Itinéraires Augustiniens en Algérie

• Hippone (Annaba) : 36.878° N, 7.734° E
• Calama (Guelma) : 36.467° N, 7.433° E
• Thibilis (Sellaoua Announa) : 36.3933° N, 7.2591° E
• Thubursicu Numidarum (Khamissa) : 36.1936° N, 7.6558° E
• Madaure (M'daourouch) : 36.0778° N, 7.9014° E
• Thagaste (Souk Ahras) : 36.2864° N, 7.9511° E
• Castellum Tidditanorum (Tiddis) : 36.4633° N, 6.4839° E
• Thagura (Taoura) : 36.1086° N, 7.9389° E
• Milev (Mila) : 36.4500° N, 6.2667° E
• Sitifis (Sétif) : 36.1861° N, 5.4137° E
• Caesarea (Cherchell) : 36.6031° N, 2.1944° E
• Cartenae (Ténès) : 36.5117° N, 1.3075° E
• Theveste (Tébessa) : 35.4044° N, 8.1200° E
• Tubunae (Tobna) : 35.3500° N, 5.8833° E

Les itinéraires augustiniens, s'étendant sur près de 1500 km à travers les villes de l’Est et du centre de l’Algérie antique, sont aujourd’hui matérialisés par des sites archéologiques et des monuments diversifiés. Ils témoignent non seulement des multiples voyages de saint Augustin, mais aussi de la richesse patrimoniale de ces villes et centres de la haute antiquité algérienne. De leur origine numide aux périodes les plus récentes de l’histoire de notre pays, ils attestent d’un foisonnement et d’un héritage civilisationnel des plus éloquents au sud de la Méditerranée.

Né dans un contexte pluriculturel (Thaghast 354 – Hippone 430), Augustin incarne à la fois l’enracinement local et une influence universelle. Son itinérance, guidée par la foi et le questionnement, traverse non seulement l’Algérie, mais aussi la Tunisie et l’Italie.

Dès son ordination et jusqu’à la fin de sa vie, Augustin parcourt les routes d’Afrique, non seulement pour y prêcher en diverses circonstances, mais aussi pour participer aux conciles qui se déroulent dans sa province ou hors de sa juridiction ecclésiastique. Ses déplacements en Numidie sont bien documentés, et les lieux visités sont clairement identifiés grâce à ses nombreuses correspondances et sermons.

Les activités épiscopales d’Augustin ne se limitent pas à son siège d’Hippone. À partir d’Hippone, ses missions variées le mènent vers des lieux et des itinéraires qui couvrent l’ensemble de l’est algérien et une partie du centre de l’Algérie actuelle.

En Algérie, ces sites d’existence, d’études et de déplacement surprennent par leur richesse et leur variété. Ils jalonnent les routes stratégiques entre les plateaux et le littoral. Augustin se rendit quatre fois à Mila, une fois à Calama, quatre fois à Cirta, trois fois à Khamissa, quatre fois à Thagaste, une fois à Sétif, une fois à Caesarea, une fois à Ténès et une fois à Tobna.

Thagaste (souk Ahras) lieu de sa naissance en novembre 354, cité numide et romaine ; fut la patrie de deux chrétiens berbères célèbres : sainte Monique et son fils Augustin. C’est là que saint Augustin organisa une communauté de type monastique et s’adonna à la prière, à la méditation et à l’écriture d’ouvrages importants comme le De ordine, le De musica le Contra Academicos, le De libero arbitrio et le De genesi adversus Manichaeos.

Madauros (M’daourouch) vieille cité numide érigée en une importante colonie romaine et haut lieu de la pensée, patrie d’Apulée et du grammairien latin Maxime. Saint Augustin y étudia. Vestiges romains sur 30 ha.

Thubursicu Numidarum (Khemissa) érigé en municipe romain sous trajan, c’est un des plus beaux sites antiques de l’Algérie. Vestiges antiques sur 100 ha.

Thagura (Taoura) vestiges antiques sur 20 ha, thermes, basilique chrétienne et forteresse byzantine.

Calama (Guelma) ville numide romanisée. Patrie du célèbre Possidius biographe d’Augustin. Vestiges romains importants dont un théâtre.

Thibilis (Announa) site antique de 10 ha. Arc de triomphe, forum, capitole et plusieurs basiliques chrétiennes. Site inscrit dans un cadre de verdure très agréable.

Milev (Mila) une des 4 cités de la confédération cirtéenne et important évéché du IV° siècle. Patrie d’Optat de Milev.

Castellum Tidditanorum (Tiddis), été occupé du XIe siècle avant J.-C. jusqu’à l’époque almohade. Le site est remarquable par ses architectures funéraires d’âge préhistorique et ses poteries protohistoriques décorées, dont le style est très proche des poteries actuelles de plusieurs régions d’Algérie : le nord de l’Aurès, les Nememcha, la Kabylie, et l’Ouarsenis.

Le site archéologique, qui s’étend sur une superficie de 40 ha, est classé patrimoine national depuis 1992 et géré par l’Office de gestion et d’exploitation des biens culturels protégés.

