Faites une recherche à travers les informations du Centre du patrimoine mondial.

i
ii
iii
iv
v
vi
vii
viii
ix
x

Forêt sacrée d’Osun-Oshogbo

Nigéria
Facteurs affectant le bien en 2019*
  • Habitat
  • Impacts des activités touristiques / de loisirs des visiteurs
  • Incendies (d’origine naturelle)
  • Infrastructures de transport de surface
  • Pollution des eaux de surface
  • Vastes infrastructures et/ou installations touristiques / de loisirs
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
  • Développement urbain à proximité du bien
  • Construction d’une route autour du bien
  • Pollution de la rivière Osun
  • Feux de brousse au sein du bien
  • Impact négatif de la commercialisation du festival annuel
  • Fragilité des qualités spirituelles, symboliques et rituelles de la forêt face au nombre croissant de visiteurs et à l’absence de plan de gestion du tourisme
  • Route traversant la forêt non retracée
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2019
Demandes approuvées : 1 (de 1999-1999)
Montant total approuvé : 10 000 dollars E.U.
1999 Preparation of 2 nomination files: Ekhor (Benin) & Osun ... (Approuvé)   10 000 dollars E.U.
Missions sur le bien jusqu'en 2019**

Octobre 2015 : mission de suivi réactif ICOMOS

Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2019

Le 14 août 2018, l’État partie a soumis un rapport sur l’état de conservation, suivi d’un complément, portant uniquement sur le festival annuel, reçu le 15 janvier 2019. Le rapport est disponible à http://whc.unesco.org/fr/list/1118/documents/ et fait état des progrès accomplis vis-à-vis des réponses apportées aux questions précédemment soulevées par le Comité, comme suit :

  • En ce qui concerne la méthodologie de conservation des sculptures, des travaux sont entrepris avec des artisans traditionnels qui ont participé à la construction originale sous la supervision des anciens maîtres. Les travaux suivent les modèles originaux ;
  • Les analyses réalisées n’ont révélé aucune pollution significative de l’eau mais mettent en garde contre sa consommation. Des campagnes contre le dépôt de déchets dans ou près du cours de la rivière sont nécessaires ;
  • En ce qui concerne la sur-commercialisation du festival annuel, le rapport note que le comité du Festival est tributaire du financement de particuliers et d’organisations commerciales. Il a été convenu qu’il allait être demandé aux sponsors de contrôler leurs annonces. Le comité du Festival a réinvesti des fonds dans le bien à travers la création d’un village d’artistes dans la forêt ;
  • La mobilisation communautaire est permanente ;
  • Bien que les ressources soient rares, la formation du personnel se poursuit mais « sur le tas », en utilisant les ressources existantes ;
  • Des espaces sensibles au sein de la zone tampon sont clôturés et le travail se poursuit pour d’autres secteurs ;
  • Comme le projet de route et de pont demande d’importants investissements en capital, il fait partie du plan à long terme du gouvernement de l’État. En attendant, la route existante qui coupe le bien est réglementée pour la circulation de certains véhicules des populations qui vivent autour de la forêt.
Analyse et Conclusion du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives en 2019

Bien que certains progrès aient été réalisés, étant donné l’ampleur et la complexité du bien, l’extrême fragilité de ses sculptures et la nécessité de respecter et maintenir le caractère sacré de la forêt sacrée d’Osun, les travaux semblent être insuffisants.

La valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien est liée à la manière dont la rivière Osun, qui traverse la forêt, est vénérée comme demeure spirituelle de la déesse de la rivière Osun, et au caractère sacré du paysage renforcé par quelque quarante sanctuaires et sculptures érigés en l’honneur d’Osun et autres déités yoruba, tous activement utilisés par les fidèles. Depuis l’inscription du bien sur la Liste du patrimoine mondial, l’importance d’améliorer la pureté de la rivière sacrée, dont les eaux sont bues lors du festival annuel, de préserver la forêt naturelle et de maintenir l’intégrité et l’authenticité de ses délicates sculptures de terre et de ciment, a été soulignée. Bien que plusieurs plans de gestion aient été produits, le dernier pour 2015-19, un manque de ressources a empêché leur pleine mise en œuvre.

