Parc National de Loango
Déléguation permanente du Gabon auprès de l'UNESCO
Nyanga et Ogooué Maritime
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Description
Le Parc National de Loango, situé sur le littoral à 300 km au sud de Libreville, couvre une surface de 155 000 ha. Il représente des phénomènes naturels remarquables de plages, cordons littoraux, lagunes et de plaines peuplées par une faune abondante et exceptionnelle.
Selon de nombreux récits, le Parc National de Loango offre des sites (anciens villages) illustrant histoire de l’implantation humaine dans la région. En effet, le Petit Loango et Setté Cama sont des sites qui ont permis les échanges commerciaux précoloniaux.
Le bien abrite une importante diversité biologique, composée d’animaux emblématiques comme les hippopotames prenant un bain dans les vagues de l’océan Atlantique et les buffles et éléphants se dorant au soleil sur les plages. Parmi l’innombrable faune qui habite le parc, on rencontre des potamochères, plusieurs espèces de singes, des céphalophes, plusieurs espèces de reptiles et des gorilles. Le parc est également habité par des panthères. Depuis la plage, on aperçoit des baleines à bosse et des dauphins de juin à septembre. Les plages du parc sont également des sites de nidification et reproduction des tortues luths. Les lagunes, elles aussi, sont peuplées par une faune abondante, notamment de nombreuses espèces de poissons telles que le tarpon, le capitaine, le barracuda ou encore la carpe rouge, le crocodile, voire le lamantin. Les mangroves, qui les bordent, sont le lieu de reproduction de bon nombre d’espèces aquatiques et sont habitées par une riche avifaune.
Le Parc national de Loango est un des seuls endroits au monde où on peut espérer voir des grands animaux, tel que buffles, éléphants, hippopotames sur la plage, et quelquefois dans l’Océan.
Justification de la Valeur Universelle Exceptionnelle
Critère (vii) : Les plages du Parc National de Loango comptent parmi les plus belles du monde. Ce sont des côtes basses, sableuses et rectilignes sur plusieurs dizaines de kilomètres. Cette côte est caractérisée par un estran dépassant 100 m de largeur et atteignant par endroit 500 de largeur, d’une part et un sommet (crête) plat et très large (dépassant 1 km) d'autre part. Une succession de cordons littoraux parallèles forme la remarquable accumulation de sables marins qui isole la lagune et la plaine continentale sur plus de 50 km de long pour une largeur variant de 1,5 km à près 15 km. La formation de cordons littoraux, longue de 85 km, isole de l’océan Atlantique 17 petites lagunes dont la plus importante est celle de Louri, longue de 18 km. Ces petites lagunes ont un régime très particulier
Le bien est situé sur la plaine continentale construite dans les calcaires, les grès et argiles d’âge Turonien à Paléogène du bassin sédimentaire côtier du Gabon. Cette structure sédimentaire du Tertiaire est recouverte de sables d’âge Pliocène de la série des Cirques. Il s’agit d’un relief bas (inférieur à 100 m d’altitude), faiblement ondulé et disséqué par la vallée (5 à 15 km) à fond plat occupée par la rivière Ngové et la lagune Iguéla, large de 3 à 15 km pour longueur de 40 km.
Critère (x) : Le Parc national de Loango contient des habitats naturels les plus importants pour la conservation in situ de la biodiversité. Les plages du parc sont un habitat naturel pour la conservation des tortues marines. En effet, elles sont le deuxième site mondial de nidification des tortues luths, avec en moyenne 30 000 nids par an. Elles permettent l’accès à l’océan des animaux emblématiques des forêts tels que les hippopotames, les éléphants, les buffles, les panthères, etc.
