Faites une recherche à travers les informations du Centre du patrimoine mondial.

Auschwitz : Accord historique à l’UNESCO entre les États successeurs de la Yougoslavie

lundi 12 février 2024 à 11:00
access_time Lecture 5 min.

À la veille de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l'Holocauste, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, la Macédoine du Nord, le Monténégro, la Serbie et la Slovénie ont signé un accord historique au siège de l'UNESCO pour la rénovation du Bloc 17 du Mémorial et Musée d'Auschwitz-Birkenau. Il prévoit aussi l’installation d’une nouvelle exposition permanente commune sur l'Holocauste en ex-Yougoslavie et le sort des personnes juives et non juives déportées.

Ce sont quatorze années de négociations diplomatiques qui portent enfin leurs fruits. Cet accord historique vient combler un vide, une absence de mémoire sur le site même où ces horreurs se sont déroulées. Il témoigne de notre engagement commun à tirer les leçons du passé et à panser les plaies de l'histoire qui transcendent les frontières et les générations. L'UNESCO, organisation des Nations Unies en charge de l'enseignement de l'Holocauste et des génocides, est fière de devenir la dépositaire de cet accord, en tant que gardienne vigilante de la vérité face à l'altération de la réalité historique. 

Le Bloc 17 de l'ancien camp d'Auschwitz I a été construit en 1941 par ses détenus pour accueillir un nombre croissant de prisonniers du camp allemand nazi de concentration et d’extermination. À mesure que le mécanisme d’extermination s'accélérait, ses sombres murs devinrent un monument empreint de tourment et de désespoir. La plupart des 20 000 déportés de Yougoslavie sont passés par le Bloc 17. A la suite de la décision du Mémorial et Musée d'Auschwitz-Birkenau d'abriter des expositions nationales, le Bloc 17 a accueilli le pavillon yougoslave en 1963. Cependant, après l'éclatement de la Yougoslavie, ce pavillon a finalement été fermé. Il est vide depuis 2009.

Quatorze années de négociations et de coopération

Depuis 2010, l'UNESCO a apporté un soutien diplomatique, financier et technique aux États successeurs de la Yougoslavie pour rétablir une exposition permanente commune. Un comité de pilotage international, impliquant des experts, des institutions culturelles et les Ministères de la culture de la région, ainsi que des experts internationaux du Mémorial français de la Shoah, de la Topography of Terror allemande et du U.S. Holocaust Memorial Museum, a ainsi été créé pour établir un récit commun, sous l'égide de l'UNESCO.

De 2012 à 2019, l'UNESCO a organisé une série de réunions visant à négocier la coopération entre les six pays concernés. L'accord qui en résulte aujourd’hui porte sur la rénovation du Bloc 17 et la création d'une nouvelle exposition permanente qui s'articulera autour de quatre thèmes – le temps et l'espace ; les victimes ; les bourreaux et collaborateurs ; les résistants. Elle mettra l'accent sur les personnes déportées à Auschwitz en raison des politiques de persécution nazies pendant la Seconde Guerre mondiale dans l'ex-Yougoslavie. Cette exposition sera conçue par l'architecte Daniel Libeskind, réputé pour sa capacité à évoquer la mémoire à travers l'architecture. Le projet bénéficie du soutien de l'Autriche et du Herman Family Trust.

La cérémonie de signature de l’accord s’est déroulée jeudi en présence des Ministres de la Culture des six États participants ou de leurs représentants, ainsi que de la Directrice Générale de l’UNESCO. A la demande des États, Audrey Azoulay a accepté le rôle de dépositaire de cet accord. Le Mémorial et Musée d'Auschwitz-Birkenau est inscrit sur la Liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1979.

En engageant un effort sans précédent, la Fondation Auschwitz-Birkenau a constitué une coalition mondiale regroupant près de 40 gouvernements internationaux, de nombreuses villes et des dizaines de philanthropes privés qui, par leurs dons, rendent possible la préservation de ce site classé au Patrimoine mondial de l'UNESCO. La cérémonie d'aujourd'hui est un signe clair que les gouvernements de Bosnie-Herzégovine, de Croatie, de Macédoine du Nord, du Monténégro, de Serbie et de Slovénie sont prêts à rejoindre cette coalition et ainsi contribuer à la mémoire et à notre responsabilité envers les générations futures. Ce succès mondial n'aurait pas été possible sans l'UNESCO. C'est pourquoi je tiens à féliciter l'organisation.

L'UNESCO promeut l'enseignement de l'Holocauste dans toutes les régions du monde

Dans le cadre de son mandat, l'UNESCO œuvre à ce que les nouvelles générations du monde entier apprennent la réalité des faits liés à l'Holocauste. Elle dirige pour cela le Programme international sur l'enseignement de l'Holocauste et des génocides, mis en œuvre en partenariat avec le U.S. Holocaust Memorial Museum et avec le soutien du gouvernement du Canada.  

Depuis 2015, ce programme a déjà bénéficié à 24 États Membres de l'UNESCO répartis dans les différentes régions du monde. Le cycle actuel, soutenu par le gouvernement du Canada, est mis en œuvre au Brésil, au Cambodge, en Colombie, en Équateur, en Grèce, en Inde, au Maroc, au Nigéria, au Rwanda, en Serbie et aux Émirats arabes unis.

L'UNESCO aide aussi sur le long terme les acteurs de l'éducation à renforcer l’enseignement de l'Holocauste et des génocides dans leurs pays respectifs. L'Organisation conduit actuellement des formations en Croatie et en Grèce à l’attention de tous ceux qui sont en première ligne – enseignants, éducateurs, directeurs d'école – afin qu'ils aient tous les outils en main pour prévenir et lutter contre l'antisémitisme dans les salles de classe et au-delà. Ces ateliers, financés par la Commission européenne, se poursuivront au printemps en Autriche, en Belgique, en Espagne, en France et en Slovénie.

L'UNESCO travaille également en Serbie avec le Staro sajmište Memorial Centre and Museum of Genocide Victims pour concevoir une exposition et des supports pédagogiques sur l'Holocauste. Enfin, à Sarajevo, l'Organisation aide au développement d'un musée de l'Holocauste pour commémorer l’extermination de plus de 80 % de la population juive de Bosnie-Herzégovine.

lundi 12 février 2024 à 11:00
access_time Lecture 5 min.
top