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Décision 39 COM 8B.23
Les climats du vignoble de Bourgogne, France

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné les documents WHC-15/39.COM/8B et WHC-15/39.COM/INF.8B1,
  2. Inscrit Les climats du vignoble de Bourgogne, France sur la Liste du patrimoine mondial en tant que paysage culturel sur la base des critères (iii) et (v) ;
  3. Prend note de la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle provisoire suivante :

    Brève synthèse

    Les climats sont des petites parcelles de vignes précisément délimitées sur les pentes de la côte de Nuits et de la côte de Beaune, s’étendant sur 50 km au sud de Dijon jusqu’aux Maranges. Le bien comprend les éléments qui ont rendu possible le développement et la différenciation des climats par rapport aux caractéristiques et aux qualités des vins qu’ils produisent, et est constituée de deux éléments distincts : le premier élément couvre une série de petites collines portant 1 247 parcelles viticoles – les climats -, chacune identifiée par son propre nom et des données cadastrales, les unités de production associées, les villages ruraux et la ville de Beaune, dont les attributs représentent la dimension commerciale des climats de Bourgogne ; le second élément comprend le centre historique de Dijon, qui matérialise l’impulsion politico-réglementaire donnée à la formation du système des climats.

    Les 1,247 climats matérialisent d’une manière exceptionnelle la relation de longue date des communautés humaines locales avec leur territoire, et leur capacité à identifier, exploiter et distinguer progressivement leurs propriétés géologiques, hydrologiques, atmosphériques et pédologiques et leur potentiel productif depuis le Moyen-Âge. Le processus de construction des parcelles est lié à la fondation des abbayes de Cluny et de Cîteaux, dont l’influence s’est étendue à travers l’Europe, mais aussi aux Ducs de Bourgognes, propriétaires de ces vignes, qui prirent soin de la promotion, de la réglementation et de la gestion de leurs vignes par le biais des règles qu’ils édictèrent.

    Les climats matérialisent un modèle de production viti-vinicole exceptionnel et un conservatoire unique et vivant de traditions viti-vinicoles spécifiques et de savoir-faire techniques qui ont été façonnés par le travail humain pour produire d’infimes subdivisions de parcelles cadastrales où un grand nombre de lieux sont encore clairement identifiables dans le paysage - chemins, murs de pierre, clôtures, murgers - et fixés et réglementés par les lois sur les appellations d’origine depuis 1936. La construction culturelle et historique des climats est liée au développement des installations et des villages sur les côtes, au patrimoine bâti qui matérialise un témoignage matériel de ce processus : les lieux de vie et de production (établissements vinicoles, celliers, établissements au milieu des vignobles et villages, cabottes, etc. ) ; les lieux de pouvoir politique et religieux que l’on trouve en particulier à Dijon (par exemple l’église abbatiale Saint-Bénigne, l’église Saint-Vivant de Vergy, le monastère des Bernardines, le palais des Ducs de Bourgogne, le parlement de Bourgogne, les Archives municipales et la bibliothèque), les lieux associés à la commercialisation du vin (par exemple les maisons de négoce et les celliers) ; et les lieux associés à la recherche et à l’éducation (par exemple la maison Pouffier, les institutions œnologiques de Beaune, le lycée viticole de Beaune) essentiellement concentrés à Beaune. Ces attributs sont complétés par des manifestations immatérielles attestant la vivacité des traditions culturelles vinicoles des climats de Bourgogne (par exemple la vente des vins aux enchères aux Hospices de Beaune, la confrérie des chevaliers du Tastevin, la fête de la Saint Vincent Tournante).

    Critère (iii) : Le système des climats de Bourgogne, en associant les parcelles cadastrales de vignobles, les villages des côtes, les villes de Dijon et Beaune, est un exemple remarquable d’un paysage historique vinicole dont l’authenticité n’a jamais été remise en question au fil des siècles et où la viticulture est encore vivante. La vitalité de cette activité repose sur la transmission aux générations futures de pratiques éprouvées, et de l’accumulation multiséculaire et du savoir-faire dans le domaine de la viticulture. La différenciation des parcelles cultivées et des crus fut rendue possible par l’impulsion politique et commerciale des villes de Dijon et Beaune qui demeurent des centres actifs de la formation scientifique et technique pour la représentation commerciale et institutionnelle. La distinction s’accompagne de la mise en place progressive d’un corpus réglementaire dont l’aboutissement correspond à la création des appellations d’origine contrôlées (AOC) dans la première moitié du XXe siècle.

