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Golfe de Porto : calanche de Piana, golfe de Girolata, réserve de Scandola

France
Facteurs affectant le bien en 2023*
  • Impacts des activités touristiques / de loisirs des visiteurs
  • Infrastructures liées aux énergies non renouvelables
  • Pétrole/gaz
  • Système de gestion/plan de gestion
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
  • Infrastructures liées aux énergies non renouvelables
  • Pétrole/gaz
  • Impacts des activités touristiques/de loisirs des visiteurs
Fonds extrabudgétaires de l’UNESCO jusqu'en 2023

Néant

Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2023
Demandes approuvées : 0
Montant total approuvé : 0 dollars E.U.
Missions sur le bien jusqu'en 2023**

Néant

Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2023

Lors de sa 37e session en 2013, le Comité du patrimoine mondial a noté avec préoccupation l’augmentation de la pression touristique et son impact possible sur la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien (décision 37 COM 7B.19). Depuis cette décision, des tiers ont continué à faire part au Centre du patrimoine mondial de leurs inquiétudes concernant les impacts du tourisme excessif sur le bien, qui ont été transmises à l’État partie. En réponse, l’État partie a envoyé un rapport en 2020, dans lequel il reconnaît, entre autres, que la pression touristique a augmenté sensiblement depuis l’inscription et annonce que la fréquentation touristique et ses impacts seront surveillés et que des mesures appropriées seront prises, ainsi que d’autres mesures de protection.

Dans le but de faire un point sur l’avancement des mesures annoncées en 2020 ou devant être mises en œuvre cette année-là, et tout en continuant à recevoir des informations de tiers, concernant notamment le tourisme excessif, le Centre du patrimoine mondial a invité l’État partie le 23 février 2023 à fournir un rapport sur l’état de conservation du bien, incluant une évaluation des impacts et de la gestion des activités de tourisme et de pêche. Le 7 avril 2023, l’État partie a soumis ce rapport, disponible à https://whc.unesco.org/fr/list/258/documents/, qui fait état des éléments suivants :

  • depuis octobre 2019, l’Office de l’environnement de la Corse (OEC) est le gestionnaire désigné du bien. L’OEC coordonne les activités du site, avec la coopération du Parc naturel régional de Corse (PNRC), chargé de la gestion de la Réserve naturelle de Scandola (RNS), une partie importante du bien dans l’expression de sa VUE au titre du critère (x) ;
  • en 2020, l’OEC a recruté deux agents responsables de la surveillance du bien, et les effectifs du PNRC en charge de la RNS sont passés de trois en 2019 à six en 2022 ;
  • s’il n’existe toujours pas de plan de gestion du bien, des lignes directrices de gestion ont toutefois été adoptées en 2015. Le plan de gestion de la RNS a été adopté en 2017 ;
  • un atelier organisé en 2018 a permis d’identifier le tourisme comme un défi majeur en matière de gestion ;
  • le suivi de la population de balbuzards a montré que si le nombre de couples nicheurs dans le bien reste stable, le nombre de reproductions est très faible, en particulier dans le RNS ;
  • une étude complète sur la fréquentation est prévue et, depuis 2021, le nombre de bateaux dans le bien est contrôlé pendant la saison touristique. En 2021, le nombre maximum de visiteurs sur le site se situait entre 3 000 et 3 500 par jour au plus fort de la saison. Ces nombres étaient inférieurs à la normale en 2020 et 2021 du fait des restrictions imposées à cause de la COVID-19, sans que cela améliore le nombre de reproductions des balbuzards ;
  • la pêche dans la RNS est réglementée, avec un nombre défini de pêcheurs pour chaque période. L’OEC collecte des données sur la pêche côtière, y compris concernant le bien. Il est prévu que la collecte de données dans le bien soit renforcée, mais les résultats préliminaires montrent que la pêche dans la RNS reste limitée par rapport au reste de la Corse. Une évaluation de la conformité avec les réglementations Natura 2000 est prévue et donnera lieu à de nouvelles exigences en matière de permis pour les activités de pêche ;
  • un projet d’aménagement d’un sentier de randonnée pour accéder au fort de Girolata a été approuvé et devrait aider à gérer les visiteurs dans ce village surpeuplé ;
  • en 2021 et 2022, des « zones de quiétude » de 250 mètres de rayon ont été mises en place par arrêté préfectoral autour de huit sites de nidification de balbuzards pendant la saison de reproduction, et cette mesure a été maintenue en 2023. Pour 2023, un nouveau décret devrait interdire le mouillage de navires de plus de 24 mètres dans les zones d’herbiers ;
  • une « charte Natura 2000 » a été signée par un grand nombre d’exploitants, dont 31 exploitants de navires touristiques et cinq sociétés de location de bateaux. Cette charte prévoit un certain nombre d’engagements volontaires, qui incluent notamment le respect des « zones de quiétude » et la limitation du mouillage des bateaux aux zones sablonneuses ;
  • un processus a été lancé pour créer une réserve naturelle dans la zone marine nord-ouest, mais les consultations publiques ont été retardées à cause de la pandémie de COVID-19 ;
  • une révision du décret relatif à la RNS a été lancée en 2022 afin de traiter le problème de la pression croissante exercée par le tourisme ;
  • on observe déjà les effets du changement climatique dans la RNS (notamment l’apparition d’espèces exotiques envahissantes et la mortalité des invertébrés) et le plan de gestion de la RNS prévoit que le site devienne une zone de surveillance accrue (« pôle de référence »), afin de surveiller la réaction de la vie et des habitats marins et terrestres aux changements globaux.
Analyse et Conclusion du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives en 2023

