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Patrimoine des forêts tropicales ombrophiles de Sumatra

Indonésie
Facteurs affectant le bien en 2006*
  • Activités illégales
  • Gouvernance
  • Infrastructures de transport de surface
  • Modification du régime des sols
  • Production de semences
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents

a) Empiètements agricoles ;

b) Coupes de bois illégales ; braconnage ;

c) Construction de routes et problèmes institutionnels et de gouvernance.

Fonds extrabudgétaires de l’UNESCO jusqu'en 2006

Montant total accordé au bien : 1 800 000 dollars EU pour le projet triennal FNU/UNFIP (2005-2007) – Partenariat pour la conservation du patrimoine naturel de Sumatra.

Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2006
Demandes approuvées : 1 (de 2005-2005)
Montant total approuvé : 66 600 dollars E.U.
2005 Emergency Assistance for the Rehibilitation of ... (Approuvé)   66 600 dollars E.U.
Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2006

Lors de l’inscription du Patrimoine des forêts tropicales ombrophiles de Sumatra (TRHS) sur la Liste du patrimoine mondial en juillet 2004, l’UICN a recommandé d’inscrire simultanément le bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril. Le Comité du patrimoine mondial, à sa 28e session (Suzhou, 2004), a noté l’urgence de menaces avérées qui pesaient sur le bien, mais, devant la ferme objection de l’État partie de l’Indonésie à l’inclusion du bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril, le Comité a demandé à l’État partie de l’Indonésie de préparer un plan d’action d’urgence centré en particulier sur l’abattage illégal d’arbres, les empiètements agricoles, les projets d’aménagements routiers, la nécessité d’assurer une assistance internationale et la protection de l’habitat d’importance critique. Ce plan d’action n’a pas été soumis par l’État partie comme cela avait été demandé.

Le 21 décembre 2004, le Ministère indonésien des Forêts a présenté une demande d’assistance internationale concernant la préparation d’un plan d’action intégré visant à améliorer la protection et la gestion du patrimoine naturel de Sumatra. L’UICN et le Centre du patrimoine mondial ont fait des commentaires concernant cette demande et l’État partie a été prié de la reformuler et de la soumettre de nouveau au Centre du patrimoine mondial. Après la catastrophe du tsunami qui a frappé en décembre 2004 le nord de Sumatra, l’État partie a soumis une autre demande d’assistance d’urgence pour contribuer à la réhabilitation des installations de gestion du Parc national de Gunung Leuser. Le Président du Comité du patrimoine mondial a approuvé en juillet 2005 un montant de 66 600 dollars EU pour ce projet, actuellement en cours de réalisation par les autorités indonésiennes, en collaboration avec le Bureau de l’UNESCO à Jakarta.

Le Comité du patrimoine mondial, à sa 29e session (Durban, 2005), a demandé au Centre du patrimoine mondial et à l’UICN d’effectuer une mission de suivi et de rendre compte à la 30e session de l’état de conservation du bien, des impacts du tsunami et de l’avancement du projet de plan d’action d’urgence.

La mission UICN-UNESCO a été effectuée avec succès du 25 février au 5 mars 2006. Elle a constaté que les trois Parcs nationaux qui constituent ce bien en série du patrimoine mondial sont toujours sérieusement menacés. Malgré quelques améliorations bienvenues et changements positifs réalisés depuis l’inscription sur la Liste du patrimoine mondial, l’ensemble du bien est confronté à une série de menaces permanentes et imminentes liées aux empiètements agricoles, à l’abattage illégal d’arbres, à la construction légale et illégale de routes, et au braconnage. Non seulement toutes les aires protégées font l’objet d’importants empiètements et subissent une perte d’habitat, mais elles perdent aussi leur cadre forestier, qui est peu à peu remplacé par des plantations de café et de palmiers à huile à but agricole et industriel.

La plupart des indicateurs révèlent une perte de plus en plus rapide de la biodiversité – en particulier des gros mammifères comme l’éléphant, le tigre et le rhinocéros. La capacité de gestion permettant de réagir efficacement devant les situations critiques et de résoudre les problèmes ne parvient plus à faire face aux menaces grandissantes dues à un ensemble de contraintes institutionnelles – notamment contraintes de financement ; coopération et soutien inadaptés des instances gouvernementales locales, provinciales et centrales, voire parfois des services chargés de faire appliquer la législation ; confusion concernant les droits des administrations locales à l’intérieur des Parcs nationaux ; et contraintes et incompétences procédurières et bureaucratiques. De plus, les collectivités et administrations locales restent très peu informées de l’importance des menaces qui mettent en danger les biens du patrimoine mondial, et s’opposent donc souvent.

Parmi les principales menaces préjudiciables aux valeurs et à l’intégrité du bien, l’empiètement grandissant et non poursuivi reste le principal facteur potentiel de destruction. Un levé effectué par la Wildlife Conservation Society montre que la perte cumulée de forêt due aux empiètements dans le Parc national de Bukit Barisan Selatan est d’environ 22,5 % (86 000 ha). Le plus vaste empiètement dans le Parc national de Gunung Leuser est d’au moins 16 000 ha dans une région précédemment reconnue comme habit d’importance critique pour l’éléphant et le tigre.

