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Asmara: Une ville africaine moderniste (Érythrée)

L’Atlas du patrimoine urbain de l’UNESCO : Représentation culturelle des villes et établissements historiques

"Située à plus de 2 000 m au-dessus du niveau de la mer, la capitale de l’Érythrée s’est développée à partir des années 1890 comme un avant-poste militaire de la puissance coloniale italienne. Il s’agit d’un témoignage exceptionnel du début de l’urbanisme moderne, à l’aube du xxe siècle, et de son application dans un contexte africain."


Les attributs des bâtiments historiques

Une variété de bâtiments affiche le style moderniste de l’époque suite à une extension significative après 1935. En conséquence, les bâtiments témoignent des échanges et de l'assimilation culturelle entre différentes cultures, ainsi que du rôle d'Asmara dans la construction d'une identité collective. 




Municipalité d’Asmara © UNESCO / Giacomo Martinis



Bâtiments insitutionnels

Les édifices civiques et monumentaux sont situés à des points stratégiques du tissu urbain, et les rangées d'arbres (ici disposées selon un module de 5 mètres) renforcent leur perception et caractérisent l'espace public.



Cinéma Africa © UNESCO / Giacomo Martinis


Lieux de culture

Asmara dispose un nombre important de bâtiments culturels tels que des cinémas et des théâtres, qui présentent les caractéristiques de l'architecture rationaliste. La coexistence de bâtiments hétérogènes illustre la diversité des populations et de leurs rituels.




Eglise Notre-Dame du Rosaire © UNESCO / Giacomo Martinis





Cathédrale Orthodox Enda Mariam (Sainte-Marie) © UNESCO / Giacomo Martinis



Bâtiments religieux

Les bâtiments religieux d'Asmara reflètent différents styles architecturaux et techniques de construction, ainsi que la diversité et la multiculturalité présentes dans la ville.

La cathédrale catholique Notre-Dame du Rosaire est un exemple d'architecture néo-romane en Afrique de l'Est, datant de 1923, à la fin de la période libérale d'occupation.

La cathédrale orthodoxe Enda Mariam (Sainte-Marie), construite en 1938, intègre des techniques de construction traditionnelles locales, notamment sur la façade, ainsi que des éléments modernistes. 


Les attributs des Eléments Urbains 

Après 1935, Asmara a fait l'objet d'un vaste programme de construction, suivant le style d'architecture et de planification moderniste italien. Aujourd'hui, la ville qui résulte des différentes phases de planification entre 1893 et 1941, est protégée en tant que site du patrimoine mondial, de même que les quartiers indigènes d'Arbate Asmera et d'Abbashawel.

Plan urbain d’Asmara, 1893. Source: Dossier de nomination 1550 du patrimoine mondial © Municipalité d’Asmara *
Carte d’Asmara en 1895 © Domaine public, via Wikimedia 
Plan urbain d’Asmara, 1913. Source: Dossier de nomination 1550 du patrimoine mondial © Municipalité d’Asmara *
Plan urbain d’Asmara, 1913 © Domaine public via Wikimedia 
Projet urbain d’Asmara, 1938 Source: Dossier de nomination 1550 du patrimoine mondial © Municipalité d’Asmara *

L’aménagement urbain est basé sur une grille orthogonale qui intègre ultérieurement des éléments radiaux. Les différentes phases de planification sont reconnaissables grâce aux différents schémas urbains, qui adaptent les modèles modernes de planification urbaine et d’architecture aux conditions culturelles et géographiques locales.

Le quartier mixte et la rue Segeneyti sont visibles depuis le clocher de la cathédrale catholique. Cet ensemble, datant du début du colonialisme, se caractérise par une architecture civique et l’adoption expérimentale de différents types de grille urbaine. © David Stanley, CC BY 2.0 via Flickr


Des bâtiments étroitement regroupés et des rues informelles caractérisent Abbashawel, la zone non planifiée de la ville initialement attribuée à la population locale.
© David Stanley, CC BY 2.0 via Flickr

"Le caractère urbain ainsi que la forme urbaine affirmée d’Asmara présentent une échelle humaine dans la relation entre les édifices, les rues, les espaces ouverts et les activités connexes adaptées aux conditions locales, exprimant la vie africaine coloniale et postcoloniale, avec ses espaces publics, les usages mixtes de son tissu et sa culture matérielle locale."



