Parc national d’El Kala
Délégation permanente de l'Algérie auprès de l'UNESCO
Wilaya d’El Taref
Avertissement
Les Listes indicatives des États parties sont publiées par le Centre du patrimoine mondial sur son site Internet et/ou dans les documents de travail afin de garantir la transparence et un accès aux informations et de faciliter l'harmonisation des Listes indicatives au niveau régional et sur le plan thématique.
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Les noms des biens figurent dans la langue dans laquelle les États parties les ont soumis.
Description
Le Parc National d'El Kala est une aire protégée située dans le Nord-Est de l'Algérie, dans la wilaya d'El Tarf, à la frontière Algéro-tunisienne. Il s'étend sur une superficie de 76 438 hectares. Créé en 1983, ce parc a été classé dans le but de préserver un patrimoine naturel exceptionnel, caractérisé par une mosaïque d'écosystèmes naturels uniques et une richesse culturelle significative. Le parc national d’El kala est le dernier refuge des populations naturelle du cerf de Berbérie, espèce en voie de disparition en Algérie, son potentiel écologique diversifié, notamment ses zones humides, lui a conféré une renommée à l’International.
Le parc englobe une variété de paysages comme les forêts denses de chênes-lièges (Quercus suber) et de chênes zeen (Quercus canariensis), les pinèdes, les marais, les lacs et les zones côtières. Le climat méditerranéen de la région, avec des étés chauds et secs et des hivers doux et humides, favorise cette diversité. Cette richesse de paysages en fait un lieu privilégié pour la faune, en particulier pour les oiseaux, qu'ils soient hivernants, nicheurs ou migrateurs. Un nombre de 70 000 a 200 000 oiseaux migrateurs migrent chaque hiver de le l’Europe vers l’Afrique.
Le Parc National d'El Kala se caractérise par une diversité d'écosystèmes remarquables :
- Zones humides : Le parc abrite plusieurs lacs, marais et aulnaies d'importance internationale, atteignant une superficie de 5 956 hectares dont les lacs Oubeïra et Tonga, ces lacs sont un réservoir naturel d’eau douce, il font partie du plus grand important complexe des zones humides du Maghreb, considérés comme des sites d’hivernage et de nidification par excellence pour l’avifaune, il sont caractérisé par une flore aquatique rare représentée par la châtaigne d’eau (Trapa natans), le nénuphar blanc (Nymphaea alba) et le Nénuphar jaune (Nuphar lutea), le scirpe aquatique (Scirpus aquatilis),le rubanier derssé (Sparganium erectum)et aussi des formations ripisylves (forets humides) à base d’aulne glutineux (Alnus glutinosa) dont l’aulnaie de Ain khiar qui s’étale sur une superficie de 170 ha.
- Forêts : Les forêts de chêne-liège (Quercus suber) dominent le paysage, mélangées aux chênes zeen (Quercus canariensis), offrant un refuge à une faune diversifiée. Le point culminant de ces formations forestières est à El Ghorra (1 202 m).
- Zones côtières : Le littoral du parc, bordé par la mer Méditerranée sur une longueur de 40 km, est composé de plages, de dunes et de falaises, créant des paysages spectaculaires.
- Zones montagneuses : Elles constituent une mosaïque d'habitats qui confère au parc une biodiversité exceptionnelle, et un lieu d'importance écologique majeure.
Justification de la Valeur Universelle Exceptionnelle
La valeur universelle exceptionnelle du Parc national d’El Kala s’exprime à travers la diversité de ses écosystèmes et de ses habitats naturels. Elle est également soulignée par une diversité spécifique remarquable, composée de centaines d’espèces végétales et animales rares, endémiques et menacées de disparition telles que le cerf de Bérbérie, ainsi que de nombreuses espèces d'oiseaux d’eau douce, dont certaines sont rares et en déclin dans leur aire de répartition, comme l’Erismature à tête blanche, la sarcelle marbrée et le fuligule nyrocca.
