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Décision 44 COM 8B.40
Frontières de l’Empire romain – le limes de Germanie inférieure (Allemagne, Pays-Bas)

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné les documents WHC/21/44.COM/8B et WHC/21/44.COM/INF.8B1,
  2. Inscrit les Frontières de l’Empire romain – le limes de Germanie inférieure, Allemagne et Pays-Bas, sur la Liste du patrimoine mondial sur la base des critères (ii), (iii) et (iv);
  3. Adopte la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :

    Brève synthèse

    Les Frontières de l’Empire romain – le limes de Germanie inférieure s’étendaient sur 400 km le long du Rhin inférieur et de la limite nord-est de la province frontalière romaine de Germanie inférieure (basse Allemagne), du Massif rhénan, au sud de Bonn (Allemagne), jusqu’à la côte de la mer du Nord (Pays-Bas). Dès la fin du Ier siècle av. J.-C., et pendant plus de 450 ans, le limes a protégé l’Empire romain des tribus germaniques. Les premières bases militaires ont été construites au cours des dernières décennies av. J.-C. en vue de la conquête des territoires germaniques outre-Rhin. Après l’échec de cette ambition, la rive gauche du fleuve a été transformée en une frontière fortifiée. Des installations militaires de différents types et tailles ainsi que des structures et infrastructures civiles associées ont été construites au bord du fleuve. La frontière a connu le démantèlement progressif de l’Empire romain d’Occident jusqu’au milieu du Ve siècle. Les vestiges de cette frontière illustrent les conséquences importantes de la présence militaire romaine sur le paysage et la société aux confins de l’Empire.

    Le bien en série constitué de 102 éléments constitutifs répartis en 44 ensembles témoigne des innovations apportées par les ingénieurs militaires romains face aux défis posés par le paysage changeant d’un fleuve de plaine, comme en témoignent le positionnement et la conception des installations militaires et les ouvrages de gestion hydraulique. De grandes bases anciennes et de petits bastions plus tardifs sont présents, reflétant l’adaptation stratégique et le développement du génie militaire. Ces premières bases militaires constituent le tout premier stade de la défense linéaire du périmètre de l’Empire romain qui s’est transformée en un système frontalier cohérent s’étendant sur trois continents au IIe siècle apr. J. C.. Les conditions naturelles des zones humides ont favorisé la préservation exceptionnelle du bois et d’autres vestiges organiques, offrant un aperçu inégalé de la construction militaire, de la construction navale, de la logistique et de l’approvisionnement de l’Empire.

    Critère (ii) : Les vestiges subsistants des Frontières de l’Empire romain – le limes de Germanie inférieure constituent des éléments significatifs des frontières romaines présentes en Europe. Avec ses forteresses, ses forts, ses fortins, ses tours de guet de la légion romaine, ses infrastructures connexes et son architecture civile, le bien témoigne d’un important échange culturel à l’apogée de l’Empire romain grâce au développement de l’architecture militaire romaine, propageant les connaissances techniques de construction et de gestion aux confins de l’Empire. Il reflète l’instauration d’un système frontalier complexe pour les sociétés de la partie nord-ouest de l’Empire romain, avec des installations militaires et des établissements civils connexes reliés et soutenus par un vaste réseau. La frontière ne constituait pas une barrière imperméable, mais elle permettait d’assurer le contrôle et la circulation des personnes, y compris les civils et les marchands ; elle a aussi apporté de profonds changements et des évolutions en matière de modèles d’établissements, d’architecture, de conception paysagère et d’organisation spatiale.

    Critère (iii) : En tant que partie du système défensif de l’Empire romain, le limes de Germanie inférieure constitue un témoignage exceptionnel de l’extension maximale du pouvoir de l’Empire romain par la consolidation de ses frontières nord-ouest. La frontière est une manifestation concrète de la politique impériale romaine et de la diffusion de la culture romaine et de ses traditions – militaires, techniques, architecturales, religieuses, administratives et politiques. Le grand nombre d’établissements humains associés aux ouvrages défensifs permet de comprendre comment les soldats et leurs familles vivaient dans cette partie de l’Empire romain.

