La Grande Case dans la Chefferie traditionnelle des Grassfields
Ministère des Arts et de la Culture
Ouest et Nord-Ouest
Avertissement
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Les noms des biens figurent dans la langue dans laquelle les États parties les ont soumis.
Description
N° | Nom de l’élément | Département Arrondissement | Coordonnées GPS | Surface indicative du bien |
---|---|---|---|---|
01 |
Grande Case de Bafut
|
Mezam/Bafut |
N 06°05'360' E 10°06.800' |
300m2 |
02 |
Grande Case de Nso |
Mbui/ Kumbo |
N 06° 11’ 94.3’’ E 010° 41’ 18.9’’ |
300m2 |
03 |
Grande Case de Mankon |
Mezam / Bamenda II |
N 06° 0’9.52’’ E 010° 6’ 15.69’’ |
300m2 |
04 |
Grande Case de Babungo |
Ngok Etunja / Babessi |
N 06° 04’ 29.9’’ E 010° 264 99.9’’ |
300m2 |
05 |
Grande Case de Kom |
Boyo/ Fundong |
N 06° 16’ 81.9’’ E 010° 19’ 50.9’’ |
300m2 |
06 |
Grande Case de Bali Nyonga |
Mezam/Bali |
N 05°88’7370 E°10°011760 |
250m2 |
07 |
Grande Case de Bafoussam |
Mifi /Bafoussam 1er |
N 05° 28’ 03.00’’ E 10° 25’ 30.00’’ |
300m2 |
08 |
Grande Case de Bandjoun |
Koung-Khi/Bandjoun |
N 05° 20’58.7’’ E 10° 24’34.1’ |
300m2
|
09 |
Grande Case de Baleng |
Mifi/Bafoussam II |
N 05° 30’ 42.3’’ E 10° 24’ 40.2’’ |
150m2
|
10 |
Grande Case de Baham |
Hauts-Plateaux / Baham |
N 05°16’29.9’’ E 010°21’48 .9’’ |
300m2 |
11 |
Grande Case de Bamendjou |
Hauts-Plateaux / Bamendjou |
N 05°23’47.3’’ E°10°19’07.5’’ |
300m2
|
12 |
Grande Case de Batoufam |
Koung-Khi / Batoufam |
N 05° 43’9.69’’ E 010° 28’10.3 |
300m2
|
13 |
Grande Case de Bapa |
Hauts-Plateaux/ Bangou |
N 05° 17’20’’ E 10° 20’14’ |
300m2 |
14 |
Grande Case de Bamendjinda |
Bamboutos/ Mbouda |
N 05° 36’.14.7’’ E 10° 17’.36.7’’ |
300m2
|
Le bien culturel en série proposé à l’inscription est constitué des grandes cases des chefferies traditionnelles des Grassfields. Les chefferies traditionnelles des Grassfields constituent une série de complexes architecturaux de pouvoir, concernant une centaine de communautés établies sur les hauts plateaux des régions de l’Ouest et du Nord-Ouest du Cameroun depuis au moins quatre siècles. Chaque site s’étale sur une superficie de plusieurs d’hectares et comprend plusieurs institutions politiques et sociologiques parmi lesquelles la Grande Case. Cette appellation désigne une bâtisse dont le nom local varie dans les différentes chefferies (mbodyè à Bandjoun, Vhondieu à Batoufam, ntcheung à Bapa, nda ntchong à Bafoussam, menemou à Baham, Ndah Nemoh à Baleng, Lachum a Bafut, Njiaouh à Mankon, Ifueng à Babungo, Ndoilah à Kom, Lav wong chez les Nso). Ce bâtiment est une sorte de palais-temple sacré ou de maison du peuple ayant plusieurs fonctions qui varient selon les chefferies. Ainsi il peut être un lieu de réunions du chef et son assemblée de notables, ou encore un lieu de rites et de sacrifices et parfois de sépulture du chef.
Toute la population participe à la construction de la Grande Case, c’est le bâtiment le plus important de la chefferie. La hauteur varie entre 15m et 30m et la largeur entre 15m et 20m selon les chefferies. Les parois, les charpentes et le plafond de forme circulaire ou carré posé au-dessus du quadrilatère sont construits en bambou-raphia artistiquement montés. Un toit conique fait de chaume recouvre le bâtiment. La Grande Case dispose de plusieurs ouvertures, souvent au nombre de quatre. L’encadrement des ouvertures est sculpté, décoré de motifs géométriques représentant les symboles de la mythologie des populations locales. Le rapport étroit qui existe entre la sculpture et l’architecture dans cette région apparait dans les piliers de bois sculptés en haut et moyen reliefs qui soutiennent l’édifice et les cadres des ouvertures qui sont visibles sur l’édifice. La Grande Case dans ses variantes est le reflet d’une civilisation royale vieille de plusieurs siècles et que l’on retrouve encore dans quelques dizaines de chefferie des Grassfields.
Justification de la Valeur Universelle Exceptionnelle
Critère (ii) : L’architecture de la Grande Case intègre les arts qui mettent en exergue les symboles, les mythes et les croyances communes de ces populations présentes dans trois des dix régions du Cameroun. Elle est le reflet d’une homogénéité politique, spirituelle et architecturale, à l’échelle d’un territoire vaste et peuplé. Elle est le témoin visible d’un échange de savoir-faire considérable dans cette région au plan architectural et artistique. Cette histoire est racontée par des sculptures géantes haut et bas-reliefs sur les poteaux qui soutiennent les édifices, le tissage des toitures en paille ou des murs en raphia, des sculptures sur bois d’animaux totémiques et d’hommes emblématiques.
Déclarations d’authenticité et/ou d’intégrité
Au contact des Occidentaux, cette architecture a su intégrer quelques matériaux modernes adaptés habilement à cet environnement, mais sans pour autant l’altérer. Par exemple, certains piliers et charpentes ont été subtilement renforcés avec du béton armé. Autant les grandes cases font progressivement l’objet d’adaptation et de restauration architecturale intégrant parfois des matériaux modernes, autant les visages qu’elles présentent témoignent d’un souci de rester authentique et spécifique à travers le maintien d’un style architectural traditionnel pluri centenaire.
L’architecture de la Grande Case, tout comme les sculptures et autres productions artistiques des chefferies traditionnelles de l’Ouest du Cameroun, ont depuis longtemps impressionné de nombreux spécialistes des arts. C’est dans ce sens que Masudi A.F. (1978, p.60) affirme que les bâtisseurs de l’Ouest Cameroun ont porté la poésie du bois au point le plus élevé.
Il est difficile de trouver dans le Cameroun ou l’Afrique noire traditionnel des cases dont la hauteur culmine à 30m et qui se caractérisent par une relation étroite, visible et impressionnante entre sculpture et architecture sur l’édifice. C’est dans ce sens que le critique d’art Masudi A.F. (1978, p.60) affirme que les bâtisseurs de l’Ouest Cameroun ont porté la poésie du bois au point le plus élevé. La grande case se retrouve uniquement dans les chefferies des Grassfields et intègre toute la culture de ces peuples.
Comparaison avec d’autres biens similaires
Il est difficile de trouver en dehors de l’aire culturelle des Grassfields, un élément de comparaison avec la Grande Case. On peut néanmoins tenter une comparaison avec le palais d’Abomey au Benin en termes d’architecture de palais. En effet les parois du palais d’Abomey présentent également des bas-reliefs qui sont l’expression des mythes. La Grande Case des chefferies traditionnelles des Grassfields peut être également comparée aux bâtiments traditionnels ashantis du nord du Ghana par les matériaux de fabrication (bois, chaume, terre).