Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné les documents WHC-15/39.COM/8B et WHC-15/39.COM/INF.8B1,
- Inscrit le Jardin botanique de Singapour, Singapour, sur la Liste du patrimoine mondial en tant que paysage culturel sur la base des critères (ii) et (iv) ;
- Adopte la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :
Brève synthèse
Le jardin botanique de Singapour est situé au cœur de la ville de Singapour et montre l’évolution d’un jardin botanique tropical britannique à caractère colonial, d’abord jardin d’agrément dans le style paysager anglais, en un jardin économique colonial disposant d’équipements de recherche horticole et botanique, puis en un jardin botanique moderne de premier ordre, une institution scientifique et un espace de conservation récréatif et pédagogique. Le jardin botanique de Singapour est un paysage culturel bien défini qui comprend une grande variété d’éléments paysagers, de plantations et d’édifices historiques montrant clairement l’évolution du jardin botanique depuis sa création en 1859. Grâce à son aménagement paysager préservé et à la pérennité de sa mission, le jardin botanique de Singapour est un exemple exceptionnel de jardin botanique tropical britannique qui a également joué un rôle important dans les progrès des connaissances scientifiques, particulièrement dans les domaines de la botanique et de l’horticulture tropicales, y compris le développement de la culture de l’hévéa.
Critère (ii) : Le jardin botanique de Singapour est un centre de recherche botanique pour l’Asie du Sud-Est depuis le XIXe siècle, qui a contribué de manière importante au développement de la culture de l’hévéa au XXe siècle, et qui continue de jouer un rôle majeur dans l’échange des idées, des connaissances et de l’expertise en botanique tropicale et en sciences de l’horticulture. Alors que les jardins botaniques de Kew (Royaume-Uni) ont fourni les semis de départ, le jardin botanique de Singapour a réuni les conditions de plantation, de développement et de distribution à une grande partie de l’Asie du Sud-Est et à d’autres parties du monde.
Critère (iv) : Le jardin botanique de Singapour est un exemple exceptionnel de jardin botanique tropical britannique d’origine coloniale et est remarquable par son aménagement paysager préservé et la pérennité de sa mission depuis sa création.
Intégrité
Le jardin botanique de Singapour comprend tous les attributs nécessaires pour exprimer sa valeur universelle exceptionnelle et englobe intégralement la disposition originelle du jardin botanique. L’association de divers attributs spécifiques – arbres et végétaux historiques, conception du jardin, édifices et structures historiques – illustre les missions importantes du jardin botanique de Singapour au cours de son histoire. L’intégrité du bien pourrait être encore renforcée grâce à l’élaboration de nouvelles dispositions en matière de remplacement et de préservation des végétaux importants.
Authenticité
L’authenticité du jardin botanique de Singapour est démontrée par sa fonction continue en tant que jardin botanique et espace de recherche scientifique. L’authenticité des vestiges matériels situés au sein du bien est illustrée par les arbres historiques bien documentés sur le plan scientifique et d’autres plantations (y compris des spécimens de végétaux historiques), les éléments historiques de l’aménagement spatial et les édifices/structures historiques qui sont utilisés selon leur fonction d’origine ou adaptés à de nouveaux usages compatibles avec leurs valeurs.
Eléments requis en matière de protection et de gestion
La majeure partie du jardin botanique de Singapour est un parc national, et les autres désignations comprennent une zone de conservation, une zone de conservation des arbres et une zone naturelle (qui s’applique à la zone de forêt tropicale humide). On dénombre 44 arbres du patrimoine au sein du bien, et divers édifices/structures protégés comme les maisons 1 à 5 de l’ancien collège Raffles, le pavillon Raffles, la maison d’E.J.H. Corner, le pavillon Burkill, le pavillon Holttum, le pavillon Ridley, la maison 6, le garage, le kiosque à musique et le belvédère du lac des Cygnes.
Le jardin botanique est avant tout protégé par la loi sur l’urbanisme de Singapour, qui règlemente la conservation et le développement et impose la délivrance de permis pour les aménagements ou travaux nouveaux. Le plan conceptuel de Singapour oriente la planification stratégique sur une période de 40 à 50 années et la planification de l’occupation des sols à Singapour est assurée par l’URA, l’autorité nationale d’aménagement territorial et de conservation. L’occupation des sols, le zonage et les politiques d’aménagement pour Singapour sont établis dans un plan directeur statutaire (2014) préparé dans le cadre de la loi sur l’urbanisme. Le plan directeur est revu régulièrement et contient des dispositions de contrôle spécifiques aux plans de développement qui fournissent des règles en matière de hauteur et de localisation des nouveaux aménagements ainsi que des principes de conservation pour les édifices protégés et leur environnement.
Les terrains situés au sein de la zone tampon sont désignés comme « zones foncières d’habitat » (y compris les aires de Good Class Bungalow), avec des orientations sur la hauteur et la forme des constructions des aménagements résidentiels dans de telles zones. Selon ces orientations, les aménagements situés au sein de la zone tampon proposée doivent généralement être de faible hauteur et de faible densité ; toutefois, ce dispositif serait renforcé si la désignation de « zone foncière d’habitat » s’appliquait à l’intégralité de la zone tampon.
Un plan de gestion du jardin botanique de Singapour a été préparé, dont l’objectif premier est d’assurer la protection efficace, la conservation, la présentation et la transmission des attributs de la valeur universelle exceptionnelle du site. Le plan fournit le cadre général de la gestion coordonnée du bien.
- Recommande que l’État partie prenne en considération les points suivants :
- renforcer la protection de la zone tampon en la désignant intégralement « zone foncière d’habitat », ou en instaurant d’autres mesures appropriées qui peuvent limiter la hauteur des nouvelles constructions ;
- renforcer les mesures de conservation en améliorant la fréquence des inspections des édifices historiques ;
- élaborer des indicateurs de suivi du développement et du tourisme à la lumière des impacts croissants de ces menaces potentielles ;
- garantir que toute nouvelle proposition de développement soit soumise au Centre du patrimoine mondial pour examen, conformément au paragraphe 172 des Orientations;
- formuler une politique de collection des végétaux vivants et une politique d’acquisition et de remplacement des végétaux.