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L'UNESCO réunit les gestionnaires des sites du patrimoine mondial marin pour examiner les expéditions novatrices d'ADN environnemental et les efforts des citoyens en matière de science

lundi 5 mai 2025 à 12:00
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Campagne pilote d'échantillonnage de l'ADN environnemental dans le Golfe de Porto : calanche de Piana, golfe de Girolata, réserve de Scandola, site du patrimoine mondial (France). © UNESCO/Raw Visuals LTD

Le 30 avril 2025, les gestionnaires des 51 sites du patrimoine mondial marin de l'UNESCO se sont réunis en ligne avec des experts de l'UNESCO pour examiner les résultats de l'initiative pionnière de l'UNESCO - les « expéditions d'ADN environnemental (ADNe) » - et pour échanger des expériences de première main impliquant des scientifiques citoyens dans cet effort inédit au niveau mondial.

Les expéditions d'ADNe de l’UNESCO représentent le premier cas d'utilisation mondiale pour la détection de la biodiversité de l'océan avec la science citoyenne en utilisant des approches partagées de collecte d'ADN environnemental. Pendant trois ans, plus de 250 volontaires, dont certains n'avaient que six ans au moment de l'échantillonnage, ont collecté des échantillons d'ADN environnemental dans 21 sites classés au patrimoine mondial marin de l'UNESCO et répartis dans 19 pays. Cet effort a permis aux écoliers et aux communautés locales de contribuer à la recherche sur la biodiversité marine et de comprendre l'impact local du changement climatique sur leur site inscrit au patrimoine mondial marin.

L'objectif de la réunion en ligne était de partager avec les gestionnaires des sites du patrimoine mondial marin de l'UNESCO - qu'ils aient ou non participé à l'initiative - les enseignements tirés et les idées de première main sur la manière dont l'ADN environnemental, associé à la science citoyenne, peut améliorer la surveillance de la biodiversité marine dans les aires marines protégées, en particulier face aux menaces que le changement climatique fait peser sur l'océan dans son ensemble.

La coordinatrice scientifique de l'initiative, basée au sein du bureau d'Echange international de données et d'informations océanographiques (IODE) de la Commission océanographique intergouvernementale (COI) de l'UNESCO, programme en charge du Système d'information sur la biodiversité des océans (OBIS), a présenté une vue d'ensemble de l'initiative des expéditions d'ADNe. La présentation a mis en évidence les résultats globaux des 19 pays participants et a souligné les plans futurs pour soutenir l'échantillonnage continu de l'ADN environnemental et l'engagement de la science citoyenne dans les sites du patrimoine mondial marin de l'UNESCO. Publiés en décembre 2024, les résultats globaux ont révélé l'identification de plus de 4 400 espèces marines, dont plusieurs espèces de requins et de raies, de mammifères marins et de tortues. Parmi ces espèces, 120 sont classées comme vulnérables, en danger ou en danger critique d'extinction sur la Liste rouge de l'UICN. Fait remarquable, la campagne d'ADN environnemental a permis de détecter 10 à 20 % de la faune marine locale attendue sur chaque site d'échantillonnage - un résultat qui, avec les méthodes d'étude traditionnelles, aurait nécessité des efforts prolongés et des ressources financières considérables.

Un autre résultat majeur du programme a été une analyse parallèle de l'impact sur le climat, qui a permis d'évaluer les limites thermiques des espèces détectées à l'aide de scénarios de températures océaniques projetées pour l'avenir. Les résultats indiquent que dans certaines régions tropicales, jusqu'à 100 % des espèces pourraient être affectées, soulignant le besoin urgent d'une gestion adaptative en réponse à l'augmentation du stress thermique sur la vie marine.

Des gestionnaires de sites classés au patrimoine mondial marin de l'UNESCO ont fait part de leur expérience en matière de campagnes locales d'échantillonnage de l'ADN environnemental. Une représentante du site du patrimoine mondial du Parc national des Everglades (États-Unis d'Amérique) a souligné la valeur de l'ADN environnemental en tant qu'outil complémentaire aux méthodes traditionnelles de suivi de la présence des espèces dans le site. La campagne d'échantillonnage de l'ADN environnemental soutenue par l'UNESCO a impliqué des lycéens locaux dans des activités pratiques d'échantillonnage, faisant le lien entre l'apprentissage en classe et les efforts de conservation dans le monde réel. Les parents ont également participé, renforçant ainsi l'implication de la communauté. Actuellement, l'ADN environnemental est utilisé dans le parc pour surveiller la biodiversité globale, y compris pour détecter des espèces envahissantes comme les pythons de Birmanie.

Le site du patrimoine mondial du Parc de la zone humide d’iSimangaliso (Afrique du Sud) a expliqué que la campagne sur l'ADN environnemental était une première pour le site et les écoles locales. Les lycéens et les enseignants ont été formés aux techniques d'échantillonnage de l'ADNe, en mettant l'accent sur la sécurité et le respect de protocoles précis. La campagne a permis de familiariser les élèves avec les sciences marines et de souligner l'importance de la précision dans la collecte des données. Certaines espèces clés n'ayant pas été détectées, la campagne a mis au jour d'importantes lacunes dans les données et a renforcé l'importance de la recherche continue et de la collaboration entre les gestionnaires des aires marines protégées et la communauté scientifique.

La Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO compte aujourd'hui 51 sites marins répartis dans 37 pays. En raison de leur statut d’aires marines protégées les plus emblématiques au monde, les sites du patrimoine mondial marin de l’UNESCO occupent une position unique pour stimuler le changement et l'innovation, aider à établir de nouvelles normes mondiales d'excellence en matière de conservation et s’ériger en tant que lueurs d'espoir dans un océan en pleine mutation.

Cette réunion en ligne a été rendue possible grâce au soutien de l'Office français de la biodiversité (OFB).

 

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