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Agglomération Aného Glidji

Date de soumission : 16/12/2021
Critères: (iii)(iv)
Catégorie : Culturel
Soumis par :
Délégation permanente du Togo auprès de l'UNESCO
État, province ou région :
Région Maritime, Préfecture des Lacs, Commune Lac 1
Coordonnées N6 13 59 E1 36 14
Ref.: 6601
Avertissement

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Les noms des biens figurent dans la langue dans laquelle les États parties les ont soumis.

Description

Aného-Glidji est une agglomération située dans la préfecture des Lacs du Togo. Comme son nom l’indique, il s’agit d’une conurbation entre deux localités à savoir la ville d’Aného et Glidji.

Ville historique, Aného est le chef-lieu de la préfecture des Lacs et également de la commune des Lacs 1. Il s’agit d’une agglomération bercée par les eaux continentales et océaniques notamment l’océan Atlantique au sud, le lac Togo au Nord et le Mono à l’Est. Cette configuration fait d’elle un lieu pittoresque qui ne laisse personne indifférent devant la beauté offerte par la nature. Au-delà du naturel, de par son passé historique, l’agglomération d’Aného-Glidji regorge d’un certain nombre de sites touristiques à savoir les édifices coloniaux ainsi que d’autres atouts en lien avec les pratiques culturelles des peuples qui y habitent.

Malheureusement cette ville qui avait rayonné pendant des décennies surtout à l’époque coloniale, est en train de perdre ses lettres de noblesse à cause de sa proximité vis-à-vis de la capitale Lomé, qui absorbe une grande partie de sa population. Selon le 4e recensement général de la population et de l’habitat (RGPH4), la population de la ville d’Aného était estimée à environ 25.000 habitants. Un tel déclin a entrainé un abandon de certains anciens édifices et leur manque d’entretien.

Justification de la Valeur Universelle Exceptionnelle

L’Agglomération Aného-Glidji est le résultat d’une histoire qui s’étend sur près de trois siècles et demi et qui a permis l’émergence d’une civilisation urbaine atypique témoignant d’un échange d’influence considérable (18e – 19e – 20e - 21e siècles) entre les populations autochtones Xla-Xweda et plusieurs vagues d’immigrants venus de l’ouest (Côte de l’Or, correspondant au Ghana actuel) ainsi que des populations afro-brésiliennes de reflux, des commerçants et des administrateurs européens et leurs métis. Elle a accueilli vers la fin du 19ème siècle les Allemands qui ont fait d’elle la capitale de leur colonie.

La diversité de cette population a favorisé le développement d’une architecture spécifique alliant les matériaux locaux et importés. Un ensemble de bâtis originaux parsèment la ville : l’architecture coloniale allemande et française (églises, presbytères, bureaux administratifs et écoles, etc.), l’architecture afro-brésilienne à Anehogan et palais royaux et maisons à étage de riches commerçants. Cette architecture constitue une adaptation fonctionnelle au milieu et à la vie économique : habitation à l’étage, boutique au rez-de-chaussée, avec le plus souvent une cour arrière et des bâtiments plus modestes réservés aux femmes, aux enfants et aux serviteurs attachés à la bourgeoisie urbaine locale très entreprenante.

Le site de l’Agglomération Aného-Glidji caractérisé par une conjugaison harmonieuse de la mer et de la lagune, et l’existence d’une bande sablonneuse sertie par l’eau douce et l’eau de mer ainsi que d’un grau qui s’ouvre par intermittence est un endroit idéal pour des aménagements touristiques. Glidji est l’épicentre de la vie spirituelle des Guin. Un panthéon de quarante-deux divinités de diverses origines à savoir celles ramenées d’Accra et d’Elmina, celles des souches autochtones Aja et celles des captifs esclaves alimente ces rites dont le point culminant est la fête annuelle d’Épé-Ekpé qui, selon un calendrier lunaire, marque le début de la nouvelle année commençant avec la treizième lunaison.

