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La Cite Iranienne de Bam figure parmi les 34 nouveaux sites inscrits sur la liste du Patrimoine Mondial

samedi 3 juillet 2004
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Les riches vestiges archéologiques de la cité iranienne de Bam, où 26 000 personnes ont perdu la vie lors du tremblement de terre du 26 décembre 2003, ont été inscrits aujourd’hui sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Douze autres sites ont été inscrits ce 2 juillet par le Comité du patrimoine mondial, réuni à Suzhou pour sa 28e session. La Liste du patrimoine mondial compte désormais 788 sites culturels, naturels et mixtes.

Le paysage culturel de Bam a été inscrit à la fois sur la Liste du patrimoine mondial et sur la Liste du patrimoine mondial en péril. Le Sous-Directeur général de l’UNESCO pour la culture, Mounir Bouchenaki, a exprimé la volonté du Directeur général de l’Organisation, Koïchiro Matsuura, de poursuivre les efforts en vue de sauvegarder le patrimoine culturel de la cité dévastée.

Les experts de l’ICOMOS (Conseil international des monuments et des sites) qui présentaient au Comité le paysage culturel de Bam, ont affirmé que les riches vestiges archéologiques de Bam ont été sévèrement touchés par le tremblement de terre mais moins endommagés que la ville nouvelle.

Située dans un environnement désertique, à la lisière sud du haut plateau iranien, Bam était au carrefour d’importantes routes de la soie et du coton. On peut retracer ses origines jusqu’à la période achéménide (VIe au IVe siècle avant J.C.). Elle connut son apogée du VIIe au XIe siècle. Bam s’est développée dans une oasis créée essentiellement grâce à un ancien système de gestion des eaux souterraines (qanāts) qui fonctionne toujours. Les principaux vestiges du site se trouvent dans l’enceinte de la citadelle (Arg-e Bam) qui contient 38 tours de guet, les quartiers du gouverneur, la ville historique de Bam, avec sa mosquée du VIIIe ou IXe siècle, une des plus vieilles d’Iran. Arg-e Bam est l’exemple le plus représentatif d’une ville médiévale fortifiée construite selon une technique vernaculaire, à l’aide de couches de terre. Suite aux destructions, les archéologues ont découvert de nouvelles traces de l’histoire du lieu, dans l’Arg lui-même et dans ses territoires avoisinants, notamment des vestiges d’anciens peuplements et de systèmes d’irrigation datant au moins de la période parthe-hellénistique du IIe siècle avant J.C.

Le paysage culturel de Bam représente un témoignage exceptionnel du développement d’un peuplement marchand où se marient diverses influences dans un environnement désertique de l’Asie centrale. Il constitue un témoignage remarquable de l’utilisation d’une combinaison de couches de terre (Chineh) et de briques de terre (Khesht). Les qanāts illustrent l’interaction de l’homme et d’un environnement désertique.

Les 34 sites (29 culturels et 5 naturels) inscrits au cours de cette session par les 21 membres du Comité du patrimoine mondial portent à 788 le nombre de sites de la Liste du patrimoine mondial (611 sites culturels, 154 sites naturels et 23 sites mixtes dans 134 pays). Pour la première fois, un site islandais a été inscrit aujourd’hui. Andorre, la République populaire démocratique de Corée, Sainte Lucie et le Togo ont également fait leur entrée sur la Liste cette année.

Voici les nouveaux sites inscrits aujourd’hui par le Comité du patrimoine mondial :

