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Histoire

Créer la réconciliation : le pont de Mostar

Pendant le conflit qui a déchiré l’ex-Yougoslavie dans les années 1990, le magnifique Vieux pont de Mostar, en Bosnie-Herzégovine, a été complètement détruit.

Le 9 novembre 1993, après des bombardements incessants, l’élégante structure s’est désintégrée et est tombée dans la rivière Neretva. La communauté internationale a appris la nouvelle avec consternation. Sa reconstruction sous les auspices de l’UNESCO représente un événement marquant dans la protection du patrimoine. Elle a créé un précédent dans les processus de consolidation de la paix, et montre que notre patrimoine commun peut être une base pour la cohésion sociale, l’intégration et la citoyenneté.

Joyau de l’architecture ottomane, le Stari Most (vieux pont) a été construit en 1566 par un élève du grand architecte Sinan, sur ordre du Sultan Soliman le Magnifique. Un explorateur du XVIIe siècle l’a décrit comme un « arc-en-ciel », « jeté de rocher en rocher aussi haut que le ciel ». Le Stari Most était un élément déterminant de l’identité de Mostar en tant que paysage urbain, et sa destruction lui a donné encore plus de sens. Le pont en ruine est devenu le symbole de la destruction insensée du patrimoine dans le monde moderne.

Il est également devenu un puissant symbole de réconciliation et de solidarité humaine. Le Vieux pont ne permettait pas seulement de traverser la rivière, il était le « pont de l’amitié » qui reliait les différents habitants de la ville – Bosniaques, Croates, Serbes, musulmans, juifs et chrétiens orthodoxes.

L’idée de sa reconstruction est apparue immédiatement après la chute du pont, dans l’appel lancé par l’UNESCO le 10 mars 1994 en faveur de la « reconstruction du Stari Most ». Le sujet a fait l’objet de plusieurs consultations entre l’UNESCO et des experts bosniaques. Le grand débat portait sur l’authenticité : le pont en ruine devait-il être préservé comme un mémorial, reconstruit avec des matériaux modernes, ou reproduit pour ressembler le plus possible à l’original ? Finalement, les habitants de Mostar et le public bosniaque voulaient une réplique exacte, pour réaffirmer leurs valeurs profanées.

© Jan Furstenborg. Les travaux de fondation ont commencé en juin 2001 et les travaux de reconstruction, dans le respect des méthodes de construction du XVIe siècle, ont été finalisés en 2002.

Le projet de reconstruction du Vieux pont et de restauration de son environnement a été lancé à l’UNESCO en juillet 1998 dans le cadre d’un partenariat entre l’UNESCO, la Banque mondiale et la ville de Mostar. Un comité scientifique soutenu par l’UNESCO, une unité de mise en oeuvre du projet avec des responsables locaux financés par la Banque mondiale, et un fonds d’affectation spéciale multidonateur ont été mis en place sous l’égide de la Fondation Stari Most, créée à cet effet.

L’appel conjoint de l’UNESCO, de la Banque mondiale et des autorités de Mostar a reçu une réponse de cinq pays donateurs – la Croatie, la France, l’Italie, le Pays-Bas et la Turquie – ainsi que de la Banque de développement du Conseil de l’Europe. Alors que la Banque mondiale s’est occupée de l’organisation financière et que la ville de Mostar a déboursé les fonds, l’UNESCO était principalement responsable de la coordination technique et scientifique.

Les travaux ont commencé en 1999 et se sont poursuivis jusqu’en 2004. Le comité scientifique s’est réuni tous les six mois pour superviser la conception et la reconstruction. Le groupe de travail General Engineering de Florence et Omega Engineering de Dubrovnik ont mené les recherches.

Les blocs de pierre du nouveau pont proviennent de la même carrière locale utilisée au XVIe siècle pour la construction originale. À la fin, les vestiges du Vieux pont et les structures médiévales mis au jour ont été exposés pour préserver la mémoire multicouche du site.

Le Quartier du Vieux pont de la vieille ville de Mostar a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en juillet 2005, au nom de « la solidarité humaine pour la paix et une coopération solide face à des situations catastrophiques écrasantes ».

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