Le Comité du patrimoine mondial,
1. Ayant examiné les documents WHC-08/32.COM/8B.Add et WHC-08/32.COM/INF.8B1.Add,
2. Inscrit les Forêts sacrées de kayas des Mijikenda, Kenya, à l'exception de kaya Kinondo, sur la base des critères (iii), (v) et (vi);
3. Adopte la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante:
Sur les 200 km de long de la province de la côte du Kenya s'étendent, essentiellement sur de petites collines, dix sites distincts densément boisés, dont les tailles varient de 30 à 300 hectares, et où l'on trouve les vestiges des villages fortifiés du peuple Mijikenda, les kayas. Cela représente plus de trente kayas subsistants.
Les kayas commencèrent à tomber en désuétude au début du XXe siècle et sont maintenant révérés comme les conservatoires des croyances spirituelles du peuple Mijikenda et sont considérés comme les demeures sacrées des ancêtres.
Les forêts autour des kayas ont été entretenues par la communauté Mijikenda pour protéger les tombes et les bosquets sacrés, et sont maintenant presque les seuls vestiges de la forêt jadis immense qui couvrait les plaines côtières.
Critère (iii) : Les kayas constituent des points focaux pour les croyances et pratiques religieuses des Mijikenda, passent pour être les demeures ancestrales de leurs différentes peuplades et sont considérés comme des lieux sacrés. À ce titre, ils ont une importance métonymique pour les Mijikenda et constituent une source fondamentale de leur sens d'appartenance au monde et de leur sens du lieu inspirés par le paysage culturel du Kenya contemporain. Ils sont considérés comme un élément caractéristique déterminant de l'identité Mijikenda.
Critère (v) : Depuis leur abandon en tant que lieux favoris de peuplement, on constate un transfert des kayas de l'aspect domestique du paysage Mijikenda à sa sphère spirituelle. Au cours de ce processus, certaines restrictions ont été imposées sur l'accès et l'utilisation des ressources naturelles des forêts. Conséquence directe, la biodiversité des kayas et des forêts environnantes s'est maintenue. Les kayas sont à la fois menacés de l'extérieur et au sein de la société Mijikenda par le déclin des savoirs traditionnels et du respect des pratiques.
Critère (vi) : Les kayas sont maintenant les conservatoires des croyances spirituelles des Mijikenda et sont considérés comme les demeures sacrées de leurs ancêtres. Étant donné la dispersion d''un ensemble de sites sur une grande étendue, ils sont associés aux croyances d'importance locale et nationale, voire régionale, car ils dépassent les frontières du Kenya.
Les kayas font preuve d'authenticité mais les aspects associés aux pratiques traditionnelles sont extrêmement vulnérables. L'intégrité des kayas est subordonnée au caractère intact de leur cadre forestier qui a été compromis par Kaya Kinondo.
La gestion devra respecter les besoins des différents kayas et intégrer la conservation des ressources naturelles et culturelles et des pratiques de gestion traditionnelles et non traditionnelles ; il conviendra d'établir l'autorité des Anciens des kayas.
4. Recommande que l'État partie poursuive et achève le processus d'élaboration de plans des différents sites correspondant aux kayas proposés pour inscription, fournisse le document concernant le plan de gestion et la stratégie, en intégrant la conservation des ressources naturelles et culturelles et les pratiques de conservation et de gestion traditionnelles et non traditionnelles;
5. Demande à l'État partie de:
a) Faire une analyse détaillée de tous les kayas afin d'identifier ceux qui pourraient être ajoutés à la proposition d'inscription en série en temps opportun;
b) Classer les kayas Kambe et le kaya Ribe monuments nationaux;
c) Conclure des accords avec les Anciens des kayas pour les instituer gardiens responsables des Kayas ;
d) Modifier le plan de gestion pour traduire les besoins des kayas proposés pour inscription, en intégrant notamment la conservation des ressources culturelles et naturelles et les pratiques de gestion traditionnelles et non traditionnelles;
e) Trouver des ressources pour la mise en œuvre de la stratégie et du plan de gestion;
f) Localiser les kayas et mettre en place des zones tampons avec une protection contre les principaux dangers associés au développement, en particulier l'extraction minière et la construction de bâtiments, et autres mesures appropriées pour protéger l'ensemble du site;
g) Etablir un relevé cartographique plus détaillé des kayas ;
6. Demande en outre à l'État partie de soumettre un rapport d'ici le 1er février 2009 sur les questions susmentionnées ;
7. Recommande en outre à l'État partie de développer les pratiques traditionnelles de zonage qui s'appliquent à une zone d'utilisation limitée à la périphérie de la forêt des kayas, en mettant en place des zones tampons officielles et d'autres mesures adaptées, comme la protection supplémentaire contre les principaux dangers du développement, dont l'exploitation minière, l'exploitation de carrières et la construction de bâtiments, pour sauvegarder l'environnement des kayas.