Sainte-Sophie, Istanbul : Déclaration de l'UNESCO
Sainte Sophie : l’UNESCO regrette vivement la décision des autorités turques, prise sans dialogue préalable, et appelle à préserver l’universalité du patrimoine mondial
La Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, regrette vivement la décision des autorités turques, prise sans dialogue préalable, de modifier le statut de Sainte Sophie. Elle a fait part ce soir de sa profonde préoccupation à l’ambassadeur de Turquie auprès de l’UNESCO.
Sainte-Sophie est une composante des Zones historiques d’Istanbul inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. « Sainte Sophie est un chef d’œuvre architectural et un témoignage unique de la rencontre de l’Europe et de l’Asie au cours des siècles. Son statut de musée reflète l’universalité de son héritage et en fait un puissant symbole de dialogue », a déclaré Mme Azoulay.
La décision annoncée aujourd’hui soulève la question de l’impact du changement de statut sur la valeur universelle du bien. Ainsi, un État doit veiller à ce qu’aucune modification ne porte atteinte à la valeur exceptionnelle universelle d’un bien inscrit sur son territoire. Toute modification en ce sens doit faire l’objet d’une notification préalable à l’UNESCO et, le cas échéant, d’un examen par le Comité du Patrimoine mondial.
L’UNESCO rappelle par ailleurs qu’une participation effective, inclusive, et équitable des communautés et autres parties prenantes concernées par le bien, est une condition nécessaire pour préserver ce patrimoine et mettre en valeur son caractère unique et sa signification. Cette exigence sert la protection et la transmission de la valeur universelle exceptionnelle du patrimoine et est inhérente à l'esprit de la Convention du patrimoine mondial.
Ces préoccupations avaient été notifiées à la République de Turquie dans plusieurs courriers et encore hier soir au représentant de la délégation turque auprès de l’UNESCO. A cet égard, il est regrettable que la décision n’ait fait l’objet d’aucun dialogue ou notification préalable. L’UNESCO appelle les autorités turques à ouvrir ce dialogue sans délai, afin d’éviter un recul sur l’universalité de ce patrimoine exceptionnel dont l’état de conservation sera examiné par le Comité du Patrimoine mondial à sa prochaine session.
« Il est important d’éviter toute mesure de mise en œuvre qui ne serait pas préalablement discutée avec l’UNESCO et qui entrainerait des conséquences sur l’accès physique, sur la structure du bâti, sur les biens mobiliers et sur le mode de gestion du site », a souligné Ernesto Ottone Ramirez, Sous-Directeur général de l’UNESCO pour la culture. De telles mesures pourraient en effet constituer des violations des règles issues de la Convention du Patrimoine mondial de 1972.