Vaste site de 42 km2 situé dans un paysage d'une beauté exceptionnelle, Hampi, en Inde, abrite les vestiges archéologiques majeurs de ce qui fut la capitale du dernier grand royaume hindou et l’une des plus grandes villes du monde au XVIe siècle. Aujourd'hui le site reste vivant, avec 29 villages et une activité agricole qui couvre une grande partie du site. C’est aussi un haut lieu de pèlerinage pour les Hindous. Avec un nombre croissant de visiteurs, Hampi a vocation à devenir une destination majeure de l’Inde du Sud. L’Ensemble monumental de Hampi a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en 1986, et a figuré sur la Liste du patrimoine mondial en péril entre 1999 et 2006. Cette mesure avait été motivée par le démarrage de la construction de deux ponts suspendus qui dominaient l’environnement naturel et menaçaient l’intégrité du site par une forte augmentation du trafic de camions à travers le périmètre inscrit.
À la suite des recommandations de la mission conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS de février 2000, les autorités indiennes ont entrepris un travail considérable en vue d’améliorer l’état du bien et d’en assurer la conservation et la gestion. Il faut souligner qu’au début des années 2000, les éléments essentiels pour le suivi d’un plan de gestion manquaient encore, notamment des outils cartographiques pour distinguer clairement les zones constructibles et non constructibles, un plan cadastral, une réglementation pour encadrer les constructions et les interventions sur le bâti ancien, etc. Il s’agissait donc d’entreprendre un travail sur le long terme. A la demande des autorités nationales, et en étroite collaboration avec le Bureau de l’UNESCO à New Delhi, la Convention France-UNESCO, grâce à l’appui du ministère français de la Culture, a mis à disposition un expert, architecte des bâtiments de France, qui a accompagné régulièrement les autorités indiennes de 2003 à 2013. Ces efforts ont abouti en juin 2006 avec le retrait du bien de la Liste du patrimoine mondial en péril, lors de la 30e session du Comité du patrimoine mondial (Vilnius, 2006).
Ce travail d’accompagnement a été mis en place pendant l’élaboration d’un schéma directeur d'aménagement urbain afin de fournir des mesures temporaires. Cet accompagnement technique a permis l’approfondissement de la réflexion sur l’aménagement du territoire, l’élaboration des premiers éléments d’un plan d’urbanisme du bien et sa mise en œuvre. La coopération a permis d’échanger avec les experts indiens sur la prise en compte des morphologies et structures urbaines. De même, l’approche patrimoniale essentiellement focalisée sur l’architecture monumentale s’est élargie à l’habitat vernaculaire, grâce à une expérience pilote conduite sur l’un des villages. La prise en compte des dimensions paysagères a également été développée. La gestion des autorisations d’urbanisme et le conseil architectural ont pu être progressivement pris en charge par une unité technique au sein des autorités locales. Une expérience pilote d’approche spécifique du patrimoine architectural, urbain et paysager dans un des plus anciens villages a été développée.
La coopération a été un échange réciproque fructueux, sachant que la collaboration, très étroite, avec le bureau de l’UNESCO à New Delhi a été essentielle au processus.
De manière générale, la problématique de la maîtrise de l’aménagement du territoire reste un enjeu majeur pour les sites de grande taille. Une approche intégrée à tous les niveaux de décision et de gestion administrative (État et niveau local) et d’échelle du territoire est nécessaire afin de permettre une intégration adaptée et contrôlée des développements des villages, des aménagements touristiques et des projets d’infrastructure.
Le Comité du patrimoine mondial,
1. Ayant examiné le document WHC-08/32.COM/7B,
2. Rappelant la décision 31 COM 7B.81, adoptée à sa 31e session (Christchurch, 2007),
3. Note les efforts soutenus déployés par l'organisme de gestion du bien du patrimoine mondial (HWHAMA) pour améliorer la gestion du bien ;
4. Note avec inquiétude que les demandes du Comité du patrimoine mondial à sa 31e session (Christchurch, 2007) pour mettre en oeuvre les recommandations de la mission de janvier 2007, n'ont pas toutes été suivies d'effet ;
5. Prie instamment l'État partie de:
a) Modifier la conception architecturale et les dimensions du pont d'Anegundi et de mettre en place une réglementation de la circulation des véhicules lourds ;
b) Approuver et mettre en oeuvre le plan de gestion intégré (PGI) basé sur une déclaration révisée de valeur universelle exceptionnelle incluant les conditions d'intégrité et d'authenticité ;
c) Clarifier les limites du bien et de ses zones tampons ;
d) Fournir des ressources humaines et financières suffisantes pour permettre la mise en oeuvre du plan de gestion intégrée ;
6. Demande à l'État partie de soumettre le plus rapidement possible au Centre du patrimoine mondial le projet de pont modifié ; la nouvelle réglementation sur la circulation des véhicules lourds ; la version finale approuvée du PGI en trois exemplaires ; l'emplacement du centre d'interprétation ; les clarifications sur les limites et les zones tampons et le projet de Déclaration de valeur universelle exceptionnelle incluant les conditions d'intégrité et d'authenticité, d'ici au 1er février 2009, pour examen par le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives, et pour examen par le Comité à sa 33e session ;
7. Prie aussi instamment l'État partie de veiller à ce que la mise en oeuvre du PGI par le HWHAMA soit totalement intégrée dans le cadre de planification national et de l'État, en particulier pour le tourisme et l'aménagement urbain ;
8. Demande également à l'État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d'ici le 1er février 2010, un rapport d'avancement sur ce qui précède, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 34e session en 2010.
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