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Décision 39 COM 8B.18
Le paysage culturel de Maymand, République islamique d’Iran

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné le document WHC-15/39.COM/8B.Add et WHC-15/39.COM/INF.8B1.Add,
  2. Rappelant la décision 37 COM 8B.27adoptée lors de sa 37e session (Phnom Penh, 2013) ;
  3. Inscrit Le paysage culturel de Maymand, République islamique d’Iran sur la Liste du patrimoine mondial en tant que paysage culturel, sur la base du critère (v) ;
  4. Adopte la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :

    Brève synthèse

    Maymand est une vallée relativement indépendante située au sud de la chaîne aride des montagnes du centre de l’Iran. Les villageois sont des pasteurs-agriculteurs qui pratiquent un type très particulier de transhumance en trois phases qui s’inscrit dans un environnement désertique sec. Au cours de l’année, les fermiers se déplacent avec leurs animaux dans des établissements définis, traditionnellement quatre et plus récemment trois qui comprennent des habitats troglodytes fortifiés pour les mois d’hiver. Dans trois de ces établissements, les maisons sont temporaires, tandis que dans le quatrième, les maisons troglodytes sont permanentes.

    Les Sar-e-Āghol sont des établissements utilisés de la fin de l’hiver jusqu’à la fin du printemps qui se trouvent sur les champs orientés au sud. Les maisons sont de deux types : les Markhāneh sont des maisons circulaires, semi-enterrées pour les abriter du vent avec des murs bas de pierre sèche et des couvertures en bois et chaume de chardons sauvages ; les Mashkdān sont construites au niveau du sol avec des murs en pierre sèche et un toit conique fait de branchages. Certains des bâtiments pour le bétail sont bien plus importants et sont couverts de toits à voûtes en berceau de brique ou de pierre.

    Les maisons Sar-e-Bāgh sont des maisons implantées près des rivières saisonnières et utilisées pendant l’été et au début de l’automne. Par temps chaud, les structures sont légères. Des murs de pierre sèche soutiennent une charpente de toiture assemblant des pièces de bois verticales et horizontales et recouverte de chaume. Par mauvais temps, des maisons plus solides sont construites, avec des murs en pierre plus hauts et un toit conique. Le bétail est rassemblé dans des enclos en pierre à ciel ouvert. Près des rivières saisonnières autour de ces villages d’été sont situées des terrasses pour cultiver le blé et l’orge et les vestiges ou les ruines à présent de moulins à eau, dont l’un a été restauré. Des fosses pour bouillir et presser le jus de raisin sont toujours utilisées, de même que les Kel-e-Dūshāb qui recueillent le Dūshāb ou sirop de raisin produit.

    Les maisons troglodytiques utilisées en hiver sont creusées dans la roche tendre sur plusieurs niveaux pouvant aller jusqu’à cinq. Environ 400 Kiches ou maisons ont été identifiées, dont 123 sont intactes. Chaque maison possède entre une et sept pièces servant traditionnellement de lieu d’habitation et de stockage.

    Dans ce climat extrêmement aride, traditionnellement chaque goutte d’eau devait être recueillie à diverses sources, telles que les rivières, les sources et les réserves souterraines, et collectées dans des réservoirs ou canalisés via les qanats souterrains pour abreuver les animaux et arroser les vergers et les petits jardins potagers.

    La communauté a un lien fort avec l’environnement naturel qui s’exprime dans des pratiques sociales, des cérémonies culturelles et des croyances religieuses.

    Critère (v) : Le paysage culturel de Maymand, une petite communauté essentiellement auto-suffisante vivant dans une grande vallée, reflète un système de transhumance en trois phases doté d’un habitat hivernal troglodyte inhabituel dans un environnement désertique. C’est un bon exemple d’un système qui semble avoir été plus répandu autrefois et implique le mouvement des personnes plutôt que celui des animaux vers trois aires d’établissement fixe, dont l’une est constituée d’habitations troglodytes.

    Intégrité

    Tous les éléments du paysage reflétant le système agro-pastoral et les habitations permanentes et saisonnières sont inclus dans les délimitations.

    Les éléments constitutifs sont cependant vulnérables, notamment quant à la résilience des systèmes de transhumance. Ils se perpétuent pour le moment, avec une population en déclin. Bien que les petits champs irrigués survivent ils ne sont plus utilisés pour la culture des denrées de base dans le cadre d’une économie auto-suffisante familiale. L’amélioration des communications, par exemple avec les villes voisines, signifie que les fermiers peuvent prendre soin de leurs bêtes et de leurs potagers d’une manière différente qu’auparavant.

    Il en résulte que beaucoup moins de personnes passent l’hiver dans les maisons troglodytiques par rapport à la génération précédente et que les familles utilisant les établissements saisonniers sont nettement moins nombreuses.

    Seules quelque 90 sur les 400 habitations troglodytiques sont habitées en hiver. S’y ajoutent quelques-unes qui ne sont occupées que pendant les fins de semaine, lorsque les habitants reviennent de la ville voisine où ils ont déménagé.

    Le nombre d’Āghols a diminué ces dernières années en raison de la diminution du nombre de pasteurs. Dans le bien, il reste au moins 8 Āghols qui sont encore utilisées par les familles qui ont un cheptel assez important pour assurer leur survie. Deux autres sont abandonnées.

    La plupart des habitations saisonnières sont en grande partie reconstruites à chaque saison et reflètent par conséquent les pratiques traditionnelles qui perdurent depuis des générations. Il s’agit cependant d’une pratique très vulnérable qui pourrait disparaître en l’espace d’une génération si le mode de vie pastoral n’est plus attractif ou suffisamment viable pour la jeune génération.

