A ses vingt-deuxièmes sessions ordinaire (juin 1998) et extraordinaire (novembre 1998), le Bureau a été informé de la situation provoquée par les éruptions du mont Ruapehu en 1995 et 1996. Le lac du cratère a été drainé et un important amoncellement de cendres en a empêché l'écoulement. Lorsque le lac du cratère va de nouveau se remplir, probablement dans les années à venir, il risque de se produire un effondrement rapide du barrage de cendres suivi d'une importante coulée de boue. Les gestionnaires du Parc sont confrontés à un dilemme : soit laisser la nature faire son œuvre et mettre en danger des vies humaines et certaines valeurs naturelles, soit prendre des mesures pour dégager la zone de déversement. L'option de creusement d'une tranchée dans les cendres à l'extrémité du cratère ne devrait pas avoir de conséquences importantes sur les valeurs naturelles qui ont justifié l'inscription du site. Cependant, pour les gestionnaires du site, toute intervention dans la zone du sommet a des incidences sur leur reconnaissance des valeurs qui ont justifié l'inscription au titre du critère culturel (vi) et leur respect pour les valeurs spirituelles, traditionnelles et culturelles que les Maori attribuent au site. Les tribus maori Ngati Rangi et Ngati Tuwharetoa sont opposées à l'idée de travaux d'ingénierie dans la zone du lac de cratère. Le ministre de la Conservation a demandé une évaluation environnementale et culturelle d'ensemble qui définirait les risques liés aux mesures de limitation des menaces et à leurs impacts possibles.
Par lettre datée du 31 mars adressée par le département néo-zélandais de la Conservation, le Centre a reçu une mise à jour des décisions concernant la gestion de l'amas de cendres à l'extrémité du lac de cratère du Mont Ruapehu. Un projet de rapport d'évaluation des effets environnementaux a été publié pour recueillir les commentaires du public à la fin d'octobre 1998 et des consultations ont eu lieu avec le peuple maori, d'autres organismes et le public. Par ailleurs, le département de la Conservation se renseigne sur les différents composants d'un système d'alarme adapté afin de prévenir le public de grandes coulées de boue provenant du lac de cratère. Des discussions informelles ont débuté pour créer un groupe de gestion des urgences qui traiterait de tels risques. Le suivi permanent a montré qu'au 22 mars 1999, le lac de cratère était rempli à 22% et 54 m au-dessous de l'ancien niveau de débordement. Selon les prévisions actuelles, le lac de cratère ne devrait pas se remplir avant l'année 2003.
L’UICN a confirmé au Bureau que le gouvernement néo-zélandais procède très prudemment afin de ne pas offenser les sensibilités des Maoris en ce qui concerne le creusement d’une tranchée à travers les amas de cendres datant de 1995 et 1996 qui bloquent l’écoulement du lac de cratère du Mont Ruapehu. L’UICN a également informé le Bureau que le rapport sur les consultations publiques concernant le rapport du Projet d’évaluation des effets sur l’environnement va être envoyé au ministre de la Conservation qui prendra une décision sur les mesures à prendre, après s’être informé des implications juridiques du creusement d’une tranchée ou du fait de laisser la nature suivre son cours. L’ICOMOS a fait des remarques sur le rapport entre ce cas de gestion d’un amas de cendres dans le Parc national de Tongariro et d’autres cas où il faudra à l’avenir également négocier une solution de gestion entre deux cultures.
Le Bureau a demandé au Centre, à l'UICN et à l'ICOMOS de maintenir le contact avec l’État partie pour contrôler l'amas de cendres dans le lac de cratère et présenter un rapport à sa vingt-quatrième session en l'an 2000.