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Le Comité du patrimoine mondial a inscrit deux sites naturels, un site mixte et quatre sites culturels sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO

jeudi 28 juin 2007
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Le Comité du patrimoine mondial a inscrit aujourd'hui deux nouveaux sites naturels sur la Liste du patrimoine mondial : le Parc national du Teide (Espagne) et les forêts primaires de hêtres des Carpates (Slovaquie et Ukraine). Il a aussi inscrit l'Écosystème et paysage culturel relique de Lopé-Okanda (Gabon) en tant que site mixte - culturel et naturel . Quatre nouveaux sites culturels ont également été ajoutés à la Liste : le paysage culturel et botanique du Richtersveld (Afrique du Sud) ; Twyfelfontein ou /Ui-//aes (Namibie), Diaolou et les villages de Kaiping (Chine) et la Ville archéologique de Samarra (Iraq) qui a en même temps été inscrite sur la Liste du patrimoine mondial en péril. Le Comité a aussi approuvé l'extension du site naturel Jungfrau-Aletsch-Bietschhorn (Suisse).

Parc national du Teide, Espagne

Situé dans l'île de Tenerife, le site couvre 18 990 ha et comporte le strato-volcan du Teide-Pico Viejo qui est le point culminant d'Espagne (3 718 m). S'élevant à environ 7 500 mètres au-dessus des fonds océaniques, le volcan est considéré comme la troisième plus haute structure volcanique du monde. Il est situé dans un environnement remarquable : les conditions atmosphériques confèrent au paysage des textures et teintes en perpétuel changement, cette « mer de nuages » forme un arrière-plan visuellement très impressionnant derrière la montagne. Le Teide est d'importance mondiale car il témoigne des processus géologiques qui sous-tendent l'évolution des îles océaniques, complétant ainsi les biens volcaniques figurant déjà sur la Liste du patrimoine mondial comme le Parc national des volcans d'Hawaï (Etats-Unis).

Forêts primaires de hêtres des Carpates, Slovaquie / Ukraine

Les forêts primaires de hêtres des Carpates sont un bien sériel transnational comprenant dix unités séparées. Elles s'étendent le long d'un axe de 185 km allant des montagnes de Rakhiv et du massif de Chornohirskyi, en Ukraine, en direction de l'Ouest le long de la crête de Poloniny jusqu'aux montagnes de Bukovské Vrchy et Vihorlat en Slovaquie. Les dix unités représentent un exemple remarquable de forêts tempérées complexes vierges ; elles offrent les plus complets et vastes schémas et processus écologiques de hêtraies européennes dans une grande variété de conditions environnementales. Elles contiennent un réservoir génétique précieux de hêtres et de nombreuses espèces associées et dépendantes de ces habitats forestiers. Elles représentent également un exemple extraordinaire de la recolonisation et du développement des écosystèmes et communautés terrestres depuis le dernier âge glaciaire, un processus qui se poursuit aujourd'hui encore.

Écosystème et paysage culturel relique de Lopé-Okanda, Gabon

Le bien présente une interface inhabituelle entre une forêt tropicale ombrophile dense bien conservée et un milieu de savane relique abritant un large éventail d'habitats et d'espèces, parmi lesquels de grands mammifères en voie de disparition. Il illustre des processus écologiques et biologiques d'adaptation des espèces et des habitats aux changements climatiques post-glaciaires. Le bien porte aussi la trace des passages successifs de différents peuples qui ont laissé de nombreux vestiges d'habitations relativement bien préservés au sommet des collines et à proximité de grottes et d'abris, ainsi que des signes de travail du fer et une collection d'environ 1 800 pétroglyphes (gravures sur pierre). Cet ensemble regroupant des sites datant du Néolithique et de l'Âge du fer et incluant des vestiges d'œuvres d'art rupestre est le reflet d'un axe migratoire majeur emprunté par les Bantous et par d'autres peuples originaires d'Afrique de l'Ouest qui longeaient la vallée de l'Ogooué pour se rendre vers le nord des forêts sempervirentes denses du Congo et vers le centre, l'est et le sud du continent africain. Ces flux migratoires ont façonné le développement de toute l'Afrique sub-saharienne. Il s'agit de la première inscription d'un site gabonais.

Le paysage culturel et botanique du Richtersveld, Afrique du Sud

La zone de conservation de la communauté du Richtersveld couvre une superficie de 160 000 ha de déserts montagneux spectaculaires dans le nord-ouest de l'Afrique du Sud. Il s'agit d'un paysage culturel dont la propriété et la gestion sont communales. Le peuple Nama y mène un mode de vie pastoral semi-nomade, témoignant de schémas saisonniers qui peuvent avoir persisté pas moins de deux millénaires en Afrique australe. C'est le seul endroit où les Nama construisent encore leurs maisons portables couvertes de jonc (haru oms). L'inscription porte sur les migrations saisonnières et zones de pâturage, les sites de campement temporaire (bases utilisées par les gardiens de troupeaux au fil de la migration saisonnière de leurs moutons et bétail) et les maisons à nattes de jonc ou haru oms, de petites structures portables hémisphériques dont l'armature d'arceaux de bois entrecroisés est recouverte de fines nattes de joncs locaux tressés. Les pasteurs collectent des plantes médicinales et autres et il semble qu'il existe une forte tradition orale associée aux différents lieux et attributs du paysage.

