Journée du patrimoine mondial africain 2023
Message de Mme Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO, à l’occasion de la Journée du patrimoine mondial africain
Chaque année, le 5 mai, l’UNESCO et ses partenaires se réunissent pour célébrer le patrimoine africain.
La richesse et la diversité de ce patrimoine s’incarnent dans des sites naturels d’une beauté époustouflante, qui abritent bien souvent une biodiversité unique, à l’image du parc national de l’Ivindo au Gabon, inscrit au patrimoine mondial depuis 2021, ou de la forêt impénétrable de Bwindi en Ouganda. Elles s’incarnent encore dans des sites culturels qui témoignent de l’extraordinaire profondeur de l’histoire africaine, que l’on pense aux bâtiments traditionnels des Ashantis au Ghana ou aux ruines du Grand Zimbabwe, également inscrits au patrimoine mondial de l’humanité.
Les 139 biens africains classés au patrimoine mondial font ainsi partie intégrante de l’histoire commune et universelle de l’humanité. C’est pourquoi en cette Journée, l’UNESCO voudrait rendre hommage à toutes celles et ceux qui conservent ces trésors pour les transmettre aux générations futures.
Mais, nous le savons, il y a encore beaucoup à faire pour que la richesse du patrimoine africain soit pleinement représentée dans la Liste du patrimoine mondial – quand aujourd’hui seuls 12 % des sites inscrits sont sur le continent africain ; quand aussi, sur les 54 États parties africains, 12 n’ont aucun bien inscrit sur la Liste du patrimoine mondial. Il y a beaucoup à faire aussi pour mieux préserver le patrimoine mondial africain, car sur 55 biens actuellement inscrits sur la Liste du patrimoine mondial en péril, 21 sont sur le continent africain.
C’est pourquoi l’UNESCO, dans le cadre de sa priorité Afrique, prend des engagements forts pour le patrimoine africain, à commencer par celui d’apporter une assistance technique aux États africains qui le souhaitent, pour constituer leurs dossiers de candidature.
En particulier, en étroite collaboration avec nos États membres et nos partenaires, dont le Fonds pour le patrimoine mondial africain, l’UNESCO accompagne les 12 pays africains qui n’ont aucun site inscrit sur la Liste du patrimoine mondial : l’objectif est que d’ici à 2025, tous aient élaboré et soumis un dossier de candidature.
Pour améliorer la préservation et la gestion du patrimoine mondial, l’UNESCO s’engage également à former des centaines d’experts et de professionnels à la conservation des sites, ou encore à l’utilisation des technologies numériques ; nous nous engageons en outre à mettre sur pied des partenariats innovants avec les musées, le secteur privé ou encore avec notre réseau de chaires universitaires, pour soutenir les gestionnaires de sites.
Nous mènerons l’ensemble de ces efforts en étroite collaboration avec l’Union africaine. Dans cette perspective, l’UNESCO se réjouit de la récente nomination de José Maria Pereira Neves, Président de la République de Cabo Verde, comme « Champion de l’Union africaine pour la préservation du patrimoine naturel et culturel en Afrique ».
Plus que jamais, notre engagement est de permettre aux populations africaines, et tout particulièrement à la jeunesse du continent, de se réapproprier leur patrimoine et leur histoire, de les voir mieux reconnus par les instances internationales.
Car comme l’a écrit le grand historien burkinabé Joseph Ki-Zerbo dans le premier volume de l’Histoire générale de l’Afrique de l’UNESCO : « À moins de choisir de vivre dans un état d’inconscience et d’aliénation, on ne peut pas vivre sans mémoire, ou avec une mémoire qui appartient à quelqu’un d’autre ».