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Décision 35 COM 8B.22
Biens Culturels - Sites archéologiques de l'île de Méroé (Soudan)

Le Comité du patrimoine mondial,

1. Ayant examiné les documents WHC-11/35.COM/8B et WHC-11/35.COM/INF.8B1,

2. Inscrit les Sites archéologiques de l'île de Méroé, Soudan, sur la Liste du patrimoine mondial, sur la base des critères (ii), (iii), (iv) et (v);

3. Prend note de la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle provisoire suivante:

Brève synthèse

L'île de Méroé est la région centrale du royaume de Kouch, une puissance majeure de l'Antiquité, entre le VIIIe siècle avant J.C. et le IVe siècle de notre ère. Méroé est devenue la résidence principale des souverains, et à partir du IIIe siècle avant J.C. elle fut également le lieu des sépultures royales. On y trouve également des traces d'activités industrielles, en particulier de travail du fer. Le site de Naga est important pour comprendre la paléoclimatologie et les régimes hydrologiques de la région au cours des derniers siècles de l'ère préchrétienne et des premiers siècles de notre ère. Musawwarat es-Sufra est un ensemble religieux qui, comme Naga, soulève la question de son fonctionnement  dans une région qui est de nos jours très aride. Dans ce contexte, les énormes réservoirs d'eau (hafirs) sont particulièrement importants.

Ces trois sites présentent les reliques les mieux conservées du Royaume de Kouch, regroupant une grande variété de formes architecturales dans un grand nombre d'environnements différents. Ils témoignent de la richesse et du pouvoir du Royaume de Kouch ainsi que de ses contacts lointains avec les mondes méditerranéens et moyen orientaux, c'est le point de rencontre des mondes pharaoniques et classiques avec l'Afrique sahélienne.

Certains sites sont situés dans des zones semi-désertiques (les pyramides de Méroé, Musawwarat es-Sufra et Naga) tandis que la ville de Méroé est sur les bords du fleuve. Les temples de Musawwarat es-Sufra et de Naga et la pyramide de Méroé, se détachant sur des collines ocres et contrastant avec les buissons verts qui les recouvrent, offrent un spectacle surprenant dans un paysage presque désertique, visible à presque 30 kilomètres depuis les rives du Nil. La zone entourant ces sites est inhabitée, abandonnée par les communautés locales au cours des siècles.

Les trois sites de ce bien en série (Méroé, Musawwarat es-Sufra et Naga) témoignent d'une tradition architecturale faite de pyramides, de temples, de palais et de zones d'activité industrielle qui a façonné le paysage politique, religieux, social, artistique et technologique de la moyenne vallée et de la vallée du nord du Nil pendant plus de mille ans (du VIIIe siècle avant J.C. au IVe siècle après J.C.).

Critère (ii) : Les sites archéologiques de l'île de Méroé proposent une plongée détaillée dans l'échange d'idées entre deux mondes, celui de l'Afrique centrale et celui de la Méditerranée, le long de ce qui était la principale voie d'accès vers et depuis l'Afrique au cours d'une très longue période de l'Antiquité. L'interaction entre les influences locales et étrangères est mise en évidence par l'architecture, l'art, l'iconographie, la religion et le langage.

Critère (iii) : Tous les témoignages de la civilisation kouchite ont été effacés par l'arrivée du christianisme dans la moyenne vallée du Nil au VIe siècle de notre ère. Les biens proposés à l'inscription avec leur grande variété de types de monuments, leurs bâtiments bien conservés et leur potentiel de fouilles à venir et d'axes de recherche sont des témoignages uniques de cette civilisation, peut-être la plus grande de l'Afrique sub-saharienne.

Critère (iv) : Les pyramides situées à Méroé sont des témoignages exceptionnels de ce type de monument funéraire kouchite tout à fait particulier. Par ailleurs, leur situation au cœur de vestiges bien conservés d'un centre urbain est remarquable. Les preuves de la présence du travail du fer sont d'une importance considérable pour l'étude du rôle de Méroé dans la diffusion de la technologie de la ferronnerie dans l'Afrique subsaharienne.

À Naga, le "Kiosque romain", juxtaposant des éléments décoratifs issus de l'Égypte pharaonique, de la Grèce et de Rome ainsi que des éléments propres à Kouch, et le Temple du Lion, qui conserve des reliefs de dieux et de rois kouchites, sont d'une importance exceptionnelle. Musawwarat es-Sufra est un ensemble architectural unique composé de temples, de cours, de bâtiments privés ainsi que d'importantes installations liées à la gestion de l'eau, à l'exploitation de carrières et à l'activité industrielle.

