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Décision 41 COM 8B.11
Asmara : une ville moderniste d’Afrique (Érythrée)

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné les documents WHC/17/41.COM/8B et WHC/17/41.COM/INF.8B1,
  2. Inscrit Asmara : ville moderniste d’Afrique, Érythrée, sur la Liste du patrimoine mondial sur la base des critères (ii) et (iv) ;
  3. Adopte la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :

    Brève synthèse

    Située sur un haut-plateau au centre de l’Érythrée, Asmara, une ville moderniste d’Afrique est la capitale du pays et est un exemple exceptionnellement bien préservé de ville coloniale planifiée issue des phases de planification successives entre 1893 et 1941, pendant la période d’occupation coloniale italienne. Son tracé urbain s’appuie principalement sur un plan orthogonal qui intégra ensuite des éléments d’organisation radiale. Asmara conserve une échelle humaine inhabituellement intacte, avec des formes bâties éclectiques et rationalistes, des espaces ouverts bien définis et des édifices publics et privés – cinémas, boutiques, banques, structures religieuses, bureaux publics et privés, équipements industriels et résidences. Dans son ensemble, le paysage urbain d'Asmara traduit de manière exceptionnelle la façon dont la planification coloniale, basée sur des principes fonctionnels et de ségrégation raciale, fut appliquée et adaptée aux conditions géographiques locales pour faire passer une signification symbolique et répondre aux besoins fonctionnels. La ville fut ensuite liée à la lutte du peuple érythréen pour l’autodétermination, laquelle fut menée tout en acceptant les traces matérielles, qui sont exceptionnelles, de son passé colonial.

    Le caractère urbain ainsi que la forme urbaine affirmée d’Asmara présentent une échelle humaine dans la relation entre les édifices, les rues, les espaces ouverts et les activités connexes adaptées aux conditions locales, exprimant la vie africaine coloniale et postcoloniale, avec ses espaces publics, les usages mixtes de son tissu et sa culture matérielle locale. Ces espaces et ces modèles d'utilisation témoignent aussi des échanges et de l’assimilation culturelle issus des rencontres successives avec différentes cultures, ainsi que du rôle joué par Asmara dans la construction d’une identité collective qui a été ultérieurement déterminante pour motiver des efforts initiaux en faveur de sa préservation. Le tracé urbain d’Asmara, avec ses différents schémas correspondant aux phases de planification, illustre l’adaptation de l’urbanisme moderne et des modèles architecturaux aux conditions culturelles et géographiques locales. Les ensembles attestent la puissance coloniale et la présence d’une société civile locale forte et diversifiée sur le plan religieux, avec ses lieux institutionnels et religieux, les éléments de l’architecture urbaine (avenues Harnet et Sematat ; parc Mai Jah Jah ; voies piétonnes ; anciennes plaques avec des traces des noms de rue), les édifices, les ensembles et les équipements issus des programmes des années 1930 (le bureau de poste de la rue Segeneyti), les cinémas (Impero, Roma, Odeon, Capitol, Hamasien), les écoles, les équipements sportifs, les garages, les ensembles et les édifices résidentiels, les villas, les bâtiments commerciaux, les usines ; les centres des quartiers communautaires (par exemple le quartier italien, la place du marché et la place de la mosquée) ; les principaux lieux de culte, marquant le paysage de leurs clochers, flèches et minarets, et les cimetières civils et militaires qui illustrent la diversité des populations et de leurs rituels.

    Critère (ii) : Asmara, une ville moderniste d’Afrique, représente un exemple exceptionnel de transposition et de matérialisation, dans le contexte africain, de concepts urbanistiques qui furent utilisés à des fins fonctionnelles et de ségrégation. L’adaptation au contexte local est reflétée dans le tracé urbain et le zonage fonctionnel, ainsi que dans les formes architecturales qui, bien qu’exprimant un langage moderniste et rationaliste, et exploitant des matériaux et des techniques modernes, se sont appuyées et ont largement emprunté aux morphologies, méthodes de construction, matériaux, compétences et main-d’œuvre locaux. La création et le développement d’Asmara contribuèrent grandement à la réponse particulière de l’Érythrée à l’héritage matériel de son passé colonial. Malgré cette empreinte coloniale évidente, Asmara a été intégrée dans l’identité érythréenne, acquérant une signification importante lors de la lutte pour l’autodétermination qui a motivé des efforts initiaux en faveur de sa préservation.

    Critère (iv) : Le tracé et le caractère urbains d’Asmara, par l’association du plan orthogonal avec schéma radial des rues, avec des éléments pittoresques intégrant des caractéristiques topographiques et prenant en compte les conditions culturelles locales créées par différents groupes ethniques et religieux, et l’utilisation du principe de zonage pour réaliser une ségrégation raciale et une organisation fonctionnelle, apportent un témoignage exceptionnel sur le développement de la nouvelle discipline qu’était l’urbanisme au début du XXe siècle et sur son application à un contexte africain pour servir les intérêts coloniaux italiens. Ce plan hybride, qui associait l’approche fonctionnelle de la grille avec le pittoresque et la création d’espaces panoramiques, de points de vue, de places publiques et monumentales, répondait aux exigences fonctionnelles, civiques et symboliques d’une capitale coloniale. L’architecture d’Asmara complète le plan et forme un tout cohérent, bien que reflétant les langages éclectique et rationaliste, et constitue l’un des ensembles les plus complets et intacts d’architecture moderniste et rationaliste au monde.

