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Paysage culturel de la forteresse de Diyarbakır et des jardins de l’Hevsel

Türkiye
Facteurs affectant le bien en 2023*
  • Habitat
  • Impacts des activités touristiques / de loisirs des visiteurs
  • Infrastructures de transport de surface
  • Infrastructures hydrauliques
  • Système de gestion/plan de gestion
  • Troubles civils
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
  • Préoccupation vis-à-vis de la situation prévalant à Diyarbakir (problème résolu)
  • Travaux de réhabilitation et de reconstruction et développement
  • Infrastructure de transport terrestre (routes)
  • Infrastructure hydraulique
  • Impact du tourisme/visiteur/loisir 
  • Système de gestion/plan de gestion et de conservation modifié
  • Conversion des terrains
Fonds extrabudgétaires de l’UNESCO jusqu'en 2023

Néant

Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2023
Demandes approuvées : 0
Montant total approuvé : 0 dollars E.U.
Missions sur le bien jusqu'en 2023**

Novembre-décembre 2022 : mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/ICOMOS

Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2023

Le 2 février 2022, l’État Partie a soumis un rapport sur l’état de conservation. Son résumé analytique est disponible à https://whc.unesco.org/fr/list/1488/documents/. Le rapport aborde comme suit les recommandations du Comité du patrimoine mondial :

  • l’État partie considère que les travaux effectués sur les murailles de Diyarbakir n’ont pas d’impact négatif sur la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien. Tous les bastions et murs de fortification ont été évalués et documentés, et les problèmes structurels et les besoins d’intervention d’urgence ont été identifiés. Des travaux de restauration ont été réalisés, ou sont en cours, dans de nombreux bastions et sur certaines sections des murailles. Un projet paysager devant le bastion 52 a également été entrepris ;
  • dans la zone tampon intérieure (district de Suriçi), quatre projets d’aménagement urbain ont été réalisés, visant à transformer la zone en un espace de vie urbain sain et sûr, en tenant également compte des principes de l’urbanisme contemporain et du risque de catastrophe. L'État partie signale que le tissu historique du site a été pris en considération pour tous les travaux dans la zone tampon (Suriçi), et que les réalisations susceptibles de nuire à l'intégrité visuelle ont été évitées en limitant la construction à deux étages. Un Guide d’aménagement urbain a été préparé afin de garantir le caractère traditionnel des bâtiments nouvellement construits. Des projets de réhabilitation urbaine, d’une hauteur limitée, ont été entrepris dans le but de s’attaquer au problème des logements illégaux (mentionné dans le dossier d’inscription). Des négociations de réconciliation ont été menées pour les citoyens qui ont perdu leur résidence. Des travaux de réhabilitation des rues, une route carrossable autour de Suriçi, un itinéraire touristique et plusieurs projets paysagers ont été achevés pour répondre aux besoins en espaces verts et en équipements sociaux ;
  • les modifications apportées en 2016 au plan de conservation de 2012 répondent à la nécessité de redéfinir l’organisation de l’espace physique détérioré suite aux incidents de 2015, par l’expansion du tissu traditionnel des rues et par l’établissement de zones relevant d’agences gouvernementales. Il est donc impossible d’interrompre sa mise en œuvre ;
  • en 2021, les quatre principales portes de la forteresse ont fait l’objet d’un travail de documentation et ont été restaurées ;
  • les évaluations d’impact sur le patrimoine (EIP) de sept projets susceptibles d’avoir un impact sur la VUE seront finalisées et soumises au Centre du patrimoine mondial pour examen ;
  • l’EIP d’un projet de ligne de tramway a été soumise en annexe au rapport de l’État Partie ;
  • en 2020 et 2021, les fouilles se sont poursuivies de façon systématique à la citadelle.

La mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/ICOMOS demandée par la décision 41 COM 7B.50 (Cracovie, 2017), et dont la demande a été réitérée dans les décisions suivantes du Comité, a été invitée deux fois par l’État partie et a eu lieu du 28 novembre au 3 décembre 2022. La mission a évalué la gestion globale du bien ainsi que son état de conservation, en particulier sous l’angle des changements intervenus depuis son inscription sur la Liste du patrimoine mondial, et a examiné les projets réalisés et prévus dans le bien, sa zone tampon et son cadre élargi en fonction de leur impact potentiel sur la VUE du bien.

En janvier 2023, suite à la mission, l'État partie a soumis au Centre du patrimoine mondial une EIP datée d'avril 2022 pour sept projets, dont cinq étaient déjà achevés à cette date et deux encore en cours de mise en œuvre et presque terminés. Les sept projets ont été mis en œuvre par le ministère de l'Environnement, de l'Urbanisme et du Changement climatique. L'EIP a été examinée par l'ICOMOS et l'étude technique a été transmise à l'État partie le 9 août 2023.

À la suite des tremblements de terre dévastateurs qui ont frappé les provinces d'Adiyaman, Diyarbakir, Şanliurfa et Malatya en février 2023, l'État partie de la Türkiye a informé le Centre du patrimoine mondial les 7 et 23 février 2023 que seuls des dégâts mineurs avaient été observés à l'église Saint-Georges et que quelques chutes de pierres s'étaient produites dans le bastion 22 de la porte d'Urfa, qui auparavant présentait déjà des problèmes de stabilité. L’UNESCO a contribué, dans le cadre de l’équipe de pays des Nations Unies en Türkiye, au chapitre sur le secteur culture du rapport sur l’Évaluation du redressement et de la reconstruction après le tremblement de terre en Türkiye (TERRA), qui estime les dommages causés aux biens culturels et aux musées, sous la responsabilité du ministère de la Culture et du Tourisme, à environ 53 millions de dollars EU. Une publication du PNUD intitulée « Offer and Proposed Projects for Recovery and Reconstruction » fait de la restauration du patrimoine culturel l’un de ses principaux piliers et envisage un programme de redressement à grande échelle.

Lors des réunions des 27 avril et 26 juillet 2023 entre le ministère de la Culture et du Tourisme, la Délégation permanente de la Türkiye auprès de l'UNESCO et l'UNESCO, il a été confirmé que les travaux de récupération d'urgence et d'évaluation des dommages étaient bien avancés, voire quasiment achevés. Au moment de la rédaction du présent rapport, aucune demande officielle d'assistance technique et/ou financière n'avait été soumise à l'UNESCO.

Analyse et Conclusion du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives en 2023

Conformément au mandat qui lui a été confié par le Comité (décisions 41 COM 7B.50 et 44 COM 7B.56), la mission de suivi réactif de 2022 sur le bien rapporte que le bien, sa zone tampon et son cadre ont subi des changements significatifs depuis l'inscription sur la Liste du patrimoine mondial en 2015. La plupart de ces changements sont directement liés aux projets mis en œuvre par l'État partie.

L'État partie fait état de travaux en cours et achevés sur les murailles et les bastions, évalués par la mission comme étant de niveau international. Les recherches archéologiques entreprises au Palais Artuqid d'Içkale (Monticule d'Amida) sont de grande qualité et les travaux d'aménagement paysager du Bastion 52 ont demandé des recherches archéologiques. Cependant, l'absence d'archéologues dans le cadre d'autres travaux, comme la réutilisation adaptative des pièces supérieures des tours, a entraîné la perte d'éléments importants qui auraient pu contribuer à la connaissance du bien. Un quartier « illégal » et d'autres infrastructures légales de la Citadelle ont été démolis pour créer un parc public, sans procéder à aucune étude d'impact ni investigation, comme pour le déplacement de l'amphithéâtre romain proche, précédemment signalé. De même, la démolition de constructions de mauvaise qualité datant des années 1930 à la mosquée Hz. Suleyman (Içkale) pour aménager une zone paysagère a été effectuée sans que des études archéologiques n'aient été réalisées.

