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Réserve de faune du Dja

Cameroun
Facteurs affectant le bien en 2018*
  • Activités illégales
  • Chasse commerciale
  • Exploitation forestière/production de bois
  • Infrastructures hydrauliques
  • Modification du régime des sols
  • Système de gestion/plan de gestion
  • Élevage de bétail / pacage d’animaux domestiques
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
  • Absence de mise en œuvre et d'approbation pleine et entière du plan de gestion 
  • Empiétements agricoles et forestiers
  • Projet d'exploitation minière à côté du bien (problème résolu)
  • Agriculture industrielle dans la zone tampon 
  • Menaces exercées par la chasse commerciale et la déforestation autour du parc
  • Barrage hydroélectrique de Mékin
  • Braconnage
Fonds extrabudgétaires de l’UNESCO jusqu'en 2018

Montant total accordé: 60 000 dollars EU du Fonds-en-dépôt des Pays-Bas auprès de l'UNESCO ; 263 700 dollars EU de la Fondation Franz Weber (de 2012 à 2017) et 600 000 dollars EU dans le cadre de l'Initiative pour le patrimoine mondial forestier de l'Afrique centrale (CAWHFI) (de 2017 à 2019)

Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2018
Demandes approuvées : 4 (de 1987-1997)
Montant total approuvé : 84 700 dollars E.U.
1997 Sub-Regional workshop on Strengthening Biodiversity ... (Approuvé)   29 900 dollars E.U.
1992 Financial contribution for a training workshop on the ... (Approuvé)   20 000 dollars E.U.
1989 Contribution to field training in Dja National Park (Approuvé)   4 800 dollars E.U.
1987 Contribution to the adoption and implementation of the ... (Approuvé)   30 000 dollars E.U.
Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2018

Le 24 janvier 2018, l’Etat partie a soumis un rapport sur l’état de conservation du bien, disponible à http://whc.unesco.org/fr/list/407/documents/, qui fournit les informations suivantes pour répondre aux recommandations de la mission de 2015:

  • Les efforts de lutte anti-braconnage se sont intensifiés et la Réserve de Faune du Dja (RFD) est à présent dotée de 93 gardes. Le personnel a bénéficié de nombreuses formations pour le renforcement des capacités visant à l’utilisation de l’outil de suivi SMART (Spatial Monitoring and Reporting Tool), à la pose de caméras piège, à une formation militaire et aux procédures relatives aux crimes fauniques ;
  • La collaboration renforcée entre la RFD et les différentes administrations a permis de porter 44 dossiers en justice dont 29 sont toujours en cours d’instruction. Les gardes ont, en décembre 2017, arrêté un trafiquant avec 216 pointes d’ivoire. Son dossier a été confié à la justice ;
  • Les efforts de patrouilles ont permis la saisie de 27 armes, de centaines de munitions, la fermeture de 300 camps de braconniers et le démantèlement de 700 pièges ;
  • La pose de 40 caméras piège ont permis de renforcer la surveillance et le suivi de la faune du bien. Au total 32 espèces de mammifères ont été détectées dont le gorille des plaines de l’ouest, l’éléphant, le léopard et le pangolin. Ces données permettent de prouver que la RFD reste un habitat important pour la conservation de la grande faune en dépit de la chasse commerciale et que la forêt reste intacte ;
  • Le cadre de concertation des acteurs de la RFD est opérationnel et continue ses activités de sensibilisation en faveur des communautés locales ;
  • La direction du projet de barrage d’Hydro-Mékin prend des mesures pour limiter les impacts en faveur des populations, notamment en versant des compensations. Des études techniques sont en cours pour évaluer les aspects environnementaux du barrage. En 2017, de nombreux protocoles ont été signés avec divers organismes pour conduire ces études ;
  • Concernant la plantation d’hévéa, la société Sud Hévéa Cameroun a obtenu, en 2015, une concession supplémentaire de 13 000 hectares. Elle a également prévu de construire, en 2018, une usine de traitement de latex qui sera basée dans la concession sud en périphérie du bien. Il est prévu qu’à terme, le personnel de la plantation s’élève à 30 000 personnes.
Analyse et Conclusion du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives en 2018

Au vu des informations fournies, il est recommandé que le Comité félicite l’Etat partie pour ses efforts pour renforcer la surveillance et le suivi écologique ainsi que la lutte anti-braconnage avec l’appui financier de l’Union européenne - Programme ECOFAC 6 (Programme d’appui pour la préservation de la biodiversité et les écosystèmes fragiles) et de l’Initiative pour le patrimoine mondial forestier d’Afrique Centrale (CAWHFI) avec l’appui technique de la Société Zoologique de Londres (ZSL) et d’African Wildlife Foundation (AWF). Tout en reconnaissant que l’effectif des gardes reste insuffisant, la saisie de 216 pointes d’ivoire en décembre 2017 est l’une des plus importantes des dernières années en Afrique centrale et est à saluer. Il est recommandé que le Comité encourage vivement l’Etat partie à poursuivre ces efforts et qu’il demande une application stricte de la loi en matière de crime faunique.  