Hippone (Annaba) ancien comptoir phénicien au IX° siècle avant J.C., elle devint une ville numide prospère alliée de Carthage et colonie romaine. Elle fut un grand port exportateur de blé et le siège episcopal d’Augustin. Vestiges d’époque chrétienne dont l’histoire est liée à la vie d’Augustin. C’est dans ce site qu’il rédigea les « Confessions, la Cité de Dieu et la majorité de ses ouvrages, sermons et lettres ».

La figure de saint Augustin d’Hippone (354-430) est une figure phare de l'histoire antique africaine. Philosophe, théologien et évêque dont la pensée a façonné les fondements d’un dialogue interculturel, en mettant ensemble les concepts précurseurs du vivre ensemble, et de citoyenneté. L’héritage d'Augustin transcende le temps, la géographie et les croyances.

Les itinéraires augustiniens d'Algérie, comprenant des sites archéologiques majeurs comme Hippone (Annaba), Madaure (M’darouch), Thagaste (Souk Ahras), qui témoignent du développement culturel de l’Est de l’ancienne Numidie et des échanges survenus entre cette région et l’empire romain. Ces sites incarnent également l'importance historique et culturelle de la pensée Augustinienne.

En outre, les vestiges archéologiques présents dans ces sites – tels que des basiliques, des amphithéâtres et des églises – offrent un panorama unique de l’interaction entre les cultures romaines, berbères nord africaines et chrétiennes.

Critère (ii) : L'Itinéraire Augustinien d'Algérie témoigne des échanges culturels, religieux et philosophiques qui ont façonné la Méditerranée antique et médiévale. Ce réseau de sites, lié au parcours et à l’œuvre de Saint Augustin (354-430), illustre la diffusion de sa pensée, symbole de la paix, de la réconciliation, de la longévité et de l’espérance de vie. Ce dernier témoigne également de l’importance des échanges économiques et commerciaux entre l’Afrique du Nord et les cités antiques romaines.

Critère (iii) : Les sites constituant l’itinéraire (Thagaste, Madaure, Hippo Regius, etc.) forment un ensemble exceptionnel de biens matériels illustrant la richesse de la culture Numido-romaine. Ils témoignent du développement culturel de l’Est de l’ancienne Numidie et des échanges survenus entre cette région de l’Algérie antique. Les basiliques, baptistères et inscriptions antiques constituent des vestiges matériels de cette tradition culturelle unique.

Critère (vi) : Saint Augustin, évêque d’Hippone et auteur des Confessions et de La Cité de Dieu, est une figure majeure de la philosophie et de la théologie universelle. Son itinéraire en Algérie incarne l'héritage intellectuel et spirituel d’un penseur dont l'influence perdure dans les domaines religieux, philosophiques et éducatifs. Les lieux associés à sa vie et à ses écrits ont marqué l’histoire de la pensée occidentale et demeurent des références essentielles pour la compréhension du dialogue entre cultures gréco-romaine, berbère et chrétienne.

Intégrité 

L’itinéraire augustinien d’Algérie conserve à la fois des éléments matériels (édifices, ruines) et immatériels (récits, rituels) essentiels, garantissant sa cohésion et sa valeur. Chaque site, qu'il s'agisse d’un lieu historique, d’une église ou d'une ruine, contribue à l'identité globale du chemin et assure une représentation fidèle de l'histoire et du développement culturel des régions concernées.

L'intégrité des itinéraires augustiniens d'Algérie repose sur la bonne conservation des sites archéologiques identifiés, comme Hippone et Thagaste, qui reflètent fidèlement leur histoire et leur importance. Les structures architecturales, les paysages environnants et les liens historiques entre les sites sont préservés pour garantir leur authenticité. Malgré les défis liés à l’urbanisation et aux conditions environnementales, des efforts de gestion et de protection assurent la sauvegarde de ces lieux. Cette intégrité permet aux itinéraires d’illustrer pleinement l’héritage de Saint Augustin et l’évolution du christianisme en Afrique du Nord.

Authenticité

Ces itinéraires, comprenant des sites emblématiques qui conservent des vestiges significatifs, tels que des basiliques, des églises, des amphithéâtres et des inscriptions qui illustrent l’époque Numido-romaine et la diffusion du christianisme en Afrique du Nord. L’authenticité de ces sites est attestée par la conservation des matériaux d’origine, les techniques de construction romaines et les aménagements chrétiens qui demeurent visibles. De plus, les inscriptions latines et les mosaïques préservées renforcent leur valeur documentaire.

L’environnement paysager et urbain des itinéraires est également resté largement conforme à son contexte historique, permettant une compréhension claire du cadre dans lequel Saint Augustin a vécu et prêché. Par ailleurs, les archives historiques et les sources textuelles, notamment les œuvres de Saint Augustin lui-même, apportent un appui supplémentaire à l’authenticité de ces sites.

En résumé, les itinéraires augustiniens d’Algérie conservent une authenticité matérielle, historique et spirituelle, offrant un témoignage précieux sur le brassage des cultures, numide, romaine, la christianisation de l’Afrique du Nord et l’influence de Saint Augustin dans l’histoire universelle.