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Djerba : témoignage d’un mode d’occupation d’un territoire insulaire

Djerba: Testimony to a settlement pattern in an island territory
This serial property is a testimony to a settlement pattern that developed on the island of Djerba around the 9th century CE amidst the semi-dry and water-scarce environment. Low‑density was its key characteristic: it involved the division of the island into neighbourhoods, clustered together, that were economically self-sustainable, connected to each other and to the religious and trading places of the island, through a complex network of roads. Resulting from a mixture of environmental, socio-cultural and economic factors, the distinctive human settlement of Djerba demonstrates the way local people adapted their lifestyle to the conditions of their water-scarce natural environment.

La description est disponible sous licence CC-BY-SA IGO 3.0

Djerba : témoignage d’un mode d’occupation d’un territoire insulaire
Ce bien en série est le témoignage d’un schéma de peuplement qui se développa sur l’île de Djerba autour du IXe siècle dans un environnement semi-aride et déficitaire en eau. Sa principale caractéristique était une densité faible : elle impliquait le découpage de l’île en quartiers regroupés économiquement autonomes, reliés les uns aux autres, ainsi qu’aux lieux de culte et de commerce de l’île, par un réseau de routes élaboré. Issu d’une combinaison de facteurs environnementaux, socioculturels et économiques, le schéma distinctif de peuplement et d’occupation des sols de Djerba illustre la manière dont les populations locales ont adapté leur mode de vie aux conditions et à leur environnement naturel pauvre en eau.

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جزيرة جربة: شهادة على نمط إعمار في مجال ترابي جزيري
يشهد هذا الموقع المتسلسل على نمط الاستيطان الذي نشأ على أراضي جزيرة جربة حول القرن التاسع الميلادي وسط بيئة شبه جافة وشحيحة المياه. وكانت السمة الرئيسية لهذا الاستيطان هي الكثافة السكانية المنخفضة، وقد تطلب ذلك تقسيم الجزيرة إلى أحياء مجمعة معاً وقادرة على تحقيق الاستدامة ذاتياً من الناحية الاقتصادية، وهي ترتبط ببعضها البعض وبالأماكن الدينية والتجارية على الجزيرة عبر شبكة طرقية معقدة. وقد نتج نمط الاستيطان البشري المميز في جربة من مزيج من العوامل البيئية والاجتماعية والثقافية والاقتصادية، وهو يبين الطريقة التي عمل فيها السكان المحليون على تكييف أسلوب حياتهم مع ظروف بيئتهم الطبيعية الشحيحة المياه.

source: UNESCO/CPE
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杰尔巴:岛屿区域定居模式的见证
该系列遗产见证了公元9世纪前后在杰尔巴岛的半干旱缺水环境中形成的定居模式。其主要特点是密度低:岛屿被划分为经济上自给自足的聚集街区,它们通过完善的道路网络互联,并与岛上的宗教和贸易场所相通。杰尔巴岛独特的人类定居模式通过展示环境、社会文化和经济因素的混合作用,阐释了当地人如何调整生活方式以适应缺水的自然环境。

source: UNESCO/CPE
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Джерба: Свидетельство системы расселения на островной территории
Этот серийный объект является свидетельством поселенческой модели, сложившейся на острове Джерба около IX в. н.э. в условиях полусухой и безводной среды. Низкая плотность населения была его ключевой характеристикой: она предполагала разделение острова на кварталы, сгруппированные между собой, экономически самодостаточные, связанные между собой и с религиозными и торговыми местами острова посредством сложной сети дорог. Возникнув под воздействием совокупности экологических, социокультурных и экономических факторов, характерные поселения Джербы демонстрируют, как местные жители адаптировали свой образ жизни к условиям маловодной природной среды.

source: UNESCO/CPE
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Djerba: Testimonio de un patrón de asentamiento en un territorio insular
Este sitio en serie es testimonio de un modelo de asentamiento que se desarrolló en la isla de Yerba hacia el siglo IX d.C., en medio de un entorno semiseco que presenta escasez de agua. La baja densidad ha sido su característica clave: consistió en la división de la isla en barrios agrupados, económicamente autosuficientes, que estaban conectados entre sí y con los lugares religiosos y comerciales de la isla, a través de una compleja red de caminos. Resultado de una mezcla de factores medioambientales, socioculturales y económicos, el característico asentamiento humano de Yerba demuestra la forma en que la población local adaptó su estilo de vida a las condiciones de su entorno natural, caracterizado por la escasez de agua.

source: UNESCO/CPE
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Valeur universelle exceptionnelle

Brève synthèse

Le bien en série de Djerba : témoignage d'un mode d'occupation d'un territoire insulaire est l’exemple éminent d’organisation spatiale basée sur un schéma de peuplement dispersé et de système socio-économique associé qui ont évolués entre le IXe et le XVIIIe siècle et reflétaient une relation symbiotique entre des communautés de diverses cultures et confessions qui ont coexisté paisiblement à Djerba et adapté leur mode de vie aux conditions et aux restrictions de leur environnement naturel pauvre en eau.