La pression croissante exercée par le tourisme excessif et son impact sur le bien ont été largement documentés. En particulier, l’augmentation de la fréquentation de la RNS sur sa façade maritime par les yachts, les bateaux de plaisance et ceux dédiés au tourisme a un impact croissant sur sa biodiversité. Les perturbations causées par les bateaux à moteur pendant la haute saison touristique sont liées au faible succès de nidification de la population résidente de balbuzards, l’une des espèces phares du bien. De plus, l’amarrage et le mouillage des bateaux de plaisance dégradent les herbiers de posidonies, les récifs coralligènes et les encorbellements à Lithophyllum, qui représentent des attributs de la VUE du bien.

Dans le cadre du processus de renouvellement du Diplôme européen de la Convention de Berne pour la RNS, la mission d’évaluation sur place du Conseil de l’Europe de 2018 a recommandé des mesures urgentes pour traiter le problème de la pression touristique, et notamment pour achever l’extension proposée de la partie maritime de la RNS et la mise en place des mesures restrictives qui en découlent d’ici janvier 2020 (rapport disponible à l’adresse suivante : https://rm.coe.int/report-of-the-on-the-spot-expert-appraisal-of-the-scandola-nature-rese/168090e97d). Cette condition n’ayant pas été remplie, le Conseil de l’Europe a décidé en avril 2020 de ne pas renouveler le Diplôme en raison de l’absence de progrès.

Il convient de rappeler que l’inquiétude concernant l’expansion du tourisme et ses impacts potentiels sur le bien avait déjà été soulevée lors de son inscription en 1983. En 2013, le Comité, dans sa décision 37 COM 7B.19, a demandé à l’État partie d’inclure dans le plan de gestion (PG) une stratégie de tourisme durable et un ensemble de mesures pour traiter le problème de la pression touristique. Malheureusement, bien que l’État partie ait depuis reconnu le problème dans ses différents rapports et dans sa correspondance avec le Centre du patrimoine mondial, peu de mesures semblent avoir été prises à ce jour pour y remédier. Alors que le problème est signalé depuis plus de dix ans, le rapport de l’État partie se concentre sur la nécessité de recueillir davantage de données sur la fréquentation, au lieu de prendre des mesures concrètes et urgentes pour traiter le problème de la pression touristique, comme le demande le Comité, par exemple en limitant le nombre de navires accédant à la zone. Il n’existe toujours pas de stratégie claire en matière de tourisme durable. L’initiative visant à créer des « zones de quiétude » d’un rayon de 250 mètres autour de huit sites de nidification en 2020 et 2021 est notée, mais des sources tierces ont signalé que tous les sites de reproduction n’ont pas été inclus, que la zone de 250 mètres est trop limitée et non interdite aux pêcheurs professionnels, et que la Réserve dispose de moyens limités pour faire appliquer ces mesures du fait du manque de personnel et de navires de patrouille. L’initiative d’une charte volontaire est également notée, mais les engagements qu’elle comporte semblent se limiter à l’application de dispositions légales, et elle pourrait être consolidée pour renforcer ses avantages pour la VUE du bien.