Critère (v) : La présence des principaux lieux d'activité humaine loin du Nil, à Musawwarat es-Sufra et à Naga, permet de s'interroger sur la viabilité d'une telle zone, aujourd'hui aride et dépourvue de présence humaine. Ces lieux permettent, au moyen d'une étude détaillée de la paléoclimatologie, de la flore et de la faune, de comprendre l'interaction des Kouchites sur leur arrière-pays désertique.

Intégrité et authenticité

L'intégrité et l'authenticité des trois sites (la ville de Méroé, les cimetières nord et sud, Musawwarat es-Sufra et Naga) sont en conformité avec les exigences du Comité du patrimoine mondial. Ils n'ont pas été l'objet d'interventions inopportunes de quelque importance que ce soit, leur environnement et leur paysage naturel n'ont pas été compromis ou abimés. L'expédition de Ferlini, dans les années 1830 a été très préjudiciable à quelques unes des pyramides des cimetières de Méroé sans toutefois modifier l'aspect général de l'ensemble.

Un certain nombre de travaux de restauration ont été entrepris depuis les années 1950, principalement sur certaines pyramides et quelques bâtiments (ex. les "bains royaux" et le Kiosque à Naga). Bien que dans certains cas, les matériaux et techniques utilisés ne soient pas conformes aux principes et pratiques conservatoires, qui ont fait de grands progrès depuis que ces travaux ont été entrepris, les préceptes de la Charte de Venise (1954), du Document de Nara (1995) et le concept d'anastylose n'ont pas été battus en brèche. Deux ou trois petites pyramides ont été totalement reconstruites, dans un but didactique afin de montrer leur aspect dans l'Antiquité.

Mesures de protection et de gestion

-Le bien est protégé par l'Ordonnance sur la protection des antiquités de 1905, amendée en 1952 et plus récemment en 1999.

-Les sites sont gardés par la force militaire de la Police du tourisme et des antiquités.

-Un gestionnaire de site résident a été nommé. Il est assisté d'un groupe de techniciens.

-Un Comité de gestion est créé pour le bien.

-Une société de conseil prépare actuellement les plans et le devis de la clôture et de l'installation d'infrastructures de base sur les sites.

-Tentatives pour attirer des partenaires locaux et étrangers afin qu'ils contribuent aux efforts en cours pour la conservation du patrimoine archéologique des sites.

4. Recommande à l'Etat partie:

a) de considérer, dans l'avenir, l'ajout au bien d'autres sites importants de la région afin de donner une vision complète de «l'île de Méroé» à l'ère méroïtique,

b) d'inclure les vestiges archéologiques de la partie nord de la cité royale à l'intérieur des limites du bien,

c) d'inclure les versants sud des collines du Norddans la zone tampon de Méroé,

d) de renforcer le Comité de gestion, d'obtenir un financement dédié afin d'inclure un programme d'entretien pour les sites, lié au système de suivi, et d'instaurer des guides obligatoires pour les visiteurs,

e) de développer un inventaire et une base de données d'ensemble pour les sites afin de servir de base au programme de conservation et de suivi,

f) de développer un plan de conservation coordonné avec une politique de conservation agréée pour les trois sites proposés pour inscription,

g) de renforcer la protection du cadre de Méroé pour assurer l'interdiction de l'exploitation minière là où elle aurait un impact négatif sur le bien,

h) de fournir un calendrier pour le détournement de l'autoroute, des lignes électriques à l'extérieur du site de Méroé;

5. Encourage l'État partie à soumettre une demande d'assistance internationale pour la protection et la conservation du bien, par le développement du plan de conservation coordonné conformément au paragraphe 235(c) et au paragraphe 241 (Assistance de conservation et gestion) des Orientations;

6. Invite la communauté internationale à envisager un soutien pour ces sites extraordinaires et à offrir une coopération pour aider au développement de la base de données des coordonnés et du plan de conservation.

Code de la Décision
35 COM 8B.22
Thèmes
Inscriptions sur la Liste du patrimoine mondial
États Parties 1
Année
2011
Documents
WHC-11/35.COM/20
Décisions adoptées par le Comité du patrimoine mondial à sa 35e session (UNESCO, 2011)
Contexte de la Décision
WHC-11/35.COM/8B
WHC-11/35.COM/INF.8B1
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