De nombreuses sculptures sont en mauvais état, certaines se sont effondrées. Un groupe de six sculptures alajere a été reconstruit, tout comme 300 mètres de palissade décorative. La méthodologie proposée ne constitue pas une approche de conservation acceptable. Elle préconise que les sculptures détruites soient remplacées par des répliques créées à partir de photographies ; que les parties qui sont tombées soient remplacées et les fissures comblées, l’ensemble des travaux étant réalisé avec du ciment et du pigment rouge. Des conseils sur les matériaux ont été pris auprès d’une grande entreprise de construction et non de conservateurs, malgré les recommandations de recherche sur les matériaux appropriés pour les enduits de protection des sculptures en terre comme alternative au ciment émises par la mission de 2015. Les processus actuels sont source de grande inquiétude pour l’authenticité du bien.

Bien qu’il soit dit que la rivière n’est affectée par aucune pollution significative, l’analyse réalisée a conclu que l’eau soutenait la biodiversité aquatique mais était impropre à la consommation en conséquence d’un effluent en amont. Dès lors, la population doit être prévenue de ne pas boire l’eau de la rivière sacrée ni de réaliser des oblations lors du festival jusqu’à ce que des mesures appropriées aient été prises.

Le très populaire festival annuel, particulièrement soutenu, devrait être l’occasion de mobiliser de l’aide pour la conservation du bien. Bien que le réinvestissement de fonds dans le bien par le comité du Festival doive favorablement être accueilli, son utilisation pour la création d’un village d’artistes est préoccupante. En effet, ce village de quelque 70 artistes qui semblent réaliser des œuvres destinées à être vendues aux touristes a été construit au sein du bien, sans qu’aucune documentation formelle n’ait été soumise pour approbation et malgré la recommandation de la mission de 2015 préconisant qu’il soit construit en dehors du bien.

Il est également regrettable qu’aucune action n’ait encore été entreprise pour la fermeture de la route principale qui traverse le bien, prévue dans le plan de gestion au moment de l’inscription et pour laquelle le Comité a demandé que des informations soient soumises dès que possible.

En 14 ans depuis son inscription, le bien n’a reçu ni les ressources et ni le soutien nécessaires pour consolider ses atouts, qu’ils soient naturels, culturels ou associatifs. Les vulnérabilités susmentionnées, déjà identifiées au moment de l’inscription, sont en train d’évoluer en menaces pour le paysage sacré de forêt, rivière et sanctuaires et populations associées, appelant une action urgente étant donné l’ampleur des problèmes de conservation et le développement urbain en amont. S’ils ne sont pas traités dans un avenir proche, les impacts pourraient devenir irréversibles et avoir des effets grandement négatifs sur l’authenticité et l’intégrité. Il est très préoccupant que les principales recommandations de la mission de 2015 et du Comité dans ses deux précédentes décisions faisant état de ces problèmes, n’aient pas convenablement été traitées. Il est par conséquent recommandé au Comité de demander à l’État partie d’inviter une mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/ICCROM/ICOMOS sur le bien pour traiter ces problèmes de conservation, afin d’évaluer si les menaces auxquelles le bien est confronté pourraient, conformément au paragraphe 179 des Orientations, constituer ou non un cas d’inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril, et de réfléchir également à la manière de donner des bases plus inclusives et durables à la gestion générale du bien.