Critère (iii) : L’agglomération Aného- Glidji constitue deux cités historiques, Aného, la capitale économique du pays Guin et Glidji, le cœur spirituel. Cet ensemble est le résultat d’une histoire qui s’étend sur trois siècles et qui a permis l’émergence d’une civilisation urbaine atypique, témoignant d’un échange d’influence considérable (18e-19e-20e siècles) entre populations autochtones Xla-Xweda et des vagues d’immigrants venus de l’actuel Ghana ainsi que des populations afro-brésiliennes de reflux, des commerçants et administrateurs européens et leurs métis.

Critère (iv) :
Dans l’Agglomération Aného-Glidji, deux types d’architecture d’époque ont été développées : l’architecture coloniale allemande regroupant les bâtiments du quartier administratif Zébé, première capitale du Togo de 1887 à 1897 et l’architecture afro-brésilienne dans Anéhogan et Adjido qui constitue une adaptation fonctionnelle au milieu et à la vie économique : habitation à l’étage, boutique au rez-de-chaussée, avec le plus souvent une cour arrière et des bâtiments plus modestes réservés aux femmes, aux enfants et aux serviteurs attachés à la bourgeoisie urbaine locale très entreprenante.

Déclarations d’authenticité et/ou d’intégrité

L’Agglomération Aného-Glidji possède un patrimoine immobilier assez impressionnant encore physiquement stable. Les bâtiments afro-brésiliens et coloniaux de plus d’un siècle parsèment la ville et gardent encore leur usage premier. Il est à noter cependant la désaffectation de certains bâtiments frappés souvent de déshérence. Mais depuis la mise en exercice des mairies, la commune Lacs 1 après un inventaire de ce patrimoine travaille à sa réhabilitation et à sa nouvelle affectation en vue de le rentabiliser sur les plans patrimonial, touristique, social, architectural et économique.

L’authenticité du site réside dans la présence et la pérennité de nombreux sanctuaires des guinyéhoué (le plus souvent des ancêtres divinisés), des Aja vodou formant un panthéon particulier. Dans ce panthéon cohabitent les dieux de diverses origines : ceux ramenés d’Accra et d’El Mina, ceux des souches adja, retrouvés sur place, et même des captifs esclaves.

Au nombre des attributs de ces cités vivantes on note la célébration chaque année du nouvel an guin ou Epé-Ekpé qui rassemble tous les natifs du milieu vivant au Togo ou dans les pays voisins (Bénin, Ghana et la diaspora). 

Il existe aussi une forte association entre les éléments de la nature et les pratiques culturelles et cultuelles. La faune, la flore, l’eau (la lagune et la mer) sont intégrées à la vie quotidienne et sont protégées par des interdits qui règlementent leurs usages.

Comparaison avec d’autres biens similaires

L’Agglomération Aného-Glidji peut être comparée à la ville de Grand-Bassam en Côte d’Ivoire qui témoigne par son organisation urbaine d’une importante tradition culturelle liée à son rôle de capitale coloniale, de centre administratif et de pôle commercial régional. Des années 1880 aux années 1950, la ville rassembla et confronta différentes populations africaines, européennes et moyen-orientales, dans une cohabitation simultanément harmonieuse et conflictuelle.

Sur le plan culturel et architectural l’Agglomération Aného-Glidji peut être comparée à Porto-Novo et à Ouidah, deux villes du Bénin dont les afro-brésiliens du reflux ont marqué la culture (onomastique, gastronomie, religion, etc,) et l’architecture. Seulement dans l’Agglomération Aného-Glidji, le cadre naturel et humain ainsi que le dynamisme du peuplement, surtout les marchants guin ont donné naissance à une culture particulière presque créolisée avec un parler tout à fait différent du parler des autochtones et de celui des migrants : le « Guingbé ».

Par ailleurs, la comparaison avec l’Île de Saint-Louis, ancienne capitale de l’Afrique occidentale est remarquable. Les deux villes sont un remarquable exemple de ville coloniale, caractérisé par un cadre naturel particulier, et illustre le développement du gouvernement colonial dans la région. Mais l’Agglomération Aného-Glidji a cette particularité qu’elle est associée à des croyances et à des traditions vivantes surtout Kpesoso, l’événement annuel le plus remarquable, celui de la prise de la pierre sacrée dans la forêt sacrée de Gbatsoumé débouchant sur des augures pour le nouvel an Guin.
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