Twyfelfontein ou /Ui-//aes, Namibie

Twyfelfontein possède l'une des plus importantes concentrations de pétroglyphes sur roche - gravures sur roche - d'Afrique. Plus de 2000 figures ont été répertoriées à ce jour. La plupart de ces œuvres bien préservées représentent des rhinocéros, des éléphants, des autruches et des girafes, ainsi que des empreintes de pas d'hommes et d'animaux. Le bien comprend également six abris sous roche décorés de représentations humaines peintes à l'ocre rouge. Les vestiges mis à jour dans deux parties du site, parmi lesquels des objets en pierre, des perles en coquille d'œuf d'autruche et des pendentifs en schiste, ont été datés de la fin de l'Age de Pierre. Les représentations humaines, ou les oiseaux en vol, sont rares et les images pourraient avoir été produites pour illustrer la transformation rituelle d'humains en animaux. L'exemple le plus célèbre est de celui de l'« Homme-Lion », un lion pourvu de cinq orteils à chaque patte. L'iconographie suggère que l'art rupestre était en rapport avec le système de croyance des chasseurs-cueilleurs qui dominèrent la région jusqu'à l'arrivée des pasteurs aux environs de 1 000 après JC. Le site forme un ensemble cohérent, d'envergure et de qualité qui témoigne des pratiques rituelles des communautés de chasseurs-cueilleurs dans cette partie d'Afrique australe pendant au moins deux millénaires ; il illustre de façon éloquente les liens entre les pratiques rituelles et économiques des chasseurs cueilleurs. Il s'agit du premier site namibien inscrit sur la Liste du patrimoine mondial.

Diaolou et villages de Kaiping, Chine

Les diaolou, maisons fortifiées de villages de Kaiping (province de Guangdong), bâties sur plusieurs étages, témoignent d'une fusion complexe et flamboyante des formes structurelles et décoratives chinoises et occidentales. Elles sont le reflet du rôle significatif que jouèrent les émigrés de Kaiping dans le développement de plusieurs pays en Asie du Sud, en Australasie et en Amérique du Nord à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, ainsi que des liens étroits qui ont subsisté entre les émigrés de Kaiping et leurs maisons ancestrales. Le site inscrit sur la Liste du patrimoine mondial comprend quatre groupes de diaolou, soit quelque 1 800 maisons-tours dans le cadre de leurs villages. Ces ensembles représentent l'apogée de près de cinq siècles de construction de maisons fortifiées et reflètent les liens toujours étroits entre Kaiping et la diaspora chinoise. Il existe trois types de bâtiments : les tours communautaires construites par plusieurs familles et utilisées comme refuges temporaires, qui sont aujourd'hui au nombre de 473 ; les tours résidentielles construites par de riches familles à des fins résidentielles et défensives, 1 149 d'entre elles étant préservées, et les tours de guet, qui furent les dernières construites, soit 221 bâtiments. Fabriqués en pierre, en pisé (de la terre associée à d'autres éléments et comprimée), en brique ou en béton, ces édifices symbolisent la fusion complexe et réussie des styles architecturaux chinois et occidentaux. Harmonieusement intégrés dans le paysage agricole environnant, les diaolou représentent l'épanouissement de traditions locales - nées sous la dynastie Ming - en matière de construction visant à se défendre contre les bandits.

Ville archéologique de Samarra 

Le site est inscrit à la fois sur la Liste du patrimoine mondial et la Liste du patrimoine mondial en péril. Siège d'une puissante capitale islamique qui régna sur les provinces de l'Empire abbasside, qui s'étendit pendant un siècle de la Tunisie à l'Asie centrale, la ville est située sur les berges du Tigre, à 130 km au nord de Bagdad. Elle s'étend sur 41,5 km du nord au sud pour une largeur qui varie entre 4 et 8 km. Elle témoigne d'innovations architecturales et artistiques qui se sont développées ici et se sont répandues dans les autres régions du monde islamique et au-delà. La Grande mosquée et son minaret en spirale, datant du IX Siècle est l'un des nombreux monuments remarquable du site ; 80 % de la ville restent à mettre à jour.

Jungfrau-Aletsch-Bietschhorn, Suisse, (extension)

L'extension agrandit vers l'est et l'ouest le site du patrimoine mondial de Jungfrau-Aletsch-Bietschhorn, portant sa superficie à 82 400 ha au lieu de 53 900 ha. Jungfrau- Aletsch-Bietschhorn a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en 2001. Le site est un exemple remarquable de la formation des Hautes Alpes, incluant la partie la plus glacée des Alpes d'Europe et le plus grand glacier d'Eurasie. Il comprend une large diversité d'écosystèmes, notamment des exemples de succession végétale, liée en particulier à la retraite des glaciers consécutive au changement climatique. Le site a une valeur universelle exceptionnelle tant par sa beauté que par la richesse des informations qu'il apporte sur la formation des montagnes et des glaciers, ainsi que sur les changements climatiques actuels. Il est aussi précieux de par les processus écologiques et biologiques qu'il illustre, notamment la succession végétale. En Europe, ce paysage impressionnant a joué un rôle important dans l'art, la littérature, l'alpinisme et le tourisme alpin.

Le Comité du patrimoine mondial devrait inscrire de nouveaux sites plus tard dans la journée.

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