L’absence d’avancement dans l’élaboration d’une gestion globale du bien, demandée dans la décision 37 COM B.17, il y a maintenant dix ans, est préoccupante et il est recommandé que le Comité réitère cette demande.

Les impacts signalés du changement climatique sont notés. Les invertébrés tels que la gorgone rouge et le corail rouge sont des attributs importants de la VUE du bien. Il conviendrait donc de demander à l’État partie de fournir davantage d’informations sur la mortalité des invertébrés et l’introduction d’espèces exotiques envahissantes, et de mettre en œuvre de toute urgence des mesures de suivi et d’adaptation, telles que décrites dans le projet de PG.

L’avis favorable émis par le Conseil de la conservation de la nature en janvier 2023 pour réviser le décret relatif à la RNS, qui remonte à sa création en 1975 (alors que la fréquentation de la réserve était limitée), afin que sa réglementation puisse traiter le problème de la pression touristique, est prometteur. Il sera essentiel d’assurer que cette révision soit fondée sur des données scientifiques et garantisse la conservation à long terme de la VUE du bien, y compris en réponse à la menace croissante du tourisme dans le bien. La révision devrait également donner la priorité à l’extension de la RNS afin d’y inclure une composante marine plus importante. Bien que les efforts en cours pour créer une réserve naturelle marine régionale dans la zone maritime nord-ouest de l’île soient louables et complémentaires, il est important de veiller à ce que la zone marine de Scandola soit incluse dans la Réserve nationale et dans un bien du patrimoine mondial élargi, afin qu’elle bénéficie du statut de protection le plus élevé et d’une gestion cohérente. En outre, la révision du décret de la RNS et la création de la réserve naturelle marine risquent d’être un processus de longue haleine, alors qu’il est urgent de trouver des solutions au problème du tourisme excessif. Il est donc recommandé que le Comité demande à l’État partie de prendre des mesures urgentes pour réglementer le mouillage et le nombre de navires autorisés dans la zone et pour réduire sensiblement les perturbations causées par le mouillage et ses effets.

Décisions adoptées par le Comité en 2023
45 COM 7B.92
Golfe de Porto : calanche de Piana, golfe de Girolata, réserve de Scandola (France) (N 258)

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné le document WHC/23/45.COM/7B.Add.2,
  2. Rappelant la décision 37 COM 7B.19, adoptée lors de sa 37esession (Phnom Penh, 2013),
  3. Note avec préoccupation que le tourisme excessif a un impact négatif croissant sur la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien, en particulier sur sa biodiversité, en raison des perturbations causées par les bateaux à moteur sur la façade maritime de la Réserve naturelle de Scandola (RNS) pendant la haute saison touristique, qui entraîne un faible succès de nidification des populations résidentes de balbuzards, et de l’impact sérieux du mouillage des bateaux de plaisance sur les herbiers de posidonies, les récifs coralligènes et les encorbellements à Lithophyllum, qui représentent des attributs de la VUE du bien ;
  4. Note également avec préoccupation que, bien qu’il ait reconnu la menace du tourisme excessif, l’État partie n’a toujours pas résolu ce problème et qu’un plan de gestion complet de l’ensemble du bien, comme demandé dans sa décision 37 COM 7B.19 précédente , n’a toujours pas été élaboré, et réitère sa demande à l’État partie de finaliser le plan de gestion dès que possible, en incluant une stratégie de tourisme durable et un ensemble de mesures pour traiter le problème de la pression touristique, et de soumettre le plan à l’examen du Centre du patrimoine mondial et de l’UICN, avant son adoption ;
  5. Notant les impacts rapportés du changement climatique sur le bien, demande à l’État partie de mettre en œuvre d’urgence les mesures de suivi et d’adaptation au changement climatique prévues dans le projet de plan de gestion, et de fournir une évaluation actualisée et plus détaillée des impacts du changement climatique sur la VUE ;
  6. Accueille avec satisfaction la récente initiative visant à réviser le décret de 1975 pour la RNS et prie instamment l’État partie de fonder cette révision sur les meilleures données scientifiques disponibles et de veiller à ce qu’elle comprenne des mesures adéquates pour traiter le problème de la pression touristique et limiter la fréquentation, et qu’elle prévoie l’extension de la Réserve nationale afin d’y inclure une composante marine plus importante ;
  7. Se félicite également des efforts en cours de l’État partie pour créer une réserve naturelle marine régionale dans la zone maritime nord-ouest de l’île, considère que cela devrait être complémentaire à l’extension de la zone marine de la RNS et encourage l’État partie à étendre le bien, afin d’y inclure l’extension de la réserve, par le biais d’une modification des limites conformément aux Orientations ;
  8. Demande par ailleurs à l’État partie de prendre des mesures immédiates pour réglementer le mouillage et le nombre de navires autorisés dans la partie maritime de la RNS afin de réduire sensiblement les perturbations causées par le mouillage et ses effets ;
  9. Demande en outre à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er décembre 2024, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 47e session. 
Projet de décision : 45 COM 7B.92