Ce schéma élaboré de peuplement et d’occupation des sols, qui n’était ni totalement urbain ni totalement rural, s’est développé en réponse à une conjugaison de facteurs environnementaux, socio-culturels et économiques, et s’est étendu sur tout le territoire de l’île. Au cœur de ce système était la combinaison des établissements dispersés et de faible densité de type rural (quartiers organisés selon le système de menzel-houma, typique des Ibadites, alliant les lieux de vie aux activités économiques familiales) et des ensembles plus denses de type urbain (quartiers résidentiels habités par les communautés juives et quartier du marché dédié aux échanges commerciaux) qui, ensemble, constituaient une agglomération unique sur l’île.

La houma (quartier), composée d’un certain nombre de menzel (domaine familial), était une entité économiquement autonome qui accueillait des activités agricoles et artisanales, représentant à petite échelle l’organisation sociale et économique de l’ensemble de l’île. Les houma étaient reliées les unes aux autres, ainsi qu’aux lieux de culte de l’île, au principal centre de commerce et d’échanges, et aux quartiers résidentiels, par un réseau de routes élaboré.

L’orientation défensive de Djerba a profondément influencé son architecture. Le houch (une unité d’habitation) de forme massive au sein de menzel était dépourvu d’ouvertures sur l’extérieur et flanqué de tours angulaires. Les nombreuses mosquées de l'île ont aussi été construites en raison de l’insécurité permanente. Avec leurs formes trapues et ramassées, leurs façades ponctuées de meurtrières et leurs terrasses au pourtour crénelé, elles étaient souvent des lieux de refuge et de résistance. Plusieurs mosquées jalonnent le pourtour du littoral, à portée de voix les unes des autres, pour constituer une première ligne de défense avancée et des points de surveillance et d’alerte ; d’autres, fortifiées et d’allure massive, forment une seconde ligne de défense arrière ; d’autres encore, parfois troglodytiques pour servir essentiellement de refuge, était dispersées à l’intérieur des terres.

Ce mode d’utilisation traditionnelle du territoire insulaire combiné aux éléments de la vie quotidienne des habitants, guidés par un impératif de défense et d’autosuffisance, rappellent les périodes tumultueuses de l’histoire millénaire de Djerba et offrent aujourd’hui une remarquable illustration de l’adaptation de la population aux contraintes de son environnement.

Critère (v) : Djerba : témoignage d'un mode d'occupation d'un territoire insulaire est un exemple éminent d’organisation spatiale basée sur un schéma de peuplement dispersé qui s’est étendu sur tout le territoire de l’île de Djerba. Le système socio-économique induit par ce mode distinctif de peuplement et d’occupation des sols, qui partageait des caractéristiques urbaines et rurales et dépendait de la complémentarité des activités économiques, est un témoignage exceptionnel de l’interaction humaine avec l’environnement pauvre en eau, et de l’adaptation de la population locale aux contraintes et défis de l’insularité. Il est devenu vulnérable sous l’effet des mutations socio-culturelles et économiques qui résultent du développement contemporain, rendant par là même sa sauvegarde d’une extrême importance.

Intégrité

Malgré les bouleversements sociaux, culturels et économiques que l'île a connus au cours des dernières décennies dus, entre autres, à l’essor de l’industrie touristique, l’évolution des modes de transport et d’habitat et l’abandon partiel de l’agriculture, Djerba a conservé, d’une manière générale, son intégrité, bien que celle de certains éléments constitutifs individuels a été compromise. L’intégrité du bien pourrait être renforcée par l’inclusion, dans ses limites, des zones côtières inhabitées et des oliveraies, étayant ainsi la justification de la valeur universelle exceptionnelle de Djerba. Les composantes du système de menzel-houma ainsi que les fragments de la trame du réseau viaire reliant les houma sont toujours compréhensibles à travers les éléments constitutifs du bien pour illustrer le caractère dispersé des établissements de type rural. Les ensembles plus denses de type urbain qui ont vu évoluer leur tissu urbain, ont également conservé assez d’éléments structurels et architecturaux pour exprimer leurs caractéristiques principales. L’état de conservation de la plupart des mosquées, régulièrement restaurées, est satisfaisant ou acceptable, tout comme celui des autres éléments architecturaux majeurs du bien tels que les fondouks (établissements d’hébergement de type caravansérail) ou autres édifices religieux (la synagogue La Ghriba et les églises catholique et orthodoxe). Les conditions d’intégrité générales du bien restent fragiles et nécessitent une vigilance accrue et la mobilisation de tous les acteurs qui veillent à sa sauvegarde.

