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Ibiza, biodiversité et culture

Espagne
Facteurs affectant le bien en 2010*
  • Infrastructures de transport maritime
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents

Projet à grande échelle pour l'expansion du port.

Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2010
Demandes approuvées : 0
Montant total approuvé : 0 dollars E.U.
Missions sur le bien jusqu'en 2010**

Novembre 2009: mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/ICOMOS/UICN 

Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2010

Suite à des informations reçues et à la publication d'articles dans la presse sur un possible projet d'extension du port d'Ibiza et sur son impact potentiel sur la composante maritime du bien du patrimoine mondial, le Comité du patrimoine mondial a demandé, lors de sa 33e session (Séville, 2009), qu'une mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/ICOMOS/UICN se rende sur le territoire du bien "Ibiza, biodiversité et culture" (décision 33 COM 7B.41). Suite à l'invitation de l'État partie, l'Espagne, la mission s'est déroulée du 3 au 6 novembre 2009 afin d'examiner le projet d'extension du port, d'étudier l'Évaluation d'impact environnemental et d’évaluer l'état de conservation du bien, ainsi que ses conditions d'intégrité et d'authenticité.

La mission a passé en revue la nombreuse documentation remise et tenu plusieurs réunions avec les parties prenantes. L'équipe de la mission a conclu que l'état de conservation général actuel du bien est satisfaisant. Elle a cependant fait un certain nombre d'observations et émis certaines recommandations afin de mieux gérer de possibles menaces envers la valeur universelle exceptionnelle, l'intégrité et l'authenticité de ce bien en série, naturel et culturel, du patrimoine mondial. Beaucoup de problèmes évoqués dans le rapport détaillé de la mission sont consultables à l'adresse suivante: https://whc.unesco.org/en/sessions/34COM. Ils sont potentiellement susceptibles d'avoir des effets négatifs sur la valeur universelle exceptionnelle du bien et requièrent des autorités espagnoles une attention immédiate. Ces problèmes sont les suivants:

a) Gestion, y compris la gestion des visiteurs et la mise en valeur du site

La mission a recommandé que les rôles et responsabilités des différentes entités en charge de la planification, de la protection et de la gestion du bien, en particulier de sa composante naturelle, soient clarifiés en lien avec la gestion générale intégrée du bien et de sa zone tampon considérés dans leur globalité, et que soient élaborés et mis en œuvre une vision partagée et un programme clair d'actions conjointes.

La mission a également recommandé que les autorités achèvent dès que possible le projet de centre d'accueil des visiteurs à San Francisco Eremita. En ce qui concerne la zone de Seis Feixes, la mission a encouragé les autorités à améliorer la mise en valeur du site au moyen de panneaux et d'explications sur le lien entre les composantes naturelle et culturelle du bien.

b) Développement du port et réorganisation

La mission a examiné attentivement le projet de développement portuaire et a reconnu le besoin de réorganisation en conformité avec les exigences européennes et internationales en termes de sécurité. Elle a également examiné l'intégrité du paysage, la réduction des impacts de la circulation et des impacts visuels sur la vieille ville. La mission a également relevé que les eaux de la zone portuaire sont à l'extérieur du bien et de sa zone tampon, alors que la zone de Botafoc, où un grand projet de dragage et de construction est prévu, se trouve dans la zone tampon de la composante culturelle du bien.

La mission est également préoccupée par un certain nombre de problèmes spécifiques ayant des impacts potentiels directs et indirects sur la composante naturelle du bien du patrimoine mondial : i) les effets du dragage puis de l'immersion de matériaux dragués dans la zone appelée "zona de vertido" (zone de déchets), ii) les disparitions potentielles de témoignages archéologiques de la zone de Botafoc, iii) la taille de la plateforme et la justification de cette taille, iv) l'absence de développement conceptualisé du port dans le cadre d'un plan général urbain et régional des déplacements pour Ibiza et Formentera, et ce, malgré l'existence d'un plan d'aménagement du territoire.

La mission a recommandé que le projet de développement portuaire soit attentivement examiné et reconsidéré en tenant compte des problèmes évoqués ci-dessus, et, en particulier afin de s'assurer de l'absence d'impacts négatifs directs ou indirects sur les aspects naturel et culturel de la valeur universelle exceptionnelle du bien, en particulier sur les espèces clés associées aux prairies de posidonias. En outre, les autorités portuaires devraient garantir que tout impact visuel potentiel des constructions (hauteur et forme des bâtiments, matériaux utilisés) dans la zone du port soit examiné de façon à empêcher tout impact visuel négatif sur la ville et sur les zones humides de la zone tampon et des alentours du bien.

