Quatre nouveaux sites culturels inscrits sur la Liste du patrimoine mondial
Doha, 22 juin – Le Comité du patrimoine mondial réuni à Doha (Qatar) sous la présidence de la Sheikha Al Mayassa Bint Hamad Bin Khalifa Al Thani a inscrit ce matin quatre sites culturels en République de Corée, en Chine, et en Inde sur la Liste du patrimoine mondial ainsi qu’une partie des Routes de la soie proposée par la Chine, le Kazakhstan et le Kirghizistan :
Namhansanseong (République de Corée) - Conçue comme une capitale refuge de la dynastie des Joseon (1392-1910), Namhansanseong se trouve dans une zone montagneuse à 25 kilomètres au sud-est de Séoul. Construite et défendue par des moines-soldats bouddhistes, elle pouvait accueillir 4 000 personnes et jouait un important rôle administratif et militaire. Ses vestiges les plus anciens remontent au VIIème siècle mais elle a été reconstruite à plusieurs reprises, notamment au début du XVIIème siècle, en prévision d’une attaque de la dynastie sino-mandchoue des Qing. Elle exprime une synthèse du génie militaire défensif de l’époque, à partir d’influences chinoises et japonaises, et des évolutions de l’art de la fortification, suite à l’arrivée des armes à feu venues d’occident. Citée habitée en permanence et longtemps capitale provinciale, elle comprend dans son enceinte fortifiée des témoignages de divers bâtiments militaires, civils et religieux. Elle constitue un symbole de la souveraineté coréenne.
Le Grand Canal (Chine) - Ce vaste système de navigation intérieure au sein des plaines de la Chine du Nord-Est et du Centre-Est s’étend de la capitale Beijing, au nord, à la province du Zhejiang, au sud. Entrepris par secteurs dès le Vème siècle avant J.C., il fut conçu en tant que moyen de communication unifié de l’Empire à partir du VIIème siècle (Dynastie Sui). Cela se traduisit par une série de chantiers gigantesques, formant l’ensemble de génie civil le plus important et le plus étendu de tous les temps préindustriels. Axe vital des voies de communication intérieures de l’empire, il assura notamment l’approvisionnement en riz des populations et les transports de matières premières stratégiques. Au XIIIème siècle, il offrait un réseau unifié de navigation intérieure de plus de 2000 kilomètres de voies d’eau artificielles reliant cinq des plus importants bassins fluviaux de l’espace chinois. Il a joué un rôle notable pour la prospérité économique et la stabilité de la Chine et reste encore aujourd’hui une importante voie d’échange intérieure.
Routes de la soie : le réseau de routes du corridor de Chang’an-Tian-shan (Chine, Kazakhstan, République kirghize) - Cette section des Routes de la soie s’étend sur 5 000 kilomètres, de Chang’an/Luoyang, capitale centrale de la Chine sous les dynasties Han et Tang, jusqu’à la région de Jetyssou, en Asie centrale. Ce corridor a pris forme entre le IIème siècle av. J.-C. et le premier siècle apr. J.-C. ; il a été utilisé jusqu’au 16ème siècle, reliant de nombreuses civilisations et facilitant des échanges à longue distance en matière de commerce mais aussi de croyances religieuses, de connaissances scientifiques, d’innovations technologiques, de pratiques culturelles et artistiques. Parmi les 33 sites inclus dans la nomination figurent d’importants ensembles de villes/palais de différents empires ou royaumes de Khans, des établissements de commerce, des temples de grottes bouddhistes, des voies antiques, des relais de poste, des cols, des tours balises, des parties de la Grand Muraille, des fortifications, des tombes et des édifices religieux.
Rani-ki-Vav (le puits à degrés de la Reine) à Patan, Gujarat (Inde) - Situé sur les rives de la Sarasvati, à Patan, le Rani-ki-Vav a été construit au départ comme un mémorial pour un roi du XIème siècle. Les puits à degrés sont une typologie architecturale propre au sous-continent indien. Apparus dès le IIIe millénaire av J.-C., ils ont évolué au fil du temps : depuis ce qui était simplement une fosse accessible dans un sol sablonneux jusqu’à des ouvrages artistiques et architecturaux à plusieurs étages et très élaborés. Rani-ki-Vav a été construit à l’apogée de la maîtrise des artisans aussi bien de la construction de puits à degrés que du style Maru-Gurjara, d’où sa technique complexe et sa grande beauté dans les détails comme dans les proportions. Conçu comme un temple inversé soulignant le caractère sacré de l’eau, il comporte sept niveaux d’escaliers et de panneaux sculptés d’une haute qualité artistique. Plus de 500 sculptures principales et un millier d’autres mineures composent une imagerie religieuse, mythologique et séculaire, avec de fréquentes références à des œuvres littéraires. Le quatrième niveau est le plus profond et il mène à une citerne de 9,5 sur 9,4 mètres à 23 mètres de profondeur. Le puits se situe à l’extrémité ouest du site ; profond de 30 mètres, il s’agit d’une cavité circulaire de 10 mètres de diamètre.
Ces nouvelles inscriptions portent à 992 le nombre de biens inscrits à ce jour sur la Liste du patrimoine mondial. La 38e session du Comité du patrimoine mondial a commencé le 15 juin et se poursuivra jusqu’au 25 juin. Les inscriptions se poursuivent dans l’après-midi.