    Authenticité

    L’authenticité de la plupart des éléments constitutifs du bien fait peu de doute, en ce qui concerne le paysage lui-même et les pratiques traditionnelles qui interagissent avec lui, comme le reflètent les maisons troglodytiques, les abris saisonniers et les structures de collecte de l’eau. Certaines de ces dernières ont été adaptées au cours des dernières décennies et seuls deux des qanats subsistent. Les structures troglodytiques ont subi d’importantes restaurations ces dix dernières années.

    L’authenticité est également vulnérable à un affaiblissement des pratiques traditionnelles qui pourrait conduire à une réduction de la taille de la communauté qui gère le paysage, à davantage de familles ne vivant dans la vallée que pendant les mois d’été, et à l’impact du tourisme en particulier sur les habitations troglodytiques.

    Éléments requis en matière de protection et de gestion

    Le village troglodytique est inscrit sur la liste du patrimoine national, il est protégé par la Loi de protection et de conservation des monuments historiques. Il est entendu que la totalité du bien sera légalement protégée lors de l’inscription comme le sont d’autres biens inscrits en Iran.

    Le bien est également protégé par d’autres lois iraniennes sur la culture et la nature, telles que la Loi civile iranienne qui interdit le transfert de propriété de monuments publics et la propriété privée d’un bien culturel important. La Loi pénale islamique protège aussi le site, car aucune restauration, réparation, rénovation, aucun transfert ni changement de fonction, etc., de bâtiments classés ne peut se faire sans l’accord de l’Organisation iranienne du patrimoine culturel, de l’artisanat et du tourisme. La zone est également soumise à la réglementation concernant le patrimoine naturel qui protège l’environnement naturel.

    Depuis 2001, l’Organisation iranienne du patrimoine culturel, de l’artisanat et du tourisme assume la responsabilité du site et la Base du patrimoine culturel de Maymand a été créée, en étroite relation avec le conseil du village de Maymand et le bureau de l’administration du village de Maymand. Le conseil local gère les affaires quotidiennes en collaboration avec la Base du patrimoine culturel de Maymand. L’administration est actuellement dotée de ressources locales.

    Un plan de gestion présenté dans le dossier de proposition d’inscription d’origine comprenait des réglementations visant le bien. Dans la zone tampon, des plans d’envergure qui peuvent concerner la construction de complexes industriels et des projets d’aménagement tels que la construction d’autoroutes, etc., doivent recevoir l’agrément de l’Organisation iranienne du patrimoine culturel, de l’artisanat et du tourisme.

    Des détails d’un plan étoffé, découlant d’un atelier qui visait à encourager le développement durable pour les communautés locales en établissant des engagements entre elles et les agences nationales et régionales, ont été fournis. Cela concernait la sensibilisation à l’héritage dont elles avaient la charge et la mise en place d’un cadre de développement durable basé sur le soutien et l’encouragement de nouveaux moyens d’ajouter de la valeur aux produits locaux, de même qu’un certain soutien officiel, tel que le drainage des qanats et la vaccination du bétail. Ce plan de développement durable est encore très récent et nécessite visiblement d’être complété par un plan d’action assorti d’un calendrier convenu et de ressources nécessaires.

    Trois autres plans ont également été développés par les départements de l’Université : évaluation des capacités écologiques ; description et étude comparative du mode de vie agro-pastoral ; projet de recherche sur l’impact des sources d’eau et de l’agriculture. Par ailleurs, une équipe locale s’est engagée dans le relevé topographique des activités agricoles tout au long de l’année.

    Malgré ces initiatives et l’engagement de la communauté locale dans un dialogue sur la manière de soutenir les pratiques paysagère dynamiques, il y a des inquiétudes qu’une si petite communauté de quelque 70 familles puisse former une unité résiliente et durable qui conservera vivant le système agro-pastoral de Maymand, même si, à l’avenir, il ne survit pas dans les vallées voisines. L’intégrité et l’authenticité sont donc vulnérables face à l’affaiblissement des pratiques traditionnelles.

    Le développement durable devra sans aucun doute exploiter les opportunités appropriées du tourisme. Il est nécessaire de planifier la manière dont le tourisme pourrait être géré afin qu’il soutienne les traditions locales plutôt que de leur nuire, et qu’il évite la muséification du village et la perte des traditions agro-pastorales.

  5. Recommande que l’État partie prenne en considération les points suivants :
    1. confirmer qu’une protection légale a été mise en place pour la totalité du bien, comme pour d’autres biens inscrits en Iran ;
    2. entreprendre de plus amples travaux pour mettre au point le cadre de développement durable et l’intégrer au plan de gestion par le biais d’un plan d’action agréé doté des ressources nécessaires ;
    3. développer et mettre en œuvre un plan de tourisme culturel qui définisse des paramètres afin de garantir que le tourisme sera géré de manière à soutenir et non pas détruire les traditions locales et les activités agro-pastorales et à éviter la muséification du village troglodyte ;
    4. mettre à disposition les résultats des rapports et des recherches spécialisés qui ont été entrepris sur le paysage de Maymand ;
    5. travailler étroitement avec d’autres États parties, en particulier ceux de la région, pour promouvoir le concept de paysages culturels désertiques.
Code de la Décision
39 COM 8B.18
Thèmes
Inscriptions sur la Liste du patrimoine mondial, Valeur universelle exceptionnelle
Année
2015
Documents
WHC-15/39.COM/19
Décisions adoptées par le Comité du patrimoine mondial lors de sa 39e session (Bonn, 2015)
Contexte de la Décision
WHC-15/39.COM/8B.Add
WHC-15/39.COM/INF.8B1.Add
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