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Amélioration de l’état de conservation du Koutammakou, le pays des Batammariba

© Banléman Kombaté | Banléman Kombaté

Suite à l’effondrement de plusieurs Takienta pendant la saison des pluies de 2018, une mission d’urgence a été organisée par l’UNESCO du 19 au 24 octobre 2018 sur le site afin d’évaluer l’étendue des dégâts occasionnés.

La mission a donné lieu à l’adoption de la décision 43 COM 7B.112 par le Comité du patrimoine mondial lors de sa 43e session (Baku, 2019), qui fait notamment état de problèmes liés à la conservation et à la gestion du site et encourage l’État partie à procéder à l’inventaire des Takienta et des attributs contribuant à la VUE du site, à la définition de ses limites et à l’actualisation et la validation de son plan de gestion.

Le Koutammakou, pays des Batammariba (Togo), est inscrit sur la Liste du patrimoine mondial depuis 2004. Situé dans le nord-est du Togo, ce paysage culturel de 50 000 hectares abrite le peuple des Batammariba (« ceux qui façonnent la terre ») et se démarque par la présence de Takienta, habitations en terre crue associées à des espaces cérémoniels. Le Koutammakou est un paysage évolutif vivant représentatif des traits d’une société agricole travaillant en harmonie avec le paysage, dans lequel la nature sous-tend à la fois les croyances, les rites et la vie quotidienne. 

Objectifs

Ce projet, en s’appuyant sur les recommandations de la mission d’octobre 2018 et de la décision 43 COM 7B.112, vise à la mise en œuvre d’activités en faveur de l’amélioration de l’état de conservation du Koutammakou, le pays des Batammariba. Plus spécifiquement, il contribuera aux objectifs suivants :

Inventaire et cartographie du site (limite du site et de sa zone tampon, attributs, problématiques et enjeux de conservation) ;

Renforcement des capacités de l’équipe de gestion et des communautés locales ;

Actualisation et accompagnement technique du processus de validation du plan de gestion du bien (incluant un plan de gestion des risques) ;

Mise en œuvre d’une méthodologie pour la reconstruction des Takienta (organisation d’un chantier école et élaboration d’un manuel sur les techniques de construction des Takienta).

Une attention particulière sera portée à la participation active des autorités (nationales et locales) et à l’appropriation du projet par les communautés locales au moyen d’un engagement communautaire afin d’assurer plus particulièrement la durabilité de ce dernier, mais également la compréhension du dynamisme, des problématiques et des enjeux actuels du site et la cohérence des solutions proposées.

État d’avancement

  • Identification de façon participative des partenaires techniques (internationaux, nationaux et locaux) avec l’État partie du Togo ;
  • Développement et validation des différentes propositions techniques sur la base de la dernière Décision du Comité et des recommandations de la mission d’urgence.
  • Préparation des contrats en cours avec l'EPA et CRAterre
  • Un contrat avec l'État partie du Togo est en cours de finalisation par le Bureau régional multisectoriel de l'UNESCO à Abuja.
  • Du 17 au 21 août 2020, l'EPA a effectué une mission préparatoire sur le site visant à (i) présenter le projet aux parties prenantes ; (ii) mobiliser et sensibiliser les communautés locales pour leur implication dans la mise en œuvre du projet et pour ; (iii) identifier les ressources humaines et techniques disponibles pour l’inventaire et la cartographie des Takienta et des attributs contribuant à la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien. La mission a permis de rencontrer différents membres des autorités et des communautés locales, dont la municipalité, le service de conservation, le comité de gestion du site et les associations de femmes paysannes et de jeunes Batammaboriba, ainsi que d'échanger sur les objectifs et les attentes du projet concernant l'amélioration de la conservation du Koutammakou, le pays des Batammariba. L'inventaire et la cartographie des Takienta et des attributs contribuant à la VUE du bien sont prévus du 21 au 25 septembre 2020.
  • Du 21 au 25 septembre 2020 s’est tenu à Nadoba (Togo) l’atelier de formation à l’inventaire et à la cartographie des Takienta et des attributs contribuant à la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du Koutammakou, le pays des Batammariba. Organisé par l’Ecole du Patrimoine Africain (EPA) dans les locaux du Service de Conservation et de Promotion du Koutammakou (SCPK), l’atelier avait pour objectif de renforcer les capacités  des représentants des communautés, des enquêteurs et des parties prenantes aux techniques d’inventaire et de cartographie participative des Takienta et des attributs contribuant à la VUE du site. Il a rassemblé vingt-trois participants (agents du Service de Conservation et de promotion du Koutammakou et étudiants en géographie, en histoire et en linguistique) provenant des cantons de Nadoba, Warengo, Koutougou et Akpontè, et a été modéré par des personnes ressources issues de l’EPA, de la Direction du Patrimoine Culturel (DPC) du Togo, du SCPK ainsi que deux consultants recrutés par l’EPA. L’atelier a permis aux participants d’échanger sur les concepts de patrimoine mondial et de patrimoine culturel, les caractéristiques du site et la conservation du bâti et le processus d’inventaire. Le travail théorique a été suivi d’un exercice pratique d’inventaire sur le terrain avec l’application mobile Kobocollecte et la fiche d’inventaire élaborée par l’EPA en collaboration avec le Centre du patrimoine mondial et CRAterre.

    L’inventaire des Sikien réalisé du 5 octobre au 24 novembre 2020 par l’EPA en étroite collaboration avec l’équipe de gestion a contribué à la précision des limites du site. À l’issue de cet exercice, un total de 1727 Sikien a été dénombré. Lisez le dernier rapport d'activité ici.