En dépit de la persistance du braconnage, la confirmation de la présence de la grande faune est encourageante. Un inventaire, prévu pour mai/juin 2018, sera primordial pour évaluer l’état de la faune et il est recommandé que le Comité demande à l’Etat partie de transmettre ces données au Centre du patrimoine mondial afin de permettre une évaluation de l’état de la valeur universelle exceptionnel (VUE) du bien.

Concernant l’extension de la concession de 13 000 hectares accordée à la compagnie Sud Cam Hévéa et l’installation envisagée d’une usine de traitement du latex, le Centre du patrimoine mondial a écrit à l’Etat partie, le 14 février 2017, pour demander les Etudes d’impact environnementale et sociale (EIES) de ces projets. Dans le cadre d’une mission du projet CAWHFI en mars 2018, le Centre du patrimoine mondial a rencontré les autorités camerounaises pour discuter de ces nouveaux développements qui restent préoccupants et qui continuent de menacer la VUE du bien. La mission s’est également rendue à la RFD où elle a pu rencontrer le personnel technique de la plantation d’hévéa. Elle a constaté que les EIES ont été faites sans avoir été soumises au Centre du patrimoine mondial et sans référence à la VUE du bien. La mission a proposé aux autorités nationales de recevoir une mission de conseil dans le cadre du projet afin de conduire une évaluation indépendante de l’impact du projet agro-industriel sur ce bien. Les représentants de la compagnie ont marqué leur souhait de collaborer avec le Centre du patrimoine mondial et ont indiqué qu’ils prendraient en compte les recommandations qui seraient proposées par cette mission de conseil pour limiter les dommages de leurs activités sur la RFD.

S’agissant du barrage de Mékin, la mission du projet CAWHFI a rappelé que l’EIES actuelle n’est pas conforme aux standards pour un bien du patrimoine mondial et qu’il est attendu que la compagnie soumette, dès qu’elles seront disponibles, les études en cours : socio-économiques pour mesurer l’impact de la mise en eau du barrage sur les populations locales, et environnementales pour évaluer son impact sur l’état de conservation de la RFD. La société a pris certaines mesures mais elles restent insuffisantes pour freiner la dégradation de l’habitat à l’ouest du bien.

Au cours de la mission CAWHFI, l’équipe a été informée d’autres projets à l’étude qui se trouveraient dans la périphérie du bien et pourraient avoir un impact sur sa VUE (ex : routes, mines et barrage). Il est recommandé que le Comité exprime sa préoccupation quant aux nouveaux développements et qu’il rappelle l’importance d’éviter d’accepter tout nouveau projet qui pourrait aggraver les menaces existantes car, malgré les progrès accomplis en matière de gestion, l’inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril restera une possibilité si les infrastructures se multiplient. Il est recommandé que le Comité accorde une année supplémentaire à l’Etat partie avant de considérer cette option, afin d’obtenir les résultats de la mission de conseil et des inventaires.

Décisions adoptées par le Comité en 2018
42 COM 7B.90
Réserve de faune du Dja (Cameroun) (N 407)

