septième édition d'une série d'échanges en ligne lancée par le Programme marin du patrimoine mondial de l'UNESCO en avril 2020. Ces réunions constituent une plateforme en ligne exclusive où les gestionnaires des 50 sites du patrimoine mondial marin se rencontrent et partagent leurs succès dans la résolution des principaux défis de conservation.

Du fait de leur statut d’aires marines protégées les plus emblématiques au monde, les sites du patrimoine mondial marin de l’UNESCO occupent une position unique pour stimuler le changement et l'innovation, établir de nouvelles normes mondiales d'excellence en matière de conservation et s’ériger en tant que lueurs d'espoir dans un océan en mutation.

Ces réunions en ligne sont rendues possibles grâce au soutien de l'Office français de la biodiversité et de la Fondation pour la Grande Barrière de corail (Great Barrier Reef Foundation).

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