Depuis l'inscription, d'autres projets ont considérablement érodé la VUE du bien, notamment de nombreux projets de construction, d'aménagement paysager et d'infrastructures, dont certains seraient illégaux, dans le cadre du pont des Dix Yeux, ce qui a entraîné la perte de sa VUE. Le projet de réhabilitation de la vallée du Tigre, qui visait à canaliser le fleuve, a été partiellement mis en œuvre avant d'être interrompu dans l'attente des résultats d'une EIP. L'État partie a récemment mis en œuvre d'autres processus d'évaluation d'impact, comme pour le projet de ligne de tramway, avant de le mettre en œuvre. L'ICOMOS, dans son examen de l'évaluation d'impact de sept projets (dont cinq avaient déjà été construits avant la soumission de cette évaluation), a conclu que, bien que l'approche adoptée par l'EIP soit assez généraliste, ses conclusions sont correctes et méritent d'être prises en considération. Les changements prévus à la source Anzele peuvent avoir un impact négatif sur la VUE du bien et, comme pour tous les projets susceptibles d'affecter la VUE du bien, ils doivent faire l'objet d'une évaluation approfondie et les détails des propositions et de leurs évaluations d'impact correspondantes doivent être soumis au Centre du patrimoine mondial pour examen par les Organisations consultatives, avant toute décision sur leur mise en œuvre, qui pourrait être difficile à inverser.

La mission rapporte que la consolidation des parcelles des jardins d'Hevsel et la restructuration de la ville historique intra-muros, avec l'impact social qui en découle, ont entraîné la rupture du lien entre les jardins et la ville qu'ils nourrissaient jadis, portant une atteinte grave à la VUE du bien. La mission avertit que d'autres changements prévus, comme la restructuration actuelle de la configuration des champs facilitant le changement des types de cultures, menaceront encore plus cet attribut essentiel, que des mesures urgentes doivent être prises pour éviter que la situation empire et qu’il faut rétablir la relation entre les jardins d'Hevsel, la ville et ses habitants.

La mise en œuvre du plan de conservation de 2016 s'est poursuivie malgré les demandes répétées du Comité à l'État partie de revenir à la version 2012 du plan et d'interrompre tous les projets susceptibles d'affecter la VUE du bien jusqu'à ce que les recommandations de la mission de suivi réactif demandée soient connues et adoptées par le Comité (décisions 43 COM 7B.90 et 44 COM 7B.56).

La mission rapporte qu'environ 40 % de Suriçi, l'élément de la zone tampon situé intra-muros, a été démoli depuis l'inscription, ce qui a continué d’éroder gravement la VUE du bien. Cette érosion, due à la mise en œuvre de projets non testés, comme la restauration invasive occasionnelle de monuments historiques, a eu lieu malgré les préoccupations répétées du Comité et en l'absence de procédures d'études d'impact appropriées axées sur la VUE. L'hypothèse selon laquelle la zone tampon (Suriçi) sert uniquement de cadre morphologique pour protéger l'intégrité visuelle du bien et que, par conséquent, la reconfiguration du tissu urbain qui a évolué au fil des siècles n'a pas d'impact sur la VUE du bien tant qu'elle conserve un semblant d'échelle et d'apparence, est mal interprétée. Une telle hypothèse réduit à tort la VUE du bien à la simple manifestation des murailles de la ville entourés de zones de production agricole. Pourtant, la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle (DVUE) mentionne Suriçi comme faisant partie de « la ville fortifiée et de son paysage associé qui furent un important centre et une capitale régionale au cours des périodes hellénistique, romaine, sassanide et byzantine, puis ottomane et islamique jusqu'à aujourd'hui ». La contribution de Suriçi à la VUE du bien doit être comprise dans son cadre urbain et paysager, tel que l’exprime la Déclaration de VUE : « la possibilité d’embrasser du regard les remparts dans leur environnement urbain et paysager est considéré comme un facteur contributif, de même que les ressources naturelles et hydrologiques qui soutiennent les qualités fonctionnelles et visuelles du bien ». Par conséquent, Suriçi, la zone tampon intérieure, joue un rôle majeur en soutenant pleinement l'intégrité des murailles de la ville de Diyarbakir et, par conséquent, la VUE du bien. La construction récente d'une route carrossable et d'un itinéraire touristique a encore perturbé la relation entre Suriçi et les murailles.