Décisions adoptées par le Comité en 2019
43 COM 7B.109
Forêt sacrée d’Osun-Oshogbo (Nigéria) (C 1118)

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné le document WHC/19/43.COM/7B,
  2. Rappelant la décision 41 COM 7B.70, adoptée à sa 41e session (Cracovie, 2017),
  3. Réitère son inquiétude quant au fait que les principales recommandations de la mission de 2015 sur les vulnérabilités reconnues par le Comité n’ont toujours pas été traitées ;
  4. Exprime sa profonde inquiétude quant à l’insuffisance des progrès réalisés en matière de conservation, gestion et protection depuis l’inscription sur la Liste du patrimoine mondial avec, pour conséquence, que ce qui n’étaient que des vulnérabilités se transforment aujourd’hui en menaces :
    1. De nombreuses sculptures sont désormais en très mauvais état, certaines se sont effondrées et d’autres ont été reconstruites,
    2. Aucuns fonds ne sont régulièrement affectés à la conservation,
    3. Aucun progrès n’a été réalisé concernant la documentation numérique détaillée,
    4. L’eau de la rivière est trop polluée pour quelque utilisation que ce soit en conséquence de la pollution d’effluents en amont,
    5. Un village d’artistes a été construit au sein du bien sans qu’aucune notification n’en soit donnée et contre l’avis de la mission de 2015,
    6. Aucun progrès n’a été accompli concernant le nouveau tracé de la route,
    7. Aucune avancée n’a été constatée dans l’actualisation du plan de gestion désormais désuet, comme recommandée par la mission de 2015 pour rendre la gestion plus inclusive et donner au bien un fondement plus durable ;
  5. Prend note qu’une brève méthodologie de conservation a été communiquée mais considère qu’elle ne constitue pas une base satisfaisante pour la conservation, dans la mesure où elle n’est étayée par aucune recherche sur les matériaux appropriés pour les sculptures en terre comme alternative au ciment, comme recommandé par la mission de 2015, et approuve également la reconstruction complète ou partielle des sculptures ;
  6. Exprime son inquiétude sur le fait que, bien qu’une analyse de l’eau de la rivière ait été réalisée, des échantillons ne sont pas régulièrement prélevés et les résultats négatifs ne se sont pas traduits en actions pour essayer d’améliorer la qualité de l’eau, et prie instamment l’État partie de veiller à ce que des avertissements soient diffusés pour empêcher toute utilisation de l’eau de la rivière ;
  7. Accueille favorablement le fait que le comité du Festival ait réinvesti une partie des bénéfices dans le bien mais est également vivement préoccupé par le fait que ces fonds ont été utilisés pour créer un village d’artistes au sein du bien malgré les recommandations de la mission de 2015 et sans qu’aucun détail ne soit soumis pour examen au Centre du patrimoine mondial ni aux Organisations consultatives, conformément au paragraphe 172 des Orientations, et demande à l’État partie d’envisager la possibilité de déplacer le village d’artistes à l’extérieur du bien ;
  8. Considère également que l’absence de réels progrès au fil des nombreuses années donne lieu à de potentielles menaces pour les attributs clés de la valeur universelle exceptionnelle, et prie aussi instamment l’État partie d’approuver les ressources nécessaires pour permettre à l’équipe de gestion et aux autorités locales compétentes de commencer à répondre aux nombreuses recommandations qui ont été faites ;
  9. Demande également à l’État partie d’inviter une mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/ICCROM/ICOMOS sur le bien pour traiter les problèmes de conservation ci-dessus mentionnés afin d’évaluer si les menaces auxquelles le bien est confronté pourraient, conformément au paragraphe 179 des Orientations, constituer ou non un cas d’inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril, et de réfléchir également à la manière de donner des bases plus inclusives et durables à la gestion générale du bien ;
  10. Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2020, un rapport sur l’état de conservation du bien et sur les mesures prises pour mettre en œuvre les recommandations ci-dessus mentionnées ainsi que celles de la mission de suivi réactif, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 44e session en 2020.
Projet de décision : 43 COM 7B.109