    Critère (v) : Les climats de Bourgogne attestent la construction historique d’un territoire viticole, dont les parcelles sont précisément délimitées, qui expriment le fait culturel qu’une communauté humaine a choisi la référence du lieu (le climat) et du temps (le millésime) comme marqueur de qualité et de diversité d’un produit qui résulte de l’œuvre conjointe du potentiel naturel et du travail humain. Les climats représentent l’interaction humaine avec un environnement naturel spécifique placée sous les influences des pôles urbains de Dijon et Beaune. La reconnaissance des propriétés spécifiques des parcelles de terre et l’établissement progressif des climats se matérialisent par des limites séparatives toujours en place (clos, amas de pierre, (murgers), haies, chemins, etc. et attestent les spécificités de chaque climat. Le patrimoine bâti des villes de Dijon et Beaune témoignent de la construction de la viticulture : il est constitué d’édifices signifiant le pouvoir et la représentation des institutions qui gouvernent le territoire viticole et sont étroitement liées aux lieux de production et de vie des acteurs de la viticulture. Depuis deux millénaires, la persévérance des hommes alliée au caractère unique des conditions naturelles ont fait de ce site le creuset exemplaire des vignobles de terroirs.

    Intégrité

    Malgré la proximité de l’autoroute A6, la croissance urbaine survenue dans des zones délimitées et quelques modifications du paysage, le bien conserve un niveau d’intégrité satisfaisant. La structure cadastrale n’a jamais été affectée de manière importante comme le démontre les études historiques. L’énergie et l’engagement des propriétaires de vignes garantissent l’entretien des climats, ce qui est dans leur intérêt étant donné la grande importance économique des vignobles, des parcelles elles-mêmes et des vins spécifiques qu’elles produisent, et ont également contribué à maîtriser l’étalement urbain et à conserver la plupart des caractéristiques d’origine des villages et du paysage rural ainsi que la stabilité des propriétés et de l’utilisation des terres. Toutefois, la structure du paysage a subi certains changements, à savoir le reboisement avec des conifères dans des zones laissées en friche, et la réduction de la structure fine du paysage avec la disparition de petits éléments due à la mécanisation, qui requiert un suivi soigneux et des mesures de protection adaptées qui sont dans une large mesure déjà en place ou, lorsqu’elles font défaut, sont en cours d’élaboration et couvriront la totalité du bien en fonction de ses spécificités.

    Authenticité

    Témoin vivant d’un environnement naturel spécifique qui a été valorisé par une communauté humaine stable, l’authenticité des climats de Bourgogne se manifeste par la permanence et la vitalité de la vocation vinicole et viticole millénaire. L’enregistrement cadastral des parcelles de vignes atteste de leur taille, leur localisation et le propriétaire, reflétant d’une manière crédible le processus complexe de formation des climats et la persistance des traditions, des techniques ancestrales et de la gestion des terres agricoles. La continuité de l’utilisation des terres et du parcellaire s’exprime également par les caractéristiques du paysage qui matérialisent l’articulation des climats (par exemples murs de pierre, haies, murgers, chemins, enclos, etc.) et rendent évidentes leur distinction et leur spécificité. La crise du phylloxera à la fin du XIXe siècle – en elle-même une discontinuité qui frappa la culture de la vigne et la fabrication du vin en Europe – renforça la résilience et la persévérance des communautés locales. Les appellations d’origine, créées en 1936, et les cahiers des charges mis en place contribuèrent au maintien des conditions d’authenticité du bien, bien qu’ils aient besoin d’être accompagnés par d’autres mesures ad hoc qui sont en partie en place et en partie en cours de développement et concerneront la totalité du bien. Les pôles urbains de Dijon et Beaune en tant que centres vivants du savoir et de l’éducation technique et scientifique ainsi que pour le marketing et la représentation institutionnelle, partagent la même authenticité et témoignent toujours par leur patrimoine bâti du rôle joué au fil des siècles dans la construction des climats.

