Chemin Principal Andin
Le Qhapaq Ñan, ou Chemin Principal Andin, constituait l'axe principal du projet politique et économique de l'Empire inca. Ce chemin principal, d'une longueur estimée à 6000 km, reliait un réseau composé de routes et d'infrastructures construites pendant plus de 2000 ans de culture andine pré-inca. Ce réseau de routes, long de plus de 23 000 km, connectait les différents centres de production aux centres administratifs et cérémoniels.
Le Qhapaq Ñan, également appelé par certains le "Chemin Vertébral de la Sierra", passe par les sommets des Andes et son tracé le plus visible se trouve entre les villes de Quito et Mendoza. A cette épine dorsale, qui s'aventure sur les cimes les plus hautes, s'ajoutent d'autres chemins qui rallongent son tracé N/S le long de la côte Pacifique. Entre les deux, au moyen de couloirs transversaux, d'autres chemins relient la côte, l'Amazonie et la "puna". Le réseau des chemins incas reliait les centres de pouvoir avec les "yungas", les déserts et les jungles dans les endroits les plus reculés de l'Empire. La maille routière tissait des relations de tout ordre sur le territoire. La Cordillère ne permettait pas les tracés radiaux, c'est pourquoi l'itinéraire suivait un trajet longitudinal, suivant une hiérarchie élémentaire basée sur des nœuds de trafic et des ramifications qui réduisaient sa taille et son importance à mesure qu'ils s'éloignent des axes principaux. La construction du chemin répond à des intérêts commerciaux, politiques, administratifs, stratégiques, et militaires, traversant les sommets et les vallées de la Cordillère des Andes afin de transmettre les missives de l'Empire jusqu'à ses régions les plus reculées.
Le réseau des chemins incas a permis l'expansion et l'organisation de l'Empire inca. Déjà les cultures Wari ou Chimú avaient su associer des groupes ethniques, des sanctuaires et des sépultures à un niveau régional. Les Incas articulaient leur réseau au niveau du continent et leurs chemins sont une expression privilégiée de l'esprit organisateur et de planification de la force de travail disponible. Les chemins fonctionnaient comme des instruments fondamentaux pour unifier l'Empire de façon physique et organisatrice.
Il s'agit d'une immense unité de valeur universelle, d'un grand bien patrimonial multinational. Les réunions d'experts ont servi à identifier la signification culturelle et la valeur d'unité de l'ensemble afin de définir les modalités d'inscription à travers plusieurs formules de coopération technique.
Le Chemin Principal Andin est, par excellence, la manifestation d'un héroïsme silencieux, de formes élémentaires abondantes de savoirs, unissant des cultures liées indissociablement à une géographie de la planète des plus extrêmes. Dans le cas des chemins, la prouesse constructive dépasse les besoins fonctionnels d'un réseau de communication. L'énorme variété de typologies, d'escaliers, de techniques, de finitions et de traits, de délimitations, de formes constructives et de matériaux démontre des compétences constructives, techniquement impeccables. La précision avec laquelle les altitudes sont atténuées, sans autre force motrice que celle de l'homme, en l'absence de la roue ou d'animaux de trait, et seulement grâce aux outils rudimentaires en pierre, en bois ou en métal, rend bien compte d'une grande aventure impériale réussie et réalisée en peu de générations. A l'habileté avec laquelle les chemins étaient pensés et la dextérité avec laquelle ils furent construits s'ajoutaient des programmes d'entretien et de rénovation permanente.
Les Incas de Cusco dotèrent cette infrastructure unique d'un caractère unitaire en moins d'un siècle. Ils lui procurèrent une cohérence fonctionnelle en y implantant des noyaux complémentaires pour le commerce, l'échange, la production et le culte et en adaptant les secteurs productifs à la typologie et au climat, en fonction des différents étages écologiques qui se trouvent le long du Chemin.
Mais le Qhapaq Ñan est également une voie de communication qui a permis la diffusion et la maturité des cultures régionales, ainsi que l'appropriation des valeurs culturelles communes, grâce à l'expansion des langues comme le quechua et le aymara, et avec elles de la culture et d'une certaine conception du monde. Le Chemin exprime également la relation harmonieuse de ces peuples à la nature andine complexe et leur adaptation à celle-ci. Aujourd'hui, les paysages culturels du Qhapaq Ñan forment un contexte exceptionnel au sein duquel les cultures vivantes andines sont porteuses d'un message universel : la capacité humaine de transformer les sites les plus difficiles du continent américain en environnement humain.
Objectifs
Les Républiques d'Argentine, de Bolivie, du Chili, de Colombie, d'Equateur et du Pérou ont sur leur territoire un patrimoine culturel commun de valeur universelle : le Qhapaq Ñan ou Chemin Principal Andin.
L'objectif du Centre du patrimoine mondial est d'assister ces pays dans un projet pionnier : la préparation d'une candidature unique pour l'inscription du Qhapaq Ñan sur la Liste du Patrimoine mondial, par le biais d'un processus de coopération régionale inédit et novateur.