    Intégrité

    L’intégralité des structures architecturales importantes et le tracé urbain originel ont été conservés, y compris la plupart des éléments caractéristiques et des espaces publics. Le site a également conservé son intégrité historique, culturelle, fonctionnelle et architecturale avec des éléments en grande partie intacts et généralement dans un état relativement acceptable, même si plusieurs édifices pâtissent d’un manque d’entretien. Des impacts négatifs limités sont dus à la restauration occasionnelle et inappropriée de structures anciennes et à la construction à la fin du XXe siècle de quelques bâtiments dont la taille, l’échelle ou le caractère sont inappropriés. Malgré les pressions continues dues au développement, l’établissement par les autorités municipales du « périmètre historique » autour du centre de la ville depuis 2001 et un moratoire sur les nouvelles constructions au sein dudit périmètre ont sauvegardé l’intégrité du site.

    L’intégrité des attributs immatériels associés aux communautés locales qui ont habité des parties du site pendant des siècles a été maintenue par un processus de continuité culturelle qui, malgré des vagues successives d’influence étrangère, a été assimilé avec succès dans une conscience nationale moderne et une capitale nationale.

    Authenticité

    L’association d’un urbanisme novateur et d’une architecture moderniste dans un contexte africain que présente Asmara illustre les premières phases importantes du développement de l’urbanisme et du modernisme architectural qui sont toujours pleinement reflétées dans son tracé, son caractère urbain et son architecture.

    Les conditions climatiques, culturelles, économiques et politiques des décennies successives ont favorisé la conservation des attributs artistiques, matériels et fonctionnels des éléments architecturaux de la ville à un degré presque unique d’intégrité, ce qui permettra aussi de futures recherches sur l’histoire de la construction de ses édifices.

    L’authenticité des attributs immatériels locaux qui s’expriment dans le langage, les pratiques culturelles, l’identité et l’esprit du lieu a été maintenue tout au long de l’évolution d’Asmara, d’abord centre autochtone économique et administratif, ensuite capitale coloniale, et enfin capitale africaine moderne.

    Éléments requis en matière de protection et de gestion

    La protection d’Asmara a été assurée par le Regolamento Edilizio 1938, publié en même temps que le plan de Cafiero, et par le moratoire sur les nouvelles constructions, établi en 2001. La Proclamation du patrimoine culturel et naturel de 2015 fournit les conditions d’une protection juridique du bien par des désignations ad hoc. Le Projet du patrimoine d’Asmara et le département des travaux publics sont responsables de la délivrance des permis de construire et de l’autorisation des travaux d’entretien conformément à la réglementation existante. Les instruments de planification à différents échelons sont cruciaux pour compléter la protection juridique d’Asmara et de son environnement et garantir sa gestion efficace : le Plan directeur de conservation urbaine et les Normes de planification et règlements techniques d’Asmara associés, en cours d’élaboration, sont des instruments importants à cet égard. Les deux doivent garantir la préservation du caractère intact du tissu urbain et bâti d’Asmara, de son échelle humaine et de son caractère moderniste spécifique mais aussi africain, en favorisant un entretien dynamique, une conservation et une réhabilitation de son tissu et de ses espaces urbains. Compte tenu du nombre de structures et d’instruments administratifs et techniques déjà en place, le cadre de gestion envisagé doit prendre appui sur les expériences et structures existantes et garantir la coordination et des mandats clairs qui évitent les doublons.

  4. Recommande que l’État partie prenne en considération les points suivants :
    1. Promulguer les désignations de protection spécifiques pour le bien conformément aux dispositions de la Proclamation du patrimoine culturel et naturel de 2015 et établir un calendrier de mise en œuvre pour suivre les progrès à cet égard,
    2. Finaliser le Plan directeur de conservation urbaine et les Normes de planification et règlements techniques d’Asmara, rendre le zonage cohérent dans le plan et les réglementations concernés, prendre en compte les 15 zones de l’analyse urbaine, et développer des plans d’action avec des priorités claires en matière d’intervention de conservation et de propositions budgétaires,
    3. Développer des stratégies pour garantir un flux constant de ressources financières, y compris des mesures de prêts et de déduction ou d’exemption fiscale, des ressources humaines qualifiées substantielles et des capacités institutionnelles et techniques considérables,
    4. Établir l’organisme central de gestion envisagé dans le Plan de gestion intégré, sur la base des capacités et des structures fonctionnelles existantes, et lui donner la fonction de coordonner toutes les parties prenantes concernées, publiques et privées, qui sont actives au sein du bien et de sa zone tampon, en lui fournissant les moyens techniques et financiers nécessaires et les ressources humaines appropriées ;
  5. Demande à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial d’ici le 1er décembre 2018 un rapport sur la mise en œuvre des recommandations susmentionnées pour examen par le Comité du patrimoine mondial lors de sa 43e session en 2019 ;
  6. Décide que le nom du bien soit modifié pour devenir : Asmara : une ville moderniste d’Afrique.
Code de la Décision
41 COM 8B.11
Thèmes
Inscriptions sur la Liste du patrimoine mondial
États Parties 1
Année
2017
Documents
WHC/17/41.COM/18
Décisions adoptées lors de la 41e session du Comité du patrimoine mondial (Cracovie, 2017)
Contexte de la Décision
WHC-17/41.COM/8B
WHC-17/41.COM/INF.8B1
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