La mission de suivi réactif conclut que le système de gestion du bien n'est plus efficace et doit être revu et rétabli. Elle recommande que le plan de conservation urbaine de 2012 soit rétabli, comme l'a demandé à plusieurs reprises le Comité.

La mission conclut que le bien est confronté à un danger imminent en raison d'une perte significative d'intégrité, d'importance culturelle et de tissu urbain historique. La VUE du bien reste menacée par des aménagements conçus dans le respect de la loi et autorisés dans le cadre des contrôles d'urbanisme existants. Le bien est confronté à un danger imminent précis et avéré, notamment une grave détérioration de la cohérence architecturale et urbanistique et de l'espace urbain et rural. Le bien est également confronté à des menaces, telles que l'absence d'une politique de conservation efficace et les effets menaçants de l'urbanisme, qui pourraient avoir des effets délétères sur ses caractéristiques intrinsèques. La vulnérabilité de l’intégrité du bien a également été aggravée par le tremblement de terre. La combinaison de tous ces facteurs conduit le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives à maintenir leur opinion selon laquelle le bien continue de faire face à un danger avéré et potentiel tel que défini au paragraphe 179 des Orientations, et donc à recommander son inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril.

Décisions adoptées par le Comité en 2023
45 COM 7B.57
Paysage culturel de la forteresse de Diyarbakır et des jardins de l’Hevsel (Türkiye) (C 1488)

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné le document WHC/23/45.COM/7B.Add.2,
  2. Rappelant les décisions 39 COM 8B.32, 41 COM 7B.50, 43 COM 7B.90 and 44 COM 7B.56 adoptées à ses 39e (Bonn, 2015), 41e(Cracovie, 2017) et 43e (Bakou, 2019) sessions, et à sa 44e session élargie (Fuzhou/en ligne, 2021) respectivement,
  3. Exprime sa solidarité avec l’État partie de Türkiye et avec son peuple pour les conséquences dévastatrices des tremblements de terre survenus en février 2023, assure l'État partie de la disponibilité du mécanisme d'assistance de la Convention pour soutenir les biens du patrimoine mondial affectés et invite l’État partie à y recourir ;
  4. Se félicite que l'État partie ait facilité la mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/ICOMOS sur le bien, comme demandé dans ses décisions précédentes, note les conclusions et recommandations contenues dans son rapport, et demande à l'État partie de les mettre en œuvre, selon les besoins ;
  5. Exprime son appréciation à l'État partie pour l'approche exemplaire de la recherche et de la restauration des travaux sur les murailles de la ville au cours des dernières années ;
  6. Exprime sa préoccupation quant au fait que l'État partie n'a pas interrompu tous les projets susceptibles d'affecter la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien, et réitère également sa demande à l'État partie d’interrompre tous les projets susceptibles d'affecter la VUE du bien, notamment les nouvelles démolitions et les aménagements dans sa zone tampon,
  7. Exprime également sa préoccupation quant aux changements apportés par la mise en œuvre de projets dans le bien et sa zone tampon depuis son inscription, qui ont érodé sa VUE, en particulier :
    1. dans le fonctionnement et la morphologie des jardins d'Hevsel, partie intégrante du bien et attribut essentiel qui sous-tend la VUE du bien,
    2. la mise en œuvre de projets de construction, d'aménagement paysager et d'infrastructures à proximité immédiate du pont des Dix Yeux et des rives du Tigre, à la fois à l'intérieur du bien et dans sa zone tampon,
    3. la démolition à grande échelle, qui a également entraîné la destruction quasi complète de la relation sociale des communautés locales traditionnelles avec les jardins d'Hevsel, et cela bien qu'il s'agisse d'une relation fondamentale qui a contribué à l’intégrité du bien du patrimoine mondial au moment de l'inscription,
    4. la construction de la route carrossable et de l'itinéraire touristique autour de la périphérie intérieure des murailles de la ville ;
  8. Renouvelle en outre sa demande à l'État partie de :
    1. réaliser des évaluations d'impact sur le patrimoine (EIP) indépendantes pour les projets d'urbanisme, de paysage et d'infrastructures, ainsi que pour les projets de construction et de restauration qui pourraient avoir un impact sur la VUE du bien et de son cadre, conformément au Guide et boîte à outils pour les évaluations d'impact dans un contexte de patrimoine mondial,
    2. s'assurer que tous les projets sont guidés par une surveillance professionnelle appropriée en matière d'archéologie et de conservation, qui doit être pleinement intégrée à l’ensemble des travaux pour garantir de bonnes pratiques et des résultats efficaces,
    3. soumettre les détails de ces projets et les EIP correspondantes au Centre du patrimoine mondial pour examen par les Organisations consultatives avant toute décision sur leur mise en œuvre qui pourrait être difficile à inverser ;
  9. Note que le plan de gestion du bien n'est toujours pas complètement mis en œuvre et a donné lieu à une série de projets disparates, dont certains ont porté et continuent de porter atteinte à la VUE du bien, et prie instamment l'État partie :
    1. de revoir entièrement le système de gestion du bien,
    2. d’examiner si la législation et les règlements de gestion en vigueur sont en mesure de protéger efficacement le bien et sa zone tampon,
    3. de réviser le plan de gestion et de veiller à ce que les autorités, organisations et communautés locales, sans oublier les scientifiques et les groupes agricoles, participent aux processus de gestion et de prise de décision,
    4. soumettre le plan de gestion révisé au Centre du patrimoine mondial pour examen par les Organisations consultatives avant son adoption ;
  10. Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2024, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 46e session, considérant que les besoins urgents de ce bien en matière de conservation nécessitent une large mobilisation pour préserver sa valeur universelle exceptionnelle, y compris une possible inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
Projet de décision : 45 COM 7B.57

