Le Mont Etna, les Montagnes du Pamir et El Pinacate et le Grand désert de l’Altar inscrits sur la Liste du patrimoine mondial
Le Comité du patrimoine mondial a inscrit trois sites naturels du Tadjikistan, d’Italie et du Mexique sur la Liste du patrimoine mondial.
Le Parc national tadjik (montagnes du Pamir) (Tadjikistan)
Situé à l’est du Tadjikistan, au cœur du « nœud du Pamir » (carrefour des plus hautes chaînes montagneuses de l’Eurasie), le site couvre plus de 2,5 millions d’hectares accidentés et très peu peuplés. A l’est, il s’agit de hauts plateaux et, à l’ouest, de pics dont certains dépassent les 7 000 mètres d’altitude. Les variations saisonnières de température sont extrêmes. Le Fedtchenko – le plus long glacier de vallée en dehors des régions polaires - est un des 1085 glaciers dénombrés sur ce site qui compte 170 cours d’eau et plus de 400 lacs. Deux groupes d’espèces florales (celui d’Asie centrale et celui d’Asie du sud-ouest) poussent sur le site qui héberge aussi des espèces rares et menacées d’oiseaux et de mammifères (notamment l’argali de Marco Polo, le léopard des neiges, l’ibex de Sibérie). Sujet à de fréquents tremblements de terre, le Parc est très peu affecté par l’agriculture et les établissements humains. Il offre une occasion unique d’étudier les phénomènes de tectonique des plaques et de subduction continentale.
Il s’agit du premier site naturel tadjik inscrit sur la Liste du patrimoine mondial.
Le Mont Etna (Italie)
Ce site emblématique recouvre une zone inhabitée de 19 237 ha, il s’agit des parties les plus hautes du Mont Etna, sur le littoral oriental de la Sicile. L’Etna est la plus haute montagne se trouvant sur une île méditerranéenne mais aussi le stratovolcan le plus actif du monde. Cette activité volcanique remonte à plus de 500 000 ans et elle est décrite depuis au moins 2 700 ans. L’activité éruptive quasi continue de l’Etna continue d’influencer la vulcanologie, la géophysique et d’autres disciplines des sciences de la terre. Le volcan abrite d’importants écosystèmes, y compris une flore et une faune endémiques uniques. Compte tenu de son activité, l’Etna représente un laboratoire naturel pour l’étude des processus écologiques et biologiques. L’assemblage accessible et varié de caractéristiques volcaniques telles que les cratères de sommet, les cônes de cendre, les coulées de lave, les grottes de lave et la dépression du Valle de Bove fait de l’Etna une destination privilégiée pour la recherche et l’éducation.
El Pinacate et le Grand désert de l’Altar (Mexique)
Ce site de 714 566 hectares comprend deux types de paysages : à l’est, la zone volcanique dormante composée du bouclier du Pinacate, de vastes coulées de lave noires et rouges et d’un pavement désertique ; à l’ouest, le Grand Désert de l’Altar avec ses dunes pouvant atteindre deux cents mètres de haut. Ce paysage fortement contrasté comprend des dunes linéaires, en étoile et à coupole, ainsi que des massifs granitiques arides, pouvant culminer à 650 mètres, qui émergent comme des îles dans une mer de sable. Chaque paysage propose une communauté distincte de plantes et d’animaux, notamment des espèces endémiques de poissons d’eau douce et l’antilocapre de Sonora, espèce que l’on ne trouve qu’au sud-ouest de l’Arizona (Etats-Unis) et au nord-ouest du Sonora. La caractéristique la plus frappante du point de vue visuel est la concentration de dix maars (cratères volcaniques d’explosion), énormes, profonds et presque parfaitement circulaires. Ils seraient nés d’une association d’éruptions et d’effondrements et contribuent à la beauté tragique de ce site présentant des caractéristiques d’un grand intérêt scientifique. Ce site est également une réserve de biosphère de l’UNESCO .
Au total, cinq sites naturels ont été inscrits au cours de cette session (Tianshan au Xinjiang, Chine et L’Erg du Namib, Namibie). Mont Kenya-Conservatoire de faune sauvage de Lewa (Kenya) a été inscrit comme une extension du Parc national / Forêt naturelle du Mont Kenya.Le Comité du patrimoine mondial poursuit ses travaux avec l’inscription des sites mixtes et culturels. La 37e session, qui se tient actuellement à Phnom Penh, se terminera le 27 juin à Angkor.