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné le document WHC/23/45.COM/7B.Add.2,
  2. Rappelant la décision 37 COM 7B.19, adoptée lors de sa 37e session (Phnom Penh, 2013),
  3. Note avec préoccupation que le tourisme excessif a un impact négatif croissant sur la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien, en particulier sur sa biodiversité, en raison des perturbations causées par les bateaux à moteur sur la façade maritime de la Réserve naturelle de Scandola (RNS) pendant la haute saison touristique, qui entraîne un faible succès de nidification des populations résidentes de balbuzards, et de l’impact sérieux du mouillage des bateaux de plaisance sur les herbiers de posidonies, les récifs coralligènes et les encorbellements à Lithophyllum, qui représentent des attributs de la VUE du bien ;
  4. Note également avec préoccupation que, bien qu’il ait reconnu la menace du tourisme excessif, l’État partie n’a toujours pas résolu ce problème et qu’un plan de gestion complet de l’ensemble du bien, comme demandé dans sa décision 37 COM 7B.19 précédente , n’a toujours pas été élaboré, et réitère sa demande à l’État partie de finaliser le plan de gestion dès que possible, en incluant une stratégie de tourisme durable et un ensemble de mesures pour traiter le problème de la pression touristique, et de soumettre le plan à l’examen du Centre du patrimoine mondial et de l’UICN, avant son adoption ;
  5. Notant les impacts rapportés du changement climatique sur le bien, demande à l’État partie de mettre en œuvre d’urgence les mesures de suivi et d’adaptation au changement climatique prévues dans le projet de plan de gestion, et de fournir une évaluation actualisée et plus détaillée des impacts du changement climatique sur la VUE ;
  6. Accueille avec satisfaction la récente initiative visant à réviser le décret de 1975 pour la RNS et prie instamment l’État partie de fonder cette révision sur les meilleures données scientifiques disponibles et de veiller à ce qu’elle comprenne des mesures adéquates pour traiter le problème de la pression touristique et limiter la fréquentation, et qu’elle prévoie l’extension de la Réserve nationale afin d’y inclure une composante marine plus importante ;
  7. Se félicite également des efforts en cours de l’État partie pour créer une réserve naturelle marine régionale dans la zone maritime nord-ouest de l’île, considère que cela devrait être complémentaire à l’extension de la zone marine de la RNS et encourage l’État partie à étendre le bien, afin d’inclure l’extension de la réserve, par une modification des limites conformément aux Orientations ;
  8. Demande par ailleurs à l’État partie de prendre des mesures immédiates pour réglementer le mouillage et le nombre de navires autorisés dans la partie maritime de la RNS afin de réduire sensiblement les perturbations causées par le mouillage et ses effets ;
  9. Demande en outre à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er décembre 2024, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 47e session.
Année du rapport : 2023
France
Date d'inscription : 1983
Catégorie : Naturel
Critères : (vii)(viii)(x)
Documents examinés par le Comité
Rapport de lʼÉtat partie sur lʼétat de conservation
Rapport (2023) .pdf
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* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).

** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.


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