Reconnu comme réserve de biosphère par l'UNESCO dans le cadre du programme MAB depuis 17 Décembre1990, le Parc National d'El Kala témoigne d'une valeur écologique exceptionnelle. La richesse de sa faune et de sa flore, ainsi que la diversité de ses écosystèmes, en font un lieu exceptionnel. Véritable sanctuaire de la biodiversité méditerranéenne, il abrite une mosaïque d'écosystèmes rares et précieux : zones humides, forêts de chêne-liège, dunes, montagnes et écosystèmes marins.
La valeur universelle exceptionnelle du Parc National d'El Kala se manifeste par la richesse de son patrimoine naturel et son rôle majeur dans la conservation in situ de la biodiversité d'intérêt mondial. Il est proposé pour intégrer la liste indicative du patrimoine mondial en Algérie en tant que site naturel emblématique du patrimoine national et universel, en raison de plusieurs critères importants :
Biodiversité exceptionnelle : Le parc abrite une biodiversité remarquable, estimée à 3 093 espèces, dont 1 339 espèces animales et 1 754 espèces végétales. Parmi celles-ci, certaines sont endémiques, ou en danger critique d'extinction. On y trouve des espèces menacées de disparition et emblématiques telles que le cerf de Bérbérie, le renard roux, la loutre, le chat sauvage d'Afrique du Nord, ainsi que de nombreux oiseaux migrateurs.
Écosystèmes diversifiés : Le parc abrite différents types d'écosystèmes, d’amont en aval allant d’écosystème marin, écosystème dunaire, écosystème lacustre et écosystème forestier.
Ces écosystèmes servent d'habitats pour une faune et flore variée. Cette diversité fait du parc un site clé pour la conservation des écosystèmes méditerranéens.
Importance pour les migrations : La région est un point de passage important pour les oiseaux migrateurs, notamment ceux qui traversent la mer Méditerranée, le paléarctique occidental (allant jusqu’à 200 000/an). Cela en fait un laboratoire à ciel ouvert et un lieu clé pour les études écologiques et la gestion de la faune migratrice.
Protection des zones humides : Les zones humides du parc, telles que les lacs et les marais, sont vitales, en raison des services écosystémiques qu’elles procurent en tant que réservoirs d’eau douce, dans la maitrise des crues, la recharge des nappes souterraines tout en concourant à l’atténuation des effets du changement climatique, sans omettre leurs apports importants en biens et services liés à la biodiversité.
Critère (vii) : Le Parc national d'El Kala est le plus grand parc national du nord de l’Algérie, est un véritable écrin de beauté naturelle, où se déploie une mosaïque de paysages variés : forêts denses de chênes- lièges, lacs où les oiseaux migrateurs trouvent refuge, et zones côtières sauvages. Cette diversité de milieux naturels, conjuguée à des reliefs diversifiés offrant des panoramas spectaculaires sur la mer Méditerranée et les montagnes environnantes, confère au site une valeur esthétique exceptionnelle. Le Parc national d'El Kala n'est pas seulement un lieu d'une beauté esthétique exceptionnelle, c'est un sanctuaire de biodiversité, un témoignage vivant de la richesse du patrimoine naturel universel.
Critère (ix) : Le Parc National d'El Kala illustre de manière exceptionnelle l'interaction complexe entre les écosystèmes terrestres et aquatiques. Ses zones humides, ses forêts et ses zones côtières abritent une biodiversité remarquable, témoignant de processus écologiques dynamiques. Le parc national d’El Kala est un exemple représentatif de processus écologiques et biologiques car il met en évidence l'interconnexion de divers écosystèmes, le rôle crucial des interactions entre les espèces et les mécanismes naturels qui permettent la régénération et la stabilité des écosystèmes. L'exemple édifiant de ces processus écologiques et biologiques est la migration de l’anguille, poisson serpentiforme, espèce amphihaline thalassotoque (reproduction en mer et croissance en eau douce, à l’inverse du saumon), qui part des zones humides du parc national d’El Kala, notamment des lacs Tonga, Oubeira et El Mellah, vers la Méditerranée, tout en passant par des couloirs biologiques pour atteindre l’océan Atlantique (golfe du Mexique – mer des Sargasses), lieu de frayère dans les profondeurs (200 m à 400 m) après avoir parcouru une distance de 5 400 km (migration catadrome). Cette migration est marquée par un retour (migration anadrome) au stade civelles pour rejoindre les lieux de départ de leurs parents. Il constitue un modèle vivant de la biodiversité, des cycles naturels et des équilibres écologiques, essentiel pour comprendre les dynamiques de la nature à l’échelle mondiale.