Décisions (1)
Le Comité du patrimoine mondial,
1. Ayant examiné les documents WHC-13/37.COM/8B et WHC-13/37.COM/INF.8B2,
2. Inscrit le Mont Etna, Italie, sur la Liste du patrimoine mondial au titre du critère (viii) ;
3. Adopte la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :
Brève synthèse
Le bien du patrimoine mondial du Mont Etna (19.237 ha) comprend la zone du mont Etna la plus strictement protégée et la plus importante sur le plan scientifique, et fait partie du Parc naturel régional de l’Etna. Le mont Etna est renommé pour son niveau d’activité volcanique exceptionnel et la documentation de cette activité depuis au moins 2.700 ans. Sa notoriété, son importance scientifique et ses valeurs culturelles et pédagogiques sont d’importance mondiale.
Critère (viii) : Le Mont Etna est l’un des volcans les plus emblématiques et les plus actifs du monde, un exemple remarquable de processus géologiques en cours et de formes de relief volcaniques. Le stratovolcan se caractérise par une activité éruptive quasi continue des cratères de sommet et les éruptions de lave relativement fréquentes par les cratères et les fissures de ses flancs. Cette activité volcanique exceptionnelle est décrite par l’homme depuis au moins 2.700 ans – ce qui en fait l’une des histoires documentées du volcanisme les plus longues du monde. L’assemblage accessible et divers de caractéristiques volcaniques telles que les cratères de sommet, les cônes de cendres, les coulées de lave, les grottes de lave et la dépression du Valle de Bove font du mont Etna une destination privilégiée pour la recherche et l’éducation. Aujourd’hui, le Mont Etna est l’un des volcans les mieux étudiés et les mieux suivis dans le monde ; il continue d’influencer la volcanologie, la géophysique et d’autres disciplines des sciences de la Terre. La notoriété du Mont Etna, son importance scientifique et ses valeurs culturelles et pédagogiques sont d’importance mondiale.
Intégrité
Les limites du bien sont clairement définies et englobent les caractéristiques géologiques les plus exceptionnelles du Mont Etna. Le bien compte très peu d’infrastructures : quelques chemins forestiers/de montagne, plusieurs abris de montagne simples le long des principaux chemins forestiers et plus de 50 petites stations de surveillance sismique ainsi qu’un observatoire scientifique.
Une zone tampon de 26 220 ha entoure le bien, englobant des secteurs du Parc naturel régional du mont Etna et deux zones touristiques. Ces zones touristiques possèdent des logements (hôtels, gîtes), des parkings, des restaurants, des cafés, un téléphérique, des télésièges et tire-fesses pour le ski, des sites d’information et des kiosques où sont délivrés les tickets pour les parcours guidés, les randonnées et les safaris à dos de cheval ou d’âne.
Mesures de gestion et de protection
Le décret du Président de l’autorité régionale de Sicile a créé le Parco dell’Etna (Parc de l’Etna) en tant que Parc naturel régional en mai 1987. Le bien comprend une partie de ce parc contenant la zone définie comme une réserve intégrale. En outre, neuf sites Natura 2000 recouvrent le bien à différents degrés, assurant une protection additionnelle à 77% de la zone relevant de la législation européenne.
Les règlements établis par le décret assurent une protection adéquate des valeurs clés du bien. Depuis que s’est terminé le processus d’acquisition de terre en 2010, 97,4% du bien est propriété publique (région ou communautés). En revanche, 56,6% de la zone tampon est propriété privée.
La gestion du bien est coordonnée par Ente Parco dell’ Etna, autorité de gestion du Parc de l’Etna établie par décret du Président de l’autorité régionale de Sicile en mai 1987, en collaboration étroite avec l’autorité régionale des forêts d’État et le Corps régional des gardes forestiers (Corpo Forestale). La gestion est guidée par un plan de gestion à long terme et des programmes d’intervention triennaux.