La mission a constaté que malgré les compétences et la motivation des responsables de la gestion du bien, assurer une protection et une gestion performantes du bien du patrimoine mondial face à des menaces extérieures insurmontables représente une charge qui dépasse maintenant la capacité actuelle de gestion. Faute d’intervention urgente et importante de l’État partie pour aider à la gestion du bien du patrimoine mondial, celui-ci restera gravement menacé.

C’est le Parc national de Kerinci Seblat – partie la plus vaste et la plus dangereusement menacée du bien – qui exige l’intervention la plus urgente. À titre d’exemple, l’administration locale prévoit la construction de pas moins de 34 routes qui traverseraient la zone centrale du Parc. Les travaux de construction d’une de ces routes ont déjà commencé de manière illégale et l’abattage illégal d’arbres et les empiètements se poursuivent. Selon la direction du Parc, le rhinocéros est menacé d’extinction locale et la population d’éléphants a été divisée et confinée dans de petits espaces par la topographie et l’agriculture. La direction du Parc a en effet perdu le contrôle des empiètements illégaux effectués par les agriculteurs locaux. Elle n’est actuellement pas en mesure de riposter ou d’intenter des procès, et encore moins de trouver des moyens de dissuasion et de prendre des mesures de reboisement significatives.

Les interventions de grande envergure nécessaires pour remédier à la détérioration de l’état de conservation vont exiger un ensemble de changements financiers, institutionnels et de politique gouvernementale, ainsi que des initiatives sur le terrain. L’échec de l’un de ces éléments risque d’entraîner une aggravation de la détérioration de la valeur et de l’intégrité de chacune des composantes du bien, et par conséquent du bien en série dans son ensemble.

Si l’on veut maintenir à long terme la valeur universelle exceptionnelle et l’intégrité du TRHS, il est essentiel d’organiser d’urgence une grande intervention de protection et de gestion.

En se fondant sur les résultats de la mission de suivi UICN-UNESCO, on considère comme raisonnable de pouvoir prouver à l’évidence, d’ici 3-4 ans, que :

a) Un plan d’action d’urgence est achevé, financé et en cours de mise en œuvre ;

b) Des programmes durables sont en place pour contrôler effectivement les empiètements, l’abattage illégal d’arbres et les projets routiers, et pour reboiser des secteurs précédemment touchés par ces activités, et que l’on constate clairement une réduction du pourcentage du bien soumis à ces menaces ;

c) Les limites sont modifiées pour exclure les plus vastes empiétements et inclure l’habitat d’importance critique, et qu’elles comportent des indications claires, y compris des panneaux rappelant le statut de patrimoine mondial ; que mention est faite des limites du Parc au journal officiel ; et que des plans de zonage du Parc sont finalisés, officiellement adoptés et communiqués aux administrations locales et aux parties prenantes ;

d) Une gouvernance effective est en place pour contrôler le bon fonctionnement de mécanismes de coordination institutionnelle dans tout le bien en série, et pour veiller à la collaboration et à la présence de régimes de gestion participative ;

e) Des progrès sont faits pour trouver un financement durable pour le bien et pour développer ses capacités de gestion efficace ; et que

f) Des programmes performants de suivi de la faune sauvage et de lutte contre le braconnage sont mis en œuvre dans l’ensemble du bien et dans l’écosystème de Leuser associé, pour mettre un terme au déclin des populations de toutes les espèces de faune sauvage, et spécialement des taxons endémiques de Sumatra.

Ces repères doivent être passés en revue au cours de la préparation du Plan d’action d’urgence, et approuvés par l’État partie et le Comité du patrimoine mondial. 

Décisions adoptées par le Comité en 2006
30 COM 7B.12
Etat de conservation (Patrimoine des fôrets tropicales ombrophiles de Sumatra)

Le Comité du patrimoine mondial,

1. Ayant examiné le document WHC-06/30.COM/7B,

2. Rappelant les décisions 28 COM 14B.5 et 29 COM 7B.9, adoptées respectivement à sa 28e session (Suzhou, 2004) et 29e session (Durban, 2005),

3. Note avec une vive préoccupation les conclusions et recommandations de la mission de suivi conjointe UICN-Centre du patrimoine mondial (25 février - 5 mars 2006), en particulier le fait que le bien continue à être de plus en plus menacé par de vastes empiètements agricoles, l'abattage illégal d'arbres, le braconnage, de l'ouverture des routes et des problèmes institutionnels et de gouvernance, et qu'un plan d'action d'urgence - demandé lors de l'inscription - n'est toujours pas établi;

4. Demande à l'État partie de modifier les limites du bien du patrimoine mondial pour en exclure les plus vastes empiètements déboisés et y inclure les habitats d'importance critique pour la protection de la biodiversité, tel que défini dans le rapport de mission;