  • Allemagne – Vallée de l’Elbe à Dresde. Le paysage culturel des XVIIIe et XIXe siècles de la vallée de l’Elbe à Dresde s’étend sur quelque 18 km le long du fleuve, du palais d’Übigau et des champs d’Ostragehege au nord-ouest jusqu’au Château de Pillnitz et à l’île sur l’Elbe au sud-est. Ses prairies basses servent d’écrin au Château de Pillnitz et au centre de Dresde, où abondent parcs et monuments surgis entre le XVIe et le XXe siècle. Le site comprend également des villas et des jardins des XIXe et XXe siècles. Les terrasses sur les coteaux sont toujours en partie consacrées à la viticulture, et certains villages anciens ont conservé leur structure d’époque, et des éléments datant de la révolution industrielle, notamment la « Merveille Bleue », un pont en acier de 147 m. de long (1891-1893), le monorail funiculaire suspendu (1898-1901) et le funiculaire (1894-1895). Les bateaux à vapeur (le plus ancien remonte à 1879) et le chantier naval (vers 1900) sont toujours en activité.
  • Allemagne – L’Hôtel de ville et la statue de Roland sur la place du marché de Brême. L’Hôtel de ville et la statue de Roland sur la place du marché de Brême au nord-ouest de l’Allemagne constituent des témoignages exceptionnels de l’autonomie civique et des droits de marché qui caractérisèrent le Saint Empire romain germanique. L’ancien bâtiment de l’hôtel de ville a été construit en style gothique au début du XVe siècle, après que Brême soit devenue membre de la Ligue hanséatique. Le bâtiment a été remanié au début du XVIIe siècle dans le style appelé Renaissance de la Weser. Un nouvel hôtel de ville, construit à côté de l’ancien au début du XXe siècle, fait partie d’un ensemble épargné par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. La statue, haute de 5,5 m., remonte à 1404.
  • Allemagne et Pologne – Parc de Muskau/Parc Muzakowski. Ce parc paysager de 559,90 ha, situé de part et d’autre de la Neisse et de la frontière germano-polonaise, a été créé par le Prince Hermann von Pückler-Muskau entre 1815 et 1844. S’inscrivant harmonieusement dans le paysage agricole environnant, ce parc inaugura de nouvelles conceptions paysagères et influença le développement de l’architecture paysagère en Europe et en Amérique. Conçu comme un « tableau de verdure », il ne cherchait pas à évoquer un paysage classique, une image de l’Eden ou quelque perfection perdue, mais exploitait la flore locale pour exalter les qualités intrinsèques du paysage existant. Ce paysage intégré se prolonge jusqu’à la ville de Muskau, avec des zones de verdure constituant des parcs urbains qui encadraient les zones urbanisées. La ville devenait ainsi une des composantes d’un paysage utopique. Le site comprend également un château reconstruit, des ponts et un arboretum.
  • Islande – Parc National de Þingvellir. Þingvellir (Thingvellir) est le site en plein air de l’Althing – assemblée plénière représentant l’ensemble de l’Islande – qui s’est tenu à partir de 930 et jusqu’en 1798. Durant une session annuelle qui durait une quinzaine de jours, l’assemblée élaborait des lois – conçues comme des pactes entre hommes libres – et réglait les différends. Pour la population islandaise, l’Althing est un lieu aux profondes résonances historiques et symboliques. Situé sur une zone volcanique active, l’ensemble comprend le Parc National du Þingvellir ainsi que les vestiges de l’Althing proprement dit , soit des fragments de quelque 50 cabanes de tourbe et de pierre. Il devrait subsister des vestiges du Xe siècle enfouis sous terre. Le site comprend également des vestiges de l’activité agricole au cours des XVIIIe et XIXe siècle, ainsi que l’église de Thingvellir et une ferme adjacente, et une population d’ombles chevaliers dans le Lac Thingvallavatn. Le parc est un témoignage d’aménagement du paysage sur une période d’un millénaire.
  • Italie – Nécropoles étrusques de Cerveteri et Tarquinia. Ces deux grandes nécropoles étrusques reflètent divers types de pratiques funéraires entre le IXe et le Ier siècle avant J.C. et comptent parmi les plus beaux témoignages du monde étrusque. C’est la première fois que cette civilisation urbaine du nord de la Méditerranée apparaît sur la Liste du patrimoine mondial. Certaines tombes du site sont monumentales, taillées dans la roche et surmontées d’impressionnants tumuli. Nombre d’entre elles comportent des bas-reliefs, tandis que d’autres renferment de remarquables peintures murales. La nécropole proche de Cerveteri, connue comme Banditaccia, comprend des milliers de tombes disposées selon un plan quasi urbain, avec des quartiers, rues et petites places. Les tombes sont de divers types : tranchées creusées dans le roc, tumuli, ou d’autres taillées dans la roche en forme de cabane ou de maison avec un luxe de détails architecturaux. Elles constituent l’unique témoignage qui nous soit parvenu de l’architecture résidentielle étrusque. La nécropole de Tarquinia, également appelée Monterozzi, contient 6000 tombes creusées dans la roche. Elle est célèbre pour ses 200 tombes peintes, dont les plus anciennes remontent au VIIe siècle avant J.C.
  • Italie – Vallée de l’Orcia. Le paysage de la vallée de l’Orcia fait partie de l’arrière-pays agricole de Sienne, redessiné et aménagé lors de sa colonisation par la ville aux XIVe et XVe siècles de façon à refléter un modèle idéalisé d’occupation des sols, tout en créant une image esthétiquement agréable. Les qualités esthétiques du paysage, avec ses plaines de craie d’où s’élèvent des collines presque coniques, au sommet desquelles se regroupent des peuplements fortifiés, ont inspiré quantité d’artistes. Leurs oeuvres illustrent la beauté des paysages agricoles gérés avec le génie de la Renaissance. L’inscription comprend : un paysage agraire et pastoral colonisé et planifié qui reflète des systèmes novateurs d’occupation des sols, plusieurs villes et villages, des fermes et la Via Francigena, une voie romaine avec les abbayes, auberges, sanctuaires, ponts, qui y sont associés.