La mission a également recommandé:

- d'évaluer avec soin toutes les découvertes archéologiques qui pourraient aider à la compréhension du bien, et ce, au moyen des techniques les plus récentes, y compris au moyen de tests, de réduire la quantité de matériaux dragués en envisageant une possible réduction de la plateforme et la réutilisation de ces matériaux pour la construction de la plateforme, de se documenter sur les procédés techniques permettant d'éviter la dispersion des boues, pas uniquement dans le port (barrière de protection géotextile) mais également lors de l'immersion, y compris en s'assurant de l'absence de vent et de courant, sans avoir recours à une immersion en surface, en utilisant des pipelines afin de déposer au fond de la mer (au moins sous la thermocline et de préférence aussi profond que possible), afin de réduire la quantité de déposition dans les profondeurs.;

- de vérifier et de contrôler régulièrement la qualité des matériaux dragués avant leur réimmersion et de faire cesser toute opération en cas de contamination ponctuelle par des métaux-traces ou par des polluants organiques persistants;

- de contrôler, au cours de toutes les phases de construction, la réimmersion des matériaux dragués aux alentours de la "zona de vertido" et aux limites du bien naturel au moyen de bassins de sédimentation, de mettre en place un système adéquat de suivi des ressources naturelles (espèces et habitats), en s'intéressant tout particulièrement à la stabilité des limites inférieures des prairies de posidonias qui pourraient subir des impacts négatifs, et de s'assurer que toute phase de travaux soit entreprise avec une extrême prudence et en tenant compte des problématiques exposées ci-dessus dans le but d'éviter les impacts sur les valeurs naturelles et les espèces clés comme la posidonia.

Considérant les impacts négatifs potentiels du nouveau projet de développement portuaire sur les ressources archéologiques sous-marines (qui pourraient avoir un lien avec les valeurs culturelles du bien), et éventuellement sur l'écosystème du port et d'une zone maritime bien plus vaste, la mission a instamment prié les autorités espagnoles de choisir un projet alternatif qui réduirait ces impacts à un niveau acceptable.

c) Limites

La mission a également examiné les limites et les zones tampons du bien et fait des recommandations qui pourraient être suivies par les autorités espagnoles dans le cadre d'une possible extension à venir du bien, ce qui permettrait un contrôle plus efficace de tout éventuel projet d'aménagement susceptible d'avoir un impact sur le bien.

Les autorités espagnoles ont remis le 1er février 2010 un rapport sur l'état de conservation du bien qui souligne que le projet d'aménagement se situe à l'extérieur du bien du patrimoine mondial et qu'il na pas d'impact sur la ville d'Ibiza et "qu'il pourrait difficilement avoir un impact sur les prairies de posidonias du parc naturel de Ses Salines, au vu de la situation de celui-ci à plus de 8 kilomètres". Le rapport précise en outre que le lieu destiné au déversement de la vase dans le périmètre du parc naturel, lieu pour lequel les autorités portuaires prévoient d'importantes mesures destinées au contrôle des algues invasives susceptibles d'être retirées de la zone lors des opérations de dragage, se trouve également à l'extérieur des limites du bien. En réponse au point 6 de la décision 33 COM 7B.41, les autorités espagnoles répondent que la totalité de l'Évaluation d'impact environnemental a été remise à la mission en novembre 2009 et que le projet de réorganisation du port a été mené en totale conformité avec les règlementations en vigueur. Les autorités détaillent également les actions spécifiques entreprises pour les différentes composantes du bien, la ville haute fortifiée (Plan des murs de 2003), Puig de Molins (mise à jour), Sa Caleta (acquisition de terrains) et les prairies de posidonias de Ses Salines (amélioration du statut de protection). Elles concluent le rapport par la phrase suivante : "…l'amélioration du port d'Ibiza ne provoquera pas une détérioration de l'état de conservation d'aucune des quatre composantes protégées du bien".

Le rapport complet de la mission a été soumis aux commentaires des autorités espagnoles le 3 février 2010. En réponse, l'État partie a remis, le 16 mars 2010, un document établi par les Autorités portuaires des Baléares faisant état d'informations spécifiques concernant le projet d'aménagement et de réorganisation du port. Elles sont détaillées ci-après.

Ces informations mettent l'accent sur la nécessaire réorganisation du port en raison de sa structure actuelle insuffisante. Les points suivants sont soulignés:

- l'esplanade du futur terminal a été conçue de façon minimaliste, sans aucune zone de stockage, uniquement des zones de transit, le projet a été conçu en conformité avec les règles en vigueur et une évaluation d'impact environnemental a été menée en tenant compte des aspects culturels, des techniques de dragage respectueuses seront utilisées et des études complémentaires pourront être ordonnées en cas de demande par des archéologues, en ce qui concerne l'espèce invasive Caulerpa racemosa (caulerpe raisin) , le rapport remarque qu'aucun pied n'a jusqu'alors été découvert et qu'au cas où cela se produirait, elle serait éliminée;

- les volumes dragués ont été adaptés à la modification de la construction, désormais les fondations des pontons seront sur des piliers et non plus sur un caisson gravité en ciment;

- un système de suivi de la qualité des eaux au cours des travaux a été prévu afin de gérer les risques en temps voulu, l'emplacement de ce système a déjà été utilisé auparavant; les autorités signalent que les matériaux dragués ne sont pas contaminés et font état du Plan national d'urgence pour les accidents provoquant une pollution maritime, approuvé par le Ministère du développement le 23 février 2001 et du Plan spécial d'urgence pour la contamination accidentelles des eaux de mer des îles Baléares, du 2 décembre 2008;

- enfin, les autorités concluent en signalant que tous les problèmes évoqués par la mission ont été très sérieusement examinés et que les travaux commenceront donc le 1er mai 2010.

