Interview
Tamás Fejérdy est un architecte hongrois. Après avoir complété une maîtrise en architecture à l’Université Technique de Budapest en 1970, il s’est spécialisé en conservation du patrimoine en suivant le premier stage UNESCO-ICOMOS sur la préservation des villes historiques en 1978, avant de compléter des études de troisième cycle en conservation des monuments à l’Université Technique de Budapest en 1981.
Il a complété sa thèse sur la protection des sites et des ensembles historiques en Hongrie en 1984. Il obtient finalement le titre de Doctor of Liberal Arts à l’Université de Pécs en 2009. Entre 1976 et 2013, il a occupé différents postes de direction dans l’organisation d’État responsable de la préservation des monuments en Hongrie. Il est également maître de conférences dans plusieurs universités de Hongrie, où il enseigne notamment sur le patrimoine mondial et sur la protection légale et institutionnelle du patrimoine culturel.
Tamás Fejérdy a présidé la session du Comité du patrimoine mondial en 2002 à Budapest. Membre de l’ICOMOS depuis 1983, il en a été vice-président entre 2005 et 2008. Il a également été à la tête du Comité international des villes et villages historiques (CIVVIH) de 1992 à 2002. Il a conduit plusieurs missions d’évaluation pour des sites proposés pour inscription sur la Liste du patrimoine mondial (Kutna Hora, Weimar, Graz, Kazan, Gjirocastra). Par ailleurs, il a participé à plusieurs réunions internationales d’importance telles que les deux réunions de Nara en 1994 et en 2004. Il a aussi contribué à la rédaction de la Charte internationale pour la sauvegarde des villes historiques (Charte de Washington) en 1987. De lui, on peut lire « Approaching 40 years old: World Heritage now and its Possible Future » dans Conserving the authentic: essays in honour of Jukka Jokilehto (ICCROM Conservation Studies 10, ICCROM, 2009), et « The Intangible Dimension of Tangible Heritage : A Hungarian Approach », dans les Actes de la Conférence internationale sur la sauvegarde du patrimoine culturel matériel et immatériel : Vers une approche intégrée tenue en 2004 à Nara, au Japon.
Les extraits audio suivants sont issus d’une entrevue menée avec Tamás Fejérdy par Christina Cameron en mai 2018 à Budapest. L’interviewé y relate son expérience en tant que président du Comité du patrimoine mondial et déplore les conséquences de la politisation de la Convention. Il s’attarde également à quelques décisions marquantes du Comité ayant influencé la mise en œuvre de la Convention, que ce soit par rapport à l’implantation de politiques spécifiques (Stratégie globale, rotation des membres du Comité) ou à des sites en particulier. Finalement, il souligne l’importance de la synergie entre patrimoine matériel et immatériel.
Sous la direction de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine bâti à l'Université de Montréal, une équipe internationale de chercheurs mène des entretiens avec des pionniers du patrimoine mondial afin de recueillir les moments importants de l'histoire de la Convention de l'UNESCO.
Lancé en 2006, cette initiative fait partie du projet Histoire de l'UNESCO qui a célébré le 60e anniversaire de la création de l'UNESCO. Le projet d'archives orales enregistre le témoignage précieux des personnes étroitement liées à la création et à la mise en œuvre de la Convention. Leurs souvenirs et leurs perspectives ont considérablement enrichi le livre par Christina Cameron et Mechtild Rössler, La convention du patrimoine mondial : la vision des pionniers (les Presses de l’Université de Montréal, 2017).