© UNESCO / Giacomo Martinis 


Skyline

Le paysage urbain témoigne de l'héritage de la tolérance et de la diversité religieuse d'Asmara. Le clocher de la cathédrale catholique (1923) et le minaret de la Grande Mosquée (1938) se dressent derrière les tours qui encadrent l'accès à la cathédrale orthodoxe. 



© UNESCO / Giacomo Martinis

Rues

WDe larges boulevards, généralement bordés de bâtiments de trois à quatre étages, illustrent l’échelle humaine qui caractérise l’espace public d’Asmara. Cet attribut urbain a survécu aux bouleversements postcoloniaux en raison de l'absence de conflits urbains et du développement limité de la ville.


Carte intractive

Utilisez l'outil de cartographie interactive pour explorer les différentes couches qui composent le patrimoine urbain d'Asmara. Parcourez les onglets pour visualiser les différentes échelles de la ville et les attributs de l'identité de son patrimoine urbain. Développez la légende en bas à droite pour en savoir plus. Cliquez sur les icônes pour ouvrir des fenêtres contextuelles et en apprendre davantage sur les différentes composantes.

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Les attributs du contexte élargi de la ville ou des localités urbaines

Située à plus de 2 300 mètres d'altitude, parmi les capitales les plus élevées du monde, Asmara s'est développée à partir des années 1890 comme avant-poste de la puissance coloniale italienne. La ville est située dans les hauts plateaux, à l'intérieur des terres par rapport à Massawa, l'ancienne capitale du pays située sur la côte de la mer Rouge.

"Asmara est située sur le plateau central des hauts plateaux érythréens, à la lisière de l'escarpement oriental. La partie nord-est de la ville est entourée de magnifiques paysages naturels vallonnés. Le plan urbain sur mesure d'Asmara entretient une forte relation avec ces caractéristiques topographiques et paysagères. La combinaison du contexte géographique, des plans urbains et de l'architecture moderniste a créé un paysage urbain unique." 
Medhanie Teklemariam, gestionnaire du site
Vue aérienne vers l'est – Données cartographiques © Google, 2021 *

Valeurs du patrimoine immatériel

"L'Érythrée compte neuf groupes ethniques différents, avec des normes culturelles, des langues et des religions différentes. Ces groupes ethniques ont vécu dans la ville historique en harmonie et en tolérance depuis des siècles. Asmara, qui joue un rôle vital dans le développement politique, socio-économique et culturel du pays, sert de creuset culturel et de lieu de fusion des différentes cultures. En conséquence, les différents groupes ethniques ont formé des communautés dynamiques qui sont les gardiennes de leurs valeurs et aspirations patrimoniales. Les communautés participent à la conservation et à la gestion de la ville de différentes manières, telles que la consultation lors de l'élaboration du plan directeur de conservation et du plan de gestion du patrimoine mondial. Les habitants d'Asmara aiment leur ville, perçue comme un symbole de leur unité et de leur identité, ainsi que du sens social et des valeurs incarnées dans l'esprit du lieu ou du génie loci."
Medhanie Teklemariam, gestionnaire du site

Asmara a conservé l'authenticité des attributs immatériels locaux tels que la langue, les pratiques culturelles, l'identité et le sentiment d'appartenance. La ville est passée d'un centre économique et administratif autochtone à une ville coloniale, puis à une capitale africaine moderne, tout en préservant les attributs artistiques, matériels et fonctionnels de la ville. Les éléments du patrimoine vivant de la ville comprennent des pratiques sociales telles que l'harmonie, la tolérance, l'inclusion, l'hospitalité et la coexistence entre différents groupes ethniques, ainsi que des expressions culturelles telles que l'artisanat traditionnel et les arts du spectacle, qui se déroulent dans les nombreux théâtres et cinémas de la capitale.

"La vie à Asmara est très animée : les habitants de la ville ont une forte tradition de promenade le long des principales avenues et rues, connue sous le nom de "La Passeggiata". Les rues et les espaces publics sont des lieux de marche, de musique et de danse, ainsi que de festivités, de défilés, de célébrations, de marchés de rue et d'activités de cafés en plein air."
Medhanie Teklemariam, gestionnaire du site
Les traditions italiennes et locales du café sont préservées dans les entreprises locales telles que le Sweet Asmara Caffe © David Stanley, CC BY 2.0 via Flickr.
Références

Links

© UNESCO, 2023.
Equipe de projet: Jyoti Hosagrahar, Mirna Ashraf Ali, Alba Zamarbide, Carlota Marijuan Rodriguez, Giacomo Martinis, Marta Zerbini, Kaoutar Ouahbi. 

