Faites une recherche à travers les informations du Centre du patrimoine mondial.

Administration
Assistance internationale
Budget
Communauté
Communication
Conservation
Convention du patrimoine mondial
Credibilité de la Liste du ...
Inscriptions sur la Liste du ...
Liste du patrimoine mondial en péril
Listes indicatives
Mécanisme de suivi renforcé
Méthodes et outils de travail
Orientations
Partenariats
Rapport périodique
Rapports
Renforcement des capacités
Valeur universelle exceptionnelle








Décision 41 COM 8B.23
Taputapuātea (France)

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné les documents WHC/17/41.COM/8B et WHC/17/41.COM/INF.8B1,
  2. Inscrit Taputapuātea, France, sur la Liste du patrimoine mondial en tant que paysage culturel sur la base des critères (iii), (iv) et (vi);
  3. Adopte la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :

    Brève synthèse

    Taputapuātea est un paysage culturel, terrestre et marin, sur l’île de Raiatea. Raiatea est au centre du « Triangle polynésien », une vaste portion de l’océan Pacifique parsemée d’îles, la dernière partie du globe à avoir été peuplée par les sociétés humaines. Au cœur du bien se trouve l’ensemble du marae Taputapuātea, un centre politique, cérémoniel, funéraire et religieux. Cet ensemble est positionné entre terre et mer, à l’extrémité d’une péninsule qui s’avance dans le lagon entourant l’île. Les marae sont des espaces sacrés, cérémoniels et sociaux, que l’on rencontre partout en Polynésie. Dans les îles de la Société, les marae ont pris la forme de cours pavées quadrilatérales, avec une plateforme rectangulaire à une extrémité, appelée un ahu. Ils exercent simultanément de nombreuses fonctions.

    Au centre de l'ensemble du marae Taputapuātea se trouve le marae Taputapuātea lui-même, qui est dédié au dieu ‘Oro et est l’endroit où le monde des vivants (Te Ao) croise le monde des ancêtres et des dieux (Te Pō). Il exprime également le pouvoir et les relations politiques. L’importance croissante de Taputapuātea parmi les marae de Raiatea et dans la région plus large est liée à la dynastie des ari’i (chefs) Tamatoa et à l’expansion de leur pouvoir. Taputapuātea était le centre d’une alliance politique qui réunissait deux régions étendues, englobant la majeure partie de la Polynésie. L’alliance fut maintenue grâce aux rassemblements réguliers de chefs, de guerriers et de prêtres qui venaient d’autres îles pour se réunir à Taputapuātea. La construction de pirogues à balancier et la navigation sur l’océan furent des compétences essentielles pour entretenir ce réseau.

    Un paysage traditionnel borde les deux côtés de l’ensemble du marae Taputapuātea, celui-ci étant tourné vers Te Ava Mo'a, une passe sacrée dans le récif qui borne le lagon. Le motu Atāra est un îlot du récif, qui offre un habitat aux oiseaux marins. Les embarcations arrivant de haute mer attendaient ici avant d’être conduites dans la passe sacrée, puis officiellement accueillies à Taputapuātea. Côté terre, ’Ōpoa et Hotopu’u sont des vallées boisées cernées par des crêtes et la montagne sacrée Tea’etapu. Les parties hautes des vallées comptent des marae plus anciens, comme le marae Vaeāra’i et le marae Taumariari, des terrasses agricoles, des vestiges archéologiques d’habitations et des caractéristiques portant des noms associés à des dieux et des ancêtres. La végétation des vallées est constituée d’un mélange d’espèces, certaines étant endémiques de Raiatea, d’autres étant présentes dans d’autres îles polynésiennes, et d’autres encore étant des espèces alimentaires apportées par d’anciens Polynésiens pour y être cultivées. Les attributs du bien forment dans leur ensemble un paysage culturel relique, terrestre et marin, associatif et exceptionnel.

    Critère (iii) : Taputapuātea illustre de manière exceptionnelle 1 000 ans de civilisation mā’ohi. Cette histoire est représentée par l’ensemble du marae Taputapuātea en bordure de mer et la diversité des sites archéologiques dans les hautes vallées. Cet ensemble reflète l’organisation sociale avec des paysans vivant dans les hautes terres et des guerriers, des prêtres et des rois établis près de la mer. Il témoigne également de la compétence de ce peuple en matière de navigation sur des pirogues à balancier, franchissant de longues distances sur l’océan, grâce à l’observation de phénomènes naturels, et transformant les îles nouvellement occupées en des lieux qui couvraient les besoins de leur population.

    Critère (iv) : Taputapuātea offre des exemples éminents de marae : des temples avec des fonctions cultuelles et sociales, construits par le peuple mā'ohi du XIVe au XVIIIe siècle. Les marae étaient les points d’intersection entre le monde des vivants et celui des ancêtres. Leur forme monumentale reflète la concurrence entre les chefs ari’i pour obtenir prestige et pouvoir. Le marae Taputapuātea est lui-même une expression concrète de l’alliance capitale formée par sa hiérarchie de chefs et le culte qui lui était associé, des pierres de ce marae étant transportées sur d’autres îles pour y fonder d’autres marae du même nom.