  • Lituanie – Site archéologique de Kernavé (Réserve culturelle de Kernavé). Le site de Kernavé, dans l’est de la Lituanie à 35 km environ de Vilnius, représente le témoignage exceptionnel d’établissements humains dans la région sur une période de 10 000 ans. Situé dans la vallée de la Neris, le site est un ensemble complexe de biens archéologiques, englobant la ville de Kernavé, des forts, des installations non fortifiées, des sites funéraires et d’autres monuments archéologiques depuis la fin du paléolithique jusqu’au Moyen-Age. Le site conserve les traces d’anciennes occupations des sols ainsi que les vestiges de cinq collines fortifiées qui faisaient partie d’un système de défense d’une envergure exceptionnelle. Au Moyen-Age, Kernavé était une ville féodale importante. Elle fut détruite par l’ordre Teutonique à la fin du XIVe siècle, mais le site est resté en activité jusqu’à l’époque moderne.
  • Mexique – Maison-atelier de Luis Barragán. Construite en 1948, la maison-atelier de Luis Barragán dans la banlieue de Mexico constitue un exemple exceptionnel du travail créateur de l’architecte dans la période qui suit la Seconde Guerre mondiale. Le bâtiment de béton, d’une superficie totale de 1161 m2, comprend un rez-de-chaussée et deux étages ainsi qu’un petit jardin privatif. L’œuvre de Barragán associe des courants et éléments artistiques modernes et traditionnels en une nouvelle synthèse qui a exercé une influence considérable, notamment sur la conception contemporaine des jardins, des places et des paysages.
  • Portugal – Paysage de la culture viticole de l’île de Pico. Le site de 987 ha situé sur l’île volcanique de Pico, la deuxième de l’archipel des Açores par la taille, consiste en un remarquable réseau de longs murs de pierre largement espacés, courant parallèlement à la côte et remontant vers l’intérieur de l’île. Ces murs ont été érigés pour protéger du vent et de l’eau de mer des milliers de petits enclos (currais) rectangulaires, accolés les uns aux autres. La présence de cette viniculture, dont les origines remontent au XVe siècle, est manifeste dans cet extraordinaire assemblage de petits champs, dans les maisons et les manoirs du début du XIXe siècle, ainsi que dans les caves, les églises et les ports. Ce paysage modelé par l’homme, d’une beauté extraordinaire, est le meilleur témoignage qui subsiste d’une pratique autrefois beaucoup plus répandue.
  • Royaume-Uni – Liverpool – Port Marchand. Six zones dans le centre historique et des bassins du port marchand de Liverpool témoignent du développement de l’un des grands centres du commerce mondial aux XVIIIe et XIXe siècles. La ville joua un rôle important dans l’essor de l’Empire britannique et devint le principal point de passage des mouvements migratoires vers l’Amérique, notamment des esclaves et des émigrants. Liverpool fut la pionnière du développement de la technologie portuaire moderne, des systèmes de transport et de la gestion portuaire. Le site comporte un grand nombre d’édifices commerciaux, civils et publics importants, notamment St George’s Plateau.
  • Serbie-et -Monténégro – Monastère de Dečani. Le monastère de Dečani, au pied de la chaîne montagneuse de Prokletije à l’ouest de la province du Kosovo, fut édifié au milieu du XIVe siècle pour le roi serbe Stefan Dečanski. Son mausolée y est installé. Le monastère illustre la dernière période importante de l’architecture byzantino-romane dans les Balkans, et l’église est la plus grande de toutes les églises médiévales de la région. Son intérieur est presque entièrement recouvert de remarquables peintures byzantines en bon état de conservation, avec plus de 1000 représentations de saints. Elle renferme également de nombreuses sculptures romanes. Le sol de marbre, d’origine, est bien conservé, de même que le mobilier et l’iconostase principale du XIVe siècle. Le trésor de Dečani est le plus riche de Serbie avec, notamment, quelque 60 icônes exceptionnelles datant du XIVe au XVIIe siècle. Le monastère constitue une synthèse exceptionnelle des traditions byzantine et occidentale.
  • Suède – Station radio Varberg. La station radio Varberg, à Grimeton dans le sud-ouest de la Suède (construite en 1922-24), exceptionnellement bien conservée, est un monument des débuts de la communication transatlantique sans fil. Le site comporte le matériel de transmission, y compris le système d’antennes avec ses 6 pylones de 127 m. de haut. Bien qu’ils ne soient plus utilisés régulièrement, les équipements ont été conservés en état de marche. Sur 109,9 ha, on trouve les bâtiments qui abritent l’émetteur Alexanderson original, dont les pylônes portant les antennes, des transmetteurs d’ondes courtes avec leurs antennes, ainsi qu’une zone résidentielle comportant les logements de fonction du personnel. L’architecte Carl Åkerblad a dessiné le bâtiment principal en style néoclassique, et les pylônes, les plus hauts construits en Suède à l’époque, sont l’œuvre de l’ingénieur Henrik Kreüger. Le site offre une illustration exceptionnelle du développement des communications ; c’est la seule survivante des grandes stations de transmission radio basées sur les techniques antérieures à l’ère de l’électronique./li>

