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Étude de cas : Planification des éoliennes en mer le long de la côte normande, en France

France
Les fortifications de Vauban

La Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) prévoit le développement en France de nouveaux projets éoliens en mer, dont un projet de 1 gigawatt (GW) au large de la Normandie.

Ce projet a fait l'objet d'un débat public à l'issue duquel la zone retenue pour son implantation se situe au large du Cotentin (département de la Manche), a plus de 32 km des côtes et a minimal 40 km des tours-observatoires Vauban de Saint-Vaast-La-Hougue. Le périmètre de l’implantation du projet sera affiné au cours de la procédure. Le parc éolien envisagé, qui sera « posé » sur le fond marin, sera constitué de 83 éoliennes d’une hauteur d’environ 260 m en bout de pale, sur une emprise en mer de l'ordre de 100 à 150 km2.La procédure d'appel d'offres a été lancée en décembre 2020 afin de désigner le futur promoteur du projet, prévu pour 2022.

Conformément au cadre réglementaire introduit par la loi pour un État au service d'une société de confiance (ESSOC) du 10 août 2018, le ministère de la Transition écologique a saisi préalablement la Commission nationale du débat public, notamment sur le choix du site d'implantation du projet. Au cours du débat public, les enjeux relatifs aux fortifications Vauban de Saint-Vaast-la-Hougue et les interactions possibles entre l'inscription sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO de cette partie du bien en série et le projet de parc éolien ont été évoqués.

© Editions Gelbart

État partie :
France

Bien du patrimoine mondial :
Les fortifications de Vauban (bien en série)

Critères :
(i)(ii)(iv)

Année d’inscription :
2008

Brève description :
Les fortifications de Vauban sont constituées de 12 groupes de bâtiments fortifiés et de constructions le long des frontières nord, est et ouest de la France. Elles constituent les meilleurs exemples du travail de Sébastien Le Prestre de Vauban (1633-1707), l'architecte militaire de Louis XIV. Cette série comprend des villes neuves créées ex-nihilo, des citadelles, des enceintes urbaines à bastions et des tours bastionnées. Y figurent également des forts de montagne, des forts de cote, une batterie de montagne et deux structures de communication en montagne. Ces sites sont inscrits en tant que témoins de l'apogée de la fortification bastionnée classique, typique de !'architecture militaire occidentale. Vauban a joué un rôle majeur dans l'histoire des fortifications en influençant l'architecture militaire en Europe, mais aussi sur les autres continents jusqu'au milieu du XIXe siècle. Parmi les 12 sites qui composent le bien en série, considérés comme les plus représentatifs de l'œuvre de Vauban d'une valeur architecturale, territoriale et paysagère exceptionnelle, le site de Saint-Vaast-La-Hougue comprend les deux tours-observatoires de l'île de Tatihou et de la Hougue.

Pour plus d'informations, voir le site: https://whc.unesco.org/fr/list/1283/

Évaluation d’impact réalisée pour ce projet

Le Gouvernement a lancé une étude sur les enjeux liés à la préservation des tours observatoires de Saint-Vaast-La-Hougue afin d'éclairer le processus décisionnel. Il ne s'agit pas à proprement parler d'une étude d'impact du projet, qui sera réalisée ultérieurement par son promoteur, mais d'une étude en amont qui vise à analyser la possibilité d'installer un parc éolien en mer dans le département de la Manche, sans porter atteinte à la VUE des tours observatoires de la Hougue et de Tatihou, qui font partie du bien des fortifications de Vauban inscrit au patrimoine mondial de l'humanité.

Enjeux identifiés lors du processus d’évaluation d'impact

La première partie de l'étude rappelle les caractéristiques de cette composante du bien qui contribuent à la VUE du site Vauban, notamment dans la formation du paysage dans lequel les tours s’insèrent. Après une nouvelle évaluation par rapport aux critères d'inscription, elle identifie les points de vue les plus remarquables vers ces deux édifices sous l’angle du patrimoine et illustre ainsi les différents niveaux de sensibilité de l'environnement au regard de ses dimensions patrimoniales. Des photomontages sont ensuite conçus sur les points de vue et les panoramas les plus significatifs. Ces simulations visuelles évaluent l'interaction de l'installation du parc éolien en mer avec la perception des tours observatoires, sur la base de choix d'implantation fictifs d'éoliennes, dans le but de minimiser l'impact possible du parc éolien sur les tours. L'étude a abouti à une carte de sensibilité paysagère de la zone maritime autour des tours (voir illustration ci-dessous).

La seconde partie de l'étude formule des recommandations sur la manière d'implanter un parc éolien dans la zone afin de limiter ou de contrôler les impacts visuels. L'analyse des sensibilités du paysage permet d'étudier six zones potentielles pour l'implantation du projet. Les simulations présentées assurent les mesures d'évitement, de réduction et de compensation au regard des valeurs patrimoniales.