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné le document WHC/18/42.COM/7B,
  2. Rappelant la décision 41 COM 7B.18, adoptée lors de sa 41e session (Cracovie, 2017),
  3. Félicitant l’État partie pour ses efforts dans le renforcement de la surveillance et des capacités techniques et matérielles des gardes, ainsi que pour l’augmentation de l’effort de patrouille, apprécie le soutien des bailleurs et des partenaires techniques pour leur appui à la conservation du bien et demande à l’État partie de continuer ces efforts en renforçant l’effectif des gardes ;
  4. Note avec satisfaction la saisie de 216 pointes d’ivoire en décembre 2017, une des plus importantes de ces dernières années en Afrique centrale et félicite également l’État partie pour l’application stricte de la loi en matière de crime faunique ;
  5. Prend note des indications qui confirment la présence de la grande faune dans le bien et demande également à l’État partie de transmettre au Centre du patrimoine mondial les données de l’inventaire de 2017, dès qu’elles seront disponibles, afin de permettre une évaluation de l’état de la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien ;
  6. Prend note également de l’extension de la concession du projet agro-industriel d’hévéa et demande à l’État partie de soumettre l’Étude d’impact environnemental et social (EIES) [Ouganda] au Centre du patrimoine mondial en appliquant les standards internationaux appliqués aux biens du patrimoine mondial ;
  7. Prend aussi note des efforts fournis par l’État partie en vue de limiter les impacts négatifs sur les populations, sur leurs plantations et les écosystèmes forestiers associés, causés par la mise en eau partielle du barrage de Mékin et demande à l’État partie de continuer à mettre en œuvre le Plan de gestion environnemental et social (PGES) et de poursuivre le plan de relocalisation des populations affectées par la mise en eau ;
  8. Rappelle à l’État partie l’importance d’éviter d’accepter tout nouveau projet qui pourrait aggraver les menaces existantes et pourraient compromettre les progrès accomplis en matière de gestion et réitère que tout projet doit être soumis à une EIES avant son approbation, y compris une évaluation spécifique des impacts potentiels sur la VUE du bien, conformément à la « Note consultative de l’UICN sur le patrimoine mondial : évaluation environnementale » ;
  9. Prend également note de la volonté de l’État partie d’accueillir une mission de conseil pour évaluer les impacts des projets agro-industriels sur le bien et de continuer à travailler étroitement avec le Centre du Patrimoine mondial et l’UICN dans la mise en œuvre des recommandations devant permettre à l’État partie de prendre des mesures correctives nécessaires pour limiter les impacts sur sa VUE ;
  10. Demande en outre à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2019, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 43e session en 2019.
Projet de décision : 42 COM 7B.90

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné le document WHC/18/42.COM/7B,
  2. Rappelant la décision 41 COM 7B.18, adoptée lors de sa 41e session (Cracovie, 2017),
  3. Félicitant l’État partie pour ses efforts dans le renforcement de la surveillance et des capacités techniques et matérielles des gardes, ainsi que pour l’augmentation de l’effort de patrouille, apprécie le soutien des bailleurs et des partenaires techniques pour leur appui à la conservation du bien et demande à l’État partie de continuer ces efforts en renforçant l’effectif des gardes ;
  4. Note avec préoccupation la saisie de 216 pointes d’ivoire en décembre 2017, une des plus importantes de ces dernières années en Afrique centrale et félicite également l’Etat partie pour l’application stricte de la loi en matière de crime faunique ;
  5. Prend note des indications qui confirment la présence de la grande faune dans le bien et demande également à l’Etat partie de transmettre au Centre du patrimoine mondial les données de l’inventaire de 2017, dès qu’elles seront disponibles, afin de permettre une évaluation de l’état de la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien ;
  6. Exprime sa plus vive préoccupation quant à l’extension du projet agro-industriel d’hévéa et regrette qu’aucune Etude d’impact environnemental et social (EIES) n’ait été soumise au Centre du patrimoine mondial avant que cette extension n’a été décidée et que l’étude actuelle ne réponde pas aux standards internationaux appliqués aux biens du patrimoine mondial ;
  7. Exprime à nouveau sa préoccupation quant aux dommages sur les communautés locales, sur leurs plantations et sur l’écosytème forestier causés par la mise en eau partielle du barrage de Mékin et prie instamment l’État partie de mettre en œuvre urgemment le Plan de gestion environnemental et social (PGES) assurant que les mesures d’atténuation des impacts négatifs du barrage sur le bien et les populations soient mises en œuvre;
  8. Rappelle à l’Etat partie l’importance d’éviter d’accepter tout nouveau projet qui pourrait aggraver les menaces existantes et pourraient compromettre les progrès accomplis en matière de gestion et réitère que tout projet doit être soumis à une EIES avant son approbation, y compris une évaluation spécifique des impacts potentiels sur la VUE du bien, conformément à la « Note consultative de l’UICN sur le patrimoine mondial : évaluation environnementale » ;
  9. Prend également note de la volonté de l’Etat partie d’accueillir une mission de conseil pour évaluer les impacts des projets agro-industriels sur le bien et qui devrait permettre à l’Etat partie de prendre les mesures nécessaires pour limiter ces impacts sur sa VUE ;
  10. Demande en outre à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1erfévrier 2019, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 43e session en 2019, afin de considérer, en l’absence de progrès significatifs dans la mise en œuvre des mesures susmentionnées et de celles contenues dans sa décision 40 COM 7B.79, l’inscription possible du bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
Année du rapport : 2018
Cameroun
Date d'inscription : 1987
Catégorie : Naturel
Critères : (ix)(x)
Documents examinés par le Comité
Rapport de lʼÉtat partie sur lʼétat de conservation
Rapport (2018) .pdf
arrow_circle_right 42COM (2018)
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* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).

** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.


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