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Koutammakou, le pays des Batammariba

Bénin, Togo
Facteurs affectant le bien en 2019*
  • Cadre juridique
  • Eau (pluie/nappe phréatique)
  • Exploitation forestière/production de bois
  • Habitat
  • Ressources financières
  • Système de gestion/plan de gestion
  • Autres menaces :

    apparition de nouvelles formes de constructions

Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
Néant
Fonds extrabudgétaires de l’UNESCO jusqu'en 2019

Montant total accordé au bien : 21 471,5 dollars EU pour une mission d’urgence (voir ci-dessous) suite à la destruction de plusieurs Takienta (Fonds d’urgence pour le patrimoine)

Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2019
Demandes approuvées : 2 (de 2001-2015)
Montant total approuvé : 31 993 dollars E.U.
2015 ELABORATION D’UN NOUVEAU PLAN DE GESTION DU SITE DE ... (Approuvé)   4 950 dollars E.U.
2001 Préparation du dossier d'inscription sur la liste du ... (Approuvé)   27 043 dollars E.U.
Missions sur le bien jusqu'en 2019**

Octobre 2018: Mission d’urgence financée par le Fonds d’urgence pour le patrimoine

Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2019

Le 1er février 2019, l’État partie a soumis un rapport détaillé sur l’état de conservation du bien. Ce document, demandé à l’État partie par la Directrice du Centre du patrimoine mondial dans un courrier du 29 novembre 2018, fait suite à une mission d’urgence effectuée du 19 au 24 octobre 2018 sur le site après l’effondrement de plusieurs Takienta (habitations en terre) pendant la saison des pluies de 2018. Le rapport de l’État partie et le rapport de mission sont disponibles à l’adresse https://whc.unesco.org/fr/list/1140/documents/.

Le rapport envoyé par l'État partie propose une analyse de l’état de conservation du site à travers les éléments culturels (tangibles et intangibles) et naturels, identifiant les principaux problèmes liés à la conservation du site dans les domaines suivants :

  • Habitat traditionnel : rareté des matériaux de construction, difficulté de plus en plus grande pour les communautés d’entretenir les Takienta, influence du modernisme s'exprimant par la construction d’édifices modernes ou l'apparition de centres semi-urbains ;
  • Patrimoine immatériel : abandon grandissant des pratiques traditionnelles, en particulier les rites initiatiques, funéraires et cultuels, qui serait lié à l'adoption des religions monothéistes ;
  • Paysage naturel : déboisement, urbanisation non contrôlée, difficultés d’accès à certaines zones du site et intempéries ;
  • Difficultés liées à la gestion du site : insuffisance de ressources humaines, matérielle et financière au niveau du service de conservation, absence de textes juridiques et législatifs complémentaires ;
  • Problèmes concernant la promotion du site : manque d’infrastructures d’hébergement et de restauration de qualité, de visibilité et d’animation culturelle autour du Koutammakou.

Enfin, le rapport conclut qu’en dépit du sinistre survenu en 2018 dont les dommages seraient en cours de réparation, le bien ne fait pour l’instant pas face à des menaces majeures susceptibles de porter atteinte à sa valeur universelle exceptionnelle (VUE).

Analyse et Conclusion du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives en 2019

En plus du rapport de l'État partie, il convient, pour les fins de cette analyse, de considérer également le rapport de la mission d’urgence d’octobre 2018. En effet, ce rapport rend compte des dommages observés sur le site, plus particulièrement dans les localités de Bassamba, Warengo, Pimini et Nadoba. Ainsi, les experts ont notamment pu constater la destruction de 587 Takienta (dont 421 partiellement et 166 totalement) ainsi que celle des autels abritant les mânes des ancêtres des Batammariba.

La réactivité de l’État partie suite aux intempéries de 2018 ayant causé la destruction de plusieurs Takienta, en demandant l’organisation d’une mission d’urgence et en initiant des travaux de restauration des Takienta endommagées, est accueillie favorablement. Il est cependant à noter que le rapport de l'État partie ne fait que brièvement mention des destructions, en indiquant que les dégâts sont en cours de réparation sans préciser leur ampleur, l’état d’avancement des travaux, les acteurs impliqués ou les moyens financiers déployés. Il est donc recommandé que l’État partie apporte plus de détails sur les mesures de restauration en cours.

