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Les changements climatiques mettent en péril des sites du patrimoine mondial de l’UNESCO

mardi 10 avril 2007
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Les menaces que les changements climatiques font peser sur les sites naturels et culturels inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO sont au cœur d'une nouvelle publication de l'Organisation intitulée « Etudes de cas sur les changements climatiques et le patrimoine mondial »*. Ce rapport (en anglais) contient 26 études de cas - notamment sur la Tour de Londres, le Parc national du Kilimandjaro et la Grande barrière de corail - illustrant les dangers auxquels sont confrontés les 830 sites inscrits sur la Liste du patrimoine mondial.

« La communauté internationale reconnaît désormais largement que les changements climatiques constitueront l'un des défis majeurs du XXIè siècle », déclare le Directeur Général de l'UNESCO, Koïchiro Matsuura, dans l'avant-propos de la publication, où il préconise une « approche intégrée des questions liées à la préservation de l'environnement et au développement durable. »

Cette publication, destinée à faire prendre conscience de l'importance de la sauvegarde du patrimoine mondial et à mobiliser un soutien à cet égard, est divisée en cinq chapitres qui traitent des glaciers, de la biodiversité marine, de la biodiversité terrestre, des sites archéologiques et des villes et peuplements historiques.

La fonte des glaciers de notre planète a des incidences sur la physionomie de sites inscrits sur la Liste pour leur beauté exceptionnelle et détruit l'habitat d'espèces rares, telles que le léopard des neiges dans le Parc national de Sagarmatha au Népal. Ces changements pourraient aussi avoir des effets désastreux sur les vies humaines, car les inondations provoquées par les crues soudaines des lacs glaciaires menacent des établissements humains. La mise en place de systèmes de surveillance et d'alerte rapide, ainsi que le drainage artificiel des lacs glaciaires sont recommandés afin de prévenir de telles catastrophes.

Le rapport étudie également les effets des changements climatiques sur les sites marins du patrimoine mondial. Soixante-dix pour cent des coraux des grands fonds marins de la planète subiront probablement les conséquences des transformations environnementales liées à l'élévation des températures et à l'acidification croissante des océans d'ici 2100. La Grande barrière de corail en Australie connaîtra certainement de façon de plus en plus fréquente des épisodes de blanchissement: les coraux perdent leur couleur et finissent par mourir à cause de l'augmentation de la température de la mer. On estime que cinquante-huit pour cent des barrières de corail du monde - abritant des centaines de milliers d'espèces de poissons - sont menacées. Selon le rapport, en réduisant l'impact sur les barrières de corail d'autres types de stress dus par exemple à la pollution, au développement et aux exploitations minières, on pourrait considérablement améliorer leur résistance aux changements climatiques.

La biodiversité terrestre est également menacée par les changements climatiques, d'après le rapport qui contient une étude détaillée concernant le site du patrimoine mondial des Aires protégées de la Région florale du Cap en Afrique du Sud, où la biodiversité est en danger du fait de la diminution des habitats bioclimatiques - due au réchauffement du climat et à l'évolution des précipitations. A l'échelle mondiale, les changements climatiques pourraient entraîner une modification de la distribution des espèces, y compris les espèces « envahissantes », pathogènes et parasites, ainsi que des cycles biologiques comme celui de la floraison, et des relations entre prédateurs et proies, parasites et hôtes, plantes et pollinisateurs, etc. Le rapport recommande l'adoption d'une série de mesures visant à faire face à ce problème, en particulier la création de zones protégées et le changement d'implantation géographique des espèces les plus menacées.

Les changements climatiques pourraient également porter atteinte aux sites archéologiques du patrimoine mondial, selon le rapport qui examine les menaces pesant sur la Zone archéologique de Chan Chan au Pérou, ainsi que sur d'autres biens du patrimoine mondial au Canada et dans la Fédération de Russie. Les modifications des cycles de précipitations et de sécheresses, de l'humidité, du niveau des nappes phréatiques et, par conséquent, de la chimie du sol, auront inévitablement une incidence sur la conservation des vestiges archéologiques. De même, l'augmentation des températures, provoquant en particulier la fonte du permafrost dans la région arctique et l'élévation du niveau de la mer, aura elle aussi de lourdes conséquences sur ce patrimoine. Le rapport analyse notamment la façon dont les précipitations liées au phénomène climatique El Niño détériorent la fragile architecture de terre du site de Chan Chan, vestige de la capitale de l'ancien royaume chimu, l'une des cités en terre les plus importantes de l'Amérique précolombienne.

L'élévation du niveau de la mer et les inondations dues aux changements climatiques pourraient avoir des effets dévastateurs sur les bâtiments et le tissu social des villes et peuplements historiques, si l'on en croit le rapport, qui se penche plus précisément sur les sites du patrimoine mondial de la Ville de Londres ainsi que sur d'autres sites en Europe, en Afrique (Tombouctou au Mali) et au Moyen-Orient (Ouadi Qadisha et la Forêt des cèdres de Dieu au Liban). L'augmentation de l'humidité du sol après les inondations peut entraîner un accroissement de la cristallisation saline sur les surfaces construites, ce qui est particulièrement dommageable pour les surfaces décorées. Cette humidité accrue peut également provoquer le soulèvement ou l'affaissement des sols. Pour parer à ces menaces, et à d'autres dangers du même ordre, il est indispensable de tenir compte des interactions complexes existant entre les aspects naturels, culturels et sociaux de la conservation.

La publication de ce rapport fait suite à la décision, adoptée en 2005 par le Comité du patrimoine mondial, de commencer à étudier l'impact des changements climatiques sur les sites du patrimoine mondial. En mars 2006, 50 spécialistes en la matière se sont réunis au Siège de l'UNESCO, et en juillet de la même année, l'Organisation a présenté au Comité du patrimoine mondial un rapport intitulé « Prédiction et gestion des effets des changements climatiques sur le patrimoine mondial » et une « Stratégie pour aider les Etats parties à mettre en oeuvre des réactions de gestion adaptées »*.

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* Pour de plus amples informations concernant le rapport, veuillez consulter: https://whc.unesco.org/documents/publi_climatechange.pdf

Et https://whc.unesco.org/en/climatechange

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