* Illustrations marked with an asterisk have all rights reserved. Permission is required for their reuse. 

Décisions / Résolutions (2)
Code : 42COM 8B.13

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné les documents WHC/18/42.COM/8B.Add, WHC/18/42.COM/INF.8B1.Add et WHC/18/42.COM/INF.8B2.Add,
  2. Rappelant la décision 41 COM 8B.9 adoptée à sa 41e session (Cracovie, 2017),
  3. Inscrit la Vallée de Tehuacán-Cuicatlán : habitat originel de Méso-Amérique, Mexique, sur la Liste du patrimoine mondial sur la base des critères (iv) et (x);
  4. Prend note de la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle provisoire suivante :

    Brève synthèse

    La Vallée de Tehuacán-Cuicatlán : habitat originel de Méso‑Amérique, se trouve dans le centre‑sud du Mexique, au sud‑est de l’État de Puebla et au nord de l’État d’Oaxaca. Le bien est un site en série d’une superficie d’environ 145 255 ha, composé de trois éléments : Zapotitlán-Cuicatlán, San Juan Raya et Purrón. Tous partagent la même zone tampon qui couvre environ 344 932 ha. L’ensemble du bien se trouve dans la Réserve de biosphère de Tehuacán-Cuicatlán. Le bien lui‑même coïncide avec un point chaud mondial de la biodiversité, à l’intérieur d’une zone aride ou semi‑aride qui possède l’un des plus hauts niveaux de diversité biologique d’Amérique du Nord, ayant donné lieu à des adaptations anthropiques cruciales pour l’émergence de la Méso‑Amérique, l’un des berceaux de la civilisation dans le monde. Sur les 36 communautés végétales, 15 brousses xériques différentes sont exclusives de la Vallée de Tehuacán-Cuicatlán. Cette vallée comprend des représentants d’un remarquable 70% des familles de la flore mondiale avec plus de 3000 espèces de plantes vasculaires dont 10% sont endémiques de la Vallée. C’est aussi un centre mondial d’agrobiodiversité et de diversification pour de nombreux groupes de plantes dans lesquels les cactus occupent une place éminente avec 28 genres et 86 espèces dont 21 sont endémiques. De vastes « forêts de cactus » ont modelé certains paysages de la Vallée pour en faire l’une des régions les plus uniques au monde.

    Le bien illustre la diversité animale impressionnante de la région, comptant notamment de très hauts niveaux d’endémisme pour les mammifères, les oiseaux, les amphibiens et les poissons. Il abrite aussi un nombre inhabituellement élevé d’espèces menacées, 38 d’entre elles étant inscrites dans les catégories de la Liste rouge de l’UICN des espèces menacées. Le bien est une des régions protégées les plus riches du Mexique du point de vue des mammifères terrestres (134 espèces répertoriées, dont deux endémiques de la Vallée). La Vallée de Tehuacán-Cuicatlán fait partie de la zone d’oiseaux endémiques de la région du Balsas et de l’intérieur d’Oaxaca. Trois cent cinquante‑trois espèces d’oiseaux ont été recensées dont neuf sont endémiques du Mexique. Le bien possède huit colonies connues d’aras de Buffon en danger, y compris une colonie de reproduction.

    Texte disponible uniquement en anglais.

    Critère (iv) : Texte disponible uniquement en anglais.