    Critère (iv) : Les Frontières de l’Empire romain – le limes de Germanie inférieure ont constitué la première frontière linéaire de l’Empire romain, conçue pour pallier l’incapacité de Rome à contrôler ses voisins du nord par la voie diplomatique. Ses installations militaires illustrent l’évolution des grandes bases opérationnelles d’une armée de campagne à des installations plus réduites adaptées à une ligne de frontière étendue. Situées dans ce qui a toujours été une zone humide, avec des conditions de préservation exceptionnelles, les Frontières de l’Empire romain – le limes de Germanie inférieure témoignent des stratégies de gestion hydraulique et des constructions employées par le commandement militaire de l’Empire romain. Les éléments constitutifs recèlent des matériaux organiques et des artefacts qui apportent des informations d’une valeur exceptionnelle pour la compréhension de la vie à la frontière et des traditions disparues telles que la construction navale fluviale.

    Intégrité

    Les éléments constitutifs du bien en série ont été sélectionnés pour représenter la linéarité et les attributs de la frontière, témoignant des premiers aménagements du périmètre défensif. Ils comprennent l’ensemble des installations militaires et des structures associées d’un dispositif frontalier qui permettent d’expliquer son fonctionnement et son développement. L’état général de conservation est bon à très bon. La plupart des matériels et structures archéologiques sont enfouis et ne sont pas exposés à des menaces importantes. Les limites des éléments constitutifs et de leurs zones tampons sont généralement appropriées, bien qu’un certain nombre de révisions mineures des limites et des zones tampons soient recommandées.

    Authenticité

    Les sites archéologiques qui composent les frontières de l’Empire romain – le limes de Germanie inférieure présentent un haut niveau d’authenticité. Presque tous les vestiges ont été enfouis pendant ou peu après la période romaine et ont été protégés des développements ultérieurs. L’authenticité de la forme et de la conception de presque tous les éléments n’a pas été affectée par les évolutions postérieures à la période romaine. Le niveau de préservation des murs de pierre, du bois et des vestiges organiques est élevé. La situation et le cadre des éléments de la frontière ont dans la plupart des cas considérablement changé en raison de l’évolution du cours du Rhin et des modifications de l’occupation des sols, notamment avec l’urbanisation. Le cadre actuel de quatre sites fait écho au paysage romain. Des reconstitutions ont été réalisées dans cinq sites et des visualisations interprétatives ont été établies dans d’autres.

    Éléments requis en matière de protection et de gestion

    Le bien en série transnational est juridiquement protégé par les lois nationales et régionales sur la protection du patrimoine de l’Allemagne (États fédérés de Rhénanie-du-Nord-Westphalie et de Rhénanie-Palatinat) et des Pays-Bas. Sa gestion est coordonnée par un groupe de gestion conjoint néerlandais-allemand supervisé par un Comité intergouvernemental. Ce groupe de gestion conjoint définit les grandes lignes de la gestion et supervise la mise en œuvre des plans de gestion nationaux et l’établissement de rapports périodiques, sur la base d’une déclaration conjointe. L’organisme de gestion coopérera avec les homologues des segments inscrits actuels et futurs des Frontières de l’Empire romain. Le cadre de cette coopération internationale est défini par le Cluster du patrimoine mondial Frontières de l'Empire romain, créé en 2018 pour soutenir la collaboration internationale dans les domaines pertinents pour la gestion globale et le développement des Frontières de l’Empire romain en Europe en tant que patrimoine mondial.

    Le plan de gestion est stratégique et de haut niveau, et présente les éléments nécessaires au cadre commun du bien en série transnational. La plupart des modalités nécessaires seront définies ultérieurement, y compris l’élaboration des plans de gestion des sites individuels. Les recommandations visant à renforcer la gestion comprennent le développement de cadres pour la recherche, l’interprétation et le tourisme durable, ainsi que la mise en place de processus d’études d’impact sur le patrimoine (pour les éléments constitutifs situés en Allemagne). L’élaboration d’orientations en matière de reconstructions et de visualisations devrait progresser grâce aux mécanismes de coopération transnationale établis pour les Frontières de l’Empire romain.