Critère (x) : Le Parc National d'El Kala est un site naturel exceptionnel, reconnu pour son rôle crucial dans la conservation in situ d'une biodiversité d'une richesse remarquable, tant terrestre qu'aquatique. Ses écosystèmes lacustres jouent un rôle essentiel pour les espèces d'oiseaux migrateurs.
Ce sanctuaire naturel, clé pour la protection de la biodiversité méditerranéenne et des zones humides classées Ramsar (lac Tonga, lac Oubeira, lagune d’el mallah, lac bleu, lac noir, l’aulnaie de Ain khiar et le marais de bourdim) abrite des écosystèmes variés et des habitats spécifiques qui soutiennent une faune et une flore uniques. Parmi ces espèces rares et menacées de disparition, le Cerf de Berbérie (Cervus elaphus barbarus), endémique d’afrique du nord (Algérie-Tunisie), il est actuellement localisé dans une étroite bande frontalière de l’Est Algérien, cette situation a conduit son classement par l’Union International pour la conservation de la nature (UICN) au tableau C de la convention africaine de 1969 dans ces termes « ne peut être chassé ou capturé que sur autorisation de la plus haute autorité compétente dans l’intérêt national ou dans un but scientifique).
D’autres oiseaux emblématiques nécessitant une protection accrue au niveau mondial, tels que la Sarcelle marbrée (Marmaronetta angustirostris), l'Érismature à tête blanche (Oxyura leucocephala) et le Fuligule nyroca (Aythya nyroca) et une flore aquatique rare représentée par la châtaigne d’eau (Trapa natans), le nénuphar blanc (Nymphaea alba) et le Nénuphar jaune (Nuphar lutea).
Déclarations d’authenticité et/ou d’intégrité
Le parc national d’el Kala englobe l’ensemble des écosystèmes naturels qui exprime sa valeur universelle exceptionnelle ; la diversité de ses habitats naturels, tels que les zones humides classées Ramsar, les forêts et les dunes renforcent les processus écologiques essentiels identifiée, tels que les cycles hydrologiques et les migrations animales, sont toujours fonctionnels.
Le parc abrite une riche diversité d'espèces végétales et animales, y compris des espèces rares et menacées. Les populations d'espèces emblématiques, telles que les oiseaux migrateurs, sont maintenues grâce à l’état de conservation de leurs habitats remarquables, notamment les zones humides intégralement inscrites dans le cadre de la convention de Ramsar sur les zones humides d’importance internationale.
Les schémas directeurs et les plans de gestion, misent en place, fixent les objectifs stratégiques de la conservation de ces écosystèmes à long et à moyen terme et sont des outils de planification, de suivi et de mise en œuvre des mesures de conservation pour assurer une protection efficace de ces écosystèmes et de leur biodiversité. Ils visent aussi à assurer un équilibre entre la conservation de la nature et l’utilisation rationnelle et durable par les différents utilisateurs de ses écosystèmes, en promouvant l’utilisation rationnelle et durable des différents services écosystémiques fournis par les patrimoines naturels et culturels du parc.
La proposition de porter le Parc national d’El Kala sur la liste indicative du patrimoine mondial en Algérie a bénéficié du soutien du Ministère de la Culture et des Arts, qui, conjointement avec la Direction Générale des Forêts, ont établi un programme incluant les différentes parties prenantes et les groupes d’intérêts de la gestion du parc. Ce programme a été couronné par l’organisation d’un atelier d’appui à la nomination du Parc national d’El Kala, tenu au niveau du siège de l’Assemblée Populaire d’El Taref, et sanctionné par une déclaration d’appui et de consentement préalable et éclairé, lue et signée au nom de tous les participants.