    Critère (x) : La Vallée de Tehuacán-Cuicatlán démontre une importance exceptionnelle pour le niveau remarquable de la diversité biologique dans une zone aride et semi-aride d’Amérique du Nord. Un chiffre remarquable de 70% des familles de la flore mondiale est représenté dans la vallée par une espèce au moins et la région est un des principaux centres de diversification de la famille des cactus qui est extrêmement menacée à l’échelon mondial. Il y a, dans le bien, une diversité remarquable de cactus, souvent en densité exceptionnelle allant jusqu’à 1 800 cactus colonnaires par hectare. Le bien présente une diversité particulièrement élevée d’autres types de plantes, à savoir les agaves, les yuccas, les broméliacées, les burséracées et les chênes. À l’échelon mondial, elle présente un des taux les plus élevés de biodiversité animale pour une zone sèche, du moins pour ce qui concerne des taxons tels que les amphibiens, les reptiles et les oiseaux. Le bien se trouve dans l’une des aires protégées les plus importantes du monde pour la conservation des espèces menacées couvrant plus de 10% de l’aire de répartition mondiale de quatre espèces d’amphibiens et elle est une des deux aires protégées les plus importantes du monde pour la conservation de sept amphibiens et de trois espèces d’oiseaux. La biodiversité de cette région a une longue histoire de soutien au développement humain et, aujourd’hui, un tiers de toute la diversité de la Vallée de Tehuacán-Cuicatlán (environ 1 000 espèces) est utilisé par la population locale.

    Intégrité

    La taille globale du bien est suffisante et l’on y trouve les habitats représentatifs clés ainsi que les communautés de plantes clés de la province floristique Tehuacán-Cuicatlán et tous les éléments culturels pertinents qui expriment sa valeur universelle exceptionnelle. Les trois éléments constitutifs comprennent des zones relativement non perturbées ayant une grande valeur pour la conservation et les 22 sites archéologiques sélectionnés, et sont englobés dans une zone tampon plus vaste, l’ensemble coïncidant avec la Réserve de biosphère de Tehuacán-Cuicatlán. Une autre protection est assurée par la zone de transition plus vaste de la réserve de biosphère. Des systèmes de gestion sont en place pour traiter les différentes menaces pour la région et établir les objectifs, les stratégies et les mesures spécifiques en coordination avec les parties prenantes principales aux niveaux local, national et international, pour traiter ces menaces, y compris tout effet négatif du développement.

    Authenticité :

    Texte disponible uniquement en anglais.

    Éléments requis en matière de protection et de gestion

    Le bien de la Vallée de Tehuacán-Cuicatlán : habitat originel de Méso‑Amérique bénéficie d’une protection légale effective garantissant le maintien de sa valeur universelle exceptionnelle. Au moment de l’inscription, le bien a un plan de gestion stratégique récemment mis à jour qui vise à intégrer la gestion du patrimoine naturel et des caractéristiques archéologiques dans une série d’objectifs interconnectés. Le plan fournit une description des atouts naturels et culturels dans le cadre d’un bien du patrimoine mondial mixte et prescrit des mesures additionnelles pour la conservation et la gestion du patrimoine culturel immatériel, comme la diversité linguistique et le développement durable des communautés.

    Les institutions auxquelles incombe l’application des mesures de protection sont le Ministère de l’environnement et des ressources naturelles, la Commission nationale pour les aires naturelles protégées (CONANP), le Procureur fédéral général pour la protection de l’environnement et l’Institut national d’anthropologie et l’histoire (INAH). Pour surveiller la biodiversité, la Commission nationale pour la connaissance et l’utilisation de la biodiversité et la Commission nationale des forêts coordonnent leurs travaux avec CONANP. Toutes ces institutions collaborent avec le Bureau d’administration de la Réserve de biosphère de Tehuacán-Cuicatlán. Des efforts permanents sont nécessaires pour garantir une intégration pleine et entière et une coordination institutionnelle pour toutes les questions relatives au patrimoine naturel et culturel, conformément aux mandats respectifs de CONANP et de l’INAH. Les deux institutions de gestion travaillent activement avec les communautés locales et des efforts sont en cours pour renforcer ces approches.

    En comparaison avec d’autres régions, les menaces actuelles et potentielles sont considérées faibles et la densité de population est basse. L’utilisation pour le tourisme au moment de l’inscription est relativement minime ; toutefois, elle pourrait augmenter rapidement. Une Stratégie de tourisme dans la nature pour la Réserve de biosphère de Tehuacán-Cuicatlán (2018‑2023) cherche à équilibrer la protection de la valeur universelle exceptionnelle du bien avec un encouragement en faveur de visites responsables pour autonomiser les communautés locales. Il convient de donner la priorité à l’application adaptative de cette stratégie en se fondant sur le suivi des impacts.