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné le document WHC/23/45.COM/7B.Add.2,
  2. Rappelant les décisions 39 COM 8B.32, 41 COM 7B.50, 43 COM 7B.90 et 44 COM 7B.56, adoptées à ses 39e (Bonn, 2015), 41e (Cracovie, 2017) et 43e (Bakou, 2019) sessions, et à sa 44e session élargie (Fuzhou/en ligne, 2021) respectivement,
  3. Exprime sa solidarité avec l'État partie de la Türkiye et avec son peuple pour les conséquences dévastatrices des tremblements de terre survenus en février 2023, assure l'État partie de la disponibilité du mécanisme d'assistance de la Convention pour soutenir les biens du patrimoine mondial affectés et invite l'État partie à y recourir ;
  4. Se félicite que l'État partie ait facilité la mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/ICOMOS sur le bien, comme demandé dans ses décisions précédentes, note et approuve les conclusions et recommandations contenues dans son rapport, et demande à l'État partie de les mettre pleinement en œuvre ;
  5. Exprime son appréciation à l'État partie pour l'approche exemplaire de la recherche et de la restauration des travaux sur les murailles de la ville au cours des dernières années ;
  6. Exprime sa profonde préoccupation quant au fait que l'État partie n'a pas interrompu tous les projets susceptibles d'affecter la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien et n'est pas revenu au plan de conservation de 2012, comme demandé à plusieurs reprises par le Comité, et réitère également sa demande à l'État partie :
    1. d’interrompre tous les projets susceptibles d'affecter la VUE du bien, notamment les nouvelles démolitions et les aménagements dans sa zone tampon,
    2. d’interrompre la poursuite de la mise en œuvre du plan de conservation de 2016 et de revenir au plan de conservation de 2012 ;
  7. Exprime également sa profonde préoccupation quant aux changements apportés par la mise en œuvre de projets dans le bien et sa zone tampon depuis son inscription, qui ont sérieusement érodé sa VUE, en particulier :
    1. dans le fonctionnement et la morphologie des jardins d'Hevsel, partie intégrante du bien et attribut essentiel qui sous-tend la VUE du bien,
    2. la mise en œuvre de projets de construction, d'aménagement paysager et d'infrastructures à proximité immédiate du pont des Dix Yeux et des rives du Tigre, à la fois à l'intérieur du bien et dans sa zone tampon,
    3. la démolition à grande échelle et la reconstruction ou la conversion de quartiers urbains dans le bien et sa zone tampon, qui a également entraîné la destruction quasi complète de la relation sociale des communautés locales traditionnelles avec les jardins d'Hevsel, et cela bien qu'il s'agisse d'une relation fondamentale qui a contribué à la VUE au moment de l'inscription,
    4. la construction de la route carrossable et de l'itinéraire touristique autour de la périphérie intérieure des murailles de la ville,
    5. la restauration occasionnelle inappropriée et envahissante de monuments ;
  8. Renouvelle en outre sa demande à l'État partie de :