© Zanmassou, August 2020


© Zanmassou, August 2020


© Zanmassou, August 2020


© Zanmassou, August 2020

September 2020


Novembre 2021

Du 23 novembre au 3 décembre 2021 s’est tenu au Koutammakou un « Chantier participatif de conservation des sikien » organisé dans le cadre du projet.

L’activité a démarré avec une cérémonie d’ouverture le 23 novembre 2021 au Service de conservation et de promotion du Koutammakou (SCPK) qui a réuni trente-trois (33) participant.e.s incluant les représentant.e.s de l’UNESCO, de l’Ecole du patrimoine africain (EPA), de la Direction du patrimoine culturel (DPC), du service de conservation du site et du Centre de la construction et du logement de Cacavéli (CCL), ainsi que des membres de la communauté locale comprenant des représentant.e.s d’associations, des personnes ressources, des guides touristiques, des maçons et des propriétaires de sikien. La cérémonie a été suivie par la remise officielle par la représentante de l’UNESCO d’équipements informatiques destinés à renforcer les capacités de l’équipe de gestion, ainsi que par une séance de sensibilisation des parties prenantes sur l’état de conservation du site.

Les jours suivants ont été consacrés au chantier réparti sur les trois sikien sélectionnés pour l’occasion par l’équipe de conservation en fonction de leur état de conservation. La sélection a été faite de manière à avoir un aperçu de plusieurs aspects relatifs à la construction et l’entretien des sikien, à travers la reconstruction d’un mur, la construction d’un grenier et le crépissage de murs.

Le chantier a constitué une réelle opportunité d’échanges et de partage des savoirs et savoir-faire

entre les différents acteurs pour ce qui concerne l’architecture caractéristique du peuple Batammariba, mais également l’architecture de terre de façon plus générale. Il a également permis de contribuer de façon participative à compléter le « Cahier de recommandations sur l’entretien des sikien » qui sera finalisé par CRAterre dans le cadre du projet, et de faire l’évaluation des compétences des acteurs locaux impliqués dans la construction et l’entretien des sikien qui pourra constituer par la suite une base de données de référence.


© UNESCO


© EPA


© EPA


© SCPK

© SCPK

Télécharger le rapport : https://whc.unesco.org/uploads/activities/documents/activity-975-23.pdf 

Ce projet a contribué à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), notamment

-les cibles 11.3, 11.4, 11.b et 11.c de l'ODD 11 (Rendre les villes et les établissements humains inclusifs, sûrs, résilients et durables)
-les cibles 13.1, 13.2, 13.3 et 13.b de l'ODD 13 (Prendre des mesures urgentes pour lutter contre le changement climatique et ses impacts)

  

Partenaires

  • Nationaux : État partie du Togo
  • Internationaux : École du patrimoine africain (EPA), CRAterre

Le projet est rendu possible grâce à l’appui financier du gouvernement norvégien.

Décisions / Résolutions (1)
Code : 43COM 7B.112

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné le document WHC/19/43.COM/7B,
  2. Apprécie la réactivité de l’État partie suite aux intempéries de 2018 ayant causé la destruction de plusieurs Takienta en demandant l’organisation d’une mission d’urgence sur le site et en initiant des travaux de restauration des Takienta endommagées ;
  3. Regrette toutefois que l’État partie n'ait pas informé le Centre du patrimoine mondial de la destruction de plusieurs Takienta durant la saison des pluies de 2018 ;
  4. Exprime sa vive préoccupation quant à la destruction de plusieurs Takienta d’après le constat des experts de la mission d’urgence du Centre du patrimoine mondial d’octobre 2018, et prie instamment l’État partie d’apporter plus de précisions sur les mesures de restauration des Takienta en cours, notamment en ce qui concerne l’ampleur des dégâts, l’état d’avancement des travaux, les acteurs impliqués et les moyens financiers déployés pour ces activités ;
  5. Note l’existence de problèmes de gestion liés à une insuffisance aussi bien au niveau des ressources humaines, matérielles et financières, que du cadre juridique et législatif, et demande à l’État partie de doter le service de conservation du site des ressources et des cadres juridique et législatif adéquats ;
  6. Notant également que le Plan de gestion 2016-2026 du site n’a pas encore été validé par l’État partie et n’est donc toujours pas en application, prie aussi instamment l’État partie de finaliser et valider le Plan de gestion et de conservation y inclus un plan de gestion des risques en l'ayant au préalable actualisé selon les recommandations formulées par les experts dans le rapport de la mission d’urgence d'octobre 2018, et d’en soumettre la version révisée pour examen par le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives ;
  7. Exprime également sa préoccupation quant à l’apparition de nouvelles formes de constructions, dont les équipements de l’administration ayant un impact négatif sur le paysage culturel du Koutammakou, et aux phénomènes de déboisement et d’urbanisation non contrôlée sur le site ;
  8. Demande également à l’État partie de procéder à une délimitation du périmètre du bien et de sa zone tampon et de soumettre au Centre du patrimoine mondial une carte actualisée du bien ;
  9. Demande en outre à l’État partie d’élaborer un inventaire des Takienta et des attributs qui contribuent à la valeur universelle exceptionnelle (VUE) de l’ensemble du bien, y compris une cartographie, et de les soumettre au Centre du patrimoine mondial pour examen par les Organisations consultatives ;
  10. Demande par ailleurs à l’État partie d’inviter une mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS/ICCROM sur le bien afin d’évaluer l’état de conservation du bien, ainsi que l’état de la reconstruction des Takienta et l’impact des nouvelles constructions et des altérations sur la VUE du bien ;
  11. Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er décembre 2020, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 45e session en 2021.

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