  5. Demande à l’État partie de :

    1. mener un inventaire plus systématique de la faune et de la flore dans le bien et dans la réserve de biosphère dans son ensemble ainsi que dans la Vallée de Tehuacán-Cuicatlán pour guider les possibilités d’extension future du bien,

    2. continuer de renforcer les mécanismes de gouvernance participative qui fonctionnent avec les communautés locales pour tirer profit des avantages tangibles d’un bien du patrimoine mondial ;

  6. Se félicite de l’intégration améliorée des aspects naturels avec les caractéristiques écologiques dans le Plan de gestion stratégique mis à jour pour les sites culturels à l’intérieur du bien qui complète les mesures proposées dans le Programme de gestion de la Réserve de biosphère de Tehuacán-Cuicatlán et encourage une harmonisation continue entre la gestion du patrimoine naturel et du patrimoine culturel ;

  7. Se félicite également de la Stratégie pour le tourisme dans la nature mise à jour pour la Réserve de biosphère de Tehuacán-Cuicatlán (2018‑2023) qui recherche un équilibre entre la protection de la valeur universelle exceptionnelle du bien et la promotion de visites responsables qui autonomisent les communautés locales et encourage également l’État partie à appliquer la stratégie, y compris l’infrastructure envisagée, le suivi des impacts à long terme et le renforcement des capacités en matière de tourisme pour les communautés locales ;

  8. Encourage en outre l’État partie à :

    1. continuer de réaliser d’autres études, recherches et documentations sur les sites du patrimoine culturel dans la vallée de Tehuacán-Cuicatlán, y compris dans des zones actuellement situées en dehors des limites du bien, associés au système d’irrigation et aux établissements pour préciser plus avant les attributs qui contribuent à la valeur universelle exceptionnelle du bien et vérifier s’ils se situent bien au sein du bien ; s’ils sont en dehors, envisager une modification mineure des limites du bien pour les inclure,
    2. finaliser la protection juridique des ressources du patrimoine culturel concerné, pour qu’elles soient reconnues aux plus haut niveaux appropriés, y compris la reconnaissance au niveau national des sites actuellement proposés,
    3. détailler la mise en œuvre envisagée des activités de gestion, de recherche et de suivi pour le patrimoine culturel dans le cadre du plan de gestion stratégique, y intégrant également la conservation et l’entretien ainsi que des dispositions de gestion des visiteurs,
    4. renforcer les ressources humaines et financières globales pour la gestion des richesses culturelles dans la vallée de Tehuacán-Cuicatlán ;

En savoir plus sur la décision
Code : 41COM 8B.11

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné les documents WHC/17/41.COM/8B et WHC/17/41.COM/INF.8B1,
  2. Inscrit Asmara : ville moderniste d’Afrique, Érythrée, sur la Liste du patrimoine mondial sur la base des critères (ii) et (iv) ;
  3. Adopte la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :

    Brève synthèse

    Située sur un haut-plateau au centre de l’Érythrée, Asmara, une ville moderniste d’Afrique est la capitale du pays et est un exemple exceptionnellement bien préservé de ville coloniale planifiée issue des phases de planification successives entre 1893 et 1941, pendant la période d’occupation coloniale italienne. Son tracé urbain s’appuie principalement sur un plan orthogonal qui intégra ensuite des éléments d’organisation radiale. Asmara conserve une échelle humaine inhabituellement intacte, avec des formes bâties éclectiques et rationalistes, des espaces ouverts bien définis et des édifices publics et privés – cinémas, boutiques, banques, structures religieuses, bureaux publics et privés, équipements industriels et résidences. Dans son ensemble, le paysage urbain d'Asmara traduit de manière exceptionnelle la façon dont la planification coloniale, basée sur des principes fonctionnels et de ségrégation raciale, fut appliquée et adaptée aux conditions géographiques locales pour faire passer une signification symbolique et répondre aux besoins fonctionnels. La ville fut ensuite liée à la lutte du peuple érythréen pour l’autodétermination, laquelle fut menée tout en acceptant les traces matérielles, qui sont exceptionnelles, de son passé colonial.