5. Demande également à l'État partie de présenter un Plan d'action d'urgence avant le 1 février 2007, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 31e session, en 2007, traitant le problème de la tendance à la perte de la valeur et de l'intégrité du bien. À cet égard, l'État partie devra :

a) Rechercher l'assistance internationale du Fonds du patrimoine mondial et du Dispositif d'intervention rapide pour le patrimoine mondial FFI-UNESCO-FNU, ainsi que le soutien technique de l'UICN et du Centre du patrimoine mondial, pour organiser d'urgence un atelier pour étudier les paramètres d'un Plan d'action d'urgence et définir les partenaires, le calendrier, les responsabilités et les sources de financement de sa mise en œuvre, ainsi que les repères de référence permettant d'en évaluer l'avancement au cours du temps;

b) Veiller à ce que le Plan d'action d'urgence soit élaboré en collaboration avec des partenaires nationaux et internationaux, et envisager plusieurs interventions essentielles proposées par la mission de suivi pour mettre un terme au déclin permanent alarmant du bien du patrimoine mondial;

6. Prie instamment l'État partie, avec le soutien de l'UNESCO, de l'UICN et des membres du Comité du patrimoine mondial, de rechercher un appui important des donateurs internationaux pour mettre en œuvre le plan d'action d'urgence et développer les capacités de gestion à long terme et de bonne gouvernance du bien;

7. Demande à l'État partie d'inviter une mission conjointe Centre du patrimoine mondial/UICN sur le site pour évaluer l'avancement de la mise en œuvre des mesures mentionnées au point 5 ci-dessus, et de rendre compte au Comité à sa 31e session, en 2007;

8. Décide que, si les résultats indiqués ci-dessus ne sont pas atteints avant sa 31e session en 2007, le bien sera inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en péril.

Projet de décision: 30 COM 7B.12

Le Comité du patrimoine mondial,

1. Ayant examiné le document WHC-06/30.COM/7B,

2. Rappelant les décisions 28 COM 14B.5 et 29 COM 7B.9, adoptées respectivement à sa 28e session (Suzhou, 2004) et 29e session (Durban, 2005),

3. Note avec une vive préoccupation les conclusions et recommandations de la mission de suivi conjointe UICN-UNESCO (25 février-5 mars 2006), en particulier le fait que le bien continue à être de plus en plus menacé par de vastes empiètements agricoles, l’abattage illégal d’arbres, le braconnage, des projets routiers et des problèmes institutionnels et de gouvernance, et qu’un plan d’action d’urgence – demandé lors de l’inscription – n’est toujours pas établi ;

4. Demande à l’État partie de modifier les limites du bien du patrimoine mondial pour en exclure les plus vastes empiètements déboisés et y inclure les habitats d’importance critique pour la protection de la biodiversité, tel que défini dans le rapport de mission ;

5. Demande également à l’État partie de présenter un Plan d’action d’urgence avant le 1er février 2007, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 31e session, en 2007, traitant le problème de la tendance à la perte de la valeur et de l’intégrité du bien. À cet égard, l’État partie devra :

a) rechercher l’assistance internationale du Fonds du patrimoine mondial et du Dispositif d’intervention rapide pour le patrimoine mondial FFI-UNESCO-FNU, ainsi que le soutien technique de l’UICN et du Centre du patrimoine mondial, pour organiser d’urgence un atelier pour étudier les paramètres d’un Plan d’action d’urgence et définir les partenaires, le calendrier, les responsabilités et les sources de financement de sa mise en œuvre, ainsi que les repères de référence permettant d’en évaluer l’avancement au cours du temps ;

b) veiller à ce que le Plan d’action d’urgence soit élaboré en collaboration avec des partenaires nationaux et internationaux, et envisager plusieurs interventions essentielles proposées par la mission de suivi pour mettre un terme au déclin permanent alarmant du bien du patrimoine mondial ;

6. Prie instamment l’État partie, avec le soutien de l’UNESCO, de l’UICN et des membres du Comité du patrimoine mondial, à rechercher un important appui des donateurs internationaux pour mettre en œuvre le plan d’action d’urgence et développer les capacités de gestion à long terme et de gouvernance performantes du bien ;

7. Décide d’inclure le bien du Patrimoine des forêts tropicales ombrophiles de Sumatra (Indonésie) sur la Liste du patrimoine mondial en péril en raison de menaces actuelles prouvées qui pèsent sur la valeur universelle exceptionnelle et l’intégrité du bien – en raison notamment de vastes empiètements agricoles, d’abattage illégal d’arbres, de braconnage, de construction de routes et de problèmes institutionnels et de gouvernance.

Année du rapport : 2006
Indonésie
Date d'inscription : 2004
Catégorie : Naturel
Critères : (vii)(ix)(x)
Liste en péril (dates) : 2011-présent
Documents examinés par le Comité
arrow_circle_right 30COM (2006)
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* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).

** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.


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