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Décision 44 COM 8B.17
Le phare de Cordouan (France)

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné les documents WHC/21/44.COM/8B et WHC/21/44.COM/INF.8B1,
  2. Inscrit Le phare de Cordouan, France, sur la Liste du patrimoine mondial sur la base des critères (i) et (iv);
  3. Adopte la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :

    Brève synthèse

    Édifié en pleine mer sur un plateau rocheux situé aux confins de l’océan Atlantique et de l’estuaire de la Gironde, dans un environnement inhospitalier, dangereux et difficile d’accès, ce qui est aussi sa raison d’être, le phare de Cordouan sert depuis le XVIe siècle de signal aux navires commerçant entre Bordeaux et le monde.

    Sa tour en grand appareil de pierre de taille, ornée de pilastres, de colonnes et de sculptures s’élève sur huit niveaux à 67 mètres au-dessus de la mer. Elle résulte de deux campagnes de construction complémentaires au XVIe siècle, puis au XVIIIe siècle pour perfectionner les capacités techniques du phare, toujours en activité. Le phare de Cordouan a été pensé comme un véritable monument, tant dans son programme et son expression stylistique que dans l’ingénierie déployée.

    La construction initiale fut engagée en 1584 par l’ingénieur Louis de Foix, selon la volonté du roi de France, Henri III. Henri IV, cherchant à conforter sa légitimité, développa à la frontière du royaume un programme original et inattendu : des appartements pour le roi et une chapelle. Support d’une pensée politique manifestée devant toutes les puissances maritimes européennes et les communautés locales, le phare de Cordouan s’affirme ainsi comme un monument-phare dédié au pouvoir royal. L’exhaussement du phare de 1788 à 1789 par l’ingénieur Joseph Teulère ne remit pas en cause ce programme et s’adapta à la forme architecturale inventée au XVIe siècle par Louis de Foix.

    Outre la forme, la qualité de style est exceptionnelle. L’inspiration de la tour de Louis de Foix est clairement antique et italienne, évoquant en pleine mer les formes des mausolées romains, les dômes et les traits les plus éloquents du maniérisme de la Renaissance. Quant à Joseph Teulère, il réalisa avec le langage du néo-classicisme de la fin du XVIIIe siècle un chef-d’œuvre absolu de stéréotomie à la française.

    Le phare de Cordouan, compris dans sa monumentalité délibérée, est une création grandiose et unique, où le génie humain n’est pas seulement architectonique, stylistique et technique mais aussi symbolique et conceptuel.

    Critère (i) : Le phare de Cordouan constitue un chef-d’œuvre de la signalisation maritime du XVIIe siècle à nos jours. Depuis sa construction, ce phare a représenté un tribut symbolique à la gloire du roi de France de l’époque. Au XVIIIe siècle, Joseph Teulère exhaussa et renforça le phare. L’application magistrale de la stéréométrie et de la stéréotomie a assuré une intégration superbe des ajouts au tissu existant, confirmant également sa fonction symbolique. Cet édifice est érigé au sein d’un environnement naturel hostile, ce qui conforte son statut d’exemple éminent de l’ingéniosité artistique, technique et technologique humaine.

    Critère (iv) : Le phare de Cordouan représente de façon exemplaire les grandes phases de l’histoire des phares. Il fut construit avec l’ambition de perpétuer la tradition des phares célèbres de l’Antiquité et témoigne de l’art de la construction des phares pendant une période de développement de la navigation, entre le XVIe et le XVIIe siècle, quand les phares avaient un rôle important en tant que marqueurs territoriaux et dispositifs de sécurité. Enfin, son exhaussement à la fin du XVIIIe siècle et les modifications apportées à sa lanterne témoignent des avancées scientifiques et technologiques de l’époque. Grâce à sa renommée, le phare de Cordouan a été le lieu de plusieurs expérimentations visant à améliorer les capacités d’aide à la navigation des phares.

    Intégrité

    Le phare de Cordouan présente de bonnes conditions d’intégrité. Sa perception monumentale a toujours orienté, dans la continuité de Louis de Foix, les différentes interventions architecturales et techniques nécessaires à sa fonction de signal maritime. L’exhaussement de sa tour tronconique au XVIIIe siècle par l’ingénieur Joseph Teulère, si elle a transformé la silhouette originale, s’inscrit dans le respect du phare initial en préservant son programme symbolique, chapelle et appartements du roi. La monumentalité solitaire du phare de Cordouan est un élément majeur de son intégrité.

    Authenticité

    Le phare de Cordouan est structurellement authentique et il est toujours utilisé selon sa fonction d’origine. Son authenticité n’a cependant de sens qu’en prenant en compte sa situation géographique au sein d’un environnement maritime et météorologique extrême imposant des rénovations constantes. Cette authenticité doit également être considérée dans la perspective d’un établissement de signalisation maritime actif, nécessitant des adaptations techniques régulières. De même, les restaurations des XIXe et XXe siècles n’ont impacté que légèrement l’authenticité du phare avec l’aménagement des bâtiments annulaires et la restauration des espaces intérieurs. Ainsi, le monument conserve sa force plastique et symbolique tout en connaissant une modernisation de sa fonction technique afin de maintenir son activité.