Les autres sites culturels inscrits depuis le début de la réunion de Suzhou sont les suivants : La Vallée du Madriu-Claror-Perafita (Andorre) ; Palais royal des expositions et jardins Carlton (Australie) ; Capitales et tombes de l’ancien royaume Koguryo (Chine) ; Ensemble du couvent de Novodievitchi (Fédération de Russie) ; Parc archéologique de Champaner-Pavagadh (Inde) ; Gare Chhatrapati Shivaji (Inde) ; Pasargades (République Islamique d’Iran) ; Sites sacrés et chemins de pèlerinage dans les monts Kii (Japon) ; Um er-Rasas (Kastron Mefa’a) (Jordanie) ; Pétroglyphes du paysage archéologique de Tamgaly (Kazakhstan) ; Tombeau des Askia (Mali) ; Ville portugaise de Mazagan (El Jadida) (Maroc) ; Paysage culturel de la vallée de l’Orkhon (Mongolie) ; Vegaøyan – Archipel de Vega (Norvège) ; Ensemble des tombes de Koguryo (République populaire démocratique de Corée) ; Koutammakou, le pays des Batammariba (Togo).

Lors de cette session du Comité du patrimoine mondial, cinq nouveaux sites naturels ont également été inscrits : Aires protégées de la Région florale du Cap (Afrique du Sud) ; Fjord glacé d’Ilulissat (Danemark) ; Système naturel de la Réserve de l’île Wrangel (Fédération de Russie) ; Patrimoine des forêts tropicales de Sumatra (Indonésie) ; Zone de gestion des Pitons (Sainte Lucie). Ce qui porte à 154 le nombre de sites naturels inscrits sur la Liste du patrimoine mondial.

Le Comité, présidé par Zhang Xinsheng, vice-ministre chinois de l’Education et Président de la Commission nationale chinoise pour l’UNESCO, va continuer ses travaux jusqu’au 7 juillet, notamment en examinant l’état de conservation des sites « d’une valeur universelle exceptionnelle ». Dans ce cadre, il réexaminera la Liste du patrimoine mondial en péril.

Pour plus d’information, consulter https://whc.unesco.org ou http://portal.unesco.org/dossiers/suzhou

samedi 3 juillet 2004
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