Tartus : la cité-citadelle des Croisés
Direction Générale des Antiquités et des Musées (Damas) avec le concours du WHC / UNESCO
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Description
L'antique cité d'origine phénicienne (Antaradus) enlevée aux Musulmans par les Croisés garde des vestiges vivants de ce passage qui a duré deux siècles (fin Xle fin Xllle siècle) et qui l'a entièrement façonnée, la transformant en un bastion des Frans parmi les plus stratégiques du bord de la Méditerranée d'où, grâce à son port, elle assurait la liaison avec Chypre et de là avec l'Occident chrétien.
En 1152, elle passa entre les mains des Templiers qui prirent la charge de sa défense comme ils l'ont fait pour plusieurs autres villes fortifiées et citadelles isolées de la Syrie. Saladin l'Ayyoubide, réussissant à enlever la ville, ne peut venir à bout de l'imprenable Donjon entouré d'un large fossé et pourvu des machines de guerre.
En plus de ses structures défensives propres, elle participait à un large système défensif syro-palestinien à la fois côtier et continental dont elle semblait détenir la clef, aidée en cela par l'île d'Arward qui lui fait face, Tripoli au Sud, Latakié au Nord ainsi que par toute la chaine de Citadelles de la Montagne : Marqab, le Crac des Chevaliers, Safita, Chastel Rouge, Arima, Qal'at al Khawabi...
Le Sultan mamlouk d'Egypte et de Syrie échoua devant elle à deux reprises en 1276 et 1270. Elle demeura ainsi l'une des dernières cités franques à tomber entre les mains du Sultan Qala'un (1291) après que les Templiers aient été chassés d'Acre, leur principal centre de commandement en Palestine. Les derniers résistants francs passés à Arward y restèrent dix ans avant d'être évacués en 1302 sur Chypre. Avec leur départ définitif, s'achève un chapitre de l'histoire parmi les plus mouvementés, aux graves et lointaines conséquences sur les peuples du Proche Orient, de la Méditerranée et de l'Occident chrétien.
De la période byzantine durant laquelle la cité a connu une certaine prospérité, on conserve le souvenir d'une chapelle, lieu de pèlerinage qui, selon la tradition, aurait été consacrée à la Vierge Marie par Saint-Pierre en personne alors qu'il se rendait de Jérusalem à Antioche. Une icône peinte, dit-on, par Saint-Luc l'Evangéliste, y était déposée, celle-là même que prétend détenir aujourd'hui le couvent de Saydnàyà. Cette chapelle est identifiée à une structure intégrée dans l'un des secteurs de la Cathédrale de la Sainte Marie de Tortosa édifiée par les Francs en 1123, l'édifice religieux le plus remarquable de l'époque franque en dehors de Jérusalem, selon les spécialistes.
Il s'agit, en effet, d'une église à trois nefs et trois absides de 41 mètres de long sur 34,5 mètres de large dont les angles du côté des absides ont été renforcés à la fin du Xllle siècle par des tours.
La rencontre des deux styles roman et gothique dans l'architecture et le décor, témoigne que l'édifice syrien n'est pas resté en marge des évolutions de l'art en Occident chrétien, combien même il reflète aussi les grandes tendances de l'art de l'Orient chrétien de l'époque.
Un autre monument aussi prestigieux est le fameux Donjon qui a résisté aux assauts de Saladin en 1188 et à ceux de Baybars un siècle plus tard, qui occupe une position stratégique sur la façade maritime de la cité face au port, lui-même jadis fortifié. Il s'agit d'une tour carrée à deux étages couvrant 1570 m2 au sol.
En dehors de ces deux remarquables édifices construits en grosses pierres de taille calcaire de couleur légèrement ocre, de la cité-Citadelle franque ne restent aujourd'hui que des lambeaux de constructions éparses mais suffisamment nombreuses et visibles, pour donner lieu à une véritable archéologie urbaine qui fut en mesure de nous restituer, comme à Split, l'état ancien en identifiant et positionnant éléments de murailles, portes, tours, et toutes sortes d'édifices de la période des Croisés logements, magasins, salles, chapelles etc....
Tartus, la « Tortosa » des Croisés, est un exemple exceptionnel et représentatif des types de cités médiévales syro-palestiniennes que les Croisés ont occupées durant deux siècles (XII e - Xlll e siècles) et transformées en vue de les adapter à leurs besoins stratégiques dans le contexte des conflits qui les ont opposés aux musulmans de la région.