    Éléments requis en matière de protection et de gestion

    Classé monument historique depuis 1862, le phare de Cordouan, propriété de l’État, bénéficie des mesures de conservation financées et directement mises en œuvre par le ministère de la Culture. La protection du bien est donc assurée au titre du Code du patrimoine, du Code de l’environnement et du Code général de la propriété des personnes publiques. Le maintien et la gestion des éléments fonctionnels du phare incombe à la Direction interrégionale de la mer Sud-Atlantique. L’ensemble du périmètre du bien – à l’exception du phare de Cordouan en tant que tel – se situe au sein du parc naturel marin de l’estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis et est à ce titre couvert par son plan de gestion, Enfin le domaine public maritime au sein duquel est compris le périmètre du bien (à l’exception du phare) bénéficie d’un principe d’inconstructibilité, ne pouvant faire l’objet que d’aménagements ponctuels nécessitant des autorisations d’occupation du domaine public.

    La zone tampon du bien est quant à elle concernée, à terre, par diverses mesures de conservation, de protection, de valorisation et de planification (loi littoral, monuments historiques, sites classés et inscrits, sites patrimoniaux remarquables, SCoT et PLU) qui concourent, au titre du Code du patrimoine et du Code de l’environnement, à la préservation de l’environnement et du paysage du bien. L’élaboration d’un plan paysage est inscrite au plan de gestion. Les parties de la zone tampon situées en mer sont, elles, concernées par les mêmes mesures que les parties naturelles situées dans le périmètre du bien.

    Le phare est aujourd’hui affecté au ministère de la Transition écologique et solidaire, tandis que les parties naturelles du bien font partie du domaine public maritime. Le SMIDDEST (Syndicat mixte pour le développement durable de l’Estuaire de la Gironde) a développé un projet de gestion, de valorisation touristique et d’animation du site de Cordouan et organise à titre onéreux la visite du phare, des espaces dédiés à ce projet et du plateau environnant le site. Le SMIDDEST est également tenu d’en assurer le gardiennage pour prévenir tout vandalisme ou dégradation de l’ouvrage mais aussi toute dégradation de la biodiversité faunistique et floristique de ses parties naturelles.

    Le système de gestion s’articule autour d’une Commission locale pour le patrimoine mondial qui devrait remplacer la commission de pilotage locale mise en place pour la proposition d’inscription. Le fonctionnement, l’efficacité et les résultats positifs du plan de gestion dépendent largement d’une coordination constante, solide et adaptée en permanence entre toutes les autorités, organisations et instances techniques concernées. Le rôle de la Commission locale du patrimoine mondial, et en particulier du SMIDDEST, est donc essentiel. Un plan de gestion a été élaboré sur la base des objectifs et des actions prévues par tous les acteurs principaux ; un engagement formel de toutes les parties concernées pour mettre en œuvre ses dispositions renforcera le système de gestion en place.

  4. Recommande que l’État partie prenne en considération les points suivants :
    1. conformément aux dispositions de la loi 2016‑925, informer rapidement toutes les autorités de planification des objectifs et de la teneur du plan de gestion du bien afin de garantir la mise en conformité rapide des SCoT et des PLU relatifs au bien et à sa zone tampon,
    2. veiller à ce que le processus de révision des SCoT et des PLU soit achevé dès que possible,
    3. renforcer le système de gestion par un engagement formel des principales parties prenantes au niveau national, régional et local en faveur de la mise en œuvre du plan de gestion actualisé,
    4. veiller à ce qu’aucune concession d’extraction de gravier ne soit renouvelée ou délivrée au sein du bien et de sa zone tampon tant que le système hydrosédimentaire de l’estuaire de la Gironde n’est pas davantage étudié pour permettre une évaluation précise des impacts négatifs potentiels,
    5. garantir la mise à disposition de ressources suffisantes pour poursuivre les recherches sur le système hydrosédimentaire de l’estuaire de la Gironde,
    6. effectuer un relevé géométrique et architectural rigoureux du phare et le relier à une base de données relationnelle basée sur un SIG pour assurer la gestion de toutes ces informations,
    7. élaborer un « modèle structurel » afin de permettre des études plus approfondies de la stabilité et du comportement structurel du phare sous l’effet des sollicitations externes, notamment de nature dynamique,
    8. envisager de changer le combustible du système d’éclairage pour éviter la présence et l’utilisation de gazole dans un souci de protection de l'environnement ;
  5. Demande à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial d’ici le 1er décembre 2022 un rapport sur la mise en œuvre des recommandations susmentionnées.
Code de la Décision
44 COM 8B.17
Thèmes
Inscriptions sur la Liste du patrimoine mondial
États Parties 1
Année
2021
Documents
WHC/21/44.COM/18
Rapport des décisions adoptées lors de la 44e session étendue du Comité du patrimoine mondial
Contexte de la Décision
WHC-21/44.COM/8B
WHC-21/44.COM/INF.8B1
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