Authenticité

En dépit d’importantes mutations, Djerba : témoignage d'un mode d'occupation d'un territoire insulaire a conservé son authenticité. Le schéma d’occupation des sols et de peuplement original peut encore être confirmé dans les éléments constitutifs, bien que l'authenticité des houma était compromise par les subdivisions de parcelles. Les composantes architecturales du bien ont majoritairement conservé leurs formes et leurs matériaux mais leurs fonctions initiales ont été modifiées pour plusieurs d’entre eux. Quelques menzel continuent à assurer leur fonction d’origine, un grand nombre d’entre eux étant utilisés comme résidences secondaires. De nombreuses mosquées continuent d’être utilisées comme lieux de culte, mais ont perdu leur fonction de centres communautaires, d’institutions éducatives ou de structures de surveillance et de défense. Dans les ensembles de type urbain, le processus de gentrification peut être observé, où les espaces résidentiels sont transformés à des fins touristiques. Le paysage naturel qui fait partie du bien a subi des perturbations.

Éléments requis en matière de protection et de gestion

Djerba : témoignage d'un mode d'occupation d'un territoire insulaire étant une série complexe d’espaces publics et privés de différentes typologies, mais aussi de nombreux édifices répondant à différentes fonctions, sa protection juridique repose sur l’association de plusieurs instruments réglementaires qui couvrent non seulement le tissu urbain et le bâti, mais aussi les zones côtières, les terres agricoles, les politiques de l’environnement et du développement du tourisme.

Le Code du patrimoine archéologique, historique et des arts traditionnels (adopté le 24 février 1994) assure la protection des ensembles historiques et traditionnels et des monuments historiques. Sur les vingt-quatre monuments inclus dans les limites du bien, huit bénéficient d’une protection juridique au titre de monuments historiques nationaux. Un processus légal est en cours afin d'accorder aux monuments restants une protection juridique suffisante. Leurs dossiers sont en préparation et seront soumis à la Commission nationale du patrimoine (décret n°1475 du 24 juillet 1994). Les sept sites du bien (cinq représentant des portions d’établissements dispersés et de faible densité de type rural, et deux intégrant des parties de centres de type urbain, notamment les parties du centre historique de Houmt-Souk et les vestiges d’un quartier résidentiel de Hara Sghira) bénéficieront d’un décret créant des aires protégées conformément au Code du patrimoine (art. 6) et au Code de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme (CATU).

Le Code de l'urbanisme (adopté le 28 novembre 1994) accorde un haut niveau de protection à l'île de Djerba dans son intégralité, fondé sur la production de documents juridiques de planification pertinents et des restrictions de zonage particulières. L’élaboration en cours d’un Schéma directeur d’aménagement de la zone sensible de l’île de Djerba (SDAZS) adapté est le cadre principal pour une protection intégrée et un développement durable de l'île tout en assurant la sauvegarde du bien.

La Loi sur les terres agricoles (décret de 1983) est un outil indispensable à la protection et la gestion des établissements dispersés et de faible densité, ainsi que des terres agricoles incluses dans le bien. Cette mesure de protection a été renforcée par l’établissement de la Carte agricole en 1985. La protection des zones côtières est garantie par la Loi n°95-73 du 24 juillet 1995 sur le Domaine public maritime (DPM), dont les servitudes sont fixées par le Code de l'aménagement du territoire et de l’urbanisme (CATU) et la Loi n°75-16 du 31 mars 1975, promulguant le Code de l’eau et le Domaine public hydraulique (DPH).

Des efforts sont à poursuivre pour améliorer le système de gouvernance du bien et créer des structures de gestion adéquates qui prendront en considération les différents détenteurs de droits et parties prenantes, ainsi que dans la mise en place de mesures de conservation urgentes pour la préservation du bien.

S’agissant du système de gestion du bien, la consultation menée au sein du Gouvernement et avec les autorités régionales et locales a conduit à l’adoption, par le ministère des Affaires culturelles, d’un instrument pour assurer une coopération fructueuse entre tous les acteurs publics et privés concernés. Cet outil consiste en deux décrets ministériels, l’un établissant le Comité de pilotage du bien impliquant tous les ministères et les instances régionales et locales concernés ; l’autre établissant l’Unité de gestion du bien, en tant qu’organe opérationnel exécutif, formé d’une équipe pluridisciplinaire de représentants locaux des institutions nationales et régionales, sélectionnés en fonction de leur expertise et de leur expérience.

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