a) réaliser des évaluations d'impact sur le patrimoine (EIP) indépendantes pour les projets d'urbanisme, de paysage et d'infrastructures, ainsi que pour les projets de construction et de restauration qui pourraient avoir un impact sur la VUE du bien et de son cadre, conformément au Guide et boîte à outils pour les évaluations d'impact dans un contexte de patrimoine mondial,

b) s'assurer que tous les projets sont guidés par une surveillance professionnelle appropriée en matière d'archéologie et de conservation, qui doit être pleinement intégrée à l’ensemble des travaux pour garantir de bonnes pratiques et des résultats efficaces,

c) soumettre les détails de ces projets et les EIP correspondantes au Centre du patrimoine mondial pour examen par les Organisations consultatives avant toute décision sur leur mise en œuvre qui pourrait être difficile à inverser ;

  1. Note avec une grande préoccupation que le plan de gestion du bien n'est toujours pas complètement mis en œuvre et a donné lieu à une série de projets disparates, dont certains ont porté et continuent de porter atteinte à la VUE du bien, et prie instamment l'État partie :

a) de revoir entièrement le système de gestion du bien,

b) d’examiner si la législation et les règlements de gestion en vigueur sont en mesure de protéger efficacement le bien et sa zone tampon,

c) de réviser le plan de gestion et de renforcer le rôle du gestionnaire du site au-delà d’un niveau de coordination, tout en veillant à ce que les autorités, organisations et communautés locales, sans oublier les scientifiques et les groupes agricoles, participent aux processus de gestion et de prise de décision,

d) soumettre le plan de gestion révisé au Centre du patrimoine mondial pour examen par les Organisations consultatives avant son adoption ;

  1. Considère que le bien est confronté à un cumul de menaces importantes avérées et potentielles, en particulier en raison d'une perte significative d'intégrité et de signification culturelle, ainsi que d'une perte sévère du tissu urbain historique et d'un système de gestion qui n'a pas réussi à conserver les attributs qui transmettent sa VUE ;
  2. Décide d'inscrire Paysage culturel de la forteresse de Diyarbakir et des jardins d'Hevsel (Türkiye) sur la Liste du patrimoine mondial en péril ;
  3. Demande de plus à l'État partie, en consultation avec le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives, d'élaborer une proposition d'état de conservation souhaité pour le retrait du bien de la Liste du patrimoine mondial en péril (DSOCR) ainsi qu'un ensemble de mesures correctives, éclairées par la mission de 2022, y compris un calendrier de mise en œuvre, pour inverser les interventions sur le bien et sa zone tampon et aider à atténuer les impacts négatifs résultant des projets de développement mis en œuvre depuis l'inscription, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 46e session ;
  4. Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2024, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 46e session.
Année du rapport : 2023
Türkiye
Date d'inscription : 2015
Catégorie : Culturel
Critères : (iv)
Documents examinés par le Comité
Rapport de lʼÉtat partie sur lʼétat de conservation
Rapport (2022) .pdf
Proposé initialement pour examen en 2022
arrow_circle_right 45COM (2023)
Exports

* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).

** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.


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