Comparaison avec d’autres biens similaires
La sélection du parc national d’El Kala pour intégrer la liste indicative des biens du patrimoine mondial de l’Algérie se justifie par l’exceptionnalité de cette aire protégée. Il fait partie des points chauds de biodiversité floristique et faunistique existant au niveau de la Méditerranée, Ces « hotspot » sont caractérisés par un taux d’endémisme élevé et exceptionnel. Elle constitue un échantillon unique en Algérie et en Méditerranée, intégrant d’importants écosystèmes terrestres et aquatiques, et présentant une multitude d’habitats où se développe une biodiversité d’intérêt mondial.
Le milieu aquatique d’eau douce est composé de 07 zones humides d’une superficie de 5 956 hectares, classés zones Ramsar, un complexe de zones humides qui occuperait la troisième position après ceux du Delta de l’Ebre, en Espagne et la Camargue en France. Ces lacs exceptionnels constituent des sites d’hivernage pour des centaines de milliers d’oiseaux parmi lesquelles nous citons : la Talève sultane Porphyrio porphyrio, l’Erismature à tête blanche Oxyura leucocephala, le Fuligule nyroca Aythya nyroca, l’Ibis falcinelle Plegadis falcinellus, l’Oie cendrée Anser anser, le Flamant rose Phoenicoptecus ruber, le Grand cormoran Phalacrocorax carbo, le Blongios nain Ixobrychus minutus, et le Balbuzard pêcheur Pandion haliaetus.
L'analyse comparative entre le parc national d'Ichkeul, site du patrimoine mondial en Tunisie (depuis 1980) et le parc national d'El Kala en Algérie, révèle des distinctions écologiques et géographiques fondamentales : tandis qu'Ichkeul se caractérise par son écosystème lacustre, El Kala se distingue par sa remarquable diversité d'habitats, incluant lacs, forêts, dunes et zones humides côtières. Cette mosaïque d'écosystèmes confère à El Kala une biodiversité exceptionnelle et une complexité écologique supérieure, avec des forêts jouant un rôle crucial dans la régulation hydrologique et une influence marine notable. Ainsi, El Kala se démarque par sa richesse et sa résilience écologique, contrastant avec celle d'Ichkeul.
1. Biodiversité exceptionnelle et habitats rares :
El Kala est l'un des rares sites où coexistent des écosystèmes variés, allant des forêts denses de chênes-lièges et de pins aux zones humides et marais côtiers. Cette diversité écologique en fait un lieu crucial pour la faune et la flore, notamment les oiseaux migrateurs. Le parc abrite plusieurs espèces rares, comme l’Érismature à tête blanche, la Sarcelle marbrée, le Fuligule Nyroca, et est un site clé pour la conservation des zones humides en Méditerranée.
D’importantes zones humides du PNEK sont inscrit la liste des sites Ramsar d'importance internationale, notamment en raison de leur rôle dans la migration des oiseaux et de la richesse de ses milieux aquatiques (faune et flore). Ce type d'habitat est relativement rare dans la région méditerranéenne, ce qui confère au parc un caractère particulier. Les marais et lacs de la région, comme le Lac Tonga, Oubéira et el Mellah, sont des refuges pour de nombreuses espèces et des zones de haltes migratoires privilégiées.
3. Position géographique unique :Situé à proximité de la mer Méditerranée, dans la wilaya d'El Tarf, le parc bénéficie d'une localisation géographique stratégique. Cette position lui permet d'offrir une combinaison rare de paysages côtiers et de zones intérieures riches en biodiversité. Les interactions entre les écosystèmes marins et terrestres créent un environnement naturel unique, propice à la préservation d'espèces spécifiques.
4. Importance culturelle et historique :
Bien que moins connu que certains autres parcs, El Kala possède également une dimension culturelle importante. Les populations locales qui habitent dans les zones tampons et de transitions du parc détiennent des savoirs et des pratiques traditionnelles leur permettant de développer des activités agricoles et artisanales en harmonie avec leur environnement naturel, renforçant ainsi l'importance de ce parc comme un espace de conservation à la fois naturel et culturel.