L’année 2009, désignée Année internationale de l’astronomie par la 62e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, marque à la fois le 150e anniversaire de la publication de L’Origine des espèces de Charles Darwin et le 400e anniversaire de la première utilisation astronomique d’un télescope par Galileo Galilei. Ce numéro est donc consacré principalement aux aspects astronomiques et scientifiques du patrimoine mondial. Il comporte également un hommage à Darwin.

Deux aspects importants de l’astronomie se rapportent au concept de patrimoine mondial. L’un d’eux a trait à la préservation des sites, monuments ou paysages importants qui attestent de l’observation du ciel étoilé par toutes les civilisations du monde au cours des âges. Un certain nombre de ces sites sont traités dans ce numéro. Comme le signale l’article consacré à « L’astronomie et le patrimoine mondial », plusieurs sites du patrimoine mondial, dont Stonehenge, Newgrange et Xochicalco, attestent d’une conscience humaine précoce du mouvement régulier du Soleil, de la Lune et des étoiles, sans avoir pour autant servi d’observatoires.

Les observatoires de Greenwich ou de Saint-Pétersbourg, au contraire, furent de toute évidence conçus à cette fin, tout comme le fut, au XIVe siècle, l’observatoire d’Ulugh-Beg à Samarkand (Ouzbékistan) ou les observatoires Jantar Mantar en Inde (XVIIIe siècle), qui réunissent quelques-uns des instruments astronomiques les plus singuliers jamais exécutés sous une forme architecturale. L’autre connexion entre l’astronomie et le patrimoine mondial paraîtra sans doute plus inattendue : elle touche à la possibilité même qu’ont les habitants actuels de la Terre de voir les étoiles de leurs propres yeux. Nous avons admiré le spectacle des nuits étoilées, elles nous ont permis de spéculer, de rêver et de fantasmer pendant des milliers d’années. Les étoiles nous ont également permis de guider nos navires et nos caravanes et nous les avons identifiées avec nos divinités. Aujourd’hui pourtant, pour la première fois dans l’histoire humaine et au moment même où les premiers explorateurs de l’espace voguent au-delà de l’atmosphère et où les sondes spatiales coudoient les planètes et leurs lunes, les étoiles ne sont plus visibles dans nos villes.

C’est en vue de cela que l’Initiative Starlight réclame la création de réserves de ciel étoilé dans diverses parties du monde et qu’elle encourage la mise au point d’un « éclairage intelligent » dans les grandes villes. Et s’il est vrai que l’UNESCO ne saurait inscrire le cosmos étoilé tout entier sur la Liste du patrimoine mondial, elle peut par contre soutenir des initiatives de cette espèce, et les associer à des sites et des paysages inscrits sur sa liste. Les sites scientifiques et technologiques attestent de la poursuite humaine du savoir et de l’amélioration des conditions de vie, mais ils demeurent sous-représentés sur la Liste du patrimoine mondial. L’importance de la reconnaissance et de la préservation de ces sites pour l’instruction des générations futures est soulignée dans l’article consacré à la science et la technologie sur les sites du patrimoine mondial.

Nous sommes également heureux de présenter dans ce numéro les treize nouveaux sites inscrits sur la Liste du patrimoine mondial en juillet de cette année. Avec ces onze nouveaux sites culturels (dont le premier bien inscrit au Burkina Faso, au Cap-Vert et au Kirghizistan), et ces deux sites naturels, la Liste du patrimoine mondial compte désormais 890 biens.