  4. Recommande que les États parties prennent en considération les points suivants :
    1. compléter les procédures de désignation officielle de tous les éléments constitutifs,
    2. fournir un calendrier des révisions mineures convenues concernant les limites et les zones tampons et de toute révision nécessaire des désignations légales et des dispositions de politique municipale,
    3. poursuivre le développement du plan de gestion afin de :
      1. présenter les deux parties nationales dans un format commun pour favoriser la clarté et l’intégration,
      2. confirmer le processus et le calendrier pour l’élaboration en temps voulu des plans de gestion de site pour chacun des éléments constitutifs,
      3. prévoir des mesures actives pour atténuer l’impact de l’agriculture sur les éléments constitutifs (et leurs zones tampons) situés sur des terres agricoles (par exemple Kalkar-Bornsches Feld),
      4. effectuer des études détaillées des gisements et des caves pour tous les éléments constitutifs situés dans les zones urbaines afin de fournir des données de référence sur l’ampleur des vestiges archéologiques subsistants,
    4. mettre au point un accord de gestion officiel inter-agences entre l’Association municipale du service du patrimoine archéologique de Rhénanie (en Rhénanie du Nord-Westphalie) et l’Agence forestière de l’État, accord qui comprendra un plan et une approche d’ensemble pour la gestion de tous les éléments constitutifs situés en forêt,
    5. élaborer une stratégie commune de tourisme durable dans le cadre du système de gestion,
    6. établir des données de référence cohérentes pour chaque élément constitutif et établir une base pour des informations consolidées sur la documentation et la conservation des matériaux culturels mis au jour au sein des sites (y compris les réserves), qui seront accessibles et partagées dans le cadre du système de gestion,
    7. poursuivre la recherche et formuler une étude complète et contextuelle du caractère paysager du corridor fluvial, y compris les modifications qui y ont été apportées pendant et après la période romaine, avec les emplacements connus des établissements dans l’environnement plus large,
    8. soutenir la recherche et l’interprétation continues qui accordent une plus grande place aux peuples historiques des régions du Rhin inférieur, et présenter les interactions et les échanges entre ces peuples et la culture romaine le long de la frontière,
    9. développer la stratégie de recherche globale (2021-2024) pour le limes inférieur dans son ensemble, afin de fournir un cadre aux stratégies nationales et aux partenariats,
    10. assurer qu’un suivi actif des niveaux et de la qualité de l’eau est effectué pour tous les éléments constitutifs/ ensembles comportant des gisements archéologiques gorgés d’eau, et qu’un suivi rigoureux de l’état de conservation de tous les matériaux organiques est entrepris de manière régulière,
    11. prioriser la poursuite du développement du cadre d’interprétation détaillé afin de :
      1. présenter la linéarité et le contexte environnemental du limes de Germanie inférieure, ainsi que le caractère interconnecté des sites individuels,
      2. examiner les projets concernant Dormagen à l’aune du cadre d’interprétation et de présentation du limes de Germanie inférieure,
      3. étudier les possibilités d’interprétation des éléments constitutifs situés dans des zones de conservation de la nature et des zones de protection du paysage, notamment en faisant appel à de jeunes bénévoles fortement intéressés par la conservation de la nature,
    12. élaborer des processus d’étude d’impact sur le patrimoine (EIP) pour les éléments constitutifs situés en Allemagne, conformément au Guide pour les EIP de l’ICOMOS,
    13. soumettre le projet de développement du parc d’activités associé aux éléments constitutifs à Valkenburg-De Woerd à une EIP complète au regard de la valeur universelle exceptionnelle du bien,
    14. établir un processus pour développer un cadre politique global et des orientations concernant les reconstructions et visualisations à travers les mécanismes transnationaux de coopération pour les segments existants et futurs des Frontières de l’Empire romain inscrits sur la Liste du patrimoine mondial.
Documents
WHC/21/44.COM/18
Rapport des décisions adoptées lors de la 44e session étendue du Comité du patrimoine mondial
Contexte de la Décision
WHC-21/44.COM/8B
WHC-21/44.COM/INF.8B1
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