    Eléments requis en matière de protection et de gestion

    La protection du bien relève de différents systèmes législatifs, à savoir le code du patrimoine, le code de l’urbanisme, le code de l’environnement, le code rural et le code forestier. Plusieurs zones, territoires et monuments sont déjà visés par des formes spécifiques de protection (sites classés, sites Natura 2000, monuments historiques, abords des monuments, secteurs sauvegardés, aires de valorisation de l’architecture et du patrimoine) et d’autres sont développées et couvriront la totalité du bien pour compléter et achever la protection offerte par les cahiers des charges pour les appellations d’origine existantes, qui agissent aussi en tant qu’outils de gestion. La totalité du bien est concernée par des plans territoriaux intitulés Schémas de Cohérence Territoriale qui offrent un cadre global pour les plans directeurs municipaux et les plans d’occupation des sols : la coordination de leurs objectifs et de leurs outils réglementaires contribue à l’efficacité de l’aménagement territorial également à travers leurs instruments de planification sectorielle. Le cadre de gestion est complété par la signature d’une Charte territoriale par les 53 décideurs locaux, qui les engage à coopérer pour la gouvernance du bien basée sur la valeur, qui est assurée par la Mission climats de Bourgogne. Cette dernière comprend un conseil d’administration – la conférence territoriale – et un dispositif opérationnel – la commission technique permanente, conseillée par une commission scientifique, et un forum participatif de citoyens et de personnes issues de la société civile. Le savoir-faire de la commission repose sur les compétences techniques du personnel des organismes et bureaux existants. Des ressources financières sont allouées pour le fonctionnement de la mission par chaque organe, institution et bureau faisant partie de la mission. Le système de gestion est documenté dans un plan de gestion qui identifie des priorités et un plan d’action stratégique détaillé par des programmes opérationnels spécifiques. L’ensemble des instruments doit garantir le respect et la mise en valeur, si nécessaire, des qualités du paysage et des caractéristiques parcellaires du bien.

  4. Recommande que l’État partie prenne en considération les points suivants :
    1. compléter la protection par le biais d’instruments réglementaires à l’ensemble du bien afin que tous les attributs qui matérialisent l’évolution historique des climats soient protégés ;
    2. finaliser le plan paysager et les cahiers des charges associés pour le secteur des carrières situé à l’intérieur du bien et préparer une étude d’impact sur le patrimoine pour ce projet, conformément aux orientations de l’ICOMOS sur les études d’impact pour les biens culturels du patrimoine mondial ;
    3. développer des stratégies de gestion spécifiques pour la circulation et le tourisme, afin de les intégrer dans le cadre de planification en vigueur ;
    4. poursuivre le processus de coordination et d’harmonisation des objectifs avec le département de Saône-et-Loire concernant les prévisions de la planification et les projets, afin d’éviter des impacts négatifs sur les attributs du bien ;
    5. sensibiliser les collectivités territoriales compétentes à l’amélioration progressive de leurs instruments de planification afin d’assurer l’adaptation rapide des plans locaux d’urbanisme aux objectifs et à la logique des SCOT ;
    6. inclure dans la gestion la notion de diversité bio-culturelle conformément à la CDB - déclaration de l’UNESCO ;
    7. rendre opérationnel le système de gestion de manière à gérer le bien en tant qu’entité unique et paysage culturel, en accordant une attention particulière aux éléments du paysage créés par l’homme ;
    8. étendre le système de suivi aux éléments de la mosaïque paysagère et cartographier ces éléments à une échelle de représentation appropriée aux fins de planification de la conservation et de son suivi ;
    9. garantir, conformément à la législation nationale et notamment au plan de paysage, que les études d’impact relatives aux demandes de renouvellement des concessions de carrières devront démontrer que les impacts visuels ou hydrologiques liés à l’exploitation du sous-sol ne portent pas atteinte à la valeur universelle exceptionnelle du bien ;
  5. Demande à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial d’ici le 1er décembre 2017 un rapport sur la mise en œuvre des recommandations susmentionnées pour examen par le Comité du patrimoine mondial lors de sa 42e session en 2018.
Code de la Décision
39 COM 8B.23
Thèmes
Inscriptions sur la Liste du patrimoine mondial
États Parties 1
Année
2015
Documents
WHC-15/39.COM/19
Décisions adoptées par le Comité du patrimoine mondial lors de sa 39e session (Bonn, 2015)
Contexte de la Décision
WHC-15/39.COM/8B
WHC-15/39.COM/8B.Corr
WHC-15/39.COM/INF.8B1
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