En outre, le site fait face à des problèmes de gestion liés à une insuffisance aussi bien au niveau des ressources humaines, matérielles et financières, que du cadre juridique et législatif. En effet, bien que les endommagements des Takienta par les pluies soient récurrents et habituellement réparés par la communauté, l'ampleur des dégâts constatés en 2018 semble révéler des défaillances dans la gestion des risques et le suivi du bien.

Ceci explique en partie aussi le fait que les experts n’aient pu obtenir de données fiables permettant d'analyser l’étendue des dégâts par rapport à l’ensemble du bien, du fait notamment que l’inventaire des éléments le constituant (dont les Takienta) est incomplet et ne permet donc pas de disposer d’une situation de référence.

Ainsi, il est recommandé que le Comité demande à l’État partie de procéder à un inventaire précis des Takienta et à un inventaire complet des attributs qui contribuent à la valeur universelle exceptionnelle du bien, y inclus une cartographie, et à une délimitation du périmètre du bien et de sa zone tampon, en vue d’une gestion et protection effectives.

De plus, le Plan de gestion 2016-2026 du bien, dont l'élaboration avait bénéficié d'une assistance internationale en 2015, n’a pas encore été validé au niveau national et n'est donc pas en application. Pour répondre au besoin de renforcer la conservation du bien et faire face aux risques encourus, la mission a recommandé qu’un plan de conservation et un plan de gestion des risques soient intégrés au plan de gestion actualisé. Il est donc important que l’État partie valide le Plan de gestion et de conservation en l’ayant au préalable actualisé selon les recommandations de la mission, et dote le service de conservation du site de ressources et de cadres juridique et législatif adéquats.

L’État partie mentionne également l’apparition de constructions contemporaines (cases rondes, carrées ou rectangulaires, substitution de la paille par la tôle, équipements de l’administration) à côté des Takienta, ainsi que des altérations architecturales (matériaux, structure, cohérence architecturale). Bien que ces éléments traduisent les besoins des populations à se conformer à des formes d’habitat plus adaptées à leur mode de vie actuel, ils pourraient impacter négativement sur le paysage culturel du Koutammakou. Ceci pourrait par ailleurs être accentué par des phénomènes de déboisement et d’urbanisation non contrôlée (à l’exemple du village de Nadoba).

En raison du mandat limité de la mission d'octobre 2018 et face à l'ensemble des facteurs susmentionnés pouvant potentiellement affecter le bien, il est recommandé que l’État partie invite une mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/ICOMOS/ICCROM, afin de pleinement évaluer l'état de conservation du bien.

Décisions adoptées par le Comité en 2019
43 COM 7B.112
Koutammakou, le pays des Batammariba (Togo) (C 1140)

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné le document WHC/19/43.COM/7B,
  2. Apprécie la réactivité de l’État partie suite aux intempéries de 2018 ayant causé la destruction de plusieurs Takienta en demandant l’organisation d’une mission d’urgence sur le site et en initiant des travaux de restauration des Takienta endommagées ;
  3. Regrette toutefois que l’État partie n'ait pas informé le Centre du patrimoine mondial de la destruction de plusieurs Takienta durant la saison des pluies de 2018 ;
  4. Exprime sa vive préoccupation quant à la destruction de plusieurs Takienta d’après le constat des experts de la mission d’urgence du Centre du patrimoine mondial d’octobre 2018, et prie instamment l’État partie d’apporter plus de précisions sur les mesures de restauration des Takienta en cours, notamment en ce qui concerne l’ampleur des dégâts, l’état d’avancement des travaux, les acteurs impliqués et les moyens financiers déployés pour ces activités ;
  5. Note l’existence de problèmes de gestion liés à une insuffisance aussi bien au niveau des ressources humaines, matérielles et financières, que du cadre juridique et législatif, et demande à l’État partie de doter le service de conservation du site des ressources et des cadres juridique et législatif adéquats ;
  6. Notant également que le Plan de gestion 2016-2026 du site n’a pas encore été validé par l’État partie et n’est donc toujours pas en application, prie aussi instamment l’État partie de finaliser et valider le Plan de gestion et de conservation y inclus un plan de gestion des risques en l'ayant au préalable actualisé selon les recommandations formulées par les experts dans le rapport de la mission d’urgence d'octobre 2018, et d’en soumettre la version révisée pour examen par le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives ;
  7. Exprime également sa préoccupation quant à l’apparition de nouvelles formes de constructions, dont les équipements de l’administration ayant un impact négatif sur le paysage culturel du Koutammakou, et aux phénomènes de déboisement et d’urbanisation non contrôlée sur le site ;
  8. Demande également à l’État partie de procéder à une délimitation du périmètre du bien et de sa zone tampon et de soumettre au Centre du patrimoine mondial une carte actualisée du bien ;
  9. Demande en outre à l’État partie d’élaborer un inventaire des Takienta et des attributs qui contribuent à la valeur universelle exceptionnelle (VUE) de l’ensemble du bien, y compris une cartographie, et de les soumettre au Centre du patrimoine mondial pour examen par les Organisations consultatives ;
  10. Demande par ailleurs à l’État partie d’inviter une mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS/ICCROM sur le bien afin d’évaluer l’état de conservation du bien, ainsi que l’état de la reconstruction des Takienta et l’impact des nouvelles constructions et des altérations sur la VUE du bien ;
  11. Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er décembre 2020, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 45e session en 2021.
Projet de décision : 43 COM 7B.112

