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De nouvelles recherches mettent en évidence le rôle essentiel des sites marins du Patrimoine mondial dans la lutte contre le changement climatique

lundi 1 mars 2021 à 12:00
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Herbiers de posidonies à Ibiza (Espagne) © Shane Gross

La semaine dernière, l’UNESCO a publié la première évaluation scientifique des écosystèmes de carbone bleu présents dans les sites du patrimoine mondial marin qui met en évidence la valeur essentielle de ces habitats. En effet, si leur étendue ne représente pas même 1% des océans de la planète, ces sites abritent toutefois au moins 21% de la surface totale des écosystèmes de carbone bleu et 15% de l’ensemble des ressources de carbone bleu dans le monde. 

Au cours de la dernière décennie, les scientifiques ont découvert que les herbiers marins, les marais salants et les mangroves, que l’on a baptisés « écosystèmes de carbone bleu », figuraient parmi les puits de carbone les plus puissants qui soient, qu’ils constituaient autrement dit un environnement naturel capable d’absorber le dioxyde de carbone dans la biosphère. Ils permettent d’atténuer le changement climatique en séquestrant et en stockant d’importantes quantités de carbone en provenance de l’atmosphère et de l’océan.

"Situés en bordure des côtes, les écosystèmes de carbone bleu jouent un rôle écologique important dans le cycle du carbone et des nutriments en constituant des alevinières et des habitats pour de nombreuses espèces marines et terrestres, mais également dans la protection des côtes, et dans la préservation des moyens de subsistance et du bien-être des populations locales."

—Ernesto Ottone R., Sous-Directeur général pour la culture de l’UNESCO

Les sites du patrimoine mondial de l’UNESCO ont une Valeur Universelle Exceptionnelle inestimable. Ils sont reconnus par la communauté internationale comme des éléments dont la préservation est essentielle pour les générations futures. Le rapport démontre que les sites du patrimoine mondial marin sont les gardiens des plus grands écosystèmes de carbone bleu dans le monde, ce qui les rend plus précieux que jamais. Ensemble, ces écosystèmes couvrent une superficie de 207 millions d’hectares, ce qui représentait 10% de toutes les zones marines protégées dans le monde en 2020. 

Parmi ces écosystèmes figurent les mangroves des Sundarbans (Inde et Bangladesh), qui font partie de la plus grande forêt de mangroves au monde ; le Parc national des Everglades (États-Unis) et la Baie Shark, Australie occidentale, abritant le plus grand écosystème d’herbiers marins documenté du monde ; la Grande Barrière, qui abrite le plus vaste écosystème de prairies sous-marines de la planète ; et la mer des Wadden (Danemark, Allemagne, Pays-Bas), dans laquelle se trouvent certaines des vasières les plus étendues de la planète. Les sites du patrimoine mondial marin abritent également l’un des organismes vivants les plus anciens et les plus prolifiques dans le monde : les herbiers marins d’Ibiza, biodiversité et culture (Espagne).

Cet ensemble unique d’écosystèmes marins est confronté à de nombreux défis, allant de la pollution, notamment des déchets plastiques, au changement climatique. En évaluant la valeur du carbone de ces sites et en recommandant des stratégies spécifiques de conservation du carbone bleu, les conclusions des recherches de l’UNESCO indiquent la voie à suivre pour les États, les régions et les populations locales qui entendent préserver ces zones et mettre en œuvre des stratégies autour du carbone bleu. 

"Du fait de leur grande capacité à stocker le carbone, les écosystèmes de carbone bleu deviennent des sources d’émissions de CO2 lorsqu’ils sont dégradés ou détruits. La protection et la restauration de ces écosystèmes constituent une occasion unique d’atténuer le changement climatique. Grâce à la préservation des écosystèmes de carbone bleu, il est possible de protéger les importantes réserves de carbone qui s’y sont accumulées au cours des millénaires. Une fois restaurés, ils peuvent redevenir des puits de carbone."

—Professeur Carlos M. Duarte

Le financement de la préservation des écosystèmes de carbone bleu dans les sites du patrimoine mondial marin pourrait être stimulé par des stratégies spécifiques dans le cadre desquelles les pays ayant prouvé les avantages de la restauration et de la préservation des écosystèmes dégradés obtiendraient des crédits-carbone. Ces stratégies peuvent permettre aux écosystèmes de retrouver leur fonction vitale et aider les nations à respecter leurs engagements dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat. À ce jour, cependant, bien peu de pays ont intégré des stratégies autour du carbone bleu dans leurs politiques d’atténuation du changement climatique. 

Ce rapport a été élaboré à partir d’informations provenant des gestionnaires de sites du patrimoine mondial, de données publiées dans la littérature scientifique et de l’Atlas mondial du carbone, dans le cadre du Global Carbon Project. Elle a reçu le soutien de l’Université Roi Abdallah des sciences et technologies (Arabie Saoudite), de l’Agence française pour la biodiversité et de la Principauté de Monaco.

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