    Le caractère urbain ainsi que la forme urbaine affirmée d’Asmara présentent une échelle humaine dans la relation entre les édifices, les rues, les espaces ouverts et les activités connexes adaptées aux conditions locales, exprimant la vie africaine coloniale et postcoloniale, avec ses espaces publics, les usages mixtes de son tissu et sa culture matérielle locale. Ces espaces et ces modèles d'utilisation témoignent aussi des échanges et de l’assimilation culturelle issus des rencontres successives avec différentes cultures, ainsi que du rôle joué par Asmara dans la construction d’une identité collective qui a été ultérieurement déterminante pour motiver des efforts initiaux en faveur de sa préservation. Le tracé urbain d’Asmara, avec ses différents schémas correspondant aux phases de planification, illustre l’adaptation de l’urbanisme moderne et des modèles architecturaux aux conditions culturelles et géographiques locales. Les ensembles attestent la puissance coloniale et la présence d’une société civile locale forte et diversifiée sur le plan religieux, avec ses lieux institutionnels et religieux, les éléments de l’architecture urbaine (avenues Harnet et Sematat ; parc Mai Jah Jah ; voies piétonnes ; anciennes plaques avec des traces des noms de rue), les édifices, les ensembles et les équipements issus des programmes des années 1930 (le bureau de poste de la rue Segeneyti), les cinémas (Impero, Roma, Odeon, Capitol, Hamasien), les écoles, les équipements sportifs, les garages, les ensembles et les édifices résidentiels, les villas, les bâtiments commerciaux, les usines ; les centres des quartiers communautaires (par exemple le quartier italien, la place du marché et la place de la mosquée) ; les principaux lieux de culte, marquant le paysage de leurs clochers, flèches et minarets, et les cimetières civils et militaires qui illustrent la diversité des populations et de leurs rituels.

    Critère (ii) : Asmara, une ville moderniste d’Afrique, représente un exemple exceptionnel de transposition et de matérialisation, dans le contexte africain, de concepts urbanistiques qui furent utilisés à des fins fonctionnelles et de ségrégation. L’adaptation au contexte local est reflétée dans le tracé urbain et le zonage fonctionnel, ainsi que dans les formes architecturales qui, bien qu’exprimant un langage moderniste et rationaliste, et exploitant des matériaux et des techniques modernes, se sont appuyées et ont largement emprunté aux morphologies, méthodes de construction, matériaux, compétences et main-d’œuvre locaux. La création et le développement d’Asmara contribuèrent grandement à la réponse particulière de l’Érythrée à l’héritage matériel de son passé colonial. Malgré cette empreinte coloniale évidente, Asmara a été intégrée dans l’identité érythréenne, acquérant une signification importante lors de la lutte pour l’autodétermination qui a motivé des efforts initiaux en faveur de sa préservation.

    Critère (iv) : Le tracé et le caractère urbains d’Asmara, par l’association du plan orthogonal avec schéma radial des rues, avec des éléments pittoresques intégrant des caractéristiques topographiques et prenant en compte les conditions culturelles locales créées par différents groupes ethniques et religieux, et l’utilisation du principe de zonage pour réaliser une ségrégation raciale et une organisation fonctionnelle, apportent un témoignage exceptionnel sur le développement de la nouvelle discipline qu’était l’urbanisme au début du XXe siècle et sur son application à un contexte africain pour servir les intérêts coloniaux italiens. Ce plan hybride, qui associait l’approche fonctionnelle de la grille avec le pittoresque et la création d’espaces panoramiques, de points de vue, de places publiques et monumentales, répondait aux exigences fonctionnelles, civiques et symboliques d’une capitale coloniale. L’architecture d’Asmara complète le plan et forme un tout cohérent, bien que reflétant les langages éclectique et rationaliste, et constitue l’un des ensembles les plus complets et intacts d’architecture moderniste et rationaliste au monde.

    Intégrité

    L’intégralité des structures architecturales importantes et le tracé urbain originel ont été conservés, y compris la plupart des éléments caractéristiques et des espaces publics. Le site a également conservé son intégrité historique, culturelle, fonctionnelle et architecturale avec des éléments en grande partie intacts et généralement dans un état relativement acceptable, même si plusieurs édifices pâtissent d’un manque d’entretien. Des impacts négatifs limités sont dus à la restauration occasionnelle et inappropriée de structures anciennes et à la construction à la fin du XXe siècle de quelques bâtiments dont la taille, l’échelle ou le caractère sont inappropriés. Malgré les pressions continues dues au développement, l’établissement par les autorités municipales du « périmètre historique » autour du centre de la ville depuis 2001 et un moratoire sur les nouvelles constructions au sein dudit périmètre ont sauvegardé l’intégrité du site.