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné le document WHC/19/43.COM/7B,
  2. Apprécie la réactivité de l’État partie suite aux intempéries de 2018 ayant causé la destruction de plusieurs Takienta en demandant l’organisation d’une mission d’urgence sur le site et en initiant des travaux de restauration des Takienta endommagées;
  3. Regrette toutefois que l’État partie n'ait pas informé le Centre du patrimoine mondial de la destruction de plusieurs Takienta durant la saison des pluies de 2018 ;
  4. Exprime sa vive préoccupation quant à la destruction de plusieurs Takienta d’après le constat des experts de la mission d’urgence du Centre du patrimoine mondial d’octobre 2018, et prie instamment l’État partie d’apporter plus de précisions sur les mesures de restauration des Takienta en cours, notamment en ce qui concerne l’ampleur des dégâts, l’état d’avancement des travaux, les acteurs impliqués et les moyens financiers déployés pour ces activités;
  5. Note l’existence de problèmes de gestion liés à une insuffisance aussi bien au niveau des ressources humaines, matérielles et financières, que du cadre juridique et législatif, et demande à l’État partie de doter le service de conservation du site des ressources et des cadres juridique et législatif adéquats ;
  6. Notant également que le Plan de gestion 2016-2026 du site n’a pas encore été validé par l’État partie et n’est donc toujours pas en application, prie aussi instamment l’État partie de finaliser et valider le Plan de gestion et de conservation y inclus un plan de gestion des risques en l'ayant au préalable actualisé selon les recommandations formulées par les experts dans le rapport de la mission d’urgence d'octobre 2018, et d’en soumettre la version révisée pour examen par le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives ;
  7. Exprime également sa préoccupation quant à l’apparition de nouvelles formes de constructions, dont les équipements de l’administration ayant un impact négatif sur le paysage culturel du Koutammakou, et aux phénomènes de déboisement et d’urbanisation non contrôlée sur le site ;
  8. Demande également à l’État partie de procéder à une délimitation du périmètre du bien et de sa zone tampon et de soumettre au Centre du patrimoine mondial une carte actualisée du bien;
  9. Demande en outre à l’État partie d’élaborer un inventaire des Takienta et des attributs qui contribuent à la valeur universelle exceptionnelle (VUE) de l’ensemble du bien, y compris une cartographie, et de les soumettre au Centre du patrimoine mondial pour examen par les Organisations consultatives;
  10. Demande par ailleurs à l’État partie d’inviter une mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS/ICCROM sur le bien afin d’évaluer l’état de conservation du bien, ainsi que l’état de la reconstruction des Takienta et l’impact des nouvelles constructions et des altérations sur la VUE du bien;
  11. Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1erdécembre 2020, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 45e session en 2021.
Année du rapport : 2019
Bénin Togo
Date d'inscription : 2004
Catégorie : Culturel
Critères : (v)(vi)
Documents examinés par le Comité
Rapport de lʼÉtat partie sur lʼétat de conservation
Rapport (2019) .pdf
arrow_circle_right 43COM (2019)
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* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).

** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.


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