    Critère (vi) : En tant que foyer ancestral de la culture polynésienne, Taputapuātea revêt une importance exceptionnelle pour les peuples de la Polynésie tout entière, par la manière dont il symbolise leurs origines, les relie à leurs ancêtres et en tant qu’expression de leur spiritualité. Ces idées et connaissances vivantes sont inscrites dans les paysages terrestres et marins de Raiatea et, en particulier, dans les marae pour les rôles centraux qu’ils jouèrent autrefois.

    Intégrité

    Le bien est un paysage culturel relique et associatif dont les attributs sont matériels (sites archéologiques, lieux associés à une tradition orale, marae) et immatériels (récits des origines, cérémonies et savoir traditionnel). Il est un exemple exceptionnel de la juxtaposition et de la continuité de valeurs anciennes (traditionnelles) et modernes (contemporaines) du peuple mā'ohi et de sa relation avec le paysage naturel. Le bien comprend tous les éléments nécessaires pour exprimer la valeur universelle exceptionnelle. La zone tampon est appropriée et ne contient aucun élément qui devrait être situé dans le bien.

    Authenticité

    Des informations crédibles et objectives confirment l’authenticité des principaux attributs physiques du bien. Les sources immatérielles et les traditions orales du peuple mā'ohi sont variées et se renforcent également mutuellement. Il existe une convergence entre les connaissances orales et les sources documentaires basées sur des témoignages laissés par les premiers explorateurs et missionnaires. En somme, ces facteurs démontrent que les informations sont authentiques. Les efforts entrepris ces dernières années par la communauté pour recueillir des connaissances relatives au bien et transmettre le savoir traditionnel ont renforcé l’authenticité du paysage culturel. Certains marae de l’ensemble du marae de Taputapuātea ont été restaurés, mais le plan de cet ensemble et la plupart des matériaux eux‑mêmes sont d’origine.

    Éléments requis en matière de protection et de gestion

    L’ensemble du marae Taputapuātea est protégé depuis 1952 en vertu de la loi de la Polynésie française et a été récemment classé comme monument historique. Un système de protection et de planification, appelé une Zone de site protégé, qui est en train d’être mis en place devrait couvrir l’ensemble du bien et de la zone tampon. Un comité directeur oriente la gestion du bien depuis 2012. Ce comité s’emploie à créer une structure de gestion permanente pour le bien et un plan de gestion a été adopté en 2015. Le plan préservera les sites de mémoire qui témoignent de l’ancienne civilisation mā’ohi, protégera les marae, maintiendra les environnements terrestres et marins du paysage culturel et du paysage maritime et préservera et transmettra des connaissances et compétences traditionnelles. Un secrétariat composé de trois personnes gérera le bien, de concert avec un bureau doté de personnel et le comité directeur.

  4. Recommande également que l’État partie prenne en considération les points suivants :
    1. Approuver l’avant-projet de plan de gestion du paysage pour l’ensemble du marae Taputapuātea,
    2. Compléter les points en suspens spécifiés dans le plan d’action y compris une étude sur les visiteurs, une étude sur la santé du récif corallien et l’écologie, une étude sur la géomorphologie côtière de l’ensemble du marae, des mesures pour atténuer l’élévation du niveau de la mer, la gestion écologique du domaine et de la vallée haute, et le suivi du changement écologique à long terme,
    3. Dispenser une formation en matière de politiques et pratiques de conservation et restauration de sites archéologiques et des marae et adopter une politique et/ou un manuel pour la restauration,
    4. Finaliser l’établissement de la Zone de site protégé afin qu’elle couvre la zone tampon du bien comme prévu,
    5. Entreprendre des recherches sur la géomorphologie côtière et le transport des sédiments par l’action des vagues. Des menaces pesant sur le littoral et des mesures visant à protéger l’ensemble du marae Taputapuātea doivent être identifiées et des interventions proposées. L’élévation du niveau de la mer doit être intégrée en tant que facteur dans ces recherches ;
  5. Recommande également la création d’un plan pour la gestion écologique du bien, avec une attention particulière portée au domaine d’Aratā’o, au récif et au lagon, aux effets d’espèces exotiques envahissantes et au suivi du changement écologique à long terme.
Code de la Décision
41 COM 8B.23
Thèmes
Inscriptions sur la Liste du patrimoine mondial
États Parties 1
Biens 1
Année
2017
Documents
WHC/17/41.COM/18
Décisions adoptées lors de la 41e session du Comité du patrimoine mondial (Cracovie, 2017)
Contexte de la Décision
WHC-17/41.COM/8B
WHC-17/41.COM/INF.8B1
top