Le plan d’eau et les forêts inondées de la lagune Iguéla sont des habitats naturels les plus représentatifs pour la conservation des espèces emblématiques et menacées (éléphants, buffles, hippopotames, lamantins, panthères). La lagune Iguéla ou Ngowé représente une étendue d’eau libre de plus de 200 km² pour une profondeur variant de 0,85m à 20m (CNDIO, 2019). Elle est parsemée de nombreuses îles, et ses berges sont très basses, régulièrement inondées et soumises à des variations quotidiennes de la marée. La mosaïque d’eau salée, saumâtre et douce caractérise la lagune et explique aussi la diversité des habitats naturels et des espèces fauniques et floristiques. Les petites lagunes, comme celle de Louri et les 17 autres, jouent un rôle important sur le plan écologique du fait qu’elles offrent durant toute l’année une source d’eau douce pour la faune de grands mammifères, notamment le buffle de forêt et l’éléphant de forêt. Elles abritent aussi une population d’hippopotames et sont un des derniers refuges au Gabon pour le crocodile du Nil.
Les marais des berges inondables des rivières de Ngové et Eshira, d’une superficie totale de l’ordre de 30 000 ha, constituent un ensemble d’habitat humide très rare et exceptionnel en Afrique centrale. Ces marais sont soumis à des variations relativement faibles du niveau des eaux (maximum 1–1,5 m) et de vastes portions restent inondées en permanence. Les variations sont néanmoins suffisantes pour entretenir une forte production primaire qui alimente indirectement une importante population d’oiseaux aquatiques, surtout de fin mai à août lors du retrait des eaux. Des bandes de plusieurs centaines de pélicans gris Pelecanus rufescens peuvent alors être observées. Ces mêmes marais abritent aussi une population de Lamantins.
Déclarations d’authenticité et/ou d’intégrité
Le Parc national de Loango est sensible aux impacts des activités économiques qui ont lieu dans son voisinage immédiat. Il s’agit notamment de l’exploitation du pétrole du gisement offshore de Tchatamba et des gisements on shore de Rabi, Moukouti, Eshira et Niungo, de la pêche industrielle au chalut et du tourisme. Toutefois, le statut juridique d’aire protégée, à travers le décret n°613/PR/MEFEPEPN du 30 août 2002 portant sur le classement du parc national de Loango, garantit l’intégrité du bien. Par ailleurs, le Parc national de Loango fait partie d’un complexe d’aires classées site Ramsar depuis le 30 décembre 1986. Ce statut international renforce l’intégrité du site et garantit la protection intégrale de sa biodiversité face aux activités pétrolières dans la périphérie.
Comparaison avec d’autres biens similaires
Le Parc National de Loango peut être comparé au Parc National de Mayumba et au Parc National de Conkouati-Douli. Il constitue avec ces aires protégées, le premier site de nidification des tortues luths en Afrique. Comme les autres parcs nationaux côtiers et marins de la région, le Parc National de Loango demeure authentique et son intégrité n’est pas menacée par les activités humaines, notamment l’urbanisation galopante. On peut considérer le ce bien comme un refuge de biodiversité littorale (continentale et marine) de la côte Atlantique d’Afrique de l’Ouest et du Centre.
Le Parc National de Loango peut être considéré comme le prolongement vers l’océan Atlantique du Parc National de Moukalaba-Doudou, représentatif de la chaine de montagnes du Mayombe qui constitue la limite (ou barrière) orientale et continentale de la plaine côtière du Gabon. Ensemble, les deux parcs nationaux forment un continuum de biodiversité littorale unique en Afrique. Ils devraient être considérés comme un seul bien naturel sur deux sites distants de 90 km environ.
Sur le plan historique, le Parc National de Loango est un site représentatif du territoire de l’ancien royaume du Loango qui s’étendait sur la côte Atlantique de l’Afrique, depuis le Cap-Lopez (au nord de Port-Gentil au Gabon, jusqu’à l’enclave du Cabinda en Angola. Les fouilles archéologiques devraient révéler les vestiges de ce royaume, fondé au XVe siècle et aboli en 1885.