Résumé des résultats de l’évaluation d'impact

En conclusion, l'étude a révélé qu'à moins de 40 km de Saint-Vaast-la-Hougue, il existe des interactions indéniables entre l'implantation d'un parc éolien en mer et les tours observatoires de la Hougue et de Tatihou. En revanche, à plus de 60 km, le risque de porter atteinte à la VUE de cette partie du bien est très faible, voire nul. De plus, entre ces deux distances, bien que la visibilité reste limitée depuis plusieurs points de vue, les éoliennes émergeraient clairement de la batterie de la Pernelle, un panorama monumental qui offre une vue sur le grand paysage et permet d'en apprécier la formation. (Voir dans l’étude : partie 1 P1 EOL_VAUBAN Diagnostic Volet 1_2.pdf (developpement-durable.gouv.fr) et partie 2 P2 EOL_VAUBAN Annexe Volet 2_2.pdf (developpement-durable.gouv.fr).

Parmi les enseignements les plus importants tirés de ce projet, on peut citer le fait que l'étude pour la bonne prise en compte des enjeux liés à la préservation des tours observatoires de Tatihou et de la Hougue a été facilitée par l'existence d'une documentation préalable concernant la gestion, la conservation et le développement durable du bien, élaborée par les gestionnaires des sites Vauban (voir également Parution du référentiel ‘Fortifications de Vauban’ - Réseau des sites majeurs Vauban (sites-vauban.org).

Concernant les défis, notamment paysagers et patrimoniaux, le Gouvernement français a décidé de retenir pour le projet une zone située à plus de 32 km de la côte afin de limiter l'impact visuel du parc éolien depuis la côte. De plus, la zone sélectionnée est située à plus de 40 km des tours de Saint-Vaast-la-Hougue afin d'éviter la zone de forte sensibilité paysagère des tours, conformément aux recommandations de l'étude paysagère. La zone sélectionnée pour l'appel d'offres est de 500 km2, alors que le parc ne devrait occuper qu'environ 100 à 150 km2, de sorte que les distances précalculées peuvent même être plus importantes, en fonction de l'emplacement exact choisi dans le cadre de l'appel d'offres.

Dans la suite du développement du projet, le Gouvernement veillera à ce que le promoteur du parc éolien prenne en compte les aspects paysagers dans la planification et la conception du projet de parc éolien. S'agissant des tours d'observation de Saint-Vaast-la-Hougue, le promoteur devra s'appuyer sur les recommandations de l'étude commandée par le Gouvernement, et une attention particulière devra être accordée au point de vue de La Pernelle.

Calendrier prévisionnel du projet (Source : ministère de la Transition écologique)
Note : ce calendrier prévisionnel a été ajusté, accordant une année supplémentaire pour les trois dernières phases.

Enseignements importants tirés du projet

Il s'agit du premier projet en France pour lequel une étude spéciale a été réalisée afin d'examiner les impacts potentiels d'un projet éolien en mer sur un bien du patrimoine mondial. Les enseignements tirés (en particulier en matière de processus et de méthodologie d'analyse) seront utilisés en France pour de futurs projets similaires.

 L'une des spécificités de ce type de projet en mer est que le Gouvernement français (le ministère de la Transition écologique) est temporairement en charge du projet et que les études sont réalisées directement pour le compte du ministère, contrairement aux projets éoliens terrestres. L'analyse a permis de prendre en compte les dimensions paysagères de la VUE du bien à travers une méthodologie rigoureuse qui a pris en considération les différentes dimensions de la valeur du site en tant que composante des fortifications de Vauban, bien du patrimoine mondial, ainsi que la cartographie très soignée des sensibilités paysagères de la barrière défensive de Saint-Vaast. Les cartes sont également cohérentes avec les éléments produits par le gestionnaire lors de la rédaction du référentiel Vauban sur l'intégrité du bien. (Voir également: http://www.sites-vauban.org/ )

Parmi les résultats positifs de cette expérience, on peut citer deux défis particuliers :

  1. la définition d'une vaste zone d'étude avec six zones d'implantation potentielles, permettant une évaluation efficace des différentes options pour la réalisation du projet, en tenant compte des contraintes environnementales et techniques ;
  2. l'attention portée aux options de configuration du projet afin de limiter ou d'organiser les impacts visuels du projet.

La méthodologie utilisée a permis, tant dans l'étude d'opportunité en amont que dans l'étude de conception, de conforter des mesures d'évitement, de réduction et de compensation à travers des scénarios plausibles au regard de la préservation d'un bien du patrimoine mondial

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