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné le document WHC/19/43.COM/7B,
  2. Rappelant la décision 41 COM 7B.70, adoptée à sa 41e session (Cracovie, 2017),
  3. Réitère son inquiétude quant au fait que les principales recommandations de la mission de 2015 sur les vulnérabilités reconnues par le Comité n’ont toujours pas été traitées ;
  4. Exprime sa profonde inquiétude quant à l’insuffisance des progrès réalisés en matière de conservation, gestion et protection depuis l’inscription sur la Liste du patrimoine mondial avec, pour conséquence, que ce qui n’étaient que des vulnérabilités se transforment aujourd’hui en menaces :
    1. De nombreuses sculptures sont désormais en très mauvais état, certaines se sont effondrées et d’autres ont été reconstruites,
    2. Aucuns fonds ne sont régulièrement affectés à la conservation,
    3. Aucun progrès n’a été réalisé concernant la documentation numérique détaillée,
    4. L’eau de la rivière est trop polluée pour quelque utilisation que ce soit en conséquence de la pollution d’effluents en amont,
    5. Un village d’artistes a été construit au sein du bien sans qu’aucune notification n’en soit donnée et contre l’avis de la mission de 2015,
    6. Aucun progrès n’a été accompli concernant le nouveau tracé de la route,
    7. Aucune avancée n’a été constatée dans l’actualisation du plan de gestion désormais désuet, comme recommandée par la mission de 2015 pour rendre la gestion plus inclusive et donner au bien un fondement plus durable ;
  5. Prend note qu’une brève méthodologie de conservation a été communiquée mais considère qu’elle ne constitue pas une base satisfaisante pour la conservation, dans la mesure où elle n’est étayée par aucune recherche sur les matériaux appropriés pour les sculptures en terre comme alternative au ciment, comme recommandé par la mission de 2015, et approuve également la reconstruction complète ou partielle des sculptures ;
  6. Exprime son inquiétude sur le fait que, bien qu’une analyse de l’eau de la rivière ait été réalisée, des échantillons ne sont pas régulièrement prélevés et les résultats négatifs ne se sont pas traduits en actions pour essayer d’améliorer la qualité de l’eau, et prie instamment l’État partie de veiller à ce que des avertissements soient diffusés pour empêcher toute utilisation de l’eau de la rivière ;
  7. Accueille favorablement le fait que le comité du Festival ait réinvesti une partie des bénéfices dans le bien mais est également vivement préoccupé par le fait que ces fonds ont été utilisés pour créer un village d’artistes au sein du bien malgré les recommandations de la mission de 2015 et sans qu’aucun détail ne soit soumis pour examen au Centre du patrimoine mondial ni aux Organisations consultatives, conformément au paragraphe 172 des Orientations, et demande à l’État partie d’envisager la possibilité de déplacer le village d’artistes à l’extérieur du bien;
  8. Considère également que l’absence de réels progrès au fil des nombreuses années donne lieu à de potentielles menaces pour les attributs clés de la valeur universelle exceptionnelle, et prie aussi instamment l’État partie d’approuver les ressources nécessaires pour permettre à l’équipe de gestion et aux autorités locales compétentes de commencer à répondre aux nombreuses recommandations qui ont été faites ;
  9. Demande également à l’État partie d’inviter une mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/ICCROM/ICOMOS sur le bien pour traiter les problèmes de conservation ci-dessus mentionnés afin d’évaluer si les menaces auxquelles le bien est confronté pourraient, conformément au paragraphe 179 des Orientations, constituer ou non un cas d’inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril, et de réfléchir également à la manière de donner des bases plus inclusives et durables à la gestion générale du bien ;
  10. Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1erfévrier 2020, un rapport sur l’état de conservation du bien et sur les mesures prises pour mettre en œuvre les recommandations ci-dessus mentionnées ainsi que celles de la mission de suivi réactif, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 44e session en 2020.
Année du rapport : 2019
Nigéria
Date d'inscription : 2005
Catégorie : Culturel
Critères : (ii)(iii)(vi)
Documents examinés par le Comité
Rapport de lʼÉtat partie sur lʼétat de conservation
Rapport (2018) .pdf
arrow_circle_right 43COM (2019)
Exports

* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).

** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.


top