Le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives accueillent avec satisfaction la réponse détaillée des Autorités portuaires des Baléares et se félicitent de l'étude minutieuse des principaux problèmes relevés par la mission. Ils expriment cependant leur préoccupation face à l'absence de commentaire de l'État partie sur la gestion, les limites et la mise en valeur du bien du patrimoine mondial. Ils regrettent en outre que, selon des articles parus dans la presse, le début des travaux d'extension du port soit prévu pour le 1er mai 2010 sans qu'aucune modification aux plans initiaux n'ait été entreprise afin d'atténuer les impacts négatifs sur le bien.

Le 19 avril 2010, le Centre du patrimoine mondial a reçu, de la part du Ministère de Culture espagnol, les informations supplémentaires (124 pages) avec une lettre de transmission datée du 12 avril 2010. Les organisations consultatives examinent actuellement cette documentation, qui contient les commentaires et réponses concernant le rapport de mission, formulés par la Ville d’Ibiza, les autorités portuaires et le Ministère de l’Environnement. 

Décisions adoptées par le Comité en 2010
34 COM 7B.41
Ibiza, biodiversité et culture (C/N 417rev)

Le Comité du patrimoine mondial,

1. Ayant examiné le document WHC-10/34.COM/7B,

2. Rappelant la décision 33 COM 7B.41, adoptée à sa 33e session (Séville, 2009),

3. Prend note des conclusions et des recommandations de la mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/ICOMOS/UICN qui s'est déroulée en novembre 2009 et encourage les autorités nationales et locales à continuer de prendre les mesures de gestion appropriées pour le bien ;

4. Prend également note du rapport remis par l'État partie et des commentaires détaillés des Autorités portuaires des Baléares sur les recommandations de la mission de suivi réactif ;

5. Prie instamment l'État partie d'informer sans délai le Centre du patrimoine mondial de tout impact négatif ou inattendu qui se produirait au cours des opérations de dragage et demande à l'État partie de prendre des mesures destinées à atténuer de façon appropriée et à contrôler les effets des travaux pendant et après leur déroulement, et à établir un rapport, afin d'éviter tout impact négatif sur la valeur universelle exceptionnelle du bien ;

6. Demande également à l'État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d'ici le 1er février 2011, un rapport détaillé sur l'État de conservation du bien et sur l'Etat d'avancement du projet de réorganisation du port, rapport faisant Etat d'informations sur la façon dont les recommandations principales de la mission de suivi réactif ont été suivies, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 35e session en 2011.

Projet de décision : 34 COM 7B.41

Le Comité du patrimoine mondial,

1. Ayant examiné le document WHC-10/34.COM/7B,

2. Rappelant la décision 33 COM 7B.41, adoptée à sa 33e session (Séville, 2009),

3. Prend note des conclusions et des recommandations de la mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/ICOMOS/UICN qui s'est déroulée en novembre 2009 et prie instamment les autorités nationales et locales d'en tenir compte pour la gestion du bien;

4. Prend également note du rapport remis par l'État partie et des commentaires détaillés des Autorités portuaires des Baléares sur les recommandations de la mission de suivi réactif et regrette vivement que les travaux de construction du projet d'extension des installations portuaires aient commencé le 1er mai 2010 sans attendre l'examen des conclusions de la mission de suivi réactif par le Comité du patrimoine mondial;

5. Prie instamment l'État partie d'informer sans délai le Centre du patrimoine mondial de tout impact négatif ou inattendu qui se produirait au cours des opérations de dragage et demande à l'État partie de prendre des mesures destinées à atténuer de façon appropriée et à contrôler les effets des travaux pendant et après leur déroulement, et à établir un rapport, afin d'éviter tout impact négatif sur la valeur universelle exceptionnelle du bien;

6. Demande également à l'État partie de remettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2011, un rapport détaillé sur l'état de conservation du bien et sur l'état d'avancement du projet de réorganisation du port, rapport faisant état d'informations sur la façon dont les recommandations principales de la mission de suivi réactif ont été suivies, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 35e session en 2011.

Année du rapport : 2010
Espagne
Date d'inscription : 1999
Catégorie : Mixte
Critères : (ii)(iii)(iv)(ix)(x)
Documents examinés par le Comité
arrow_circle_right 34COM (2010)
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* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).

** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.


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