    L’intégrité des attributs immatériels associés aux communautés locales qui ont habité des parties du site pendant des siècles a été maintenue par un processus de continuité culturelle qui, malgré des vagues successives d’influence étrangère, a été assimilé avec succès dans une conscience nationale moderne et une capitale nationale.

    Authenticité

    L’association d’un urbanisme novateur et d’une architecture moderniste dans un contexte africain que présente Asmara illustre les premières phases importantes du développement de l’urbanisme et du modernisme architectural qui sont toujours pleinement reflétées dans son tracé, son caractère urbain et son architecture.

    Les conditions climatiques, culturelles, économiques et politiques des décennies successives ont favorisé la conservation des attributs artistiques, matériels et fonctionnels des éléments architecturaux de la ville à un degré presque unique d’intégrité, ce qui permettra aussi de futures recherches sur l’histoire de la construction de ses édifices.

    L’authenticité des attributs immatériels locaux qui s’expriment dans le langage, les pratiques culturelles, l’identité et l’esprit du lieu a été maintenue tout au long de l’évolution d’Asmara, d’abord centre autochtone économique et administratif, ensuite capitale coloniale, et enfin capitale africaine moderne.

    Éléments requis en matière de protection et de gestion

    La protection d’Asmara a été assurée par le Regolamento Edilizio 1938, publié en même temps que le plan de Cafiero, et par le moratoire sur les nouvelles constructions, établi en 2001. La Proclamation du patrimoine culturel et naturel de 2015 fournit les conditions d’une protection juridique du bien par des désignations ad hoc. Le Projet du patrimoine d’Asmara et le département des travaux publics sont responsables de la délivrance des permis de construire et de l’autorisation des travaux d’entretien conformément à la réglementation existante. Les instruments de planification à différents échelons sont cruciaux pour compléter la protection juridique d’Asmara et de son environnement et garantir sa gestion efficace : le Plan directeur de conservation urbaine et les Normes de planification et règlements techniques d’Asmara associés, en cours d’élaboration, sont des instruments importants à cet égard. Les deux doivent garantir la préservation du caractère intact du tissu urbain et bâti d’Asmara, de son échelle humaine et de son caractère moderniste spécifique mais aussi africain, en favorisant un entretien dynamique, une conservation et une réhabilitation de son tissu et de ses espaces urbains. Compte tenu du nombre de structures et d’instruments administratifs et techniques déjà en place, le cadre de gestion envisagé doit prendre appui sur les expériences et structures existantes et garantir la coordination et des mandats clairs qui évitent les doublons.

  4. Recommande que l’État partie prenne en considération les points suivants :
    1. Promulguer les désignations de protection spécifiques pour le bien conformément aux dispositions de la Proclamation du patrimoine culturel et naturel de 2015 et établir un calendrier de mise en œuvre pour suivre les progrès à cet égard,
    2. Finaliser le Plan directeur de conservation urbaine et les Normes de planification et règlements techniques d’Asmara, rendre le zonage cohérent dans le plan et les réglementations concernés, prendre en compte les 15 zones de l’analyse urbaine, et développer des plans d’action avec des priorités claires en matière d’intervention de conservation et de propositions budgétaires,
    3. Développer des stratégies pour garantir un flux constant de ressources financières, y compris des mesures de prêts et de déduction ou d’exemption fiscale, des ressources humaines qualifiées substantielles et des capacités institutionnelles et techniques considérables,
    4. Établir l’organisme central de gestion envisagé dans le Plan de gestion intégré, sur la base des capacités et des structures fonctionnelles existantes, et lui donner la fonction de coordonner toutes les parties prenantes concernées, publiques et privées, qui sont actives au sein du bien et de sa zone tampon, en lui fournissant les moyens techniques et financiers nécessaires et les ressources humaines appropriées ;
  5. Demande à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial d’ici le 1er décembre 2018 un rapport sur la mise en œuvre des recommandations susmentionnées pour examen par le Comité du patrimoine mondial lors de sa 43e session en 2019 ;
  6. Décide que le nom du bien soit modifié pour devenir : Asmara : une ville moderniste d’Afrique.

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