Dans le bien, il n’y a pas de population permanente, il n’y a pas de routes et l’utilisation est limitée à la recherche et aux activités de loisirs. L’accès de véhicules à un réseau limité de pistes forestières et de montagne semble être rigoureusement contrôlé (p. ex., par des portails et des clôtures) et n’est autorisé qu’à des fins de gestion du parc ainsi que pour des activités telles que la recherche et les randonnées en 4x4 organisées sur le sentier principal d’équipement touristique, dans la zone tampon, jusqu’à l’observatoire INGV. Hormis une restauration possible de l’observatoire, aucun projet de construction n’est autorisé ou prévu dans le bien. L’accès public au sommet du mont Etna peut être officiellement interdit pour des raisons de sécurité bien que ce règlement ait été difficile à appliquer. Des activités de loisirs organisées, comme le vélo de montagne et les randonnées à dos de cheval ou d’âne nécessitent une autorisation préalable. Bien qu’elles semblent actuellement limitées, elles doivent être bien surveillées et gérées pour éviter des impacts négatifs comme l’érosion et la perturbation des espèces sauvages. Aucun chien n’est autorisé dans le bien et la chasse illégale semble être sous contrôle. Un pâturage de faible intensité est autorisé dans certaines parties du bien en été. Des interventions de sylviculture limitées ont lieu dans le bien pour réduire le risque d’incendies de forêts et entretenir les routes d’accès. Le changement climatique pourrait augmenter le risque d’incendies de forêt dans la région et les effets sur les espèces et les communautés du Mont Etna. Les risques naturels résultant de l’activité volcanique du bien menaceront toujours certaines caractéristiques et installations du parc et alentours. Il importe de renforcer les installations pour les visiteurs en tenant compte des meilleures pratiques et enseignements acquis dans des biens du patrimoine mondial comparables.
4. Félicite les autorités locales, régionales et nationales, le personnel du parc, les gardes forestiers, les scientifiques coopérant et les institutions scientifiques ainsi que les organisations non gouvernementales pour leur engagement et leur appui au bien ;
5. Demande à l’État partie de coordonner les autorités régionales et nationales afin de maintenir et de renforcer leur appui au bien, pour augmenter encore la capacité de gestion ;
6. Recommande à l’État partie de réviser et de mettre à jour le plan de gestion pour :
a) mieux harmoniser les relations entre les différentes organisations chargées de la gestion et les partenaires du secteur privé qui utilisent le bien, afin de garantir que les caractéristiques géologiques exceptionnelles ne subissent pas d’impact négatif par les pressions accrues du tourisme ;
b) améliorer les mécanismes de surveillance de l’utilisation par les visiteurs afin d’équilibrer la protection des valeurs de patrimoine naturel et d’améliorer l’expérience et la sécurité des visiteurs ;
c) encourager le renforcement des valeurs pour le suivi et la gestion avec l’intégration d’un personnel technique (géologue, géomorphologue et volcanologue), à part entière, dans l’équipe de gestion du bien ;
d) encourager l’échange de l’expérience en matière de gestion et la promotion de la collaboration scientifique et pédagogique entre le Mont Etna et Isole Eolie (Îles éoliennes, Italie).
7. Recommande également aux autorités du parc, aux autorités régionales et nationales de collaborer avec les partenaires techniques et financiers pertinents afin d’améliorer l’expérience des visiteurs dans le bien. Cela devrait comprendre des améliorations des structures d’écotourisme et d‘éducation à l’environnement dans le bien, et les installations touristiques de la zone tampon et de la zone élargie du parc ;
8. Encourage l’État partie à améliorer l’intégration du bien et de sa zone tampon dans le paysage en général, pour reconnaître et promouvoir les activités actuelles d’éducation, de suivi, de recherche et de formation et pour améliorer les perspectives de développement durable de la région, notamment par l’adoption possible de l’expérience du Programme de l’UNESCO sur l’Homme et la biosphère ;
9. Rappelant la Décision 31 COM 8B.12 adoptée à la 31e session (Christchurch, 2007), réitère « qu’il y a des possibilités de plus en plus limitées d’inscrire des sites volcaniques sur la Liste du patrimoine mondial » et demande également à l’UICN de réviser et de mettre à jour son étude thématique sur « les volcans du patrimoine mondial » avec une participation d’experts évaluateurs de sites volcaniques pour mettre sur pied une liste courte et dûment équilibrée des meilleurs sites volcaniques candidats restants qui pourraient mériter d’être inscrits sur la Liste du patrimoine mondial.
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